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Son corps se couche sur ma bêtise, mes doutes se mouchent sur ses hantises. Mon sternum en été, mes muscles sclérosés, je résiste à la colère dans une danse de cils animées. Mes phalanges se clouent à la tasse semi-vidée et s'en écartent lorsque le semi s'est évaporé. Le liquide me brûle à l'intérieur, et mon corps comme un mégot se consume de son être tout entier. Il ne m'est plus possible de véritablement distinguer la réalité de ma vérité, est-ce la fatigue ou la haine, est-ce de l'amour ou de la peine. Est-ce présent ou passé, est-ce futur ou terminé. Sa bouche se lie et la mienne entame en flamme le processus inverse. « Non, tu ne peux pas dévoiler tout ça et me demander de rester là, bête et méchant sans rien faire. Tu ne peux pas. Si toi t'acceptes d'être traitée de la sorte sans justice, ce n'est pas mon cas. Je n'accepte pas. Je n'accepterai pas, jamais. Tu ne peux pas me dire que t'es blessée, taillée jusqu'à la moelle et que le plus important, c'est ma présence. Je ne suis pas de ceux qui tiennent la main aux blessés sur les lits des chambres d'hôpital, je suis de ceux qui partent pour revenir plus tard avec un remède, lorsque c'est possible. Et je crois plus que n'importe qui sans doute qu'il y a encore une solution. Si tu ne veux pas m'aider, si tu ne veux pas participer, je le comprends, peut-être que tu as peur et c'est normal. Mais je vais chercher Meg, je mettrai tout ce que je peux en oeuvre et je finirai par trouver. Que tu le veuilles ou non. » Une part de moi suffoque, étouffée par une culpabilité fluette hurlant qu'il ne faut pas aller contre son gré. C'est son choix, sa décision, son combat, pourtant quelque chose en moi m'en empêche. Quelque chose m'y pousse, m'y oblige et je me laisse guidé yeux fermés. Et peu importe si elle m'en veut, et peu importe si elle m'ignore, et peu importe tout ce qui m'entoure, je ne veux pas rester les bras croisés face aux atrocités lorsqu'elle est la victime. Je retire ma paume de son emprise en douceur, le regard livide. « Peut-être que je te déçois, mais je suis comme ça et tu ne pourra rien y faire. Et puis... » Et puis tu me rappelles Amalia, voilà les mots qui ne sortent pas. Pourtant ils sont là, sous ma glotte, cachés. Tu me rappelles celle que j'ai toujours aimé et je suis là, plaie béante à espérer combler un manque pourtant déjà soigné. « Laisse tomber. » Dans un souffle lourd, j'endosse ma veste déjà prêt à partir, à tout quitter mais je ne me lève pas, pas encore. Toujours sans véritablement comprendre pourquoi, je reste, là, dans ce face à face qui commence à tuer un peu de moi.
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