(kale) ◇ do you dare to look him right in the eyes?

Encore une fois, c'est un énorme sourire que j'affiche en entendant les paroles de la belle brune. Je suis soulagé de savoir qu'elle ne partira donc pas de si tôt et que si elle s'en va, ce ne serait que pour quelques jours. Je peux aussi comprendre qu'elle a une vie professionnelle et que des déplacements sont obligatoires dans son métier, alors bon. Je ne fais que de sourire content qu'elle soit ici à Boston, puis je lui propose, après que l'on ait terminé nos boissons chaudes, qu'on aille se promener. L'hiver est là et est bien rude, mais cela ne doit pas nous empêcher de se promener. Qu'est-ce-que tu as à me proposer ? Ne voyant pas de suite ce qu'elle a me proposé, en tout cas, je peux tout à fait changer de moyen de locomotion tant que je ne suis pas debout ou que je n'utilise pas mes jambes. Reena propose à ce qu'on aille dans un parc et qu'on fasse de la luge, l'idée me plaît directement. Génial, t'es la meilleure juste pour cette idée. Maintenant que l'on a payé pour les boissons, je recule mon fauteuil pour pouvoir quitter le Starbucks. Mais, la luge... On la trouve où ? Que je lance, en riant.

Je ris parce que ce n'est pas faux. Les saisons ne sont clairement pas les mêmes en Nouvelle-Zélande et en Angleterre, généralement il fait assez souvent chaud chez nous même si nous connaissons également les temps de pluies et de neige. L'été est généralement très chaud, la mer a aussi une température plutôt bonne. La prochaine fois que je rentre, tu m'accompagneras. Je t'apprendrai à surfer. Si j'ai l'occasion de retrouver mes jambes évidemment. Et, ça me fait un peu peur... De retrouver mes jambes et d'avoir perdu toutes mes capacités dans les sports que je sais pratiquer, comme le football américain. Ravi ensuite de l'idée de ma correspondante, je lui demande alors où l'on va pouvoir trouver une luge et apparemment, la demoiselle a déjà tout prévu avant même que je ne donne mon accord. Plutôt pleine de ressources, toi. Il faut avouer qu'elle me connaît très bien pour savoir que j'allais accepter son idée et, après avoir rangé le fauteuil dans le coffre, je m'installe dans la voiture. Reena m'aide à passer sur la neige avec le fauteuil, ce n'est clairement pas facile pour bouger mais nous y arrivons. Bien sûr ! Alors qu'elle pose la luge au sol juste à côté du fauteuil, je m'y extirpe pour pouvoir me mettre assis sur la luge, invitant ensuite l'anglaise à me rejoindre à s'asseoir tout juste devant moi entre mes jambes.

Rien que l'idée d'aller dans mon pays natal avec Reena me fait rêver, j'en ai profondément envie. Lui faire découvrir mon pays, ma culture, l'endroit où je suis né et ai vécu. Puis, ce pays regorge d'endroits paradisiaques et même aventureux, si l'anglaise n'a pas peur des montagnes. Elle a toujours voulu apprendre à surfer, alors j'espère de tout cœur que lorsque nous partirons ensemble en Nouvelle-Zélande, mes jambes remarcheront pleinement et que je n'aurais rien perdu de ce que je sais faire. Assis sur la luge, l'anglaise vient vite me rejoindre pour se poser entre mes deux jambes et s'accroche même à eux lorsque la descente commence. La vitesse est haute, je ne m'attendais pas à ça et crie comme si je suis dans un manège à sensations forte. Lorsque nous passons la deuxième pente, la luge s'arrête enfin et la demoiselle avec qui je suis me propose un plan intéressant. Ca marche pour moi ! Prêt à me faire casser les tympans avec les cris de Reena, mais cette sensation de liberté me fait énormément du bien et me fait oublier l'espace d'un instant que je ne peux plus marcher. Alors avec mes mains, je fais avancer la luge pour qu'on commence la nouvelles descente. Et cette fois-ci, j'ai l'impression qu'on va plus vite jusqu'à arriver tout en bas et lorsque nous arrivons et nous arrêtons, je prends de la neige dans ma main pour le mettre dans le dos de Serena. Aha! Tu t'y attendais pas à ça, hein ?! Que je dis avant de rire de bon cœur.

Sans attendre qu'elle donne son accord ou non, je lance la luge dans la descente et il n'y a pas à dire : on se sent tellement libres lors de ce petit moment ensemble. Puis, être avec Reena et le faire avec elle, c'est tellement bien. Moi, ça me fait du bien de me dire que je peux toujours m'amuser autant même en étant sur un fauteuil roulant. Et là, Reena me fait oublier tout mes soucis du quotidien en moins de deux heures de temps. C'est même grâce à elle que je reprends un peu du poil de la bête et que je commence à sortir, rester ancré dans mon antre ne va clairement pas m'aider. Lorsque nous sommes tout en bas de la descente, je me permets même de faire couler de la neige dans le dos de l'anglaise qui tombe de la luge et me balance de la neige à son tour. C'est pas bien de s'attaquer à un homme sans défense ! Que je dis, profitant du même fait de mon handicap pour me défendre. Elle s'approche de moi et je tends mes bras juste avant qu'elle me fasse glisser à son tour de la neige dans mon dos, je gesticule tout le haut de mon corps. AH ! C'est froid !! Que je dis en riant, m'allongeant sur le sol, la tête vers le ciel bleue. Tu as raison... je suis très heureux de t'avoir vu... C'est sincère en tout cas, je tourne mon regard vers elle (et parce que j'ai la flemme de me redresser). Je suis bien là.

Reena et moi, ça ne date pas d'aujourd'hui. Toutes ces années à attendre que l'on se voit, et je ne regrette rien. La journée a été plus que parfaite à ses côtés, évidemment... Et, je m'allonge à même le sol, lui avouant que je suis content de la voir, enfin. Elle me passe son écharpe pour me la mettre en dessous de ma tête, je continue de regarder le ciel, espérant qu'elle vienne dans mes bras. De toute façon, je ne peux pas vraiment bouger dans la position où je suis et difficile de me redresser sans mes jambes. Déjà... Que je dis en soupirant, l'heure tourne vite et c'est vrai qu'on ne la voit pas tourner quand on s'amuse bien. Je me redresse comme je le peux en poussant sur mes bras pour être en position assise. Promets moi qu'on se reverra vite, Reena ? Que je lui demande, bien que je me doute qu'elle sera d'accord que l'on se revoit. Il ne manque plus qu'à attendre que son manager revienne pour mon fauteuil roulant, et il est là bien rapidement en fait. Merci. Alors que ce-dernier m'aide à m'installer dessus. Puis, on peut enfin rentrer... Moi, j'ai juste ce sourire, ravi de ma journée avec Reena.