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Je jetais un dernier regard à la fois amusé et blasé à mon téléphone, éteint sur mon lit. Tinder, vraiment ? L'application de la décadence par excellence, où je m'étais inscrite... de mon plein gré. Où j'avais aimé des profils... de mon plein gré. Des garçons, des filles, des gens qui me plaisaient, simplement. Je ne me reconnaissais pas et en réalité, cela ne me déplaisait pas plus que ça. La Jane d'il y a deux ans n'aurait jamais osé s'inscrire, crispée par les regards inquisiteurs et même outrés, mais ici, à Boston, il n'y avait personne pour me juger. Pour critiquer le moindre des mots que j'avais échangé avec Basile. Basile... Il m'intriguait. Il était sans filtre, définitivement séducteur, beau et parisien. Un mélange parfait. Qui était chasseur, qui était proie ? La question était restée en suspens mais je n'étais pas décidée à réellement trouver la réponse. Ce jeu du tente moi, tente moi pas me plaisait trop. Je secoue la tête, mes épaisses boucles brunes comme un halo sacré autour de moi. Pourtant, je n'ai rien d'une sainte ce soir. Et je n'en ai rien à faire. Oh, je la sens, derriere mon épaule, la voix de la raison, celle qui le dit de rester dans ma chambre à étudier, comme la fille trop sage et parfaite que tout le monde connaît, mais plus je me regarde dans le miroir, plus j'arrive à faire abstraction. Ma robe est rubis, assortie à mon rouge à lèvres, léger clin d'oeil à mon rendez - vous de ce soir. Je suis belle ? Je suis belle. In(can)descente même. Ce soir, je suis le diable. Un fin sourire flotte sur mon visage quand je quitte ma chambre universitaire, téléphone à la main, avant de descendre dans la rue...
« Eeeeh poupée, où tu vas comme ça ? » Le ton traînant et grivois, cliché à souhait mais tellement redouté. Je ne me retourne pas, j'avance plus rapide, mes talons claquant sur le sol, le visage fermé. J'aurai du demander au chauffeur de me déposer plus près. « Pas si viiiite, attend, t'es jolie toi, on va s'amuser... » Non, non, on va s'amuser de rien du tout. Arrête de me suivre, arrête de me... Je sens un contact moite. Une main immense m'attrape le bras et me déséquilibre. Je vacille et je hurle. C'est un cauchemar et je vais me réveiller. Le bar n'est pas loin, ce n'est que mon imagination, je panique. La main m'entraîne, me plaque contre le mur d'une ruelle, je veux respirer, mais il n'y a que des larmes qui coulent. Parce que je pleure. Merde, la seule chose qui me vient à l'esprit, c'est que je suis en train de ruiner mon mascara. Le monstre, n'a pas de visage, juste une capuche sombre et une vieille odeur de cigarette trop fumée. Ses mains me frôlent et me dégoutent, tandis que je lève mon genoux, lui assénant un faible coup entre les jambes. Sa prise se fait plus violente et se resserre avant de me lâcher, complètement. Il fait trop noir et je tombe à terre tandis que mon cauchemar s'enfuit. Je vais me réveiller, le bitume mouillé n'est qu'un mirage et ma robe déchirée, qu'une mauvaise blague. Est ce que c'est lui qui revient ? J'entend des pas discrets, et fouille ma veste dans l'idée de trouver mes clefs pour m'en faire une arme de fortune. Je le tuerai. Le premier qui me touche, je le tuerai...
@Basile Mulliez
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