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take care of you
louve et basile.
J'ai pas les mots pour elle, en fait, j'ai jamais eu les mots pour Louve. J'ai jamais été capable d'être celui qu'elle attend depuis toujours, adolescente elle avait noirci les pages de son journal intime de mon prénom et moi, moi j'avais noirci sa vie. J'ai jamais su faire autrement, j'ai pas appris. Elle est là, chez moi, dans mes fringues alors qu'il y a quelques semaines on se déchirait avec le ciel pour seul spectateur. Le résumé de notre relation, voilà ce que c'est. Du très haut et puis du très bas. Qu'est-ce qu'on sera demain Louve ?
Plus de pizza inconsommable, plus de diversion, de faux prétexte. Juste nous et je crois que c'est déjà trop. « De quoi j'ai envie ? » Oui, de quoi t'as envie Louve ? Sa fausse moue concentrée m'arrache un maigre sourire, je ne me lasse pas de la regarder pour ce tout petit moment, ce tout petit instant éphémère qui arrive presque à nous convaincre que notre relation est saine. « De toi » Mais elle ne l'est pas, mon sourire s'efface aussitôt en même temps que le sien, plongé dans ses iris indéchiffrables jusqu'à son rire cristallin vienne briser le silence. Elle enchaîne avant même que je n'ai le temps de lui répondre. Est-ce qu'elle a peur ? Ou est-ce qu'elle fuit encore ? Peu importe. Je ne vais pas me faire prier pour saisir l'occasion de me taire, une fois de plus. « Tu me proposes quoi ? Tu veux pas commander quelque chose de bon cette fois ? Juste un truc… français ? Ça me manque. » Je reste là, planté devant elle, les yeux plantés dans les siens. Je la laisse deviner, penser à tout ce que j'aurais pu lui répondre si elle ne fuyait pas à chaque fois devant moi et puis finalement, je lui souris en secouant légèrement la tête. Je me redresse, récupère mon téléphone abandonné sur la table et en quelques glissements de doigts, j'obtiens la liste des coordonnées des traiteurs français aux environs de Boston. - Ce que Madame veut, Madame aura. Je lui glisse ces mots dans un français parfait, immaculé de toutes traces de nos années sur le sol américain. Elle me manque souvent notre capitale, nos soirées sur les quais de la Seine encore innocents de tout, Louve et ses emplettes interminables sur l'avenue Montaigne où Marin et moi étions contraints de l'accompagner. Heureusement que les vendeuses de chez Versace étaient à tomber. Je finis par lui tendre mon téléphone pour lui laisser le choix de notre commande. - Évite le cliché des cuisses de grenouilles, j'suis pas encore assez nostalgique. J'en profite pour sortir une cigarette de mon paquet et l'allumer entre mes lèvres pour laisser s'enfuir la fumée blanche au dessus de nous avant de détendre à nouveau mes courbatures douloureuses. - Fais moi penser à changer de canapé.
@az'.
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