don't leave (adzio)

Le voyage d'Adria fut express. Lui qui s'attendait à être séparé de la petite anglaise pendant trois jours, voilà qu'elle refaisait déjà surface. La raison de ce voyage lui échappait encore, elle ne pouvait pas être partie dans l'unique but de faire un petite coucou à sa famille. C'était trop court et beaucoup trop cher pour une journée et demie. Ezio regarda l'heure sur son portable et fut surpris de voir qu'il n'était pas en avance. Il termina sa mission sur son jeu de playstation avant de tout éteindre et de se lever, enfin du canapé. La journée ne fut pas très productive, il avait passé son temps à traîner chez lui. Hormis une petite après midi shopping avec sa cousine, il n'avait rien fait de très productif. Une fois debout, le bel italien alla chercher sa veste et attrapa ses clés de voiture. Il jeta un dernier coup d'oeil à son appartement, décidément beaucoup trop vide à son goût et claqua la porte. Personne n'était entrée dedans depuis sa séparation avec Louison. Il s'arranger pour sortir et aller chez les autres à chaque fois, question de principe. Mais voyant tout ce qu'il se passait en ce moment, il ressentait de moins en moins de gène et de remords à rouvrir son appartement.

Après être passé au drive du mcdo, Ezio s'était rendu à l'aéroport pour attendre le retour d'Adria. Debout avec son paquet encore chaud, il afficha un mince sourire en croisant le regard de la fille à côté de lui, qui semblait attendre quelqu'un aussi. Putain, l'italien avait la dalle. Il mourrait d'envie de s'asseoir sur les bancs pour entamer ce mcdo qui allait refroidir. Après quelques minutes d'attente, la blondinette fit son apparition avec tous les autres passagers du vol. « Chose promise, chose due. Il est tout chaud le mcdo, il attend plus que nous. » s'amusa-t-il à dire lorsque la jolie Adria arriva à sa hauteur. Il écarta légèrement les bras pour la serrer contre lui, un court instant.

Cette promesse était futile mais il tenait à respecter ses engagements. Ezio avait promis à la petite anglaise qu'il l'attendrait à la sortie de l'aéroport avec un sac mcdo contenant tout ce qu'il fallait pour se faire un bon petit repas bien gras. L'odeur qui s'échappait du sac semblait plaire à la fille à côté de lui, qui le dévisagea sans la moindre gène. Et ouais. Certains mecs attendaient avec des fleurs, bah lui il attendait avec un mcdo. Bien loin d'être un romantique, ça l'amusait particulièrement. Lorsque la blondinette arriva enfin, il afficha un large sourire, ne manquant pas de lui indiquer qu'il avait tenu sa promesse. Cette petite remarque eu le don de d'étendre l’atmosphère qui était anormalement lourde. L'italien avait un peu de mal à croire à l'excuse de la visite de courtoisie et saura poser les bonnes questions en temps voulu. « Ouais je sais, je suis mignon. » s'amusa-t-il à dire en la prenant dans ses bras. Il ferma les yeux quelques secondes pour s’imprégner de l'étreinte. « T'es partie qu'un jour et demi minou, abuses pas. » lança-t-il en rigolant. Elle lui avait manqué, c'était un fait. Un jour et demi, c'était très court mais de la savoir à l'autre bout du globe avait eu son petit effet. Adria demanda rapidement pour rentrer afin de pouvoir dévorer ce mcdo qui humait drôlement bon. « Ouais allez vient, avant qu'il ne refroidisse. » Sans chercher à comprendre plus loin, Ezio passa son bras autour du coup de la blondinette et se dirigea vers l'extérieur, sans même se soucier de ses éventuelles bagages.

Le trajet passa relativement vite jusqu'à son appartement. Ezio gara son Ranch Rover juste devant la porte et sortit du véhicule dans le plus grand des calmes. Armé de son sac mcdo encore chaud, il ouvrit la porte et monta les escaliers, suivit de prêt par Adria.  « C'est vrai, t'es jamais venue chez moi, il me semble ? » la questionna-t-il. Le bel italien affectionnait particulièrement cet appartement qu'il occupait depuis son arrivé à Boston. Il était très grand, très luxueux avec une immense pièce à vivre.

Ezio adorait cet appartement et ne le quitterait pour rien au monde. Il s'y sentait chez lui et y avait tous ses petits repères. Comme le disait si bien Adria, c'était sa tanière. « Tu devrais être flattée ria, je ne laisse pas entrer n'importe qui chez moi. » avoua-t-il, le sourire aux lèvres. Il posa le sachet du mcdo sur la table basse tandis avant d'enlever sa veste. Ses yeux se posèrent innocemment sur la blondinette qui inspectait les lieux. Son sourire vint s'agrandir. Son appartement était le reflet de lui-même, très grand, sobre, son art y était exposé un peu partout. « Merci c'est gentil, fais comme chez toi. » s'amusa-t-il à répondre. Ezio reprit le sac mais fut devancé par Adria qui vint lui piquer, lui arrachant un rire. Elle ne perdait pas de temps pour faire comme chez elle. Prit au dépourvu, il croisa les bras contre son torse et la laissa déballer l'intégralité du sac, surprise qu'il connaisse encore ses goûts. « C'est pas difficile à s'en souvenir, on mangeait tout le temps au mcdo et tu prenais toujours la même chose. » Une fois le tout déballé, Ezio vint s'asseoir sur l'un des tabourets du bar et piqua quelques frites dans le tas. « Bon alors, cette journée à Londres, raconte, qu'est ce que tu as fait à part penser à moi ? » L'italien rentrait dans le vif du sujet car, depuis son retour, il sentait bien qu'Adria n'était pas vraiment dans son assiette.

Ezio était particulièrement curieux ce soir, il voulait des réponses à ses questions car, avec le temps, il commençait à connaître la petite Adria. Elle avait un comportement suspect, elle lui cachait des choses, il en était persuadé. Un petit ami à Londres ? Un mariage avec quelqu'un d'autre ? Il s'attendait à toutes les possibilités. L'italien avait énormément de mal à rester positif en ce moment, il ne voyait que le négatif. Autant d'habitude, il avait ce don de se foutre de tout et de tout le monde. Autant là, c'était nettement plus compliqué. Louison l'avait rendu faible. Il n'avait plus rien, plus de bébé, plus de copine, plus de couple.

Un fin sourire se dessina sur ses lèvres tandis qu'il mangeait les frites les unes après les autres. Ezio était inquiet oui, mais il avait surtout la dalle. Son estomac passait avant n'importe laquelle de ses émotions. Gros mangeur, il devait presque se freiner pour ne pas dévorer son burger en quelques bouchées. Non là il prenait son temps pour savoir ce petit tête à tête avec Adria. Il voulait des réponses à ses questions et comptait bien les obtenir.  La blondinette lui expliqua qu'elle avait passé pas mal de temps avec ses parents et que cette visite, express, lui avait fait beaucoup de bien. « Hm ? Ça t'as aidé en quoi minou ? » siffla-t-il entre ses lèvres. Malheureusement pour lui, Adria ne lui répondit pas et se leva de son tabouret pour quitter le bar. Ezio la regarda perplexe et fronça les sourcils en la voyant s'éloigner. « Deuxième porte à gauche au fond du couloir. » gueula-t-il pour lui indiquer où se trouvait la salle de bain. Reportant son attention sur la bouffe, il déballa le burger qu'il prit entre ses mains et croqua dedans à pleine bouche. Tant pis, il avait trop la dalle. Le jeune homme mastiqua tout en reposant le burger dans l'emballage. Il prit son portable et checka ses nouveaux messages. Intrigué par la réception d'un message au numéro inconnu, il l'ouvrit et y découvrit avec stupeur la maladie d'Adria. C'était donc ça un message du maître chanteur. Sans un bruit, il reposa le portable sur le comptoir et attendit bien sagement le retour de la blondinette. « T'as pas quelque chose à me dire ? » lui demanda-t-il, avant même qu'elle n'ait eu le temps de poser ses fesses sur le tabouret.

Ezio passa maladroitement sa main dans ses cheveux. Lui qui était toujours très serein, il perdait complètement les pédales en ce moment. Rien n'allait. Tout s’enchaînait à grande vitesse. L'annonce du cancer d'Adria était la nouvelle de trop. Tout s'écroulait autour de lui, il restait impuissant et ne pouvait absolument rien faire. En mangeant son burger, l'italien était à des années lumières de s'imaginer qu'il allait recevoir un tel message de la part du maître chanteur. Le message n'était d'ailleurs plus dans la liste de ses conversations, il avait comme disparu de la circulation. C'était vraiment très étrange et quelque peu troublant. Comment arrivait-il à faire de ce genre de chose ? Avalant difficilement sa salive, Ezio se retenait de lui en parler. Il voulait d'abord entendre ce que la blondinette avait à lui dire. Allait-elle lui avouer la vérité, il n'en savait rien. C'était le moment de voir si elle avait pleinement confiance en lui ou pas. Beaucoup plus silencieux et fermé que d'habitude, le Student lui demanda si elle n'avait pas quelque chose à lui dire. Après avoir insisté un peu, Adria se livra. Elle comptait lui dire. Cette phrase faisait l'effet d'un électrochoc en lui. « Alors c'est vrai ? » grogna-t-il entre ses dents. Ezio se leva de sa chaise. « Et tu comptais me le dire quand hein ? Quand t'auras passé l'arme à gauche ? » Ezio était en colère mais ne le montrait pas, il restait impassible, juste un peu ronchon. A l'intérieur de lui, c'était la panique la plus complète. « Putain ria, c'est grave, je ... j'pourrais t'aider. Pourquoi tu refuses de m'en parler, j'suis pas n'importe qui merde. » Ezio se sentait démuni et impuissant. Un cancer, il ne manquait plus que ça pour l'achever.