maybe it's fate (royla)

C'est quand même fou. Cette fille, c'est la troisième fois que je la croise sur la journée. Dans le métro au matin, au campus vers midi et maintenant, je la croise au supermarché. J'y crois pas à ces trucs là, vous y croyez vous ? C'est peut-être une espionne, elle me suit, elle travaille pour des meufs qui m'aiment pas pour me détruire en douce. Du coup, je la regarde bizarrement, je fuis son regard quand elle tourne son visage dans ma direction et puis je me suis dit, cool Royce, c'est surement le hasard. Ouais, le hasard. Le hasard a mis cette belle créature au visage creusé et anguleux sur mon chemin. Pourquoi ? Surement car je suis trop désespéré et qu'il me faut du peps dans ma vie. Lorsque je repose mon regard vers elle, elle n'est plus là, alors je continue de faire mes courses. Que je suis absurde. Une fois à la caisse, je me rends compte qu'elle est juste devant moi. Quatre fois les gars, c'est fou quand même. Alors je décide de l'interpeller, de tout mon courage, de toute ma force. « Qui t'a demandé de me tuer ? Non parce que c'est la quatrième fois que je te vois en une seule journée et je trouve ça étrange. » lançai-je de mon humour bien à moi après lui avoir gentiment tapé l'épaule. Elle a un flingue quelque part ? Je veux découvrir ton secret très chère.

Une journée de plus en moins. Du moins, je parlais seulement des cours. Les bouquins sur le bras, je quittais le campus d'un pas rapide et en rasant les murs. J'ai deux trois petites courses à faire en ville et je ne préfère pas traîner. J'ai eu ouïe dire qu'il y avait des histoires louches ces derniers temps à Cambridge, des histoires de kidnapping et je préférais rentrer chez moi tout de suite après les cours. Pas cette fois puisque mon frigo était vide et que je ne voulais pas mourir de faim. Rapidement, je fais le tour et je me retrouve à la caisse, attendant que mon tour arrive. Une main assurée vient tapoter mon épaule. Mon cœur fait un bon et je pivote, mes yeux bleus grands écarquillés. Je ne connais pas cet homme et aussitôt, je regarde ses mains, pensant avoir fait tomber quelque chose qu'il voudrait me rendre. « Qui t'a demandé de me tuer ? Non parce que c'est la quatrième fois que je te vois en une seule journée et je trouve ça étrange. » Ma bouche s'entrouvre, mais aucun son ne sort. Je sens déjà mes joues se colorer d'un rouge vif alors que je sens le regard de la caissière nous dévisager. « Pardon ? » que j'arrive enfin à demander au jeune homme. Je ne comprenais pas sa requête pour le coup et c'était gênant pour lui comme pour moi. Le tuer ? Comment je pourrais faire une chose pareille ?

Bon okay, c'est bizarre comme approche. Mais voilà, j'ai vraiment l'impression qu'elle me veut quelque chose. Pourtant, elle a l'air toute innocente cette petite, très petite d'ailleurs, je fais presque le double d'elle. Elle me regarde et me demande pardon. Aha, ouais, je suis du genre assez doué pour mettre les gens mal à l'aise. Je rigole nerveusement quand la caissière nous dévisage et je me racle la gorge avant de répondre : « Ou alors peut-être que tu me suis car tu as quelque chose à me demander ? » bah on sait jamais. Je la scrute du visage, tellement fort qu'on pourrait croire que je vois sa petite culotte à travers l'intérieur de ses pupilles. Non, elle a l'air innocente. Son visage est si doux et... innocent. Comme si elle n'avait jamais rien fait de mal. « Laisse tomber, je suis parfois trop brusque avec les filles, j'ai cru que... peu importe. » je déglutis et je lâche son regard pour regarder devant moi, faire comme si de rien était car là je crois que je viens un peu de me taper la honte.

Mon regard timide vient trouver celui du jeune homme alors que mes joues s'empourprent. Je ne comprends pas très bien où il veut en revenir. Il dit me croiser pour la quatrième dans une même journée, mais mon regard n'a pas quitté celui de mes chaussures pendant que je déambulais dans les couloirs de l'université. Peut-être bien que je l'ai vu, dans le métro ce matin, que nos regards se sont croisés et que le mien a fui dans les secondes qui ont suivies. Mais, m'a t-il vraiment regardé ? Une simple coincidence peut-être, je n'en sais rien... Toujours est-il que je me retrouvais à cette caisse, face à une vendeuse qui attendait que l'un de nous se décide à bouger et moi, qui étais totalement paralysée. « Ou alors peut-être que tu me suis car tu as quelque chose à me demander ? » Je ne crois pas que mon visage peut devenir plus rouge qu'à cet instant. « Non.. » que je souffle dans un son à peine audible. Il me regarde et pour une fois, il me regarde avec un telle intensité que je n'arrive même pas à détourner les yeux. « Laisse tomber, je suis parfois trop brusque avec les filles, j'ai cru que... peu importe. » Ma bouche s'entrouvre à nouveau et quand il tourne la tête, je comprends que la caissière voudrait juste que je paie et que je disparaisse et pourtant, ne voulant pas tellement lâcher l'affaire, de peur d'avoir commis une erreur, je reprends en parlant un peu plus fort : « Est-ce qu'on se connaît ? » Parce qu'en réalité, peut-être que je l'aurais oublié, mais ça m'étonnerait fort.

Alors non, elle n'a pas envie de me tuer. Ouf, j'ai presque envie d'essuyer la sueur sur mon front. Je suis du genre à rapidement me faire des films étant donné qu'il ne peut pas avoir plus parano que moi comme mec. J'essaye de faire comme si j'avais rien dit étant donné qu'elle était pas trop réceptive. Elle aurait pu me traiter de malade ou rigoler avec moi, mais non, elle reste plantée là comme une fleur et clairement, elle s'en fiche. Sauf qu'elle finit par me demander si on se connaissait. D'ailleurs, j'entendais enfin mieux le son de sa voix. « Apparemment pas. » petite grimace sur mon visage. Je suis pas dans l'agressivité, loin de là. Faut pas qu'elle prenne mal ma remarque. « Mais sinon je m'appelle Royce. Comme ça, on peut dire qu'on se connait maintenant. Ou juste faire semblant. » sourire aux lèvres. Parce qu'on ne peut pas simplement se connaître en échangeant nos noms. Mais figure-vous, je sais pas pourquoi, quelque chose me donne envie de faire sa connaissance.

J'étais terriblement gênée. Je n'avais ni envie de le tuer (faut dire que je serais bien incapable de faire un truc pareil), ni envie de lui poser des questions. Non pas que je n'avais pas envie d'apprendre à le connaitre, mais sur le coup, je ne voyais pas très bien ce que je pourrais avoir à lui dire pour lui courir après durant toute une journée. Malgré l'instance de la caissière et ma forte envie de fuir, je restais là où j'étais, le regardant à nouveau. Peut-être que l'on connait (ce qui m'étonnerait beaucoup) et que j'ai malheureusement oublié.. ? « Apparemment pas. » Oh d'accord. Je détourne le regard et je paie finalement la caissière en me décalant pour ranger mes quelques courses dans mon sac. Le jeune homme pouvait passer à son tour et il profitait que je sois encore là pour reprendre la parole. « Mais sinon je m'appelle Royce. Comme ça, on peut dire qu'on se connait maintenant. Ou juste faire semblant. » Un sourire timide mais sincère apparaît sur mes lèvres. « Je m'appelle Marla et je suis enchantée de te connaitre Royce ». Si toutes les "relations" pouvaient être aussi simple. Vous savez, il suffirait de connaitre le prénom pour avoir un certain nombre d'informations. Mais en même temps, ça serait trop facile. En tout cas, il inspirait confiance ce garçon et c'est surement pour cela que j'attendais qu'il termine de ranger ses courses. Je ne sais pas. Après tout, fallait que je me fasse des amis.

Moi qui pensais avoir fait ma boulette de ma journée, oui parce que j'en fais au moins une tous les jours, finalement, je ne sais pas si s'en était une. La brune se présenta du nom de Marla à son tour et elle a même dit qu'elle étai enchantée de me voir. Je m'étrangle presque à l'entendre et je sors un petit rictus. « Enchantée ? Je viens presque de t'agresser, tu devrais plutôt partir en courant avec tes courses. » je rigole, encore. Oui je suis quelqu'un qui a le rire facile, surtout quand il s'agit de rire tout seul. Ce fut à moi d'encaisser mes achats et j'avais pas tout de suite remarqué que Marla m'attendait. J'ai eu la surprise après avoir payé. « Tu peux pas me dire que tu n'as rien à me demander si tu restes plantée là à m'attendre. » j'ai juste envie de la faire rougir un peu plus car ça me fait trop craqué en vrai. Ses petite pommettes là, j'ai envie de la croquer.

Malgré qu'il soit bizarre ou étrange - les deux revenaient plus ou moins au même - il ne semblait pas pour autant méchant. Peut-être que je ne comprenais pas vraiment son délire, mais bon, je n'étais pas dans sa tête non plus, peut-être qu'il y avait du sens pour lui... Mais ça n'empêchait pas que j'étais contente de faire une connaissance aujourd'hui. J’avançais dans ma quête à l'amitié et peut-être même que d'ici quelques années, quand je vais quitter Harvard, je serais devenue populaire. On y croit. Enfin, la popularité ne m’intéressait pas. Je voulais simplement avoir des amis et ne pas regretter de m'être totalement mise, corps et âme, dans mes études. Il s'appelle Royce et même si son humour est particulier, il est drôle. Pour sa part, il riait à mes dépends, ce qui me faisait d'autant plus rougir. « Enchantée ? Je viens presque de t'agresser, tu devrais plutôt partir en courant avec tes courses. » Mes yeux s'écarquillent. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'il m'a agressé tout de même. « Est-ce que c'est une invitation à le faire ? » lui demandais-je alors en le regardant, toujours surprise par ses propos. Est-ce que je devais réellement prendre mes jambes à mon cou ? Je payais mes courses et je prenais le temps de les ranger, attendant Royce à ma plus grande surprise et à la sienne. « Tu peux pas me dire que tu n'as rien à me demander si tu restes plantée là à m'attendre. » Oh. Une question, une question... Mes joues s'empourprent une nouvelle fois et je commence à regarder mes pieds, tirant sur les bretelles de mon sac à dos comme pour mieux me concentrer. « Tu m'as déjà donné ton prénom... » que je souffle alors. Pas facile d'engager une conversation en réalité. « Tu peux me donner ton nom... » que je dis avec un sourire timide, me dandinant sur place. Pour rechercher sur facebook, c'est plus facile d'avoir un prénom et un nom.

Je comprends pas pourquoi elle ne me fuit pas en fait. Je viens d'agir comme une personne névrosée, j'ai même effrayé la caissière et elle, elle reste plantée là à m'attendre. Bon dieu, elle me rend encore plus curieux, cette jeune fille mystérieuse que je pouvais porter avec mon pouce. « Ouais, à ce qu'on dit je suis le grand méchant loup. » je lui fais de gros yeux, les plus terrifiants que je peux faire et en voyant l'expression de son visage, j'adoucissais mes traits et je rigolais de nouveau. J'insistais, j'essayais de lui tirer les vers du nez pour qu'elle ose me demander quelque chose et lorsqu'elle le fit, je me sentais flatté tout à coup. Elle veut savoir mon nom, signe qu'elle s'intéresse à moi, une parfaite inconnue. Jamais personne ne me demande mon nom car souvent, on sait comment s'appelle cette tête de con. Donc en gros, elle ne sait pas qui je suis, quelle est ma réputation. Elle atterrit ici comme un cheveu dans la soupe. Encore plus intéressant. « Je suis flatté que tu veuilles me stalker sur facebook. » dis-je en prenant mes courses et en marchant avec elle vers la sortie. « C'est Magyar, M-A-G-Y-A-R, comme le dragon dans Harry Potter. » ouais ouais le Magyar à pointes on me l'a déjà faite cent fois cette blague. « Sinon, tu peux aussi me demander mon numéro. » carrément, car je suis pas contre la découvrir en fait. Cette Marla, timide et douce qui s'intéresse à un pauvre type comme moi, ça me plaît.

« Ouais, à ce qu'on dit je suis le grand méchant loup. » Et voilà qu'il faisait des grands yeux, essayant de se montrer imposant et certainement terrifiant. D'un côté, j'étais tellement naïve que ça aurait pu marcher si son rire dans les secondes suivantes n'avait pas été si contagieux. Je me détendais à nouveau, mais je restais tout de même timide et sur la défensive. Je l'attendais, je voulais en savoir plus, mais je ne voulais pas m'imposer ou paraître intrusive. Après avoir eu son prénom, je lui demande son nom de famille, non sans rougir. « Je suis flatté que tu veuilles me stalker sur facebook. » Ma bouche s'entrouvre à nouveau et encore une fois, je rougis. Cette fois-ci fut plus violente que les autres. Je n'osais plus le regarder dans les yeux puisque apparemment, il lisait en moi comme dans un livre ouvert. C'était dans ce genre de moment où des pensées presque obscènes pouvaient faire irruption sans trop savoir d'où elles sortent et j'avais presque peur qu'ils les voient, comme si c'était réellement possible. Nous nous mettons en marche et il me répond enfin : « C'est Magyar, M-A-G-Y-A-R, comme le dragon dans Harry Potter. » Je souriais malgré moi, amusée par ce qu'il venait de dire ou plutôt la référence qu'il venait de faire. « C'est plutôt cool d'avoir le nom d'un dragon... ». Mon nom de famille avait été assez moqué quand j'étais plus jeune. « Sinon, tu peux aussi me demander mon numéro. » surenchérit-il. Je suis surprise par sa proposition et je ne me sens pas dans la possibilité de refuser. En réalité, je ne savais pas tellement quoi en penser. Mais, avoir son numéro de téléphone pour discuter, serait certainement plus simple et moins intimidant. « Quel est ton numéro de téléphone ? » demandais-je alors dans un souffle timide. Qui l'aurait cru ? J'étais en train de demander le numéro d'un homme.