Invité
est en ligne
Invité
Expérience dans le noir.
Raphaël & Katja
« La nuit, on pense mieux, la tête est moins pleine de bruit. » - V. Hugo
La journée commençait normalement, vous savez ? Personne n'aurait imaginé que je me retrouve ici avec un presqu'inconnu. Bref, la caméra sur l'épaule, je marche silencieusement en tirant derrière moi un gars. Un gars oui.
Je vous raconte ça rapidement.
Ce matin, j'étais en cours de psychologie, concentrée, je prenais des notes. Et on parlait de la folie, des théories Freudiennes concernant les rêves et les cauchemars. L'influence de la peur sur le cerveau. Les ragots, les légendes... les croyances stimulées par le cortex préfrontal. La peur est un stimuli de notre incapacité à analyser une situation.
Soit. Je pouvais en convenir mais pas le croire réellement.
J'avais besoin de preuve. Freud n'était, après tout, pas tout à fait sain ni dans son corps et surement pas dans sa tête. La peur est un sentiment comme un autre. L'amour n'est pas un stimuli, c'est un ressenti. Pourquoi la peur serait un sentiment différent ?
Ne dit-on pas que l'on ressent la peur ?
Bref, la tête bourrée de questions plus que de réponses. Je suis sortie de l'amphithéâtre en me persuadant que c'était de la folie ces cours. Que je me posais plus de questions que je ne trouvais de réponses. Un peu comme de la philosophie, comme si la vie était un dédale de questionnements.
Je suis perdue dans mes pensées, j'entends à peine les autres parler. Au final, je me rends compte qu'en fait ils ne parlent plus... Ils ne sont plus là.
Je suis au milieu de la pelouse, les cours dans les bras et je me rends compte que j'ai airé sans but. Face à moi, un garçon. C'est drôle, il a cette tête de psychotique plutôt mignon, dont la fumée intoxique les poumons pour son plus grand plaisir. Laissant la gangrène le consumer parce qu'il le veut. Il n'a pas peur lui. Le stimuli de la mort en tout cas ne passe pas par ce cas là.
Je m'approche. J'ai besoin de savoir, en fait. « Ça ne te fait rien de te dire que tu peux mourir demain ? »
Je ne suis même pas sûre d'avoir écouter sa réponse. « Retrouve moi à 20:00, à l'entrée de la ville. J'ai besoin de faire quelque chose d'intéressant. Une expérience. »
Je n'ai pas non plus attendu sa réponse. Je ne sais même pas comment il s'appelle, si mes pieds m'ont mené à lui, y a une raison.
Je me suis retournée et avec un sourire enjôleur, de mon accent russe bien prononcé j'ai simplement dit : « Au fait, je m'appelle Katja. »
Et voilà. 20:10. Il est là. Prêt. Lui il a pas le stimuli de la peur, il a le stimuli de la curiosité. c'est indéniable. Ou il me croit folle et ça l'amuse. C'est aussi une possibilité.
Habillée d'un slim noir, de dc marteens et d'un blouson en simili cuir, je marche dans les rues silencieuses de la ville. « Tu aimes les cimetières ? »
Je regarde les arbres qui se balancent doucement au gré de la brise du soir, alors que la nuit s'étend dans le ciel, le couvrant d'encre noire. Nous sommes baignés d'une lumière artificielle et orange des réverbères avant de tourner à une rue plus étroite moins éclairée.
Mon stimuli de peur ne l'emporte toujours pas sur mon adrénaline.
La lumière devient plus lugubre, blanchâtre, la seule lumière est près du portail du cimetière. « Allez. » J'allume la caméra et je remets mon sac sur mon dos.
Un inconnu. Un cimetière. Voyons si le stimuli de la peur prend le dessus sur mes sentiments ou s'il est réellement une conscience différente de ma perception.
Je pénètre dans le cimetière et j'active l'infrarouge pour m'y repérer. « Évidemment, je choisis le seul soir sans lune. »
Il doit se demander ce qu'il fout là, et je souris. Et son stimuli à lui... « Ce n'est pas commun. Faire connaissance avec une fille dans un cimetière. J'ai de la bière dans mon sac si tu veux, en échange tu me parles un peu de toi. Je ne connais même pas ton prénom. »
J'entends un craquement et je me retourne vivement, sursautant quand le visage du garçon se met en gros plan sur la caméra. Je la baisse en essayant de reprendre mon souffle. « N'importe quoi. » je chuchote et je souris. Là dans le noir. « Pourquoi t'es venu ? »
(c) DΛNDELION
(Invité)