Non, pas toi, par pitié ! ▬ Rio

Quelle idée de foutre une capuche quand on est en boîte ? Je crevais de chaud. Et je passais une soirée… d’enfer. Horrible. Nulle. Terrible, un vrai cauchemar ! Mais partir maintenant ? Ce serait ruiner les chances d’éventuellement rattraper le coup et passer à côté d’une potentielle bonne soirée. Sait-on jamais, la mather allait peut-être trébucher sur un pied, se casser la gueule et passer le restant de la soirée allongée par terre à ronfler malgré la musique forte ? Je rêvais éveillé sans doute. Mais je redescendis bien vite sur terre quand je sentis quelqu’un me bousculer, faisant tomber ma capuche et pire, m’arrosant avec son verre. J’allais empester l’alcool en plus ! Personne pour m’achever ?

« Putain ! »

Je relevai les yeux vers la personne qui m’était rentré dedans, prêt à l’étrangler… Mais la colère laissa complètement place au désespoir quand je vis de qui il s’agissait. Ouais, j’étais là, c’était moi, bien malheureusement… Je pinçai les lèvres et me passai une main dans les cheveux, soupirant. Comment j’ai fait ? Eh bien je l’ai prise pour une conne, c’était pas bien compliqué… Plein de gens savent le faire et j’étais sans doute pas le seul à me moquer d’elle. Je la dévisageai un moment, croisant les bras sur mon torse.

« T’es vraiment naïve. »

Est-ce qu’elle était idiote juste quand elle était bourrée ou tout le temps ? Sait-on jamais, c’est une mather après tout. Bon, la magie ça n’avait pas marché… Plan B.

« Ca te dit qu’on retourne au bar pour boire tranquillement ? »

Finalement après réflexion, je ne savais vraiment pas pourquoi je m'étonnais qu'elle m'ait renversé son verre d'alcool dessus. Je suis Andy McDougall après tout. Celui qui se fait flinguer ses vêtements à toutes les fêtes, que se soit en se faisant renverser de l'alcool dessus, ou en se les faisant déchirer par des tigresses. Depuis quelques mois il n'y avait plus qu'une seule tigresse mais finalement... mes vêtements ne ressentaient pas de différence, eux. Dans tous les cas ils étaient morts.

Par chance, la mather accepta ma proposition et tourna les talons en m'attrapant la main, m'entrainant vers le bar. Je grimaçai, appréciant très peu qu'elle m'attrape comme si on était potes alors que c'était tout l'inverse. Mais qu'est-ce que vous voulez, elle était complètement ivre et n'avait conscience de rien, ne se rappelait de rien - ça, je l'avais aisément deviné à la manière dont elle me regardait quand on se croisait dans les couloirs d'Harvard et qu'elle était sobre. Je pris place au bar à côté d'elle, soupirant et désespéré, espérant que j'allais ressortir de cette boîte vivant. Il y avait vraiment des fois où je me demandais si l'alcool ne lui monterait pas à la tête au point qu'elle essaye de me violer, tellement elle était pot de glue avec moi. Mais j'ai fait quoi pour mériter un tel châtiment, hein ?

« Hum... Une tequila, pour changer. »

Bon les mélanges, c'est une assez mauvaise idée... Mais si je continuais à carburer au whisky, je serai ivre mort avant qu'elle ne comate. Et le but, c'était quand même qu'elle s'endorme tant que j'étais encore en état de partir, pas quand c'était trop tard.

« Et toi ? »

En étant sobre, jamais cette situation ne serait arrivée. Mais les moments où t'étais sobre en ce moment, se contenait seulement sur les doigts de tes mains. Ce qui fait que les seules fois où tu le rencontrais, t'étais complétement pétée et t'agissais pas du tout comme tu l'aurai fais normalement. Sobre, tu te serai jamais permise de suivre un Eliot -surtout cet Eliot là en fait- et tu l'aurai sûrement pas laissé te berner comme il le faisait. Mais, t'étais bourrée.

Quand il te proposa d'aller boire un verre, t'accepta de suite sans y réfléchir. Tu voyais pas du tout de coups fourrées, juste une proposition anodine. Et tu te mis à agir avec lui comme t'agirai avec Jim. Aussi familièrement. T'attrapa sa main, chose qu'il n'apprécia pas et vous emmena près du dit bar. « - J'vais prendre la même chose ! » T'étais à la tequila depuis le début de la soirée, autant rester à la même chose. Tu le laissa passer la commande au barman et tu te retourna vers lui. Le scrutant, comme si t'essayais de dénicher le moindre de ses petits secrets. « - Pourquoi t'es tout seul ici Monsieur le Magicien, t'as pas d'amis ? » Toi t'étais pas toute seule, à la base mais t'avais vite quitté ton groupe quand l'envie de boire s'était faite ressentir et que tu l'avais aperçu au bar.

Elle prenait aussi une tequila ? Fuck, je risquais de mettre plus de temps que je ne le pensais à la saouler et j'allais devoir lui forcer un peu la main en espérant que le barman ne me fasse pas chier à ce propos. Quoiqu'il pourrait quand même essayer d'être compatissant à ma souffrance, c'est jamais cool de se faire pourrir la soirée par un pot de glue. Ça ne devrait pas être trop dur de le convaincre. Je commandai donc deux verres de tequila qui ne devraient pas être trop longs à arriver. Je tournai la tête vers Rio, arquant un sourcil à sa question. Pas d'amis ? Sérieusement ?

« J'avais juste envie d'être seul ce soir. »

Moyen subtile de dire que j'avais des potes et qu'elle contrariait mes plans par sa présence envahissante, mais ça, c'était probablement encore trop subtile pour qu'elle puisse le réaliser. Le barman déposa la tequila devant moi et je tendis son verre à la mather en lui adressant un sourire on ne peut plus faux.

« Tiens ! Cul sec, allez. »

Moi, je risquais pas de le faire cul sec, je voulais pas finir ivre mort. De toute manière dans l'état dans lequel elle était, j'étais presque certain de pouvoir boire mon verre tranquillement et lui faire croire que je l'avais bu d'un coup.

La tequila était ton alcool de prédilection. D'ailleurs, les bouteilles que tu cachais sous ton lit n'était que de cet alcool. Tu ne buvais que ça. Changeant rarement pour un autre alcool. Et quand tu le faisais, tu ne prenais que de la vodka. Mais là tout de suite, t'étais pas d'humeur à boire de la vodka. T'étais très bien à la tequila. Et puis en plus, il prenait ça aussi. Alors bon. Il se tourne vers toi, arquant un sourcil. C'est quoi cette tronche qu'il tire. C'est qu'une simple question, après tout. Et pis, il te dit qu'il avait juste envie d'être seul ce soir. Eh bien, faut croire que c'était loupé pour lui. « - Pas besoin de faire cette tête le magicien ! » Tu lui tires la langue telle une gamine. Et te retourne vers le barman qui rapporte vos tequila. Il les donne à Andy, tu ne quitte pas le chemin que font les verres. Il te tends le tien et tu l'attrapes, te doutant pas que le sourire qu'il t'adresse est complétement faux. Tu lui réponds brièvement alors qu'il te propose de boire cul sec. Là par contre, ton sourire s’agrandit de lui même. « - Ahah, tu vas finir par terre avant moi, j'te le dis. » Faut dire que boire tout les jours te donnait une certaine tolérance. T'étais joyeux pour le moment, pas totalement morte. Même si la soirée avait débutée depuis un moment pour toi. T'avales ton verre cul sec, sans attendre, et le repose dans un bruit sourd sur le bar. Faisant signe au barman de te resservir. Une légère grimace se dessine sur tes lèvres, c'est que c'est pas délicieux ce truc aussi. Tu prends même pas la peine de regarder s'il avait son verre, lui faisant naïvement confiance. Alors que tu t'adresses une nouvelle fois à lui. « - Pis, t'sais, si t'avais vraiment envie d'être seul. T'es pas venue au bon endroit. »

Pas besoin de faire cette tête ? Une putain de mather me pourrissait ma soirée et me disait sans-amis, j'avais toutes les raisons du monde de tirer une tête de six pieds de long. C'était une véritable sangsue. Pas juste de la glue, carrément une sangsue, parce qu'elle me pompait aussi mon énergie quoi. C'est qu'elle était crevante cette fille. Je pinçai les lèvres pour retenir le soupir qui me démangeait et réussit à sourire, remerciant les années d'entraînement pour faire bonne figure aux réceptions de mes parents. Souris, quoiqu'il arrive, que ça aille ou non. J'avais tout sauf envie de sourire, et pourtant...

« Moi, finir par terre avant toi ? Dans tes rêves ! »

De toute manière c'était pas dans mes intentions de finir par terre, il était donc clair qu'elle lècherait le sol toute seule, de mon point de vue. Mais qu'elle s'imagine que j'allais la suivre dans son délire, c'était tant mieux. Elle but son verre cul-sec, et je fis semblant d'en faire de même, ne prenant pourtant qu'une petite gorgée et reposant mon verre sur le bar. Elle semblait n'avoir rien vu, tant mieux. A ce rythme-là j'allais gérer, la saouler et pouvoir rentrer tranquillement.

« Y a différentes formes de solitude tu sais. »

J'étais peut-être trop philosophique pour elle là, non ? Aucune idée, certaines personnes philosophent mieux en étant perchées, vous me direz. Le barman remplit à nouveau le verre de la jeune femme et à mon signe, rajouta quelques gouttes dans mon verre. Juste pour faire genre quoi. J'étais bien content qu'il ne se préoccupe pas de ce qu'il se passait, qu'il ne pose pas de question, et n'essaye pas de me faire la morale pour laisser Rio se saouler la gueule, ça aurait le pompon tiens.

« Et toi tes potes ils sont où ? »

Ta présence faisait clairement chier Andy. Tu le collais encore pire que de la glue, ne cessait de l'emmerder avec tes questions et tout ça.. tu ne t'en rendais absolument pas compte. Faut dire que t'étais peut être trop bourrée pour ça. En tout cas, tu captais pas grand chose à la vie. Que ce soit, concernant ses faux sourires ou bien ses phrases qui puaient le cynisme à des kilomètres à la ronde. Non, toi, t'étais dans l'optique que ta présence allait bien à Andy. Alors qu'il n'en était rien de tout ça. D'ailleurs, il s'évertuait même à te faire dégager de différentes sortes. La première n'ayant pas du tout fonctionnait comme il l'aurait voulu.

« - On verra qui de nous tombera en premier. » dis-tu haussant des épaules, juste avant de boire ton verre de tequila cul sec. Nullement suivit comme tu le pensais. Mais tu ne te souciais que très peu de ça. Pensant juste à demander au barman qu'il te serve de nouveau. Ce qu'il fit. « - Ouais, si tu le dis. » que tu lui répondis, en balayant ses propos d'une main. T'étais pas vraiment d'humeur à parler philosophie. T'étais trop absorbée par la vision de ton verre remplit à nouveau. Tu jetta un regard vers lui, alors qu'il te demandait où tes potes à toi étaient. Son verre était aussi plein. Et tu pensa donc qu'il avait fait aussi signe au serveur de le lui remplir à nouveau, trop naïve quoi. Tu te tourna vers la foule qui vous entouraient. « - Par là bas, sûrement. J'en sais rien. » déclara-tu, en montrant la foule du doigt. Avant de te retourner vers ton verre, qui n'attendait juste que tu le vide à nouveau. Ce que tu fis sans tarder. Le reposant, une fois terminé sur le bar. Tu ferma les yeux, sentant l'alcool te monter à la tête. Tu commençais vraiment à être bien bourrée. Encore un ou deux verres cul sec comme ça et ça en était sûrement finis pour toi.

Ce cauchemar serait bientôt fini ? Je n'étais pas d'une nature très patiente et la mather ne se soulait encore pas assez vite à mon goût, ça faisait déjà plusieurs minutes qu'on était assis au comptoir et elle n'était pas encore en train de ronfler dessus. Le monde s'acharnait contre moi ! Je hochai la tête à la formulation du défi, préférant la laisser croire qu'elle avait une chance de gagner contre un escroc dans mon genre. C'était tout à mon avantage après tout ! Elle se tourna vers la foule dansante pour me montrer où se trouver ses potes, c'est à dire... au milieu de ce joyeux bordel, ben voyons. Je me mordis la langue, regardant un moment les gens danser avant de reporter mon attention sur la jeune femme qui s'était reconcentrée sur son verre et le buvait de nouveau cul sec, ce qui me fit sourire et je fis signe au barman de la resservir alors que je trempai les lèvres dans mon verre. Quitte à se faire chier, autant essayer de la pousser encore plus dans le ridicule.

« Hey, je me demandais si tu savais chanter ? Parce que vu comment t'es jolie, tu pourrais devenir une superstar je pense... »

Un large sourire moqueur étira mon visage. Une mather superstar ? Quelle blague... A part maman les petits bateaux, elle ne devait sûrement pas savoir chanter grand-chose.