home sweet home (sluzy)

La voilà la fameuse discussion qui débloquerais la situation, aussi bien dans le positif que dans le négatif. Sloan se voilait la face, il campait sur ses positions en sachant pertinemment que le problème de ne venait pas de là, ni d'elle. Il ne laissait personne entrer réellement dans sa vie parce qu'il savait tôt ou tard qu'il allait souffrir. Tout le monde lui avait dit, ses amis, ses ex, ils en étaient tous arrivés à cette même et unique conclusion. Et là, Suzy, inconsciemment le faisait aussi. Il allait répondre mais sa dernière phrase lui coupa le souffle. Il était, à présent, focalisé sur ces mots. « Non c'est pas réciproque Suzy, c'est pas facile pour moi de t'aimer ... pas parce que c'est toi ... mais parce que j'ai peur. » Sloan s'était calmé d'un coup, il semblait même abattu. Son regard se baissa. « J'suis attaché à toi, plus que n'importe qui au monde ... mais ça reste compliqué parce que je sais qu'un jour ou l'autre je vais te décevoir et tout gâcher. Je m'autorise pas d'être heureux parce que je sais que la chute en sera que plus brutale, et c'est justement pour cette raison que j'veux pas d'enfant. Que quelqu'un puisse être dépendant de moi, attende des choses de moi, ça m'fait flipper ... J'ai jamais voulu que tu renonces à tes rêves juste pour moi. Je ne mérites pas un tel sacrifice et ça me ronge depuis Hawaï, j'ai pas le droit de t'imposer ça. Comment t'as pu croire que j'voudrais que tu avortes .. Qu'il n'ait pas de cerveau ou j'sais pas quoi, ça ne change rien, c'est contre nature. Maintenant, il est là et va falloir qu'on prenne une décision à deux ... Si avorter n'était pas ta première idée, dis moi ce que tu voudrais faire. J'suis pas prêt à avoir un enfant mais j'suis encore moins prêt à te perdre ... »

T'es exténuée. On dirait que tu as trop gardée tes pensées pour toi, que tu as trop essayée de te taire pour lui faciliter la tâche... Sauf que là, ce qu'il te dit... non. C'est trop. C'est comme si depuis le début tu es un fardeau pour lui, comme s'il ne voit pas les efforts que toi tu mets dans votre relation, comme s'il ne voit pas que c'est pas facile des deux côtés. La différence, c'est que pour toi, même si c'est pas facile bah tu n'hésites pas. Et en plus de ne pas hésiter, tu ne lui met pas la faute sur le dos.
Tu te doutes bien qu'il ne pense peut-être pas réellement à ce qu'il te dit,
qu'il ne veut pas te faire sentir comme un poids sur ses épaules mais c'est dur putain...
Parce que c'est comme ça que tu l'as entendue. Non c'est pas réciproque Suzy, c'est pas facile pour moi de t'aimer ... pas parce que c'est toi ... mais parce que j'ai peur. Et le simple fait qu'il n'essaie pas de te rassurer bah... ça te réconforte pas. Si tu commençais juste à pleurer avant, maintenant c'est officiel, tu pleures. T'es frustrée. T'es pas contente d'apprendre que c'est difficile, trop difficile. Il a peur de quoi ? Qu'est-ce que tu dois faire de plus pour qu'il arrête d'avoir peur de toi ?! J'suis attaché à toi, plus que n'importe qui au monde ... mais ça reste compliqué parce que je sais qu'un jour ou l'autre je vais te décevoir et tout gâcher. Je m'autorise pas d'être heureux parce que je sais que la chute en sera que plus brutale, et c'est justement pour cette raison que j'veux pas d'enfant. Encore et encore et encore avec ce discours. Tu hoches négativement la tête et fini par la baisser. Tes larmes plongent directement au sol alors que tu fermes les yeux. Que quelqu'un puisse être dépendant de moi, attende des choses de moi, ça m'fait flipper ... J'ai jamais voulu que tu renonces à tes rêves juste pour moi. Je ne mérites pas un tel sacrifice et ça me ronge depuis Hawaï, j'ai pas le droit de t'imposer ça. Comment t'as pu croire que j'voudrais que tu avortes .. Qu'il n'ait pas de cerveau ou j'sais pas quoi, ça ne change rien, c'est contre nature. Maintenant, il est là et va falloir qu'on prenne une décision à deux ... Si avorter n'était pas ta première idée, dis moi ce que tu voudrais faire. J'suis pas prêt à avoir un enfant mais j'suis encore moins prêt à te perdre ... Tu essaies de prendre ses derniers mots pour te consoler, mais t'as mal. Ma première idée, c'était toi. J'pensais à toi, à ce qui te conviendrait le mieux. Parce que j'suis prête à absolument rien, mais encore moins prête de te perdre. Tes doigts effacent tes larmes, bien qu'elles ne mettent pas de temps à réapparaître. Mais t'es soudainement moins hystérique, peut-être que la fatigue commence à faire surface aussi.
J'veux pas que ça change quoi que ce soit entre nous... alors si tu penses que ça brise tout, si tu penses que tu n'auras plus envie de me serrer dans tes bras ou me faire l'amour, ou d'être avec moi tout court... Bah... Mon choix à moi se serait d'avorter... qu'on essaie d'oublier cet épisode.

Sloan n'a jamais voulu en arriver là. Pour la deuxième fois depuis le début de leur relation, tout semblait être remis en cause. Suzy ne comprenait pas le blocage et les barrières qu'il se mettait entre lui et le reste du monde. Depuis tout petit, tout le monde l'abandonnait, son père, sa mère, ses ex, son cousin. Il s'était fait à l'idée qu'il allait se retrouver tout seul, quoi qu'il arrive et, au fil des années, il recherchait cette solitude pour mieux appréhender la fin. Tout ceci le faisait juste flipper. Il était en panique et rejetait tout le monde autour de lui juste pour éviter de souffrir d'avantage, sans voir que certaines personnes étaient juste là pour lui. La solitude était son échappatoire et son enfer. C'était vraiment compliqué d'être un bipolaire en puissance et de refuser la moindre aide. Il était malade et avait juste besoin qu'on l'aide à guérir, de cette rage et de cette déprime, de ce cercle vicieux dans lequel il s'était enfermé. Suzy répondait comme elle le pouvait, il sentait bien les signaux de détresse qu'elle lui envoyait. Pour la deuxième fois, il la faisait pleurer, et voilà, ça recommençait. « J'veux pas que ça change quelque chose entre nous, j'ai jamais voulu ça. » dit-il faiblement. La voir pleurer lui était insupportable. Sloan s'approcha d'elle et vint la prendre dans ses bras. Mettant sa peur, sa fierté, ses émotions, peu importe que ce c'était, de côté, il enroula ses bras autour d'elle. « J'suis désolé qu'on en soit arrivé là. » Il la serra fort. « Tu sais, le fait qu'on arrive pas à prendre de décision ça n'aide pas, faut qu'on en prenne une et qu'on se focalise dessus, qu'on se concentre sur ça. Là on tourne autour du pot mais on arrivera à rien comme ça. Je t'aime, je ne veux pas te perdre et j'suis prêt à tout pour toi .. Le garder, le faire adopter ou ... avorter. Si c'est la seule façon pour que la situation s'arrange, alors d'accord. »

Pourtant... tu ne remettais rien en cause. Pour toi, il y a trois solutions à votre "problème" : L'avortement, l'adoption ou le garder. Dans les trois solutions, y'a toujours la même variable qui reste : Sloan et toi, vous restez ensemble. Coûte que coûte. T'es prête à littéralement n'importe quoi si c'est pour le garder, mais le garder exactement le même. J'veux pas que ça change quelque chose entre nous, j'ai jamais voulu ça. Tu ne sais pas quoi lui dire, t'as plus de mots... Contre toute attente, il s'approche de toi pour te serrer contre lui. J'suis désolé qu'on en soit arrivé là. Meeeeeeeeeeeerde. Ça fait du bien, ça. Des excuses, ses bras, sa présence. Il te serre plus fort et tu laisses ton orgueil de côté pour enrouler tes petits bras autour de lui aussi. Tu sais, le fait qu'on arrive pas à prendre de décision ça n'aide pas, faut qu'on en prenne une et qu'on se focalise dessus, qu'on se concentre sur ça. Là on tourne autour du pot mais on arrivera à rien comme ça. Je t'aime, je ne veux pas te perdre et j'suis prêt à tout pour toi .. Le garder, le faire adopter ou ... avorter. Si c'est la seule façon pour que la situation s'arrange, alors d'accord. Tu avales difficile ta salive... Ce qu'il te dit, là, te donne un peu de force. Juste assez pour oser donner ton opinion, malgré la peur de le perdre, de le brusquer. Mon amour... je t'aime... Mais... j'me sens vraiment pas prête à être maman... et je... j'suis désolée... Tu trembles de tout ton être. À la seconde où tu lui avoues tout, tu as la lourde impression de le décevoir - de décevoir tout le monde. Peut-être qu'au fond, l'envie d'un avortement n'était pas juste pour lui, mais aussi pour toi. Peut-être que tu te réconfortais un peu trop à l'idée qu'il n'en voulait pas et qu'il choisirait surement "l'option facile"...

Ce câlin faisait un bien fou. La prendre dans ses bras semblait le booster et le motiver un peu. Il ferma les yeux en entendant les sanglots de Suzy. Sloan ne voulait pas d'un avortement, il était contre ce principe, c'était contre nature. Mettre fin à la vie, aussi infime soit-elle. Il ne comprenait pas. Sa mâchoire se serra et il inspira longuement. « C'est pas grave, je comprends, alors va pour l'avortement, toute cette histoire sera bientôt qu'un souvenir et on pourra reprendre là où on en était. » dit-il faiblement. L'Eliot prenait sur lui, il savait d'avance qu'il aura du mal à traverser ça mais pour le bien de son couple mais surtout pour le bien de Suzy, il abdiquait. « Demain on le dira au gynécologue et ... il te donnera les cachets pour avorter. » Sloan vint déglutir silencieux. Prendre une telle décision lui coûtait. Qu'aurait pensé sa mère de tout ça, à cet instant précis, toutes ses pensées allaient pour elle. Instinctivement, il posa sa tête contre celle de Suzy et resserra l'étreinte.

Vous vous serrez l'un contre l'autre. Tu as peur qu'il te lâche, t'as peur qu'il s'éloigne, que tu le perdes. Tu savais que le couteau, c'est toi qui l'avait. C'est toi qui trancherait, c'est ton corps après tout. Et tu avais le soutiens de Sloan... ou en tout cas à ce qu'il te dit. Ça ne serait pas facile, t'es même pas sure que tu ne le regretteras pas toi-même, alors lui ? Il est contre l'avortement, alors soutenir une fille qui veut y prendre recours... peut-être que c'est trop lui demander. Peut-être que c'est ça, la goutte de trop. Peut-être que c'est sa limite. C'est pas grave, je comprends, alors va pour l'avortement, toute histoire sera bientôt qu'un souvenir et on pourra reprendre là où on en était. Sauf que tu le sais, qu'il ne te dit pas ça de cœur joie. Tu le sais qu'au fond, ça ne reviendra jamais "comme avant"... ça ne pourra pas devenir rien qu'un souvenir. Y'a des risques que ça tourne en cauchemars... et tu veux pas de ça. Demain on le dira au gynécologue et ... il te donnera les cachets pour avorter. Sa tête se pose contre la tienne et tu relâches un long soupir. De soulagement ? Peut-être... parce que êtes finalement arrivés à une entente, parce que le soutiens de Sloan, tu le sens enfin. Il te serre un peu plus fort et tu en profites pleinement. Finalement, tu te défait de son emprise pour venir l'embrasser tendrement. Tes mains tremblent encore, ton cœur saigne encore, mais tes yeux ne pleurent plus. Et bébé... Je serai toujours dépendante de toi. Parce que j'te quitterai jamais... Tu baisses les yeux vers ta main que tu remontes et lui présente ton petit doigt. C'est promis juré.

Peut-être qu'inconsciemment, Sloan espérait qu'elle change d'avis ou qu'elle doute encore un peu. Mais non. C'était sa décision, elle ne reviendrait pas dessus. Les yeux clos, il sentait, à son tour, les larmes monter jusqu'à ses paupières. Il ne pleurait jamais mais là, c'était trop horrible. Il ne pleura pas, hors de question de montrer sa faiblesse mais cette décision, il ne l'approuvait pas du tout. Mais il ne voulait pas se battre contre Suzy et risquer de la perdre. Alors quand elle se recula pour venir l'embrasser, il afficha un mince sourire, ravalant ses larmes qui ne demandaient qu'à couler, depuis des années. « Moi non plus, promis. » dit-il faiblement en saisissant son petit doigt avec le sien. « Et mercredi on ira chercher des meubles ok ? Parce que j'ai commandé que la chambre. » avoua-t-il avec un mince sourire, histoire de changer de sujet. Sloan faisait une overdose de sentiments négatif là. Il allait accumuler et accumuler jusqu'à ce qu'il explose et refasse une crise de rage ou de déprime, c'était variable.

Il y avait quelque chose derrière son sourire... tu pouvais t'en douter. Il n'es pas fervent de l'avortement, mais tu étais loin de te douter d'à quel point ça l'affectait...
à quel point ça lui donnait envie de pleurer. Toi, tu continues sur cette décision comme si rien était, lui promettant que tu seras toujours là pour lui. Moi non plus, promis. Dit-il en attrapant ton petit doigt avec le sien. C'est une promesse, un pacte. Pas des paroles en l'air. Et t'espère qu'il tiendra sa parole aussi, parce que tu comptes sur lui... tu viens de lui dire. Et mercredi on ira chercher des meubles ok ? Parce que j'ai commandé que la chambre. Dit-il, en changeant radicalement de sujet. Tu rigoles doucement et hoche la tête. Hum... ouais, avec plaisir. Tu baisses finalement ta main, entraînant la sienne puisque tu ne lâches pas son doigt. Le duplex est magnifique mon cœur Dis-tu, en replaçant une mèche de tes cheveux derrière ton oreille. Y'a quoi, à l'étage que tu voulais me montrer ??