home sweet home (sluzy)

Le trajet fut anormalement long. Pourtant le dupex n'était pas très loin d'Havard mais les quelques minutes de route parurent interminables. Suzy ne lui avait pas adressé un mot et Sloan n'avait pas d'effort non plus. L'ambiance était assez tendue entre eux, cette nouvelle les avait bouleversés et aucun mot ne semblait pouvoir atténuer leur peine. Une fois devant les lieux, il gara sa voiture et sortit de sa Porsche Cayenne. L'Eliot claqua la porte et verrouilla son bolide à l'aide de sa clé. Au lieu de regarder la brunette, il leva les yeux vers les fenêtres de son nouveau duplex. Sloan s'approcha de l'immeuble. « Bon là il est vide, faut se projeter, j'ai commandé la blinde de meubles pour samedi .. J'te montrerai tout ça en haut. » dit-il en ouvrant la porte et en se faufilant à l'intérieur.

Le trajet fut horriblement silencieux... et tu le sais qu'au fond, c'est de ta faute. La grossesse ne déplaisait pas qu'à Sloan, mais tu n'avais pas tellement l'impression de prendre tes sentiments en considération. À vrai dire... depuis le début de la chose, tu t'es toujours demandé ce que Sloan en penserait et tu t'es perdue à travers tout ça. Au final ? T'es même pas sure de ce que toi tu veux. Le garder ? Avorter ? Le mettre en adoption ? C'est ça les choix et jusqu'à maintenant, tu t'es dis que tu ferais peu importe ce qu'il déciderait... mais tu sais pas trop. Parce que jusqu'à maintenant, il a l'air de vouloir le garder mais la décision te satisfait pas... mais ne te déplaît pas complètement aussi. Tu sors de la voiture après lui et croise les bras en regardant l'immeuble. Bon là il est vide, faut se projeter, j'ai commandé la blinde de meubles pour samedi .. J'te montrerai tout ça en haut. L'appartement est signé à son nom et maintenant les meubles aussi. As-t-il déjà oublié que vous allez vivre ensemble ? Ok Tu ne réagis cependant pas plus que ça, tu le suis à l'intérieure. C'est grand, c'est très vide en effet. Mais tu peux déjà voir que c'est bien éclairé. Tu te sépares de lui pour aller explorer, vous n'avez pas besoin d'être toujours un à côté de l'autre nan ?? En tout cas il te l'a fait comprendre en ne t'invitant pas pour la énième fois à New York, même si y'a à peine quelques jours il t'a promis de ne plus jamais se séparer de toi.

Son ok était glacial. Evidemment, à quoi s'attendait-il ? A ce qu'elle lui saute dans les bras. Non, il l'aurait certainement repoussé. Sloan était partagé entre beaucoup de sentiments, tous plus contradictoire les uns que les autres. Il voulait la rassurer, se rassurer, lui faire comprendre qu'ils avaient merdé et que s'il avait l'opportunité de remonter le temps pour tout refaire, il le ferait. Sans prêter attention à son comportement, il ouvrit la porte du duplex et la laissa entrer. Il referma délicatement la porte en zieutant sa réaction. Suzy quitta rapidement la pièce pour s'exclure dans celle d'à côté. L'Eliot claqua brusquement les clés sur le comptoir. Il n'allait pas supporter ça bien longtemps. Sans faire le moindre bruit, il alla quand même la rejoindre et se risqua à parler. « Ça te plait ? » lui demanda-t-il presque timidement. « Je l'ai choisi pour la vue, le quartier est calme. On ... On devrait être bien là. »

Il fallait pas s'attendre à ce que tout redevienne comme avant. Plus les heures avançaient, plus tu avais réfléchis. Le hamster dans ta tête tourne 24h/24 depuis 6 jours maintenant. Tu dors peut-être deux heures par nuit et le reste du temps tu ne fais que penser à ça. D'ailleurs, ça ne t'étonnerait même pas d'avoir échoué le test que tu as eue ce matin et le pire, c'est que tu t'en fous un peu. Ça te plait ? Tu sursautes, t'as la tête ailleurs et tu ne regardais qu'à peine la pièce dans laquelle tu te trouvais. T'avais envie de lui répondre "Oui, c'est beau chez toi" mais tu t'es gardé le commentaire désagréable. À la place, t'as seulement hochée la tête. Je l'ai choisi pour la vue, le quartier est calme. On ... On devrait être bien là. Tu jettes un oeil vers la fenêtre pour essayer de voir de quoi il parlait. La vérité, c'est que t'as même pas réellement regardé dehors pendant le trajet, tu ne sais même pas où vous êtes. C'est parfait. ... Mais au fond, t'as d'autres problèmes, d'autres choses à penser de bien plus important qu'où tu vas vivre.
C'est combien par mois ? Tu supposes que ça aussi, c'est lui qui va payer. Tu te demandes presque s'il va te donner le prix ou s'il va te garder le secret.

Suzy était aux abonnés absents. Lorsqu'il entra dans la pièce, elle sursauta et ne prit même pas la peine de répondre à son petit commentaire. Pour une fois qu'il venait en paix, dans l'espoir d'arranger les choses en lui parlant, elle le rejetait. Sloan la sentait sur la défensive, cette situation était trop tendue pour tenir. « On verra ça le moment venu. » répondit-il en mettant ses mains dans ses poches. Le silence vint de nouveau se mettre en eux. L'Eliot inspira longuement avant de déglutir, il allait rapidement perdre patience. « Ecoute Suzy, si ça ne te plait pas, dis le moi, j'ai une semaine pour le rendre. J'le rend et basta. J'pensais te faire plaisir, j'me suis trompé visiblement. » grogna-t-il, les yeux rivés vers elle.

Tu ne l'avais pas entendu arriver, comme tu t'es perdue dans tes pensées. Il t'a demandé si ça te plaisait et tu n'as répondue que d'un simple hochement de tête. Tu n'as pas encore tout regardé, tu es loin d'être surexcitée aussi... pour plusieurs raisons. Naturellement, tu lui demandes combien ça coûte par mois et franchement tu t'attends à ce genre de réponse. On verra ça le moment venu. Tu laisses tomber les bras de chaque côté de ton corps et tu te retournes pour continuer à marcher à travers la pièce. Ecoute Suzy, si ça ne te plait pas, dis le moi, j'ai une semaine pour le rendre. J'le rend et basta. J'pensais te faire plaisir, j'me suis trompé visiblement. Tu soupires à son grognement et te retourne les mains sur les hanches. Pourquoi est-ce que tout c'que j'dis ou je fais, tu le prends mal ? Tu tournes la tête et fixe le vide, pendant que tu passes ta langue entre tes lèvres. Ce matin je t'ai dis que tu me manquais, que je voulais te retrouver comme on aurait dû le faire et tu m'as répondu que tu ne pouvais pas faire comme si de rien était. Et t'ouvres les bras, pour lui faire voir le beau numéro qu'il te faisait. Bah tu attends quoi de moi ? Que j'te suis partout comme un petit chien, pleine d'espoir et de joie pour ce nouveau bébé et ce Duplex pendant que tu t'éloignes de moi pour prendre une décision ? Tu hoches négativement la tête.

Au moins, l'impatience de Sloan aura permit de faire bouger les choses et attaquer la plaie déjà bien ouverte. Il la poussa à s'ouvrir et à lui parler sans savoir comment elle pourrait réagir. Suzy restait une fille sensible mais assez calme. Au fond de lui, il savait qu'ils avaient besoin d'exploser, l'un comme l'autre. Il fut presque soulagé qu'elle sorte les griffes pour lui répondre. Il l'écouta parler sans dire un mot, sans bouger d'un centimètre. Mais lorsqu'elle eut fini de parler, il se livra à son tour et essaya de se protéger comme il le pouvait. « Ce bébé n'était pas prévu au programme ok ? Je ... Je réagis comme je peux, j'contrôle rien, estime toi heureuse que j'ai pas pété un gros câble. J'essaie de faire de mon mieux pour rester calme. J'sais bien que c'est pas facile pour toi non plus, j'ai jamais prétendu le contraire .. mais chaque discussion ne mène nulle part. On ... On est incapable de prendre la moindre décision. Tu sais pas ce que tu veux, je ne sais pas non plus ce que je veux. Ce truc là dans ton ventre est en train de nous bousiller ! »

Ouais, il avait bien fait d'essayer de te secouer un peu. Au moins là, t'as une réaction. L'envie d'exploser, tu l'as retenais depuis 6 jours là et t'étais à ça de près de prendre la fuite. T'as jamais été excessive dans ta vie, t'as toujours réfléchis à tout.
Mais apparemment tu ne peux pas être posée tout le temps, tu ne peux pas être parfaite. Là, il s'agissait d'une sacrée situation. Tu as le cul entre deux chaises... et on dirait que t'as juste envie de rester debout en fait, sauf que tu peux pas. Il faut que tu choisisses, mais tu veux pas. Et le pire dans tout ça c'est que t'as besoin de lui sauf qu'il est très loin d'être en mesure de t'aider... Ce bébé n'était pas prévu au programme ok ? Je ... Je réagis comme je peux, j'contrôle rien, estime toi heureuse que j'ai pas pété un gros câble. Tu met tes mains de part et d'autre de ta tête, au niveau des tempes. Oh assez. T'as mal au crâne, tu as plus sommeil depuis des jours, il faut que tu couvres tes cernes avec du fond de teins à tous les matins. Alors s'il pense que tu sais pas que le bébé n'a pas été mis au programme, il est sacrément dans le champ. J'essaie de faire de mon mieux pour rester calme. J'sais bien que c'est pas facile pour toi non plus, j'ai jamais prétendu le contraire .. mais chaque discussion ne mène nulle part. On ... On est incapable de prendre la moindre décision. Tu sais pas ce que tu veux, je ne sais pas non plus ce que je veux. Ce truc là dans ton ventre est en train de nous bousiller ! Tu glisses tes mains sur ton visage, que frotte un peu avant de laisser lourdement tomber tes bras le long de ton corps. C'est entrain de vous bousiller ? C'est ça qu'il pense vraiment ?
Dans le meilleur des mondes, Sloan, je n'aurais pas d'enfant tout de suite. Je pourrais continuer de voyager comme je le veux sans qu'on me dise "je sais pas trop si tu peux dans ta situation", je pourrais continuer de boire, de fumer si ça me chante. Je pourrais continuer de te faire l'amour sans me soucier d'autre chose que toi, je pourrais continuer de dormir, de penser à mon avenir à la clinique, à mes études. Dans le meilleur des mondes. Sauf que j'suis loin de vouloir retourner à qui j'étais, surtout depuis que tu m'as fais comprendre que ce serait égoïste et "meurtrière" de ma part de faire ça... Tu prends une inspiration. Pourtant j'veux pas non-plus avorter tu vois. J'veux cette vie-là avec toi, mais pas si t'es pour appeler notre enfant "ce truc-là", pas si t'es pour fuir à New York à toutes les semaines pour le travail ou pour parler à ta mère... Pas si t'es pour négliger ta santé, quand on aura quelqu'un à qui donner l'exemple. Tu ne pensais pas lui parler comme ça de sa bipolarité, mais là ça te semble un peu... de mise. Comment veut-il élever un enfant s'il a constamment peur de "péter un câble" ? Pourquoi est-ce que tu devrais te considérer "chanceuse" qu'il n'en pète pas un, là tout de suite ?

Ce fut au tour de Suzy de prendre la parole et de livrer tout ce qu'elle avait sur le coeur, c'était le moment où jamais. Qu'elle parle, qu'elle laisse ses émotions prendre le dessus, cela faisait un bien fou. Mais au fur et à mesure qu'elle avança dans son discours, Sloan fronça les sourcils et la regarda, blasé. Qu'elle n'aille pas trop loin dans ses mots parce qu'autant elle pouvait contrôler ce qu'elle disait, autant lui avait beaucoup plus de mal. Ses mots dépassaient souvent ses pensées. « Depuis quand c'est notre enfant ? T'étais prête à avorter, c'était ton premier choix ... Et par pitié, arrête avec ce mot " assassin " c'est bon, j'ai dit ça sous le coup de l'impulsivité samedi, tu l'sais très bien. J'suis contre l'avortement, c'est comme ça, imagine si tes parents l'auraient fait pour toi hein .. ou les miens pour moi. On est personne pour juger du droit de vie ou de mort sur un être humain. » Sloan enleva ses mains de ses poches et la pointa du doigt. « Tu crois vraiment que j'me néglige ? Mais t'as vraiment rien compris. J'fais que ça d'me battre, pour toi, pour nous, pour être à la hauteur et être un petit ami normal. Si je m'écoutais, j'me défoncerai du matin au soir, je choisirais la solution de facilité et j'retournerais dans l'Bronx être le sale gamin que j'ai toujours été. Mais non au lieu de ça j'essaie de m'investir dans notre relation, j'ai cherché des semaines ce putain de duplex de merde pour te faire plaisir. Tu crois que c'est facile pour moi d'abandonner ma chambre d'hôtel pour ton appartement ou même pour ici ? J'suis un exemple pour personne et je ne le serais jamais. J'ai pas confiance en moi, très bien, peut être, je l'admet mais ça ne change rien. J'suis au maximum de ce que je peux t'apporter, j'peux pas faire mieux, j'peux pas faire plus ... »

Plus tu avançais, plus tu disais des choses qui bien n'était pas dit agressivement, n'était pas tout à fait gentil. Tu lui faisais des reproches, surtout vers la fin. Mais Sloan te coupe vite dans le délire. Depuis quand c'est notre enfant ? T'étais prête à avorter, c'était ton premier choix ... Tu le dévisages. Comment ça, depuis quand c'est notre enfant ??? Euh depuis toujours. Il veut que ça vienne de qui d'autre ? Il pense que c'est rien que le tien ? Non mais la suite te sidère. Et par pitié, arrête avec ce mot " assassin " c'est bon, j'ai dit ça sous le coup de l'impulsivité samedi, tu l'sais très bien. Tu as envie de lui arracher la tête, là, tout de suite. J'suis contre l'avortement, c'est comme ça, imagine si tes parents l'auraient fait pour toi hein .. ou les miens pour moi. On est personne pour juger du droit de vie ou de mort sur un être humain. On est personne ?? Un être humain ? Arrête putain, tu me dis que c'est pas "notre enfant" et trois secondes après tu me sors que c'est un être humain. À moins d'être à plus de deux mois de grossesse, il n'a même pas de cœur, même pas de cerveau. Tu croises les bras, tu paniques. Sloan te pointe du doigt et direct, tu le prends comme une attaque... Comment est-ce que tu pourrais le voir autrement, de toute façon ? Tu crois vraiment que j'me néglige ? Mais t'as vraiment rien compris. J'fais que ça d'me battre, pour toi, pour nous, pour être à la hauteur et être un petit ami normal. Si je m'écoutais, j'me défoncerai du matin au soir, je choisirais la solution de facilité et j'retournerais dans l'Bronx être le sale gamin que j'ai toujours été. Tu t'apprêtes à ouvrir la bouche, mais il t'interrompt pour continuer sur sa lancée. Mais non au lieu de ça j'essaie de m'investir dans notre relation, j'ai cherché des semaines ce putain de duplex de merde pour te faire plaisir. Tu crois que c'est facile pour moi d'abandonner ma chambre d'hôtel pour ton appartement ou même pour ici ? J'suis un exemple pour personne et je ne le serais jamais. J'ai pas confiance en moi, très bien, peut être, je l'admet mais ça ne change rien. J'suis au maximum de ce que je peux t'apporter, j'peux pas faire mieux, j'peux pas faire plus ... Putain... Là... il est t'a juste tué. Plus ?! Tu cherches ton air, tu rigoles, tu deviens folle. Mais d'où tu as pris ça ?? D'où tu penses que j'en veux plus ? Tu fais référence à quoi merde. Putain j'veux pas "plus", j'veux exactement c'que tu m'offres. J'veux rien d'autre. J'pense que t'oublie ma vrai réaction, chez mes grands-parents, quand tu m'as annoncé pour le Duplex. J'pense que t'oublie déjà le fait que j'étais prête à abandonner l'idée d'avoir des enfants un jour pour passer ma vie avec toi. J'pense que t'oublie le fait que j't'ai jamais demandé d'quitter ta chambre d'hôtel, j't'ai jamais forcé à venir vivre à l'appart, j't'ai jamais demandé d'te montrer en publique avec moi ou j'sais pas quoi en fait. Tu sens la rage former une boule à l'intérieur de ta cage thoracique... et c'est vachement douloureux. D'ailleurs, tu sais quoi, l'avortement c'était ma première idée parce que j'étais sure que c'était c'que tu voudrais. J'voulais pas te, nous compliquer la vie. J'voulais qu'on reste dans notre petite bulle. Tu hausses les épaules, les yeux pleins d'eau. Mais à t'entendre parler là, j'ai l'impression que j'étais la seule dedans. Pour moi t'aimer c'est facile mais ça n'a pas l'air d'être réciproque...