I don't usually do dates ∴ SINLOW

Je n’ai pas l’habitude de sortir comme ça, d’amener les filles diné en bonne et due forme. Pourtant, ce soir j’en avais réellement envie. Une soirée en tête à tête au resto et qui sait ce que nous pourrions faire ensuite. Du coup, j’étais passé te prendre en voiture –vu ta situation, te prendre en moto n’aurait pas été d’à propos- et nous conduisais tous les deux vers le centre-ville. J’avais fait une réservation au Mamma Maria, un restaurent italien très réputé en ville. Sur place, je garai la voiture et t’aidai à sortir et t’installer dans ton fauteuil avant de te guider à l’intérieur où l’hôtesse nous indiqua rapidement notre table où il y avait déjà une chaise de retiré exprès pour toi. J’avais prévu le coup et avisé lors de ma réservation. Pas mal le mec, mh? Je contournai donc la table et allai m’installer face à toi avec un sourire en coin. « Alors… j’espère que tu aimes la cuisine italienne? » Je ris doucement, il était un peu tard sinon, mais je ne me gênerait pas pour partir si c’était le cas.

« Je suis désolée de te l’apprendre mais je suis Italienne alors tout ce qui concerne mon pays, j’adore ça. Toi ? » En même temps, ça se voit alors j’vais pas jouer les idiots plus longtemps, je sais que ça doit te plaire. Sinon, bon sang, les repas familiaux seraient compliqués pour toi. Je n’ai peut-être jamais vraiment eu de mère pour me faire la remontrance, mais je sais bien une chose; il ne faut jamais insulter une femme sur sa cuisine si on tient à sa vie. Surtout pas une italienne à sang chaud. « Oui, j’aime bien. » J’irais pas jusqu’à dire que c’est ma cuisine favorite, mais une des meilleures. « Alors, ça fait longtemps que tu connais Kale ? » Je bois une gorgée de mon verre d’eau en attendant qu’on nous apporte la carte des vins. « Depuis septembre, j’suis arrivée à Harvard seulement l’an dernier. » Je reposai mon verre et m’appuyai contre le dossier de la chaise en te regardant droit dans les yeux. « Et toi alors? »

« On s’est connus tous les deux en vacances quand j’avais quinze ans. Disons que ça fait un bail que je le connais et nous nous sommes revus à Boston il y a quelques mois déjà. » Je vois. Donc soit des amis d’enfance, soit une romance à l’époque. Quoi qu’il en soit, du moment qu’il n’y avait plus rien que de l’amitié entre vous, il n’y avait pas de soucis. En même temps, je doute que Kale nous aurait présentés s’il avait voulu te garder pour lui. « J’ai toujours été à Boston, mais j’ai mis du temps à me décider de faire des études supérieures. » Que j’ajoute juste pour la forme de la conversation et aussi t’expliquer pourquoi je ne suis qu’en deuxième année du haut de mes vingt-six ans. La carte des vins nous est finalement apportée et tu l’attrape rapidement, ce qui me fait sourire.  « Tu aimes quel genre de vin ? Rosé, rouge ou blanc ? » Je me mordille la lèvre en penchant légèrement la tête sur le côté. « Madame est connaisseuse, mh? Je dirais rouge avec de la cuisine italienne, je te laisse choisir la bouteille, c’est moi qui paie. » Bien sûr, c’était déjà prévu que je paie et pour la bouteille et pour le restaurant. J’suis pas du genre à inviter une meuf et la laisser payer, bien au contraire.

« Au fait, je ne te l’ai pas demandé mais tu étudies en quoi ? Pour ma part, comme mon père est décédé en Avril j’ai dût reprendre l’entreprise familiale et de continuer mes études en mode. » Je pinçai les lèvres, ne sachant jamais vraiment quoi dire lorsque quelqu’un parlait de la mort d’un être cher. « Mes condoléances… Pour ma part, j’étudie en droit. Pour devenir avocat. » Était-ce le moment de t’avouer que j’étais en droit pour devenir l’avocat du club de motard dont je faisais partie principalement pour sortir mon père, le président dudit club, de prison? Eh merde… Pas tout de suite non. « Encore quelque chose que tu connais de plus sur moi. Ça me va, puis ne te sent pas obligé non plus de payer pour moi c’est quand même mon idée le restaurant. » Je ris une fois de plus, content qu’on change de sujet pour parler vin et addition. « C’est moi qui invite, c’est moi qui paie chérie. C’est aussi simple que ça. » Le serveur disparait pour aller nous chercher la bouteille choisit et tu continus de parler, bavarde que tu es. « Tu sais, ça m’a surprise que tu invites une personne nouvellement handicapée pour un petit souper au resto. » J’hausse un sourcil avant de sourire. « Il y a une loi qui dit qu’on ne peut pas inviter de jolie fille en chaise roulante au resto? Si oui, je ne la connais pas.. » Sourire charmeur et notre serveur revient, versant juste un peu de vin dans ma coupe pour que j’y goûte avant de nous servir. Je prends le verre, fait tourner le liquide et en prend une petite gorgée que je roule dans ma bouche avant d’avaler. « C’est parfait, merci. » Il nous sert et repart à nouveau nous indiquant que quelqu’un arrivera avec les menus bientôt. « Pardonne mon indiscrétion, mais… cette chaise roulante, elle est temporaire ou bien..? »

« Ne t’en fais pas, disons que ça va mieux sur ce plan-là aujourd’hui. » C’était une bonne chose à savoir parce que je n’étais pas exactement le mec à aller voir en cas de deuil. Je ne savais jamais quoi dire ni quoi faire alors.. voilà quoi. Le sujet dévie vers autre chose et j’en suis reconnaissant. Non pas que ça me dérange de parler de moi-même, mais disons juste qu’il y a certaine chose assez importante dont je devrai rapidement te parler si on doit aller plus loin. M’enfin, ce soir, j’ai envie de prendre ça à la légère. Une chose à la fois comme on dit. T’es surprise que je veuille payer pour nous deux, pourtant à moi il me semble que ce soit la moindre des choses. Un mec qui ne paie pas pour sa meuf au resto, c’est carrément con. Je bois un peu de ce vin qui nous a été versé et m’empare du menu dès qu’il nous est tendu, feuilletant les pages en tentant de me poser sur un choix tout en te demandant si la chaise roulante est temporaire ou non. Autant savoir tout de suite à quoi m’attendre. « La bonne nouvelle c’est que la chaise roulante est temporaire sauf que j’ignore jusqu’à quand je vais l’avoir. Je dois réapprendre à marcher car mes jambes ont subi un énorme choc lors de mon accident. » J’hoche la tête, malgré moi un peu soulagé. « Pourquoi, si je t’avais dit que c’était pour toujours tu serais parti en courant ? » J’éclate pratiquement de rire en secouant la tête. « Pas la peine de courir, t’aurais pas pu me rattraper même en marchant. » Je te fais un clin d’œil joueur avant de me cacher derrière ma coupe de vin comme un gamin. « Non en vrai, je demandais simplement pour savoir si j’aurais un jour la chance de te faire monter sur ma bécane… Enfin, si c’est pas un traumatisme pour toi. »