game on ✻ féline

game on — S'il y avait bien une chose qui n'avait pas changé avec le temps, c'était mon engouement pour les nouveaux jeux vidéos. Ou même les anciens d'ailleurs, il y avait comme une mode en ce moment de faire revivre tous les jeux de notre enfance. Comme Crash Bandicoot par exemple. Je dois dire que la nouvelle version, je l'ai bouffée en trois jours cet été, n'ayant pas grand chose à faire durant ce moment là. Mais qu'importe, là, j'étais rentré dans cette boutique pour un but précis : trouver un jeu Star Wars afin de pouvoir passer du temps avec Alaska, elle qui se retrouvait sans personne. Bon, je me doutais bien qu'elle avait ses proches encore, genre Feldt. Ouais, elle avait ses proches mais comme j'avais plus personne dans ma vie sentimentalement parlant, elle non plus, disons qu'on pourra tous les deux occuper notre temps à jouer comme des gamins.

On aurait pu ne pas y croire, mais pire gameuse que Féline, cela n'existait pas. Elle avait chopé le virus étant plus jeune et ce dernier ne la quittait plus depuis lors. Hélas, son plus extraordinaire partenaire, Alexander, avait quitté Boston depuis un moment maintenant et la brunette se contentait davantage de jeux plus solitaires, essayant de battre des records imbattables en espérant bien que son poto finirait par retrouver le chemin de cette belle ville. Aussi, dans le magasin de jeux vidéos où elle avait acheté le dernier Pokémon et quelques jeux rétros, une chevelure bouclée brune attira subitement son attention. Un grand dadet comme ça, il n'en n'existait probablement qu'un, ou du moins espérait-elle ne pas se tromper... Alex ?! Oh Féline aurait pu l'appeler par l'un de ses nombreux pseudos de gamers, mais là les retrouvailles étaient tellement chargées d'émotion que cela ne lui traversa même pas l'esprit. Elle en manqua même de lâcher ses futurs achats en poussant un cri suraigu dans le magasin. Bordel de putain de merde t'es de retouuuuuuuuuuur !! Impossible de ne pas le serrer dans ses bras. Parce qu'il lui avait manqué et que c'était sa seule façon évidente de le lui montrer.

game on — Une salle remplie de jeux vidéos en tout genre, que ce soit les derniers en date ou les plus rétro, ceux qui allaient dans des consoles loin d'être vendues encore à l'heure d'aujourd'hui, j'étais dans le paradis des gamers. Ouais, c'était clairement ici qu'on pouvait trouver la collection la plus complète en matière de jeux. C'était donc une évidence que de me rendre ici pour trouver ce que je cherchais, un des derniers jeux Star Wars qui pourrait combler une amie en pleine peine de cœur. Et puis, je pourrai jouer avec elle et on passerait du bon temps. Robyn et Lilou s'amuseraient toutes les deux et deviendraient amies. Ouais, c'était quand même une bonne idée tout ça. Mais j'étais tiré de mes pensées quand j'entendais mon prénom. Oui, c'était pas rare quand j'étais ici d'entendre mon prénom mais là, c'était une voix qui me disait quelque chose et.. ouais, je me retournais et je faisais face à une jeune femme que je n'avais pas vu depuis un bout de temps. « Féline ! » J'arborais alors un grand sourire avant qu'elle ne vienne me prendre dans ses bras. Oui bon, c'était clair que la surprise était entière. « Ou de passage, qui sait » Ouais bon, je vais un peu jouer avec ses nerfs pour le coup mais c'était pour la bonne cause, right?

Par chance, Alexander ne l'avait pas oubliée durant son absence de Boston. Une fois qu'elle l'eut appelé, il se tourna vers elle et prononça à son tour le prénom de la demoiselle, chose qui agrandit d'autant son sourire, pourtant déjà éclatant. Impossible pour Féline de ne pas le serrer longuement dans ses bras, car son pote lui avait diablement manqué, et que la ville sans lui, ce n'était pas pareil. Le monde des jeux non plus, d'ailleurs... la preuve, l'étudiante n'avait plus touché un seul jeu en équipe depuis son départ, tenant trop à leur duo pour oser le trahir en choisissant un autre partenaire de seconde zone. Ceci étant, la phrase qu'il prononça durant leur étreinte fit froncer les sourcils de la demoiselle, qui s'écarta légèrement pour le regarder. Je viens à peine de te revoir que tu veux déjà te rebarrer ?! Impensable pour la brunette. T'abuse !

game on — J'avais toujours été du genre taquin dans ma vie, et ça n'allait pas changer, qu'importe les drames qui allaient se dérouler dans ma pauvre existence. Et forcément que dès que je remarquais qu'on se souvenait de moi dans cette boutique, entendant une voix féminine crier mon prénom, j'avais pas le choix que de m'amuser un peu. Si j'avais été blessé durant les quelques semaines qui avaient suivi l'accident, mon état de santé actuel était un peu mieux. J'avais malgré tout rechuté dans ma pathologie respiratoire, ce qu'il fallait surveiller de près pour ne pas être en grand danger. Mais du coup, l'accolade entre la jeune femme et moi était des plus agréables pour le coup, avant de lui mettre le doute sur la durée de mon séjour ici-même. Trop facile. « J'ai une vie à New York.. mais des amis ici. Alors je passe les voir de temps en temps avant de retourner dans la Grosse Pomme » Je crois bien que j'allais rester sur ce petit mensonge histoire de lui faire vivre les montagnes russes émotionnelles. « C'est ça de ne plus être un étudiant prisé d'Harvard » esquissais-je d'un sourire avant de me reculer pour la regarder. « T'as l'air d'aller bien depuis le temps, quoi de neuf ? »

Féline aurait dû le savoir, anticiper la taquinerie d'Alexander. Ce dernier n'était jamais en reste pour faire marcher - voire même courir - ses plus proches potes, mais sans doute la brunette avait-elle été trop ravie de le voir et aveuglée par sa joie pour ne pas s'en rendre compte. Mieux encore, elle ne marchait pas, elle courait allègrement au fil de la plaisanterie de son ancien binôme de gaming, incapable de voir plus loin que le bout de son petit nez. Donc en fait j'aurais pas eu le pif de passer au magasin de jeux vidéos, même pas je t'aurais vu lâcheur va ! lui tira-t-elle la langue, encore aux antipodes d'imaginer qu'en fait, Alexander se jouait d'elle dans les grandes largeurs, et devait bien se marrer intérieurement. Restait à savoir combien de temps il tiendrait avant de craquer. Tututu, toi plus prisé ? Si je t'amenais à Harvard, tout le monde te sauterais dessus ! Mais moi ça va. J'crois que nos délires me manquent. Et toi ? T'as vachement bonne mine, ça fait plaisir !

game on — La taquinerie était une des principales activités qui ne requérait aucune formation. Chez moi, c'était inné. Bon, j'étais aussi de naissance de nature auto-destructeur mais ça ne nous aidait pas dans la situation actutelle. Non, la taquinerie c'était déjà bien et la jeune femme courait à fière allure dans cette fausse situation que j'exposais. Et ouais, qui dit que je suis revenu pour de bon ? Moi, j'avais peut-être eu envie de voir quelques amis, pour un anniversaire ou événement divers et j'allais pas tarder à rentrer à New York pour continuer de faire des efforts sur les conseils de mon psy. « Fallait faire un choix entre toi et ma filleule, c'est ça que tu me dis ? » Non mais parce que je faisais partie des grands moi maintenant et Robyn, Juliet et même Lilou à présent, c'était ce qui passait avant le reste. Et ses paroles me faisaient bien rire d'ailleurs, parce que j'étais peut-être plus un étudiant de cette prestigieuse université, j'en restais néanmoins une tête qui a marqué les esprits. « N'abuse pas non plus, les gens ont tourné la page » Et puis, j'étais sûrement aux yeux de tous le mec qui a perdu sa femme dans un accident de voiture mortel. Enfant compris. Autant dire tout de suite, j'étais pris en pitié. « Mais on fait aller.. un pas après l'autre, jour après jour » me confiais-je alors, sourire léger sur les lèvres, sans trahir cette blague que je lui faisais.

Et dire que Féline était en train d'être tournée en bourrique par Alexander en personne... au moment où elle s'en rendrait compte, personne ne pouvait prédire quelle serait sa réaction. La joie de savoir que son poto allait rester à Boston, et l'envie de lui faire payer cette blagounette par une autre d'aussi mauvais goût. Disons qu'elle serait partagée, très certainement... mais pour l'instant, elle marchait à fond dans la plaisanterie de son pote, aussi criant de vérité qu'un acteur déjà oscarisé. Ah parce que fallait choisir ? Dur... d'un côté ton adorable filleule, et de l'autre, une brunette avec qui t'as des frissons gamesques ! Trop dur ! s'amusa-t-elle à en rire, tout en sachant que le choix était vite fait, et que la filleule ne pouvait qu'avoir la préférence du brun. T'es sûr ? Rhooo mais t'as encore plein de potes qui ne t'ont pas oublié ici tu sais... la preuve avec moi par exemple ! Qui ne le prenait pas en pitié, donc. Et tu faisais tes emplettes pour acheter pour toi ou ta filleule ?

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{game on}
crédit/ tumblr ✰ w/félinder

Disons que c'était bon enfant. Histoire de voir ce qu'elle pourrait dire, comment pouvait-elle réagir à certaines paroles que je pouvais dire. De toute façon, le petit jeu n'allait pas durer bien longtemps. Et puis il y avait des chances qu'elle remarque que ma venue n'était pas éphémère dans les jours à venir alors bon, autant couper court à cette mascarade tant qu'il en est encore temps. « Oh oui ! Les enfants passeront toujours en premier, moins de problème et plus d'amour » Et qu'importe les jeux vidéos dans le fond, tout le temps les enfants passeront avant le reste. J'ai déjà perdu mon fils, je ne veux pas perdre une seconde de tous ces autres qui ont toute leur vie devant eux. Mais même elle savait que c'était évident ce choix. C'est pas comme s'il y avait la moindre compétition en fait. « Je dis pas le contraire mais voilà, Harvard c'est fini pour moi, faut aller de l'avant à présent » disais-je en haussant les épaules, pas forcément convaincu que j'ai laissé une marque indélébile dans l'histoire des étudiants d'Harvard. « Pour moi, histoire de pouvoir jouer un peu dans mon nouvel appartement à Boston » Et j'attendais sa réaction dans trois, deux, un..

Féline ne put qu'acquiescer les dires d'Alexander, et pour cause. Même si elle n'était pas maman - et n'avait strictement aucun désir de l'être un jour, bien au contraire - elle s'occupait de sa petite sœur de cinq ans plus souvent qu'à son tour, trouvant toujours en elle une sorte de mélange savant d'amour et de fierté. Délicat et on ne peut plus agréable. J'te comprends. Perso c'est ma p'tite sœur qui passe en first admit-elle dans un petit sourire amusé. Puis quelque part, cela avait dû aider son pote à remonter la pente, d'avoir l'amour d'un enfant à ses côtés. Okay pour Harvard... mais Boston me manquerait perso fit-elle avant d'imprégner les propos d'Alexander. Un appart. Boston. Les mots finirent par faire tilt et elle sautilla doucement avant de le serrer dans ses bras. Putain tu m'faisais marcher en fait, salaud !