we need to talk (sluzy)

Sloan essayait tant bien que mal de lui faire comprendre son point de vue et le moins que l'on puisse dire c'est que Suzy ne chercha pas à se défendre. Elle abdiqua rapidement, baissant la tête pour montrer sa culpabilité. Elle était certainement d'accord avec lui et s'excusa encore une fois. Les yeux fixés vers elle, l'Eliot ne savait pas comment réagir, lui qui s'était attendu à un règlement de compte, il avait devant lui une fille blessée et déçue. Il la décevait par ses mots et son comportement. Il vint déglutir silencieusement en l'écoutant parler et lui révéler qu'au final, elle ne voulait pas bébé tout de suite. 3 ans, c'était le délai qu'elle s'était fixé pour terminer ses études et fonder sa famille. 3 ans durant lesquels elle ne se consacrerait qu'à son avenir et à le rendre meilleur. Couillon, Sloan se sentait mal de l'avoir provoqué pour rien. Il enleva les mains de ses poches et afficha une mine peinée.  Il vint même lui sourire lentement lorsqu'elle la qualifia de mari, Suzy voyait donc bel et bien sa vie et son futur avec lui. « Suzy ... » dit-il en s'approchant d'elle. Le jeune homme fit un pas dans sa direction et vint enrouler ses bras autour de son petit corps frêle. « J'suis désolé aussi ... On aurait dû simplement en parler au lieu de laisser la situation s'envenimer. J'ai cru que tu voulais un bébé dans l'immédiat, ça m'a foutu les jetons. » Il se détacha un peu d'elle et baissa la tête pour pouvoir la regarder. « Autant que tu saches dans quoi tu t'embarques avec moi ... Je ... Je ne veux pas d'enfant Suzy ... Mais pas parce que je ne peux pas, juste parce que je n'aime pas les enfants. Je n'ai jamais eu de contact avec les enfants, j'aime pas ceux des autres, ça m'agace et m'énerve. C'est surement l'inconnu qui me rebute autant mais c'est comme ça. Pour le moment j'en veux pas et c'est comme ça depuis tellement longtemps que je ne sais pas si j'en voudrais un jour .. Jona dit que c'est pas le bon moment, j'en sais rien. Je ne les aime pas. Même la petite Eva, quand je la vois, j'ai qu'une envie c'est de me barrer. Je ne supporte pas la façon qu'ils ont d'être gaga avec elle, ça m'énerve au plus haut point ... J'comprends bien ton rêve de fonder une famille mais j'sais pas si j'pourrais t'apporter tout ça un jour. Autant que tu soit au courant. Si tu veux mettre fin à notre relation j'comprendrais tu sais, je ne veux que ton bonheur et si fonder une famille est ton plus grand souhait, y'a bien un homme qui pourra t'apporter tout ça. » avoua-t-il. Sa mâchoire se serra tandis qu'il recula d'un pas, la lâchant par la même occasion.

J'ai un rêve, tu sais. Et dans ce rêve j'espère ne pas mourir seule, j'espère fonder une famille... Une famille qui est la mienne. Une famille que je n'ai pas empruntée, tu sais. Comme les Underwood. C'est important pour moi, ça l'a toujours été. Mais je suis raisonnable, je sais que l'avoir tout de suite est beaucoup trop tôt et même si tu me supplierais de te faire un enfant tout de suite, je n'en serais même pas capable. Les cours prennent tout mon temps et je veux quand même qu'on trouve notre stabilité aussi avant de se lancer dans une telle aventure. Suzy ... J'suis désolé aussi ... On aurait dû simplement en parler au lieu de laisser la situation s'envenimer. J'ai cru que tu voulais un bébé dans l'immédiat, ça m'a foutu les jetons. Je ris un peu en l'entendant dire ça puis hoche négativement la tête. T'es bête bébé, y'a que les folles pour vouloir un bébé avec leur mec après 1 mois de couple ! Pour moi, avoir un enfant c'est pas un jeu. C'est pas une poupée que j'peux me débarrasser une fois que j'en ai marre ! C'est sérieux, c'est un engagement. Tu te détaches de moi et je lève les yeux pour te regarder. J'sais pas pourquoi, mais j'le sens qu'il y a un "mais". Autant que tu saches dans quoi tu t'embarques avec moi ... Je ... Je ne veux pas d'enfant Suzy ... Mais pas parce que je ne peux pas, juste parce que je n'aime pas les enfants. Je n'ai jamais eu de contact avec les enfants, j'aime pas ceux des autres, ça m'agace et m'énerve. C'est surement l'inconnu qui me rebute autant mais c'est comme ça. Pour le moment j'en veux pas et c'est comme ça depuis tellement longtemps que je ne sais pas si j'en voudrais un jour .. Jona dit que c'est pas le bon moment, j'en sais rien. Je ne les aime pas. Même la petite Eva, quand je la vois, j'ai qu'une envie c'est de me barrer. Je ne supporte pas la façon qu'ils ont d'être gaga avec elle, ça m'énerve au plus haut point ... J'comprends bien ton rêve de fonder une famille mais j'sais pas si j'pourrais t'apporter tout ça un jour. Autant que tu soit au courant. Si tu veux mettre fin à notre relation j'comprendrais tu sais, je ne veux que ton bonheur et si fonder une famille est ton plus grand souhait, y'a bien un homme qui pourra t'apporter tout ça. Ok... ok. J'ai besoin d'air. Heureusement que tu t'es détaché de moi plus tôt car, je ne me sens plus très bien. J'ai envie de vomir, j'ai envie de pleurer et de partir sauf que je n'aurais nulle part où aller. "Si tu veux mettre fin à notre relation j'comprendrais", alors c'est bon tu t'en fous maintenant, Bushnell ? J'hésite entre crier ou juste rien dire. J'ai peur. Parce qu'on est peut-être pas encore au stade où selon moi on serait prêt à avoir des enfants, mais on est déjà au stade ou ce serait tellement, tellement déchirant pour moi de te laisser partir. Tu recules d'un pas, je sens déjà plus la chaleur de ton corps et ça me rends malade. Parce que j'ai l'impression d'avoir à décider maintenant si c'était la dernière fois que j'le sentirais... Lily avait raison, c'était un sujet à discuter maintenant. Un deal breaker. ... Tu me demandes de choisir entre toi et avoir des enfants ? C'est tellement con, comme question. Ça sonnait mieux dans ma tête. C'est pas normal d'avoir à choisir entre l'homme que tu aimes et la possibilité d'avoir des enfants un jour. Vite-fait, le choix facile de plusieurs femmes serait probablement de choisir l'homme... mais je sais pas. Ça ne me parait pas aussi évident. Est-ce que... et je culpabilise déjà, crois-moi, d'te demander ça. Est-ce que tu me laisses le temps d'y penser... ? Une boule se forme dans ma gorge, alors que je plante mon regard dans le tien.

La bombe était lancée, Sloan ne pouvait plus revenir en arrière. Il se sentait allégé d'un poids qui planait sur ses épaules, il se sentait libéré. Peu importe ce que la suite pouvait leur réserver, il aura été honnête avec elle. Suzy semblait choquée, elle se décomposait à vue d'oeil et, par mesure de sécurité, il s'éloigna d'elle pour reculer d'un pas. Un simple pas de sécurité pour éviter tout débordement. Rapidement, la brunette hésita avant de lui poser cette question qui devait lui brûler les lèvres. L'Eliot fronça les sourcils, il ne s'attendait pas à cette réaction. « Je ... » commença-t-il avant de se stopper net. Non. Bien sûr que non. Il n'avait pas vu les choses comme ça, c'était cruel de l'entendre en fait. C'était lui ou son rêve. Il passait pour le méchant dans cette histoire en fait. Sloan baissa lentement son regard, réfléchissant à ce qu'il pouvait bien pouvoir lui répondre mais Suzy fut plus rapide que lui et lui demanda si elle pouvait avoir un peu de temps, histoire de réfléchir à l'ultimatum. Il passa maladroitement sa main dans ses cheveux avant de lever légèrement ses mains puis les laisser retomber le long de son corps. « Ouais, bien sûr. » Sloan n'eut même pas la force de la rassurer ou lui dire que sa décision n'était pas définitive. C'était trop pour lui, il avait l'impression d'avoir échoué et, comme à chaque fois qu'il était dans une mauvaise position, il se renfermait sur lui-même. Bordel, il donnerait n'importe quoi pour avoir les conseils de quelqu'un à cet instant précis. L'Eliot détourna son regard et inspira longuement. « Tu veux que j'te laisse ? » Ouais, il était complètement paumé là. Sa respiration était anormalement lente, il n'avait pas le courage de se battre contre lui-même, ni même contre cet aveux ou cette incompréhension. Il abdiquait. Au final, il ne pourrait pas la rendre heureuse et ça, c'était tellement difficile à accepter ...

Tu m'as dis "pour le moment je n'en veux pas" et j'aurais pu me raccrocher à ça, j'aurais pu me dire que je peux encore arriver à te convaincre mais... je sais pas. C'est peut-être parce que tu me dis ne pas aimer les enfants, même Eva, que je ne suis même pas sure d'arriver à t'en convaincre. J'ai l'impression que tu me donnes le choix, Sloan. Le choix entre toi ou de te laisser pour trouver un autre homme avec qui faire ma vie. J'suis consciente que les sentiments changent, que si je te laisse maintenant, un jour mon cœur va guérir et probablement tomber pour un autre. Mais est-ce que j'ai vraiment envie de ça ? Est-ce que j'ai vraiment envie de courir le risque de regretter, même des années plus tard ? Je ... C'est tout. C'est tout c'que tu dis et j'attends plus de réaction que ça mais y'a rien. Est-ce que j'dois comprendre que c'est vraiment ça, alors ? Bordel... J'aurais pas cru que notre couple ferait face à un dilemme aussi grand aussi tôt... Je n'aurais pas cru ça de nous si on me l'avait dit quelques jours plus tôt. Mon cœur s'emballe, se tord, se blesse. Notre relation se repose sur ma décision, maintenant. Je te demande si je peux avoir du temps pour y réfléchir... et franchement, je ne sais pas combien de temps ça me prendra. Une nuit ? Un jour ? Une semaine, un mois ? Combien de temps est-ce que ça prends pour être en paix avec la décision d'abandonner l'idée d'avoir des enfants, ou d'abandonner l'homme qu'on aime ? Franchement là comme ça, j'serais tentée de dire "jamais". Ouais, bien sûr. T'es vraiment sérieux, là... Te voir comme ça, me donnerait presque l'impression que tu t'en fous, de nous mais surtout de m'infliger cette énorme décision. Tu veux que j'te laisse ? J'hoche doucement la tête, positivement. Oui laisse-moi. Je ne pourrais pas prendre une décision sans être compromis par mon envie constante de me blottir dans tes bras pour du réconfort. J'pourrai juste pas. C'est quelque chose que j'ai besoin de faire seule, je suppose. Mais... reste à Hawai... s'il-te-plait. Même si j'ai besoin de dormir seule ce soir, j'ai peur d'être complètement seule ici. Si ça ne tenait qu'à moi, je rentrerais à Boston tout de suite et je ferais franchement n'importe quoi pour dormir dans ma chambre, chez mes grands-parents. Sauf que j'peux pas. J'suis coincée ici, à Hawaii ou il y a peu de vols vers Boston et surtout, avec peu d'argent. T'as déjà payé pour les billets du retour alors j'ai plutôt intérêt à les utiliser. L'envie de t'embrasser me brûle aux lèvres, mais je reste forte face à cet envie. Tranquillement, je me dirige vers la porte pour te l'ouvrir et fixe le sol. J'ai l'air pressée d'être seule, surtout parce que j'suis pressée d'me mettre en boule dans un lit et juste me laisser crever.

Sloan la regardait mais ses yeux étaient vides de sens. Il n'aurait jamais dû prendre l'avion pour aller la retrouver, c'était de la folie furieuse. L'Eliot avait cru qu'il pourrait arranger la situation par je ne sais quel miracle. C'était impossible sans une discussion déchirante qui venait d'avoir lieu. Il l'aimait, plus que tout et l'idée qu'il puisse la perdre un jour lui était tout simplement insupportable. Alors il resta muet, peiné et blessé. Il ne pouvait pas accepter son rêve comme ça, aussi facilement, ça serait tellement contradictoire avec ses principes. Il ne pouvait pas non plus lui demander d'abandonner son rêve, il n'avait aucun droit sur elle. Ils étaient dans une impasse là. Sloan lui demanda si elle préférait être seule mais connaissait déjà la réponse. Bien évidemment, elle hocha la tête mais lui demanda quand même de rester dans les environs. De toute façon, il ne pourrait aller nulle part ailleurs. « Comme tu veux, j'suis pas loin ... si tu as besoin de moi. » répondit-il de son air abattu. Il la regarda s'avancer vers la porte, elle lui ouvrit pour le mettre dehors. Sloan vint déglutir difficilement. Bien plus qu'une image, elle le chassait littéralement. Il inspira longuement avant de passer devant elle. Il s'arrêta dans le couloir pour la regarder, sa mâchoire se serra. Sans un mot de plus, il mit ses mains dans ses poches et se dirigea vers les ascenseurs sans même se retourner ...