one day baby we'll be old (philia)

Si tu y réfléchis bien, au final Anastasia est une de tes plus vieilles connaissances. Elle était même plus qu'une simple connaissance à l'époque. T'avais beau être haut comme trois pommes et ne l'avoir jamais rencontrée en chair et en os, il n'empêche que tu te rappelles parfaitement avoir été amoureux d'elle. Un amour d'enfance, totalement innocent et inconscient, mais tout de même. Elle avait été la première fille dans ton coeur. Et l'une des rares à y avoir eu une place un jour en fait.« J'ai fait ma scolarité à Tokyo dans des écoles pour les étrangers et puis, j'ai postulé à Harvard quand j'ai eu l'âge. Tu sais, Harvard, c'est une histoire de famille chez moi. » Ainsi donc elle est à Harvard depuis tout ce temps. Qui sait le nombre de fois où vous vous êtes croisés sans vous voi.. Et même si elle semble dire que son chemin jusqu'à cette université était tracé depuis toujours, tu doutes d'avoir jamais évoqué le sujet avec elle, vous étiez à mille lieux de ces préoccupations dans vos échanges épistolaires. « Je suis arrivée l'année de mes 18 ans à Boston et puis, les études ont été plus compliquées récemment. J'ai eu un diplôme de danse et théâtre, puis j'ai eu un accident, j'ai donc dû arrêter la danse et faire deux cinquième années pour repartir sur des études de musique et de théâtre » Une artiste donc, rien d'étonnant. « Je me rappelle que tu avais cette passion pour la musique, et les arts de manière générale oui. » dis-tu dans un sourire. Tout ce que toi tu n'es pas en somme. Bien sûr tu as pris des cours de piano quand tu étais jeune mais tu as vite abandonné, étant beaucoup plus à l'aise dans le rôle du spectateur. « Et donc toi, tu as voyagé et même pas tu es venu me retrouver ? Je suis déçue » Tu lâches un petit rire. L'idée ne t'avait pas effleuré l'esprit lorsque tu avais entrepris ton tour du monde car cela faisait déjà plusieurs années que vous n'aviez plus aucun contact. « Je n'en suis pas très fier si tu veux tout savoir. A vrai dire, je n'ai pas été au Japon alors peut-être que le jour où j'irai, tu viendras avec moi pour jouer les guides touristiques. » Tu plaisantes à moitié en lui proposant de t'accompagner dans cet hypothétique futur voyage car l'idée dans le fond ne te déplaît pas. Après toutes ces années, ce serait un formidable coup du destin.

C'était si étrange de l'avoir en face de moi. Je le reconnaissais rapidement, surtout avec l'aide de son prénom et son nom de famille. Mais les traits de son visage... Ouais, je reconnaissais les traits de son visage alors que c'était la première fois que je le voyais en chair et en os. Nous avions échangés des lettres pendant un long moment et avec celles-ci, il y avait des photos par moment. Je me souviens de l'excitation que je pouvais ressentir à la venue de ses nouvelles et vraiment, j'étais heureuse de le rencontrer enfin, même plusieurs années après. En réalité, c'était peut-être même mieux de le rencontrer maintenant et de voir qu'il était devenu un charmant jeune homme. Sans le connaitre, parce que malgré ce lien qui nous unissait, il aurait très bien pu devenir un con, je décelais un charisme fou que devait l'aider à draguer comme il l'avait fait un peu plus tôt. Sa présence s'imposait d'elle-même, il n'avait pas besoin de se faire remarquer pour être vu. À mon tour, je lui parlais de ma scolarité au Japon et de la façon dont j'étais arrivée à Harvard. Voilà plusieurs années désormais que nous vivions dans la même ville et que jamais, nous nous étions croisés. « Je me rappelle que tu avais cette passion pour la musique, et les arts de manière générale oui. » Je lui offre un sourire attendrissant alors que j'étais totalement plongée dans mes pensées. Cela faisait du bien de repenser à toute cette époque. Puis, je venais finalement le taquiner à propos de ses nombreux voyages, le faisant rire. « Je n'en suis pas très fier si tu veux tout savoir. A vrai dire, je n'ai pas été au Japon alors peut-être que le jour où j'irai, tu viendras avec moi pour jouer les guides touristiques. » Un large sourire illuminait mon visage. « J'y retourne régulièrement, dès que je le peux même, alors la prochaine fois, je t'inclus dans mes bagages » que je lui disais en riant. Puis, je regardais autour de nous, la fête battait son plein. « Tu es accompagné ou tu peux t'échapper ? » Après tout, peut-être qu'on pourrait trouver un endroit plus calme où discuter.

Après le lycée, tu as fait des pieds et des mains à ton père pour qu'il accepte ta demande de partir faire le tour du monde plutôt que de te lancer directement à la conquête d'Harvard. Un voyage aux quatre coins du globe qui t'a profondément transformé et te marquera pour le reste de ta vie. De l'Amérique du Sud à l'Inde en passant par l'Égypte ou l'Italie, tu as exploré des dizaines de pays. Le Japon n'a pourtant pas fait partie de ta liste et maintenant qu'Ana refait surface dans ta vie, cette destination entre directement à la première place de tes futurs projets, surtout si tu le mènes en sa compagnie comme elle semble te le proposer aussi. « J'y retourne régulièrement, dès que je le peux même, alors la prochaine fois, je t'inclus dans mes bagages » Un très bref instant, tu t'imagines déambuler dans les rues de Tokyo à ses côtés alors qu'elle t'emmène visiter tous les lieux emblématiques de la capitale nippone. « Vendu ! » Tu lui adresses un sourire simple, sincère, et presque aussi innocent que ceux que tu aurais pu lui offrir il y a bien des années, lorsque tu parlais d'elle à tes parents comme de ton "amoureuse". T'es encore stupéfait par cette facilité que tu as à lui parler, cette connexion palpable entre vous deux malgré des années de silence radio. « Tu es accompagné ou tu peux t'échapper ? » te demande-t-elle alors que tu réalises qu'il y a certainement meilleur endroit pour célébrer vos retrouvailles qu'un petit coin bruyant et empestant la beuh au milieu d'une ribambelle de gros fêtards. « Je suis seul. T'as raison, on va se trouver un coin plus sympa pour parler, j'ai beaucoup trop de choses à te raconter. » Tu sais qu'il est impossible de rattraper tout le temps perdu mais rien ne t'empêche d'essayer. T'attrapes sa main et une bière au passage, et vous vous faufilez parmi la foule jusqu'à l'air frais de l'extérieur. La nuit ne fait que commencer.