My mind is out of my control tonight (Jax & Oliver)

Je sais très bien que c’est pathétique. Je devrais pas l’emmerder pour ça, mais je sais que je vais partir en psychose si je suis seul cette nuit. Je vais m’imaginer trois cent cinquante trucs. C’est cool un esprit imaginatif. Ce l’est beaucoup moins quand tu ne le contrôles pas et qu’il crée des scénarios improbables propres à te foutre les chocottes! La plupart sont irréalisables où on très très très peu de chance de se produire. Je suis au courant, merci. Mais ce soir, la partie rationnelle de mon cerveau, elle s’est planqué dans un coin, cachée sous sa couette.

Oh je pourrais essayer de tenir toute la nuit en dessinant ou en peinturant, lumière ouverte et tout, mais je sais d’avance que je serai pas capable de me concentrer complètement parce que je vais entendre vingt milles bruits qui existe plus ou moins. J’ai les nerfs stupidement à vif à cause de ce film et si c’était correct avec Carter, depuis que je l’ai laissé à l’hôtel de son chéri, ma cervelle m’en veut. J’ai attendu le bus pendant dix minutes en fumant et ça a suffit pour partir sur une dérape que je suis plus capable de ramener. Alors, f*ck l’égo, la preuve de virilité like « i’m a man, i’m though! » et j’ai envoyé ce texto. Donc pour le coup, direction la Mather House.

Sans traîner en débarquant du bus, je franchis les quelques mètres qui me sépare de l’entrée. Y’a jamais personne pour me regarder de travers quand j’entre ici, comparé à certaines autres maisons. Le look marginal qui convient au décor? Peut-être. Le jeans noirs déchirés aux genoux, le blouson de cuir, les cheveux longs, les tatouages et piercings… C’est vrai que je suis pas le seul à aborder ça ici. Cette pensée a l’avantage de me faire retrouver un brin de sourire avant que je ne cogne à la porte de Jax.

- Hello, fis-je simplement, les mains dans les poches, encore un peu mal à l’aise de lui demander de squatter son lit ou sa nuit comme ça.

J'ai essayé de me raisonner, je le jure. J'ai essayé de calmer mon esprit qui se lance dans un scénario de merde et pars en mode cata, juste pour me filer la chair de poule. Je devrais pas raisonner comme ça. I know it! J'arrive juste pas à relaxer ma cervelle assez pour qu'elle lâche le putain de morceau et me foute la paix. Du coup, je l'ai texté. J'ai envoyé un texto à Jax, sortant de nul part, pour lui demander si je pouvais dormir chez lui. Parce que j'ai pas vraiment beaucoup de personnes dans mon répertoire dans le lit de qui je peux "facilement" crècher. Pas que j'aurais de la difficulté à être héberger, juste que… ben, je me planquerais pas sous les draps avec Brent par exemple : ce serait akward un peu. Et Jona, je veux même pas y penser avec tout ce qui c'est passé l'an dernier, même si je sais qu'il m'aiderait si je lui passait un coup de fil. Et puis les filles de ma liste d'appel, je vais laisser tomber pour ce soir, ça sert à rien de les faire psychoser avec moi. Avec Jax, on a beau s'être vu à peu de reprises, on est ...quand même proches.

Yeah right i know! On l'est assez pour que j'ose lui demander ce genre services, bon! Mon intention n'est pas de lui sauter dessus comme la dernière fois. Je veux juste de la chaleur humaine et de quoi me mettre le cerveau à off. Et quand il ouvre la porte, nuage de boucane en accompagnement, penchant ma tête sur le côté pour l'analyser, je me dis que j'ai définitivement frappé à la bonne porte. Le joint - d'après l'odeur et le look - entre les lèvres, la crinière ébouriffée, la tenue euh… agréablement décontractée?

- Ça va, répondis-je, légèrement grimaçant.

En mettant à nouveau les pieds dans sa chambre, je fais quelques pas pour dégager le passage et qu'il puisse refermer derrière.

- Alcool, drogue légère : deux fois que je visite la Mather et deux fois que tu me prouves que les rumeurs sur les verts sont vraies au final, me moquais-je doucement. T'as envie de rire Jax? Le questionnais-je. De moi, accessoirement, précisais-je.

Je me moque doucement des rumeurs sur les Mathers et le fait qui me démontre présentement qu’elles sont peut-être fondées. Après ça ne me dérange pas, c’est même intéressant de le voir détendu de la sorte.

- Je rigole, précisais-je quand même quand il défend la réputation de ses confrères et consoeurs. J’ai quelques compatriotes violets qui doivent avoir le même genre de moyen de détente si je me fis aux odeurs qui circulent dans les couloirs, indiquais-je en haussant les épaules.

Je me contente de la cigarette pour ma part. Vu comment j’y suis accroché, si je dois toucher à de la drogue, j’ai l’impression que je vais partir dans une déchéance. Après, ça peut ne pas m’accrocher du tout, mais puisque je fonctionne avec cette mentalité depuis des années, les joints ou autre ne m’attire toujours pas.

Très à l’aise, il s’allonge sur son lit, s’installant, peinard, pour continuer de fumer. Et c’est à mon tour de ne pas être dans mon élément : on inverse les rôles. Depuis au milieu de son environnement, les mains dans les poches, mon blouson de cuir toujours sur le dos, mon regard glisse un peu partout avant de revenir sur lui quand il me questionne sur la raison de ma demande.

- C’est justement ce qui risque de te faire rire, lui indiquais-je.

Parce que j’agis comme un gamin de onze ans. À cause d’un film au sujet d’un clown qui plus est. Soupirant, je baisse la tête quelques secondes avant de la relever pour le regarder.

- Je sors du ciné, j’ai vu un film d’horreur, je psychose pour rien, alors je veux pas passer la nuit tout seul, avouais-je rapidement.

Avouez, ça le fait super de dire ça comme ça à 25 ans à un mec qui fait deux fois ta carrure et avec qui t’as déjà couché. Je suis vraiment crédible... Je crois que j’ai entendu le peu d’égo que j’ai se faire la malle.

Je me moque doucement des rumeurs sur les verts, mais les violets doivent bien s'entendre avec eux par moment.

- Boh, c'est peut-être le cas, hypothèsais-je en haussant les épaules. Y'a peut-être pas que ça qui se prend aussi, mais tant qu'ils font pas de problèmes, ça me dérange pas plus qu'il faut.

J'hoche la tête à sa seconde remarque, un petit sourire naissant sur mes lèvres. Oui, j'adore la Lowell pour ça : on est tous des artistes. De différents milieux et sur différentes plateformes, mais, au fond, on a tous ce fil commun qui nous fait vibrer. Je ne sais pas si c'est la même chose pour les autres confréries. Probablement. Je n'ai juste pas le bon accord, ou la bonne fibre.

Mon regard glisse un peu autour, ça a changé depuis la dernière fois. Il a changé aussi. C'est la première fois que je le vois aussi à l'aise. Il me fait d'ailleur remarquer que ce n'est pas mon cas et que je devrais laisser de côté ma timidité. Qu'on en est plus à ce stade. C'est de la gêne, en fait. La gêne de lui demander de partager son lit parce que j'échangerais le confort de ses bras pour faire taire ma cervelle. Je finis d'ailleurs par lui avouer la chose, après un soupir. Pour le peu de crédibilité que je pouvais avoir à ses yeux… Adios! Il rit d'ailleurs grandement de ma raison et je détourne simplement le regard, le laissant se marrer. Je suis parfaitement conscient que c'est une réaction des plus normale à mon annonce.

- Bingo, c'était "Ça"... laissais-je entendre tandis qu'il se lève puisqu'il s'étouffe littéralement de rire.

Je fais quelque pas dans les siens pour m'assurer qu'il va bien, mais m'arrête avant de le suivre dans la salle de bain adjacente. Il revient, s'excusant et je secoue la tête doucement, faisant voler quelques mèches avant de les remettre en place, passant ma main dans mes cheveux vers l'arrière. Tranquillement je me dirige vers son lit, m'y laissant choir une fois à proximité.

- T'as pas à t'excuser de rire et je t'en veux pas, lui indiquais-je en levant les yeux vers lui, sincère. Je sais que c'est ridicule et que j'ai aucune raison d'être effrayé à dire vrai. J'en regarde aussi parfois - même si c'est pas mon style préféré - et ça ne me fait pas ça à chaque fois. Encore heureux! Mais ça arrive avec d'autres stimulis aussi - livre, musique, etc. - l'imagination se met à dérailler et j'arrive pas à me raisonner correctement, expliquais-je. Je peux plus me concentrer correctement et j'ai les nerfs à vif. Si je suis seul ça me lâche parfois avec le levé du soleil, fis-je en haussant les épaules à nouveau, fataliste.

J'ai pas envie de subir ça cette nuit, mais s'il change d'idée, j'irai à la Lowell. Je pourrai peut-être trouver d'autres insomniaques dans une des aires communes. Fouillant dans mes poches, j'en tire mon paquet de cigarette. Il tirait un joint tantôt, il me laissera fumer? J'en ai pas pris depuis que j'ai vu Carter parce que je ne fume pas en sa compagnie. Du moins, j'essaie. Et après, j'étais en mode poule mouillée.

- Tu permets? Le questionnais-je, faisant un geste avec le carton. Tu sais que c'est probablement la première fois que je t'entends m'appeler Oli? Lui demandais-je également, amusé de la constatation.

Il m’explique qu’il est immunisé aux films d’horreur, trop habitué pour vraiment que ça lui fasse le moindre effet. Raison, entre autre, pour laquelle ma situation l’a fait rire, même si désormais, il dit compatir quand je lui explique que c’est pas tant le film qui me fait peur, mais plutôt mon cerveau qui divague.

- Je crois que c’est plutôt l’image qu’il représente qui me passe de travers. Le fait qu’il représente la peur de tous et chacuns. Je sais pas. Comme je t’ai dit, j’ai pas vraiment le contrôle sur tout ça.

Comme plusieurs trucs dans ma vie en fait. Des manies, des rages, des manques. Je suis probablement pas le seul. Un léger sourire étire à nouveau mes lèvres, mine de rien, depuis que je suis là, Jax a réussi à me calmer un peu. Le fait de lui parler et de penser à autre chose. La même raison pour laquelle il m’a appellé la dernière fois, en fait.

Après son autorisation, la cigarette coincée entre les lèvres, je l’allume avec mon briquet avant de lui tendre le tout comme une invitation à se servir s’il le veut.

- C’est assez courant, oui, lui confirmais-je. Oli, Oliver, Olivier, Matthiew, Lili… énumérais-je en haussant les épaules. Je suis pas très regardant sur mes surnoms : tant que ça tombe pas dans des trucs mielleux du genre « mon poussin », ça va. Après si, toi, tu m’appelles « mon poussin » je vais peut-être plus en rire qu’autre chose, souris-je.

Plaçant ma cigarette en équilibre sur le cendrier, je retire mon manteau et détache mes bottes que je laisse ensemble au sol avant de m’installer sur le dos à ses côtés. Récupérant le tube de nicotine, j’en tire une bouffée avant qu’un truc ne me passe par la tête et ne me fasse froncer les sourcils.

- Si tu peux éviter Matthy aussi, j’apprécierais, ajoutais-je en fixant le plafond, imitant sa position de tout à l’heure avec le cendrier sur le torse.

Ça faisait des années que je n’avais pas entendu ce surnom avant que Jaysaël ne l’utilise et ça a été mon identification avec lui pendant un an. Ce serait akward si Jax se mettait à l'utiliser aussi. ...En fait, n'importe qui, je crois que ça me ferait étrange.