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« When the darkness covers the light. »

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25 août 2017.

Sitôt après avoir exterminé un nuisible et avoir vérifié que Paris ne souffrait pas trop des séquelles de son enlèvement, lui promettant de revenir le lendemain, j'étais rentré au manoir. Evidemment, je soupçonnais Lily de m'avoir attendu, après la note brève que je lui avais laissée, sous entendant que je ne rentrerais que le lendemain soir. D'ordinaire, je ne privais jamais pour lui donner des nouvelles, ne serait-ce que pour éviter que la jeune femme ne soit trop inquiète, elle qui, avec l'avancée de la grossesse, avait tendance à voir son angoisse augmenter jour après jour.

Vingt-deux heures passées, le costume encore intact malgré l'unique tâche de sang, presqu'infime et donc invisible pour n'importe qui n'aurait pas eu un sens de la vision surdéveloppé, qui mâculait le haut de mon col défait, je garais la voiture dans le parking ouvert du manoir, avant de pénétrer à l'intérieur de l'immense bâtisse, non sans vérifier au préalable que ma tenue ne laissait en rien deviner l'endroit d'où je revenais.

La porte est vite refermée, tandis que je dépose sur le porte-manteau posté à l'entrée du grand hall celui qui recouvre encore mes épaules, avant de parcourir le couloir, m'apprêtant déjà à monter les premières marches des escaliers en direction du premier étage, histoire de prendre un bon bain chaud avant de rejoindre Lily, au creux des draps, et de faire mine d'oublier cette nuit durant laquelle, une vie avait été ôtée.


@Lily-Rose S. Hopkins
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Deux jours. Voilà deux jours qu’elle se faisait un sang d’encre, à tourner dans le manoir comme une bête en cage. Une simple note, laissée sur la table de nuit pour toute explication. Elle l’avait prise. Chiffonnée. Mise en boule. Déchirée. Balancée. L’absence d’équivoque des quelques mots l’avaient mise dans tous ses états, et pendant deux jours, elle n’avait jamais été si angoissée. Un appel, un message plus précis, cela l’aurait-il effleuré ? Comme si ce qu’il avait laissé était suffisant. De fait depuis qu’il n’avait plus montré le bout de son nez, elle n’avait pu fermer l’œil, ou même se reposer. Les nerfs à vifs, la fatigue tiraillant ses traits, Lily ne savait même pas quelle heure il était lorsqu’elle entendit sa voiture sur les graviers. Enfin. Rejetant les draps sur le côté, se hissant sur ses pieds nus sans même prendre la peine de couvrir ses bras nus d’un chandail pour la réchauffer, elle se glissa hors de la chambre, s’immobilisant en haut de l’escalier qui menait au premier étage. Elle était furieuse. La colère pulsait à ses tempes, autant que l’inquiétude, et le soulagement.

« Où étais-tu ? » demanda-t-elle d’une voix inquisitrice, ne trahissant aucune marque de sommeil. Signe qu’elle était bien réveillée, et lasse. S’il croyait pouvoir remonter la bouche en cœur, et se glisser dans le lit comme une fleur, il se trompait lourdement. Le poing serré, l’autre main calée sur le sommet de son ventre, elle le toisa dans la pénombre avec une austérité sévère. « Tu comptais me donner des explications à un moment donné, ou pensais-tu que je jouerais patiemment les petites femmes dociles, en attendant avec un bon dîner, pendant que leur compagnon va vadrouiller on ne sait où durant des jours sans donner signe de vie ?! »


©️ FRIMELDA



@Lawrence H. Austen
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25 août 2017.

Evidemment, j'avais oublié, consciemment ou non, qu'étant enceinte de plus de 6 mois maintenant, les sens de Lily étaient exacerbés au dernier degré. Soit, son ouie m'avait d'ores et déjà repéré avant même que je ne franchisse le seuil, tandis que sa colère redoublait de vigueur depuis la note que je lui avais laissée lui expliquant brièvement de ne pas s'inquiéter et que je rentrerai rapidement. Un jour plus tard, effectivement, le retour n'avait pas été aussi rapide que je l'aurais cru de prime abord. Et naturellement, ma compagne m'attendait déjà de pied ferme au détour de l'escalier en colimaçon. Un soupir de mécontentement lui répond aussitôt alors que je juge sa tenue et l'heure tardive. « Tu devrais être au lit à cette heure-ci. » osais-je répliquer en montant lentement une à une les marches jusqu'à elle. « Ou au moins te couvrir suffisamment, tu risques d'attraper froid. » repris-je en glissant mes mains à l'intérieur de mes poches de pantalon. La dispute n'allait pas tarder. Je la sentais venir à des kilomètres. Les remontrances, les reproches, les cris. Logique me direz-vous, sauf que la fatigue aidant, sans compter le contexte de cette soirée, je n'avais pas plus envie que cela d'en discuter avec Lily, surtout si elle virait vinaigre. Hélas, la jeune femme ne m'entendait pas de cette oreille. Les questions reprennent, assassines, alors que je lève les yeux au ciel et tente de faire bonne figure malgré ses accusations. « Je n'étais pas en vadrouille, Lily. » commençais-je, un brin agacé, avant de me reprendre, passant une main froide sur mon front puis deux doigts sur mes lèvres comme si je cherchais les mots justes. « Paris avait des ennuis, je suis allé l'aider à les résoudre. » Sans entrer dans les détails, je me risquais alors à passer un bras autour de sa taille pour l'inviter à me suivre dans la chambre, ne serait-ce que pour qu'elle n'attrape pas froid en restant dans cette position, immobile et sans couverture, en plein milieu de l'escalier. « Je suis désolé de ne pas t'avoir donné de nouvelles plus vite, mais il se trouve que je n'en ai pas eu vraiment le temps, je te promets que c'est vrai. » soupirais-je une fois à l'étage, me dirigeant instinctivement vers la chambre pour récupérer une couverture que je déposais autour de ses épaules avant de rejoindre la salle de bain.


@Lily-Rose S. Hopkins
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Les « recommandations » sur ce qu’elle devrait faire pleuvent, et en même temps, sa mauvaise humeur s’exacerbe. Les sourcils froncés, la mine sévère, elle essaie pourtant de se contrôler un minimum. Ne pas tirer de conclusions hâtives. Attendre les explications qu’il ne semblait pas avoir l’intention de lui divulguer de lui-même. Allait-elle donc devoir le charcuter, encore ? Elle n’était pas sure d’en avoir la force cette fois-ci. « Je ne dors plus depuis plusieurs jours, figure-toi. » répond-t-elle, la langue claquant de mécontentement sur son palais. Comme s’il ne s’en était pas douté, comme si la chose n’avait pas pu lui effleurer l’esprit une seule seconde. Bon sang, parfois il tendait le bâton pour se faire battre. « Je n’ai pas froid. Ne me touche pas. » fit-elle, plus agacée encore, alors que sa main venait battre l’air dans un geste vif, lui déconseillant d’approcher, ou même de la toucher au risque de voir les foudres s’abattre sur le sommet de son crâne. Inutile de chercher le contact tactile de Lily lorsqu’elle était en colère, c’était le meilleur moyen de la faire exploser. D’ailleurs elle disait vrai, elle n’avait pas froid. L’amertume bouillonnait suffisamment dans ses veines pour la réchauffer largement, voire lui faire monter le rouge aux joues et aux oreilles. « Ah non, et où étais-tu dans ce cas ? » Réplique du tac au tac, avant qu’il n’évoque Paris, et qu’elle ne l’interroge du regard, incrédule. « Quel genre d’ennuis ? » Ennuis qui justifieraient un silence radio de plusieurs jours. Ennuis importants de fait … mais alors qu’elle s’apprête à continuer à l’interroger, le voilà qui rejoint la chambre, et déambule, ici et là, tant et si bien qu’elle peine à la suivre. Il fait passer une couverture sur ses épaules. Bon sang, elle n’a pas besoin de ça ! Elle la laisse pendre sur la rambarde de l’escalier, et le suit jusque dans la salle de bain, immobile dans l’embrasure de la porte. « Que s’est-il passé ? Je ne vais pas me contenter de ces vagues explications, tu le sais. » lui glissa-t-elle, les bras croisés au-devant de sa poitrine en étudiant son profil fraichement illuminé par la lumière blanche de la salle de bain. Il avait une mine affreuse, chose qui accentua us encore son inquiétude. Mais ce ne fut pas cela qui capta son attention. En dérivant son regard le long du cou, elle crut distinguer … « Attends une minute. » Elle s’avance, s’impose, l’oblige à se mettre face à elle, dégage le col de chemise. « Qu’est-ce que c’est que ça ? C’est ton sang ? » Aucune égratignure pourtant. Ou du moins rien de visible au niveau du visage qui justifierait une tâche à cet endroit en particulier. « Lawrence, est-ce que c’est ton sang ?! » répète-t-elle, plus incisive cette fois, oscillant entre une colère sourde et une inquiétude sans nom. Que s’était-il donc passé ?



©️ FRIMELDA



@Lawrence H. Austen
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25 août 2017.

Enième soupir. Elle ne dort plus depuis des jours, autrement dit sa santé en a forcément souffert. A la fois contrarié de l'apprendre et me sentant tout autant coupable car le constat était en partie de ma propre faute, je comprends aussi au vu de l'intonation avec laquelle elle réplique et le regard de fureur qu'elle me lançait que ce n'était ni le moment de tenter de lui faire entendre raison, ni de vouloir jouer les hommes protecteurs en omettant les évènements qui avaient eu lieu ces derniers jours. Aussi, malgré l'heure tardive, je la soupçonnais déjà de vouloir m'interroger jusqu'au bout de la nuit. Et, malgré ma fatigue et les cernes qui ornaient mes yeux, je ne pouvais ni lui en tenir rigueur, ni me défiler cette fois-ci. Nous nous étions une promesse depuis l'Ecosse, promesse que j'avais bien l'intention de tenir, même si ce n'était pas toujours facile tous les jours. « Son beau-père. Il...s'était évadé de prison il y a trois jours. Paris l'a appris et évidemment était complètement paniqué. » expliquais-je en commençant par retirer mes chaussures, chaussettes et pantalon, observant les réactions de Lily dans le miroir situé devant moi pendant que je poursuivais mon déshabillage. Re-soupir. De « vagues explications » ? Oui, je suppose que l'on pouvait les qualifier ainsi. « Paris avait disparu il y a deux jours, et Summer m'a téléphoné. J'ai vite compris que Peter Schumer, son beau-père était derrière tout ça. Il avait été kidnappé et j'avais peu de temps devant moi pour le retrouver. » repris-je en déboutonnant ma chemise pour la hisser par dessus mes épaules. Pas assez vite cependant pour que Lily ne la remarque pas. Cette tâche. Infime mais d'un rouge pourpre pour ne pas être décelable sur ce fond immaculé. « Non, ce n'est pas mon sang, je n'ai rien Lily, ne t'inquiète pas. » lui assurais-je en passant ma main sur son épaule avant de me défaire du tissu. M'attendant évidemment à de nouvelles questions, je prends aussitôt les devants en déplaçant l'ensemble de mes vêtements dans le panier à linge, avant de lui faire face à nouveau. « C'est celui de Peter Schumer. » Je sens la pression monter, sans doute que Lily la ressentait elle aussi. J'imagine très bien ce qui pouvait lui passer par la tête à l'heure actuelle. Les scénarii macabres voire glauques, surtout que les femmes enceintes sont réputées pour manquer franchement de discernement, la faute aux hormones, durant le temps de leur grossesse. Jugeant ainsi bon de continuer, j'installe une serviette autour de mes reins avant de reprendre, à la fois grave et parfaitement calme malgré ce que j'allais lui relater. « J'ignore si Paris t'a déjà parlé de son enfance, de Grace sa mère avec qui j'ai entretenu une très brève relation, et surtout de son beau-père, Peter. Je ne peux pas le faire à sa place. C'est avec lui que tu dois en discuter, s'il en éprouve l'envie et le besoin. J'ai...appris ce qui s'est passé entre Peter et lui il y a environ un an de cela, alors que nous ignorions encore notre lien de filiation à l'époque. Il s'est confié à moi parce que je le protégeais déjà à l'époque, voyant en lui le gamin indiscipliné que j'étais alors. » Je souris, songeant que j'avais vu juste bien au delà de mes espérances quand on y pense. « Enfin bref, il était violent, il participait à des combats illégaux, bref, il provoquait des gens pas franchement sympathiques et je craignais qu'un jour il ne finisse par tomber sur plus costaud que lui. Un jour, on s'est disputé, je lui ai demandé la raison de ce déchainement de violence, qu'il pouvait tout me dire, et voilà, il m'a tout dit, ou presque. » Mon regard se braque, la confronte, intense et sérieux à la fois. « Pour faire court, disons qu'en apprenant que Paris n'était pas son fils biologique, Peter a usé de violence vis à vis de lui. » ajoutais-je en inspirant un bon coup avant d'énoncer plus clairement. « C'était...un beau-père indigne, si tu vois ce que je veux dire. » Je m'arrêtais là, conscient que Lily avait sans doute compris maintenant là où je voulais en venir, et incapable de prononcer le mot sans qu'une bouffée de rage, de tristesse et de culpabilité ne m'envahisse. « J'ai toujours su que Paris ne pouvait pas s'en remettre aussi aisément. Même une fois adulte, tu n'oublies jamais les traumatismes vécus par le passé. Tu vis avec, tu essaies de passer outre quand parfois tu te sens déprimé ou que tu as l'impression de perdre totalement pied. » Me voilà à me confier sur mon fils biologique, sujet que nous n'avions jamais réellement abordé avec Lily. Les yeux dans le vague, étranger à ce qui m'entoure, les mots sortent sans que je n'ai besoin de réfléchir au quoi, au comment ou au pourquoi. Je me confie parce que j'ai confiance et parce qu'en tant que compagne, elle avait le droit de partager mes doutes et mes angoisses. « J'étais heureux qu'il soit avec Summer. Je me disais qu'avec elle au moins, il se sentirait en sécurité, il serait...heureux et qu'avec Ashlynn, ma petite-fille, il aurait l'occasion de penser à autre chose qu'à son enfance déchue. » Inspiration avant de fermer les yeux pour les rouvrir deux secondes plus tard. « Mais il a fallu que Schumer s'évade et à nouveau, Paris a sombré. Paniqué, tétanisé, je comprenais sa peur mais je ne pouvais rien y changer à part tenter de le raisonner et de lui promettre que cet homme ne s'en prendrait plus à lui, que je le protègerai cette fois-ci. Et voilà, j'ai échoué, encore une fois. Paris s'est fait kidnapper et, comme tu peux l'imaginer, maltraiter à nouveau. Quand je l'ai retrouvé, il m'a...j'ai cru que... » Les mots me manquent cette fois, je pince mon arcade nasale, paupières closes. « Je sais que ça paraît fou mais...il avait une telle façon de me regarder, et ce qu'il m'a dit... » Relevant les yeux, je la dévisage, confus. « Il voulait mourir, Lily. Je te jure qu'il me suppliait presque de l'achever pour ne plus avoir à subir tout ça. » répétais-je, les mains tremblantes. Le temps de me reprendre, le silence revient dans la salle de bain. « Maintenant il est à l'hôpital, et tout va bien. Enfin, d'un point de vue physique, il s'en sortira. C'est plutôt son état psychologique qui m'inquiète. » murmurais-je pour moi-même, fixant un point invisible sur le mur carrelé.


@Lily-Rose S. Hopkins

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lawrie & lily

Une à une, les informations sont reçues, analysées, décortiquées, et enfin emmagasinées dans son cerveau engourdit par la fatigue, le désarroi et la frustration. Le beau-père de Paris ? Pourquoi n’en a-t-elle jamais entendu parler avant ce jour ? Evadé de prison qui plus est ? Par quel miracle a-t-il bien pu réussir à quitter une bâtisse placée sous haute sécurité ? D’ores et déjà les questions s’accumulent, et Lily se réfrène pour ne pas lui sauter dessus. Parce qu’elle n’est pas aveugle non plus, elle a bien vu son teint livide, ses traits tirés par la fatigue qui donnaient l’impression qu’il était plus âgé tout à coup que ce qu’il était en réalité. Mais si conciliante soit-elle, elle n’apprécie pas la forme de lassitude avec laquelle il la tance. Comme si lui donner des explications était un fardeau dont il se serait passé volontiers. Comme si sa présence même était superflue, encombrante alors qu’il devait être fourbu par l’effort et les émotions. Elle est là pourtant, ne compte pas partir. Si indisposant cela soit pour lui à l’heure actuelle. « Et tu ne pouvais pas juste … Me prévenir ? Quelques phrases construites auraient suffi … » lui reprocha-t-elle du bout des lèvres en poussant un soupire de lassitude, une inquiétude nouvelle naissant au gré de ses explications pour son ami. « Et … Tu l’as retrouvé n’est-ce pas ? » lui demanda-t-elle, sans réellement attendre de réponse. Il ne serait pas ici si ce n’était pas le cas. Mais sa voix avait eu besoin de s’élever, de combler un vide. Elle s’était tant inquiétée, imaginant tous les scénarios possibles. Et les explications qu’il était en train de lui donner étaient de mauvais augure. Elle sentait l’obscurité tapie venir, comme un voile épais de brouillard qui s’avance dangereusement.

« Celui … du beau-père de Paris ? » demande-t-elle encore, sans espérer de réponse. Juste parce qu’elle a besoin de le formuler à voix haute. Sa main se tend dans la lumière vive de la salle de bain : du bout des doigts elle saisit la chemise dont il vient de se délester, examine la tâche, passe son pouce enfin sur la surface. Le sang est sec depuis un moment. Si elle ne dit rien ses pensées commencent à s’entre-choquer, et c’est une boule qui naît au creux de ses entrailles. Il continue, impitoyable. Et elle regrette presque d’avoir demandé. Elle doit savoir pourtant, il le faut, elle le sait. « Non, nous ne sommes pas proches à ce point … » murmure-t-elle en écho, subodorant l’horreur et les violences en filigrane de son discours. Des morceaux du puzzle se rassemblent. Paris, cet homme si grand, si fort, si fiable d’apparence. Etait-il brisé lui aussi ? Était-ce une cicatrice indélébile qu’il masquait de ses sourires rieurs, et de touches d’humour caustique ? « Tu veux dire que ce Schumer l’a … ? » Elle ne termina pas sa phrase, les yeux agrandis par l’horreur, en se demandant si c’était réellement possible. Une main posée au-devant de ses lèvres, le silence s’installe une fois toutes ses explications terminées. Lily digère, lentement. Fait quelques pas dans la salle de bain le temps de mesurer les idées qui l’assaillent. Elle comprend la haine, elle comprend la fureur. Elle imagine sans peine les pensées assassines qui ont dû le traverser.  « Tu l’as retrouvé … c’est tout ce qui importe. » essaie-t-elle de le rassurer, en vain, certainement. Car le mal est déjà fait. Irréparable. Dans un sens comme dans l’autre, elle sait que le retour en arrière est désormais impossible. Elle connaît déjà la réponse mais éprouve le besoin irrépressible de demander malgré tout. Mettre des mots sur l’indicible, et l’impensable. « Et … Et Schumer ? Tu … Tu l’as confié aux autorités … n’est-ce pas ? » Qu’il dise oui, par pitié. Juste oui. Qu’il honore la promesse qu’il lui a faite. Qu’il ne brise pas un autre pan de sa confiance, encore, quand elle est déjà si fragile, si difficile à accorder. En contrebas elle dévisage son profil, plus petite que lui, en ayant le sentiment d’être minuscule. Lentement le sol semble se dérober sous ses pieds. L’espoir dans son regard est si net, si pur que cela revêt des atours de tragédie. Mais il n’a besoin de rien dire. Rien qu’à son regard, rien qu’à son expression, elle le sait. Que la promesse qu’il lui a faite, il l’a abattue en même temps que Peter Schumer. Elle sent pourtant un petit coup dans son ventre, répercussion de ses angoisses, et y porte d’instinct une main protectrice. De qui veut-elle les protéger ? D’elle ? de lui ? de ce qu’ils sont ? Elle ne sait pas. Ce soir, elle ne sait plus.


©️ FRIMELDA



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25 août 2017.

Ma voix semblait blasée, nullement contre elle ou contre ses interrogations plus que légitimes quand on y pense. Non cette lassitude provenait de mon être tout entier, de ce que j'avais encore dû faire pour protéger les miens, de la confiance qu'elle avait placée en moi et que j'avais encore une fois dû briser, au moins en partie. Choisir entre les besoins d'un fils et les doléances d'une compagne, un choix que je ne pensais et n'aurais jamais voulu faire mais le temps et les ennuis avaient précipité ma décision. « Je manquais de temps, Lily. Je craignais pour la vie de mon fils. » répétais-je comme si la jeune femme ne comprenait pas. Certes, je ne manquais pas de sang-froid au quotidien, mais sitôt que ma famille était menacée, comme tout un chacun, ce n'était plus la raison qui était sollicitée mais le cœur et la hargne de vaincre. Les questions s'enchaînent, les réponses suivent, effilées pour la plupart comme si je veillais toujours à ne pas trop en dire au cas où elle souhaitait finalement stopper net cet échange. D'un hochement de tête, je confirme ce qu'elle a insidieusement compris. Oui, Paris avait subi les assauts physiques de Peter Schumer. Maltraiter un enfant était déjà un acte ignoble en soit, mais profiter de son innocence pour son bon plaisir était intolérable. Finalement, sa dernière question me laisse un arrière goût amer, car je pressens déjà les ressentiments, une forme de rancune après la promesse que je lui avais faite, mais malgré tout, ce choix fut le mien. Je l'assumerai jusqu'au bout. Ma main s'arrête alors que je m'apprête à me rendre sous la douche, je n'ose lui jeter le moindre regard conscient déjà de l'horreur qui se peignait sur ses traits, de la frayeur, de la lassitude aussi. « Non, non je ne l'ai pas remis aux autorités. » répondis-je calmement quoique sur un ton plus rauque que d'ordinaire. L'orage ne gronde plus. Je sentirai plutôt l'humidité dans l'air, comme des larmes voilées qui menacent un horizon incertain. « Il est mort, Lily. Il est mort, c'est fini. » finis-je par énoncer tel un aveu de ma culpabilité. Aucun regret ne perçait dans ma voix si ce n'est l'incertitude que je ressentais désormais vis à vis des réactions de ma compagne. « Paris ne craint plus rien. » ajoutais-je pour moi-même car c'était au fond ce qui avait motivé ma décision, bien plus que le caractère monstrueux de ma nature profonde. Serait-elle toujours présente ? Non, j'avais changé. Amoun l'avait compris, et Lily finirait par le voir également. J'avais changé par mon hésitation quant au sort réservé à Peter Schumer. Ce que j'omettais de lui avouer, car jugeant cet état de fait de moindre importance. J'ai agi, c'est ce que retiendrait l'histoire. « Je sais. Je sais ce que tu dois penser de moi. Je sais que je t'avais promis de ne plus recommencer. Je n'avais pas prévu qu'il s'évaderait, et je t'assure que je n'aurais pas pris une telle décision s'il n'avait pas de nouveau agressé mon fils. Si j'ai fait ce que j'ai fait, c'est uniquement pour protéger mon enfant. Soit certaine que je n'en ai retiré aucun plaisir sadique. Même si...ça ne change rien au résultat. » soupirais-je en tournant le robinet d'eau chaude une fois dans la douche. « Il n'a pas souffert. » murmurais-je à la fin en attrapant le savon d'une main tandis que l'autre faisait glisser le rideau de douche en verre, cachant ma nudité et le fardeau qui me pesait maintenant à son regard sans nul doute affecté.


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lawrie & lily

Il croit sans doute qu'elle n'entend pas. Ou qu'elle ne comprend pas. Il est si loin de la vérité pourtant. Peu à peu les informations sont assimilées. Mais plus les secondes passent, plus les explications pleuvent, et plus elle sent se dessiner l’innommable. Ce qu'elle redoute. Ce qu'elle n'est pas sure de pouvoir tolérer, accepter, ou même lui pardonner. Ses doigts tremblent légèrement : ils n'ont pas cessé depuis plusieurs jours, alors que la tension fait partie intégrante de son corps qui n'en peut plus, de toutes ces péripéties, de tous ces imprévus. Elle veut pouvoir s'endormir sereine, sans les fantômes du passé qui reviennent. Ce ne sera pas pour ce soir apparemment, ni pour demain, car déjà elle sent : le drame qui s'avance, lentement. Ce qu'elle apprend sur la nature du beau-père de Paris la révolte et la révulse, l'emplie d'une haine qu'elle éprouve parfois, et qui l'ébranle plus qu'elle ne la stimule. Douceur incarnée, parfois fragile. Il est des choses que sa personnalité eu encaisser. certaines horreurs désavouées. D'autres en revanche sont trop impensables, trop immonde pour qu'elle puisse les tolérer. Sauf que quand il répond à la question qu'elle vient de lui poser, d'un " Non je ne l'ai pas remis aux autorités" auquel elle s'attendait, c'est la crainte pour ses propres enfants qui s'empare de chacun de ses membres, et les fait se tendre sous sa chemise. Sa gorge se noue, face à cette évidence qu'il a au moins le mérite de lui dévoiler sans fard. On assiste là à une nouveauté. Il honore sa promesse de ne rien lui cacher. Mais Lily en est presque à regretter ce serment qu'elle lui a fait faire, car un goût âpre lui emplit la bouche. Âpre et salé, comme du sang frais.

"Tu ... Tu as agis par légitime défense dans ce cas ... N'est-ce pas ?" Pourquoi demander ? Pourquoi s'enliser quand elle sait déjà que ce n'est pas vrai. Improbable, impossible même quand on sait quelles étaient ses vieilles habitudes. Lawrence n'est pas de ceux qui tuent par inadvertance, non. Au fond elle n'attend pas de réponse de sa part, mais Lily blêmit à vue d'oeil, paraissant presque malade tout à coup, comme si la bile allait subitement remonter jusqu'à ses lèvres. Cela failli presque arriver lorsqu'il prononça ce "Paris ne craint plus rien", prononciation d'une compensation illusoire après l'annonce de la sentence, terrible, et implacable. s'attendait-il à ce qu'elle le félicite ? A ce qu'elle lui murmure tendrement : "Oui, mon amour, tu as bien agi ?". Sa moralité ne lui permettait pas cette folie. Et pourtant, elle était de ceux qui savent preuve de conciliance, et voir au-delà des seules apparences. Tous les gestes qu'il fait sont flous à présent devant son oeil brouillé. Il se déshabille, s'installe, se calfeutre, mais Lily ne voit plus rien à part ce mélange de colère, de tristesse et de résignation mêlées qui lui obscurcissent la vue, et l'empêche de réagir. De toute façon il semble avoir cure de sa réaction, déjà plongé qu'il est sous l'eau chaude, pour sans doutes laver cette âme qui lui échappe. Le "Il n'a pas souffert", venant ponctuer le discours, fut comme un coup de grâce à ses yeux. Comme si le bourreau avait fait une faveur à son condamné. Une lueur horrifiée au fond du regard, Lily devint mutique alors. Seul un : "Non ... Tu ne sais rien ..." lui échappa comme un murmure, alors que les épaules basses, elle quittait la salle de bain sans même avoir le courage d'en refermer la porte.

Vidée de toute son énergie tout d'un coup, puisant dans ses dernières réserves, d'un pas traînant elle descendit au rez-de-chaussée. Longea un couloir interminable, donnant sur des pièces inoccupées. Elle aurait voulut se perdre dans ce labyrinthe, devenir la Dame blanche qui hante, flotte, terrorise. Errant dans le manoir en traînant sa résignation comme un poids de condamné à sa cheville, elle finit par arriver dans la petite pièce qui lui servait d'atelier. A l'opposé des pièces dans lesquelles ils vivaient la plupart du temps, chauffée par un petit radiateur d'appoint, grâce à l'épaisseur des murs on entendait rien à part le bruissement des feuilles au dehors. Il y avait une unique fenêtre dans la pièce, large d'au moins deux mètres, donnant directement sur le jardin. Le rebord devant la fenêtre était suffisamment grand pour s'y asseoir confortablement, et étendre les jambes. Lily avait repéré ça tout de suite, et s'y était installé quelques coussins et plaids, pour pouvoir dessiner tout en observant le dehors. S'asseyant de fait en travers du rebord, le dos collés contre un coussin apposé au renfoncement du mur, elle replia légèrement ses jambes, abaissant un regard contrit sur son ventre rond. Alors que sa respiration s'apaisait, elle sentit un petit soubresaut à l'intérieur. Suivi d'un autre, plus puissant. Comme s'ils l'entendaient à l'unisson. Comme si elles savaient que maman était bouleversée. Caressant du bout de ses doigts le sommet de son ventre, elle observa au dehors. Ce paysage seulement éclairé par les rayons de lune. "Tout ira bien. Maman vous protègera, elle aussi." murmura-t-elle dans la pénombre, avant de fondre en larmes. Car elle venait de comprendre que si elle devrait les protéger des noirceurs qui rôdent au-dehors, elle serait aussi prête à les protéger de lui, si nécessaire, et ce, même si cela devait lui briser le coeur.



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« When the darkness covers the light. »


25 août 2017.

Bien que je déplorais d'annoncer de telles horreurs à Lily, et malgré la promesse que je lui avais faite et que je comptais tenir, mon regard se releva vers elle du même mouvement qu'un soupir infime s'échappant de mes lèvres à une nouvelle question posée en ce sens. Au sens où, l'espoir qui y régnait me contraignait encore à ne rien omettre, comme si elle recherchait au final l'entière vérité mais incapable de la nommer ou d'en dessiner tous les contours sous peine d'avoir la nausée, préférait encore croire au monde parfait de son imaginaire. Etrangement, mais sans doute que mon épuisement psychologique y était pour quelque chose, l'étonnement teinté d'effroi de la jeune femme m'horripilait ce soir-là. Etait-ce si inconcevable à ses yeux que je puisse agir de la sorte ? Croyait-elle à ce point que tout pouvait changer du jour au lendemain ? Me reprochait-elle d'avoir voulu protéger mon fils coûte que coûte ? Sur le moment, je ne savais trop comment réagir, et me contentais aussitôt d'approuver du chef, clairement sur mes gardes. « Non, Lily. Absolument pas. Je l'ai tué, c'est ce que tu veux entendre non ? Je.l'ai.tué. » répétais-je en articulant chaque fois, une lueur flamboyante dans les yeux. Tant pis, tant mieux. Trop tard pour faire marche arrière. A quoi bon de toutes manières ? Ce qui est fait est fait. Et alors que l'eau glisse déjà sur mes épaules affaissées, la voilà qui quitte la salle de bain, me jetant quelques paroles qui me braquèrent plus encore au passage. La porte refermée sur ses pas, je commence à me savonner vigoureusement, peut-être trop comme si je cherchais à arracher des pans de peau salis dans mon sillage, avant de me rincer une fois propre. En sortant de la douche, mon reflet m'interpelle dans le miroir. La lueur de colère n'a pas bougé. Elle s'enflamme, ravivée, avant que mes coudes ne se posent aux extrémités du lavabo, pour soutenir des tempes qui me lançent depuis que je suis rentré. Je n'aurais pas dû m'énerver, je le savais bien. Elle n'avait aucune responsabilité dans les évènements qui s'étaient déroulés ces derniers jours. Le cœur fautif, je refuse pourtant d'aller lui présenter des excuses auxquelles je ne pensais pas. Que je ne méritais pas non plus, par ailleurs. Sauf qu'il était hors de question que la soirée se termine ainsi. Lily et moi avions convenu de faire plus d'efforts, de communiquer différemment depuis notre retour en Ecosse. Il semblerait que le destin veuille nous mettre à l'épreuve plus tôt que prévu.

Réchauffé par le tissu du peignoir gris que j'avais enfilé, je me dirige d'abord vers la chambre, pensant y trouver ma compagne, en vain. Finalement, mes pas m'amènent à travers le long couloir principal du premier étage, jusqu'à une porte plus chaleureuse que nulle autre. Celle de son atelier. Depuis le temps que je connaissais Lily, je lui découvrais peu à peu de nouvelles facettes. Comme le fait qu'elle détestait progressivement la grandeur immaculée du domaine pour commencer. Ou encore que cette pièce fut la seule qui lui permettait d'oublier les angoisses de son existence. A chaque fois que Lily avait vécu un problème, elle s'était réfugiée ici. Son sanctuaire.

Cognant deux fois doucement à la porte, plus pour signaler ma présence que pour quémander une quelconque autorisation, je finis par pousser le bois blanc, restant cependant sur le seuil, immobile et patient. Devant moi, Lily était recroquevillée. Perdue dans ses pensées, quelles qu'elles soient, si j'avais écouté mon instinct protecteur, j'aurais sans doute déjà bondi vers elle afin de la prendre au creux de mes bras et de lui murmurer quelques mots doux dans le but de le rassurer ou de la consoler. Au lieu de cela, ce soir, j'attendais. Difficilement certes, mais je ne violerai pas son intimité si elle désirait sincèrement être seule, ou en tous cas, aucunement devoir souffrir ma compagnie. « Lily...très bien je ne sais rien. » Reprenant ses mêmes mots quelques minutes auparavant, j'inspire un bon coup avant de poursuivre, le regard fixe. « Alors parle-moi...Dis-moi ce que tu ressens, ce qui ne va pas, ce que tu me reproches. » lui demandais-je comme si ce n'était pas une évidence.


@Lily-Rose S. Hopkins
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when the darkness
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lawrie & lily

Sa lassitude était malvenue. Ne méritait-elle donc pas cet ultime effort de sa part ? Devrait-elle se montrer d’une conciliance absolue ? Fermer les yeux sur les principes fondamentaux de sa nature pour ne pas briser le lien qui les unissait ? Quoiqu’il arrive, il y aurait toujours un lien. Ineffaçable. Il était l’amour de sa vie. Mais ce soir Lily n’entendait que l’âpreté de sa voix, ce regard désuet qu’il lui jetait, comme si elle était un poids dont il se serait bien passé. Une emmerdeuse se mettant en travers des conséquences de ses actes. Il ne semblait pas comprendre ce soir qu’il n’était plus seul. Qu’il avait fait ce choix-là à un moment donné, et que de fait, rien ne pourrait jamais être comme avant. Il continuait d’articuler qui plus est. De répéter l’injure, encore et encore, jusqu’à ce qu’elle soit gravée sur ses lèvres et dans son cœur. Son attitude, qui en d’autres circonstances l’aurait mise en colère au point de la faire sortir de ses gonds, la blessa cette fois-ci tout au contraire, si bien qu’elle se terra dans ce silence dangereux qui n’augurait qu’un enfermement de la part de la jeune femme. Comme une huître qui se calfeutre sous sa coquille épaisse, mais néanmoins friable, Lily se claquemura dans un chagrin indicible en arpentant le manoir, chaque geste devenu mécanique, et las.

Des larmes roulaient lentement sur ses joues depuis un certain temps. Un flux continu et salé, qui fit gonfler les capillaires des yeux, rougir la peau, et fatiguer son corps dont les tensions se déliaient lentement au gré des larmes versées, laissant place à un vide béant. L’humidité se sécha toute seule sur ses joues. La pointe de sa langue passe sur la pulpe de sa lèvre supérieure alors que sa paume traçait des arcs-de-cercle sur son ventre, désireuse d’apaiser les battements qui grondait à l’intérieur au point parfois de voir se dessiner des formes sur la surface de la peau. Aucune lumière dans la pièce si ce n’est celle du dehors, et Lily bascula la tête en arrière pour la laisser reposer contre le renfoncement de la fenêtre où elle était installée. Elle ferma les yeux une minute, puis deux, aurait presque pu commencer à somnoler si un bruit n’avait pas retentit à la porte. Le silence pour toute réponse, et elle s’accorda quelques instants de répit avant de rabaisser la tête, et de rouvrir de grands yeux dans la pénombre, sur sa silhouette. « Tu ne crois pas que le seul fait d’avoir tué un homme puisse être un reproche suffisant ? » lui demanda-t-elle d’une voix neutre, sans lueur particulière dans le regard pour l’instant, trop affadis qu’étaient ses yeux par les larmes. S’il lui disait le contraire, s’il ne comprenait pas ce simple état de fait … Ils étaient perdus. Car s’il ne discernait même plus le mal qui réside dans le fait d’abattre un homme de sang-froid, que pouvait-elle dire, ou faire ?  « Au-delà du fait que tu as trahi la promesse que tu m’avais faites … Tu as aussi brisé ma confiance. » Elle marqua une pause, la mine grave tout à coup. Se rendait-il compte à quel point il l’avait blessée ? « A quel moment t’ai-je obligé … Lawrie ? » Son ton était calme. Trop calme. Et le regard qu’elle posait sur lui comme … Anesthésié par l’épuisement. « A quel moment t’ai-je contraint à quelque chose que tu n’aurais pas voulu ? Lorsque tu as décidé de quitter l’Agence pour devenir un autre homme, c’était ton choix. Je ne crois pas avoir voulu t’entraîner dans une vie que tu ne désirerais pas. Nous n’étions même plus ensemble lorsque tu as pris cette décision … ce choix t’appartenait. » Elle inspire lentement par le nez, puis expire. Autre soubresaut sous sa paume, qui au moins a le mérite de la rassurer. « Alors pourquoi l’avoir fait, si … ? » Elle perd ses mots un instant, se masse une tempe avant de s’interrompre, et de poursuivre. « Tu as perdu le droit de tuer des individus nuisibles le jour où tu as démissionné de l’Agence. Ce jour-là tu es devenu un homme comme les autres. Soumis aux mêmes lois, et aux mêmes règles que les autres.  Que Peter Schumer ait brutalisé, torturé, ou même violé ton propre fils, cela ne change rien. L’abattre de sang-froid, pour un être lambda, c’est un meurtre. Et si autrefois tu pouvais te permettre d’éliminer des individus en fonction de tes contrats, aujourd’hui tu serais passible de prison pour un tel acte. En démissionnant de l’Agence, tu as fait le choix de devenir comme tous ces pères de famille dont les enfants ont été tués, ou même traumatisés, et qui sont impuissants face à cela. Emplis de haine, de désir de vengeance sans doute … Mais impuissants. Car dans la vie que tu as décidé de mener, tout acte a ses conséquences. Même la vengeance légitime d’un père pour laver l’honneur et les craintes d’un fils. » Autrement dit, elle comprenait la pulsion qui l’avait poussée à abattre Schumer. Surtout lui, et considérant ses anciens démons. Le désir de le faire disparaître avait dû être irrépressible. « Qu’adviendra-t-il s’ils découvrent que c’est toi qui l’a tué ? Que se passera-t-il le jour où les autorités remonteront jusqu’à toi ? Parce que ce ne sera pas difficile … de faire le lien avec Paris, puis avec toi … Schumer est un évadé de prison qui plus est, cela signifie que la traque pour le retrouver sera sans relâche jusqu’à ce qu’ils mettent la main dessus, mort ou vif. Son visage passe en ce moment sur toutes les chaînes télévisées … L’Agence ne sera plus là pour couvrir tes arrières. Et moi … je devrais expliquer à deux fillettes orphelines de père que leur papa est absent parce qu’il a abattu un homme de sang-froid comme un animal par vengeance, et qu’il doit désormais assumer les conséquences de ses actes en purgeant une peine qui l’exclura de leur enfance … Voire de leur vie. » Elle se redressa lentement, pivota sur elle-même jusqu’à se retrouver assise face à lui, les deux paumes posées sur son ventre qui continuait de s’agiter. « C’est ça que tu veux ? » finit-elle par lui demander, sans se montrer incisive pour autant.  



©️ FRIMELDA



@Lawrence H. Austen
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