You ? Here... (emrylline)

Emrys venait de se reculer, sûrement vexé par sa réplique, mais Apolline avait besoin de savoir. Prêcher le faux pour savoir le vrai n'était pas franchement sa marque de fabrique en temps normal, mais là, il s'agissait d'un cas de force majeure. Et s'il ne ressentait pas la même chose qu'elle ? Ils venaient juste de se retrouver, en un moment unique, puissant, indescriptible... mais cela ne signifiait pas pour autant que leurs cœurs battaient à l'unisson. Mais rien n'était brisé Emrys, la preuve, tu crois que j'ai choisi Harvard comme fac de façon innocente ?! fit-elle valoir, très sérieuse. Elle non plus ne souriait pas, essayant de sonder ce qu'il pensait, ce qu'il ressentait. Sauf que son masque était tellement puissant qu'elle n'y parvenait pas. Impossible. Rien de plus frustrant pour la blonde, qui n'attendait qu'une chose : celle de fondre à nouveau dans ses bras pour ne plus les quitter. Ceci dit, Emrys lui montra bientôt sa chaîne où étaient gravées leurs deux initiales avec "amitié éternelle", en grec. A plusieurs reprises, Apolline passa ses doigts sur l'inscription, avant de murmurer, comme déçue : amitié éternelle... Cela répondait à sa question. Pour lui, elle n'était qu'une amie d'enfance très chère et rien de plus... hélas. C'est magnifique Emrys tenta-t-elle dans un sourire, alors qu'intérieurement, elle hurlait.

J'avais montré sans honte aucune que la gourmette; sur laquelle elle avait fait gravé un doux mot qui n'était que la représentation d'un quart de ce qu'elle représentait pour moi, ne m'avait jamais quitté. Heureux, j'avais pourtant pas apprécié ces dernières paroles mais elle me rassura en m'avouant et me faisant remarqué que son choix de faculté n'était pas anodin, elle l'avait fait pour moi, me retrouver en fait? c'est ce que je comprenais enfin je l'espérais. Je souriais mais n'osais pas répliquer alors qu'elle poursuivais se montrant étrangement déçu mais je ne savais pas de quoi. Elle toucha plusieurs fois la gourmette avant de répéter l'inscription et je fus touché de voir qu'elle semblait pas si heureuse. Je fronçais les sourcils essayant de sonder son regard et elle fit mine de s'écrier que c'était magnifique. Je reprenais alors ; qu'est-ce qui ne va pas ? Je grimaçais tournant le regard vers la gourmette avant de remettre au mieux ma veste. Je passais une main dans ma chevelure et revenais sur son boulot. Bien, et donc qu'est-ce que tu fais comme boulot là? je trouve pas ça très sain surtout cette tenue... d'où ils peuvent te mater! dis-je jaloux, l'affichant clairement sans le vouloir vraiment.

Cette gourmette, Apolline n'aurait jamais pu l'oublier. Ce n'était pas tant à cause de sa mémoire infaillible, véritable malédiction depuis sa plus tendre enfance, mais parce qu'il s'agissait là d'un cadeau offert avec ses propres économies à Emrys, pour son anniversaire. Il avait gardé ce bijou tout ce temps et cela signifiait quelque chose... même si bêtement, elle attendait plus. Elle botta en touche en lui rendant ce petit trésor, optant pour un sourire qu'elle voulut aussi sincère que possible. Il l'était, d'une certaine manière, et lui permettait surtout de cacher la déception étant actuellement la sienne. Rien... j'suis juste bêtement émue que tu l'aies gardée aussi longtemps admit-elle finalement. Il s'agissait là de la vérité, mais aussi d'une manière de cacher ses propres sentiments. En revanche, Apolline ne s'attendait pas à ce que son boulot vienne à nouveau sur le tapis, ce qui la fit soupirer et rouler des yeux. Bah me mater ouais c'est un peu le but de l'établissement en fait... mater les hôtesses sexy t'sais ! Mais j'ai besoin de taffer, j'ai besoin de fric. Tu sais pourquoi et... j'suis à deux doigts de me faire virer de ma chambre, je suis à la bourre dans mon loyer. Alors tant pis, on me fout deux trois mains au cul, j'me défends et voilà !

Elle se montrait donc heureuse de voir que je ne l'avais pas oublié et ça me réjouissait qu'elle en soit, à présent, consciente. Ça faisait du bien ! Jamais je ne pourrais l'oublier car au fond, elle avait toujours été plus qu'une amie. Elle m'avoue être touchée de savoir qu'il était toujours à mon panier avant de se décider enfin à me raconter ce qu'elle faisait au boulot. Apolline était clairement Hôtesse de charme et se faisait reluquer. Je manquais de cracher de dégout pour tous ces mecs qui pouvaient poser les yeux sur ce corps splendide et si respectable. Elle avait besoin d'argent : j'avais connu ça mais pas a ce point. Je grimaçais avant de reprendre, perdu, ne sachant ce que je pouvais faire ou proposer de peur de me faire jeter ou crier dessus ; Je ne suis pas du tout pour que tu continue à montrer ton corps comme ça, tu mérites mieux ... Nerveusement, je poursuivais ; Puis, tout le monde a pas le droit de profiter de ta beauté et tout..Je me perdais dans mes conneries de paroles, pas fausses d'un coté, soyons franc ! Je la regardais droit dans les yeux et sur un coup de tete, j'osais : Je ne sais pas je pourrais soit t'aider financièrement le prend pas mal hein soit voir avec mon coloc on vient d'acheter une maison, non ? Mais s'il te plait, je veux pas qu'on te regarde.. avouais-je en me grattant l'arrière de la nuque, en pleine réflexion mais irrévocablement gêné.

La discussion autour de son boulot prenait une tournure tout à fait inattendue. Apolline le savait, Emrys avait le cœur sur la main, surtout lorsque cela la concernait de près mais qu'il en vienne à ne pas vouloir qu'on la reluque... elle en était tout bonnement étonnée. Bien entendu, il n'avait pas tort, la blonde méritait mieux que ce boulot tout sauf plaisant mais à l'heure actuelle, aucun autre choix ne se présentait à elle... alors elle serrait les dents et faisait comme si de rien n'était. Okay c'est pas le job du siècle, j'suis d'accord... mais bon techniquement parlant j'suis pas mariée chou, alors tout le monde a le "droit" de me regarder... Enfin en théorie. La jolie grecque avait lancé ça comme ça, en haussant les épaules, plus amusée qu'autre chose. Cela ne l'empêchait pas, intérieurement, de préférer qu'Emrys soit le seul à la voir dans une pareille tenue mais ça, c'était un autre débat. Pour le moment, elle perdit légèrement son sourire, redevenant tout d'un coup sérieuse lorsqu'il lui proposa carrément de l'aider financièrement ou de voir avec son coloc pour l'héberger. Et si ton coloc tombe sur moi dans la salle de bain et me vois nue ? plaisanta-t-elle avant d'éclater de rire. J'ai pas mal de dettes en retard moi-même... je dis pas non pour l'hébergement, mais faut que je me trouve un autre taff. Hors de question que tu payes tout à ma place Emrys. C'est pas possible...

Je ne savais pas quoi faire mais je savais que je lui devais bien ça. Je n'avais pas su me rendre utile pour elle alors qu'elle avait besoin de moi et merde, nous étions nés ensemble presque à quelques années de différence, on avait tout fait ensemble. Nos vies étaient liés et putain, plus jeune, je savais que c'était elle ! Oui, elle, mais je vous révèlerais pas ça. Sourire  je lui montrais que j'étais sincère et quand elle évoqua le fait que Jasper puisse la voir nue, je riais ; C'est Jasper, lui, il peut et si il touche, je frappe même si je l'aime ! Je riais histoire de détendre l'atmosphère et je sentis la gene, le stresse suite à ma proposition. Elle ne savait pas du tout comment réagir. C'était aussi soudain pour moi mais je savais que je devais le faire et puis, une grande maison comme celle achetée avec mon meilleur ami, on pouvait bien le faire, ce serait temporaire, je suppose tant qu'elle ne s'imposait pas trop pour pas que Jasper imagine être la troisième roue, tout irait bien. Oui, je te dis pas de tout quitter d'un coup... mais ça me plait pas de te savoir regarder par autant de mec, tu mérites mieux Linaaa... Avais-je osé en l'appelant comme à l'époque où nous étions clairement sur un petit nuage. Je sortais mon téléphone et envoyais un message à Jasper pour lui en parler connaissant déjà sa réponse vu qu'il avait le coeur sur la main. Je lui demande mais je connais sa réponse, il a le cœur sur la main ! Je souriais et je repris : Je suppose que tu dois tout de même reprendre pour ce soir, non ? Oui, je suppose qu'elle était en pause, elle n'avait pas fini sinon elle se serait plus couverte et tant d'émotions ne me donnait plus envie de faire la fête, je souhaitais rentrer.

Apolline imaginait sans peine Emrys frapper son meilleur ami si jamais il venait à mater la jolie blonde. Après tout, ce serait logique : puisqu'il ne voulait pas qu'elle soit matée par des inconnus, il ne l'accepterait sûrement pas davantage de la part d'un proche tel que son meilleur pote Jasper. Même si la piquante grecque devait s'avouer curieuse de le rencontrer, pour le coup. T'inquiètes, je ferai en sorte que t'aies pas à le frapper, le pauvre quand même ! Déjà qu'elle allait débarquer comme un cheveu sur la soupe, il en plus il se faisait dézinguer la tronche... ça ne pourrait pas le faire ! Je crois que ça fait un million d'années que personne m'a appelé comme ça... écoute, j'te promets d'y réfléchir fit-elle dans un petit sourire, preuve qu'il pouvait s'accrocher à la chose car elle était très sérieuse. Ouais je vais devoir y retourner, ma boss va sûrement beugler sinon mais... tu peux rentrer à l'intérieur ? Ou si tu ne le fais pas... j'espère qu'on attendra pas sept piges pour se voir. Apolline déposa un baiser contre sa joue avant d'esquisser un clin d’œil et de tourner effectivement les talons. Il valait mieux qu'elle se grouille, car sa pause durait depuis un moment déjà...