(flashback) "T'as mis quoi dans ton jus d'orange?" PV Jum'

Elle n’en revenait pas de voir comment Keyla osait se comporter avec elle. Elle était hautaine, limite méprisante, mais avait-elle seulement songé à ce que la brésilienne avait pu ressentir pendant ces quelques mais très longues heures ? Non elle n’y avait pas pensé une seconde, elle n’avait pas imaginé un instant de savoir si Victoria s’inquièterait oui ou non de son énorme retard. Non, elle n’avait pensé qu’à elle. D’accord, elle était triste mais ça n’excusait pas tout. Rejeter ses amis les plus proches et surtout la brésilienne était vraiment égoïste. « Ben figures toi que c'est la seule solution que j'ai trouvé pour faire le vide dans ma tête. Mais si tu trouves ça tellement con, dis moi ce que je peux faire d'autre, vu que t'as l'air de tout mieux savoir que tout le monde. » BAM, elle se prit une gifle en pleine figure. Ces mots lui firent un mal de chien, c’est comme si on lui avait enfoncé un poignard dans le dos déchirant son cœur en deux parties distinctes. Une boule fit son apparition dans sa gorge, alors qu’elle tenta de toutes ses forces de la faire disparaitre. La brésilienne espérait sincèrement qu’elle ait dit ça sous les effets de l’alcool. Elle avait peine à penser que celle qu’elle aimait plus que n’importe qui au monde lui ai volontairement balancé un truc pareil à la figure. A présent, Keyla considérait sa jumelle de cœur comme une ennemie ou du moins c’est ce qu’elle donnait comme impression. Elle n’avait pas l’air de comprendre qu’elle faisait ça pour son bien, pour l’aider à aller mieux et non pas pour l’enfoncer davantage comme elle avait l’air de le croire. Keyla était sans doute persuadée que son amie ne pouvait pas comprendre ou ne serait-ce qu’imaginer ce qu’elle pouvait vivre en ce moment. Et bien dans ce cas, elle se fourrait le doigt dans l’œil. Victoria comprenait parfaitement ce qu’elle vivait pour l’avoir elle-même vécu. Il y a quelques années, elle aussi avait perdu celui qu’elle aimait, celui avec qui elle pensait passer sa vie. Elle s’était imaginée vivre avec Damen pour toujours et tout avait pourtant foiré. En quelques minutes, tout ce qu’elle avait construit s’était effondré comme un château carte balayé par un courant d’air. Certes, Damen n’avait pas trompé la jeune femme avec sa meilleure amie mais il était parti. Il l’avait quittée, il l’avait laissée seule pour retourner en Espagne lors de la mort de son frère. Dès lors c’étaient des milliers de kilomètres qui les séparaient. Keyla contrairement à elle, pouvait continuer à voir Kol, elle pouvait essayer d’arranger les choses parce qu’elle avait l’occasion de lui parler. Victoria, elle, n’avait pas eu cette chance. Elle avait été dans l’impossibilité de parler avec le mannequin. Pendant des semaines et même des mois, elle avait souffert, elle se sentait vide de l’intérieur, comme si celui qu’elle aimait avait emporté son cœur avec lui. Elle n’avait plus le goût à rien, ne faisait rien si ce n’est rester dans son lit, et se faire du mal en regardant des photos qui ne se rapportaient plus qu’au passé et qui n’étaient plus synonymes de présent. De plus, à ce moment-là Victoria n’avait aucune amie aussi proche que celles qu’elle pouvait avoir à Harvard, elle ne parlait de ça à personne, elle était totalement seule et pourtant jamais elle ne s’est laissée engouffrée, jamais elle ne s’est réfugiée dans l’alcool. Et au final, elle était parvenue à remonter la pente. Keyla avait les moyens d’arranger les choses, même si cela pourrait prendre du temps, elle avait aussi des amies présentes pour elle, deux choses que la brésilienne n’avait pas eu.

Alors l’entendre parler comme ça la détruisait de l’intérieur. Pourtant elle ne montra aucune émotion à ses propos. Elle se contenta de la regarder droit dans les yeux. Keyla ne pensait pas ce qu’elle disait, c'était impossible. Puis Victoria ne voulait en aucun cas en rajouter une couche. « Je sais bien que tu es triste, mais te bourrer d’alcool n’améliorera rien du tout. Bien au contraire ce sera pire. » dit-elle calmement. Son amie resta silencieuse, se contentant de la regarder. Après quelques secondes de silence absolu, la jeune fille prit la parole. « J'ai chaud Vic, je me sens vraiment pas bien. Aide moi. » Malgré tout ce qu’elle avait pu lui dire ce soir, Keyla était une personne bien trop importante à ses yeux que pour la laisser tomber. Elles s’étaient toujours promis d’être présentes l’une pour l’autre dans les bons comme dans les mauvais moments, et jamais Victoria ne faillirait à cette promesse. La brésilienne aida son amie à se lever, elle passa son bras dans le dos de Keyla tandis que le sien était posé sur ses épaules. La brésilienne la soutint en l’emmenant jusqu’à la salle de bain. La jolie brune vacilla quelque peu, étant loin d’être stable sur ses jambes. Une fois arrivées, elle alluma la lumière et fit asseoir Keyla sur le bord du bain avant de se tourner vers le lavabo qu’elle remplit d’eau fraiche. Y trempant un gant de toilette, elle l’essora quelque peu avant de le poser doucement sur le visage de sa jumelle. Elle descendit jusque dans son cou pour la rafraichir un peu. Victoria resta silencieuse. Keyla et elle n’avaient pas sans cesse besoin de parler pour se comprendre. De simples regards et gestes leur suffisaient à savoir ce que l’autre pouvait penser. En l’occurrence, Victoria serait toujours là pour elle. Même si elles venaient un jour à être en conflit – ce qui était déjà fort peu probable, un seul coup de fil suffirait à la faire rappliquer auprès d’elle. Jamais, elle ne pourrait l’abandonner, elle l’aimait bien trop pour ça.

Depuis des semaines, je traversais un énorme trou noir, n'arrivant tout simplement à digérer ce qu'il venait de se passer dans ma vie. Cela pouvait être puéril, comparé aux drames de certaines personnes qui perdait leur job ou un proche mais je n'arrivais tout simplement pas à m'en remettre. D'ailleurs je ne m'en cachais pas, j'avais une mine des plus horribles, je ruminais tout le temps et là j'étais tombé au plus bas en allant me saouler au bar du coin. Une action que désapprouvait ma jumelle Victoria mais il faut avouer que sur le coup je n'avais pas hésité. En alignant les verres, j'avais choisi la solution de facilité au lieu d'aller voir Kol et de lui parler, ce qui aurait été plus sage mais je n'en avais nullement le courage. J'avais pas envie qu'il voit à quel point j'étais devenue faible par sa faute et je me vengeais en lui donnant aucuns signes de vie puis qui sait si ça se trouve il est en train de faire ami-ami avec ma cher et tendre Briony. Rien qu'en pensant à cela, j'en avais la nausée enfin cette dernière s'accentuait parce qu'au vu des litres d'alcool, j'étais loin d'aller bien mais si je n'osais pas me l'avouer. Je ne me rendais même pas compte à quel point j'étais désagréable à l'encontre de Victoria, elle qui cherchait tout simplement à m'aider dans cette situation ô combien désastreuse. Avoir eu le coeur arraché, à deux reprises même, suite à la tromperie de Kol et à la trahison de Briony; avait fait de moi une toute autre fille. Fini la jeune femme pleine d'assurance, jolie, curieuse, pétillante de vie à la place Vic avait le droit à une larve dépressive, désagréable et renfermée sur elle. C'était pathétique de voir à quel point un coeur brisée peut vous changer et c'est certainement aussi pour cette raison que j'avais passé la nuit dehors à faire des conneries sans me rendre compte des risques. J'avais jouée avec le feu ce soir mais je m'en tirais plutôt bien là à envoyer balader mon amie et ses leçons de morale. Je n'osais même pas lui avouer que j'avais songé à l'acte final, à plusieurs reprises, afin que tout mon mal être prenne fin, qu'enfin je me sente bien. Elle pouvait être heureuse que j'ai préféré l'alcool à la mort. Bien sûr, cela elle ne le saura jamais, et encore moins aujourd'hui, enfin je dis ça mais vu l'état dans lequel je suis il se peut que je puisse glisser cette information sans vraiment m'en rendre compte et sans le vouloir. Envahie par un soudain excès de chaleur du à l'alcool et à ma tourmente, j'avais crié ma détresse à mon amie. qui aussi surprenant que cela puisse paraître n'hésita pas à m'aider. Elle aurait pu me laisser me débrouiller seule vu comment je devais la faire chier en ce moment mais non elle me releva du lit sans hésitation. Debout, j'étais toute étourdie et mes jambes avaient vraiment beaucoup de mal à me porter, heureusement pour moi, ma jumelle était une fois de plus là pour moi. Arrivées dans la salle de bain, elle m'installa sur le bord de la baignoire pendant qu'elle faisait je ne sais quoi. Ma vue était trouble et je distinguais mal ses mouvements à l'autre bout de la pièce. Finalement je la vis revenir vers moi, passant sa main sur mon visage. Pour la première fois depuis longtemps, une sensation de bien être m'envahit lorsque je sentis l'humidité sur ma peau. Je fermai les yeux pour encore mieux ressentir ce bonheur simple mais tellement agréable. Je baissai la tête un peu honteuse, j'étais passé de l'énervement au mal être en un quart de seconde. Un changement de comportement très mauvais. Je ne parlais même plus car mon visage le faisait de lui même. J'avais la chance d'avoir Victoria à mes côtés car qui sait ce que j'aurais pu faire dans ce moment de solitude extrême? Tout et n'importe quoi, à ne pas en douter." Est ce que je suis si monotone que ça comme fille Vic? C'est ce qu'il lui a dit dans les messages. " C'était sorti comme ça, je voulais savoir si c'était vrai, si j'étais vraiment une pauvre fille comme cela était sous entendu. Mes yeux commençaient à se voiler.