Appel Absolem ► Alan

" Mais oui je veux que tu viennes me chercher ! J'ai pas de voiture garée là-bas, puis j'aurais mes deux grosses valises, y a que tes muscles légendaires qui peuvent m'aider... " répondis-tu en geignant comme une enfant pour l'attraper par les sentiments.

Tu avais ensuite osé te livrer à ton ami, finissant par t'apitoyer sur ton sort d'éternelle célibataire. Ce à quoi le blondinet mit un terme en te proposant de terminer tes jours en sa compagnie. L'idée t'avait séduite et t'avait même conduite à ériger un délire particulier. Alan n'y avait pas répondu, ce qui t'avait aussitôt déstabilisée. Étais-tu allée trop loin ? Pour masquer ce silence perturbant, tu avais de nouveau enchéri sur le retour du jeune homme pour qu'il te tienne au courant. " Merci Lalan... " ponctuas-tu plus distante et désorientée. Tu n'avais pas vraiment saisi ce qui s'était manifesté mais en tout cas, dire que rien ne se produisait en ce moment revenait à mentir.

Cependant, à force de te plaindre, tu étais peut être à côté de la plaque. Ouais, à force de ramener toutes les choses à ta petite personne, tu passais probablement à côté d'un tourment vécu par ton ami. Idiote égoïste ! Plantée sur la terrasse, le mobile plaqué à ton oreille, tu songeais tout à coup à rompre la communication pour ne pas plus dérangé Alan. Néanmoins, ce dernier avait subitement repris la parole avec émotion ce qui freina ton impulsion. Secouant légèrement la tête de droite à gauche, tu ne comprenais pas pourquoi il avait ôté ce souvenir de sa mémoire pour le remettre au goût du jour... Du moins jusqu'à ce qu'il ne termine sa phrase. Alan t'avait touché en plein coeur, illuminant ton visage jusque là éteint. " Je me rappelle très bien de cette soirée. Je... Tu sais que c'est réciproque. Sans toi, personnellement je ne me vois pas continuer ce train-train insupportable. Je veux vraiment conserver ce que l'on a, c'est particulier... Je n'arrive même pas à le décrire. " Pourtant, dès que tu te retrouvais à ses côtés, c'était clair comme de l'eau roche. Tu appelais ça l'alchimie. Une notion vague derrière laquelle il était ardu d'argumenter. " J'espère qu'il y aura beaucoup de nuits orageuses à mon retour " glissas-tu pensive, t'imaginant de nouveau te blottir contre lui, lui racontant tes cours de philosophie pour qu'il s'endorme paisiblement. C'était peut être injuste de désirer un événement qui effrayait Alan, mais c'était au moins une occasion pour être proche de lui...

" Hé dis... j'ai beaucoup parlé de moi, mais... toi, tu vas bien ? Tu me dirais si ça n'allait pas n'est-ce pas ? " finis-tu par l'interroger en rejoignant la chambre d'une amie qui t'hébergeait depuis... depuis la dispute avec Katherine.    

Jouer avec mes sentiments. Voilà une stratégie que je ne supporte pas ! Pourquoi ? Tous simplement parce que ça fonctionne à chaque fois... Couplé à de la flatterie sur mon physique d'Apollon et vous obtenez une demoiselle qui a parfaitement compris comment me faire craquer. " Très bien... Tu me préviens quand ton avion atterrit et je viendrais te chercher... ", affirmais-je la voix basse, déçu d'avoir une nouvelle fois perdu face à mon amie.

Je sais pertinemment que notre lien est fusionnel, mais l'entendre de sa bouche me fait toujours le même effet. Un effet que seule sa voix peut avoir sur moi. C'est difficilement explicable, une chaleur réconfortante m'envahit et tout ce qui m'entoure devient superflue, une seule et unique personne a de l'importance durant ces moments-là. Le célèbre proverbe "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé" pourrait qualifier de belle manière cette relation qui nous unit. Ses mots me touchent, mais l'entendre qualifier son train-train d'insupportable m’inquiète, je déteste l'entendre dire de telles choses. Cela me confirme dans l'idée que je dois quitter cette croisière au plus vite pour être à ses côtés. Et bizarrement... Moi aussi, j’espère que la saison des orages arrivera plus tôt cette année Absolem, même si je peux difficilement expliquer pourquoi.

Recentrant la discussion sur ma personne, je dois bien avouer que je n'ai pas véritablement de problèmes en ce moment. Certes, je reste choqué par cette tentative de suicide l'autre jour, j'ai mis un temps fou à retirer de ma peau et de mes vêtements tous le sang de cette jeune fille, mais sinon, ça peut aller si l'on compare avec l'état de mon ami en ce moment. Et même si ce n'était pas le cas, je le garderais pour moi parce que je suis comme ça avec Abso', je ne veux pas qu'elle s’inquiète pour moi. Elle me l'a déjà reproché à plusieurs reprises, parfois de façon véhémente, mais rien n'y fait, je ne change pas sur ce point. Je préfère lui parler des bonnes, ou plutôt de la bonne chose qui est arrivée sur cette croisière.

" Moi ça va très bien, juste l'ambiance sur ce rafiot qui n'est pas géniale. Mais l'autre nuit, je ne parvenais pas à dormir et j'ai fait la rencontre d'une fille qui était dans le même cas que moi. On a eu une discussion nocturne très sympa, elle s’appelle Lucky et c'est une fille très touchante. Je pense que je me suis fait une nouvelle amie, qui sera à la Mather comme moi à la rentrée en plus. "

Victoire, Alan sera là expressément pour ton retour. Tu as fini par le faire céder en usant des sentiments, voilà une bonne chose de faite. Tu ne t'imaginais guère parcourir Boston seule dans les transports en commun, sans avoir de figure familière et rassurante à tes côtés après ce champ de mines que tu avais récemment traversé.

Après cette petite bataille remportée auprès de ton meilleur ami, tu avais tenu à ce qu'il se confie un peu plus à toi. Il y avait assez eu du Absolem comme ça. Il était temps de prendre la température du côté d'Alan, même si une pointe dans ton coeur se fit ressentir à l'écoute de son récit. Lucky ? Jamais entendu parler. Cependant, Alan avait vraisemblablement eu un coup de coeur amical pour cette demoiselle... Et en plus de cela, elle fréquenterait la même confrérie que lui cette année, magnifique. " Ah... Ben c'est chouette, tu ne te retrouveras pas complètement paumé en intégrant les Mather. Mais... tu sais que je ne suis pas fan de ce choix, je veux pas qu'ils t'entraînent vers de sombres desseins ceux-là. T'as une âme pure, fais chier, ils vont te la pourrir je le sens. "  grommelas-tu en fronçant les sourcils, totalement mécontente et perturbée par son annonce et sa rencontre féminine. Il ne manquerait plus qu'Alan fasse sa révolution comme Katherine, t'abandonnant une fois de plus sur le côté de la touche. Soufflant longuement, tu essayais de repousser ce pincement qui persistait dans ta poitrine, ne voulant pas te montrer possessive ou quoi que ce soit, car, tu savais que ce type de comportement était plus repoussant qu'autre chose. " Bref, je vais y aller, je te laisse démarrer tranquillement ta journée. Prends soin de toi et tiens moi au courant pour ton retour. Bon courage pour aujourd'hui honey " terminas-tu légèrement inquiète et pensive.  

Absolem a toujours eu ce petit coté protecteur en ce qui me concerne, s'inquiétant pour des choses qui n'ont pas forcément lieu d'être. Elle m'en avait déjà fait part, mais, une nouvelle fois, elle me confie que mon entrée chez les Mathers ne lui plaît guère. J'ai eu le droit à un petit sermon lorsque je lui ai annoncé, me demandant pourquoi je ne la rejoignais pas chez les Dunsters. Oh, j'aurais adoré ! Sans nul doute, mais la Mather House, me semblait être le choix le plus opportun me concernant. Je sens un doute dans sa voix et ce léger silence est très évocateur. " Tu ne vas pas me faire ta petite jalouse Absolem ? Tu sais que tu seras toujours ma petite préférée voyons ! Et puis pour ce qui est de mon âme, on ne me corrompt pas si aisément ! Et je sais que tu seras là pour veiller à ce qu'elle ne s'égare pas. "

Mais rien n'y fait, quand Absolem est inquiète, elle parvient difficilement à le cacher. Ce long soupir n'en est que l'illustration. Cumulés, aux temps difficiles qu'elle vit actuellement, cela commence sûrement à faire beaucoup. De simples mots ne seront pas suffisants et c'est pourquoi je me presse de la revoir très vite. " Prends soin de toi Abso', on se revoit très vite...". A peine raccroché que je ressens ce manque, l'attente va être longue...