Appel Absolem ► Alan

Te balançant sur un hamac avec une vue inmprenable sur le parc entourant l'hôtel, tu regardais les photos sur ton téléphone, totalement nostalgique. Il y en avait de nombreuses avec ton amie Katherine, une ou deux avec Nathanaël que tu avais rapidement supprimé pour ne plus te faire du mal inutilement et d'autres d'Alan qui faisait d'innombrables grimaces. Tu avais ris toute seule, sentant soudainement un manque se creuser au sein de ton palpitant. Il était plus de 18h ici, n'étant pas une grande mathématicienne, tu savais néanmoins qu'il ne devait pas être la nuit aux États-Unis, ainsi, tu naviguas dans ton répertoire et sélectionnas le numéro d'Alan. Tu attendis par la suite qu'il décroche, contemplant le paysage, rêveuse. Tout à coup, les sonneries s'arrêtèrent et sa voix retentit à l'autre bout de la ligne. " Alan ? C'est moi Abso, je devais t'appeler hier mais j'avais paumé mon chargeur, comment tu vas ? " demandas-tu à vive allure, pressée de l'entendre parler. Sa voix avait toujours eu le don de t'apaiser, mais ça, c'était un secret bien gardé.

La sonnerie de mon téléphone retentit faisant entendre les premières notes de la musique d'Harry Potter à l'école des sorciers. Oui je suis resté un grand gamin mais cette saga me rappelle les bons moments qu'on passés ma mère et moi à voir ces films. Je jette un œil à l'horloge, un peu plus de 7h du matin. Qui peut bien m'appeler à cette heure-ci, ceux qui me connaissent savent pourtant que je ne quitte pas mes draps avant 10h. Ma main tâtonne à l'aveugle ma table de chevet et parvient à trouver l'objet du délit. " Allo...", annonçais-je d'une petite voix. Absolem ! Tout s'explique, toi tu es toute pardonnée. Je me relève difficilement en position assise avant de lui répondre: "Ba écoute, il me manque ma partenaire de jeu mais sinon ça va. Et toi ? " Je sais très bien que ce n'est pas la grande forme pour ma meilleure amie mais j’espère quand même entendre une meilleure réponse.

Effectivement, tu ne devais pas être une grande mathématicienne, la petite voix enrouée d'Alan démontrait probablement qu'il venait de se réveiller. Le pauvre. Tu te sentais tout à coup gênée de l'avoir sorti des bras de Morphée. " C'moi ta partenaire de jeu ? Ça va mieux que l'autre soir... Je crois que je t'ai réveillé je suuuiis désooolée. " t'excusas-tu en te balançant toujours sur ton hamac, masquant ta bouche de ta main comme si tu venais de commettre une grosse bêtise. " Alors t'es où en ce moment ? Toujours à Cambridge ou Boston ? " demandas-tu bien curieuse. Ces derniers temps, plus les jours s'écoulaient à l'autre bout du monde, plus il te manquait. Ce sentiment était déroutant, ainsi, dès qu'il apparaissait à ta conscience, tu le chassais rapidement. Cependant, tu ne pouvais pas t'empêcher de le contacter, c'était plus fort que toi.

Mais qu'est-ce qu'elle me fait, elle a trop bu ou quoi ? " Evidemment que c'est toi ma partenaire de jeu Abso' ! Je me sens seul sans ma complice ! ".  Si ça avait était une autre personne, j'aurais pu être plus désagréable mais quand il s'agit de ma meilleure amie, mon point de vue diffère totalement. Elle me connait par cœur, elle sait pertinemment qu'au lit, je suis une vraie marmotte. Néanmoins, je suis toujours content d'entendre sa voix réconfortante. Cependant, elle l'est un peu moins dernièrement et inconsciemment, ça m’inquiète. A des milliers de kilomètres, je ne peux pas faire grand chose mis à part être disponible pour elle. " Ne t'en fais pas ! J'étais à moitié réveillé de toute façon". Un mensonge éhonté, je dormais comme une souche. " J'ai trouvé un job de barman sur une croisière pour financer le voyage afin d'aller voir ma mère mais je ne te raconte pas la galère ! Un festival d'opulence ! Je me demande comment je vais tenir tout l'été... "  Mais ses inquiétudes lui suffisent pour ne pas lui infliger mes petits tracas. Je change rapidement de sujet: " Et toi ? Qu'est-ce que tu fais de beau ? " 

Douter de ta valeur était commun, tu n'arrivais jamais à percevoir ce que tu valais aux yeux des autres, surtout depuis toute cette histoire avec ta meilleure amie. Ce mélodrame avait fragilisé une fois de plus ta confiance en toi. Par conséquent, tu n'avais pas tout de suite perçu qu'Alan te considérait toujours comme sa partenaire de jeu... " Je me sens seule aussi sans tes conneries... " lui répondis-tu avant de t'excuser pour l'heure matinale à laquelle tu l'avais joint. Curieuse, tu lui avais ensuite demandé où il pouvait bien être et faire. De cette manière, tu appris à ta plus grande surprise qu'il faisait partie d'une croisière. Tes yeux s'étaient écarquillés d'étonnement. Tu l'imaginais tout à coup servir des cocktails ce qui te fit pouffer de rire nerveusement " Je ne t'imagine pas du tout barman... Et tu es sur quel océan ou mer en ce moment ? " demandas-tu en descendant de ton perchoir pour retrouver la terre ferme. " Moi... je prend soin de moi. J'essaie du moins. " tu avais tout à coup rompu le dialogue, songeant à ta rencontre imminente avec ta meilleure amie depuis... depuis votre dispute par rapport au type que tu convoitais. Néanmoins, tu n'osais pas en parler franchement à Alan, tu te sentais même gênée d'évoquer cette peine de coeur... " Je voulais te demander de bien vouloir faire un tour dans ma chambre pour arroser la plante que m'a offerte ma mère mais... tu n'es plus sur terre " repris-tu pour désamorcer cet instant de tension qui s'était infiltré en toi. " De toute façon, je ne pense pas terminer le mois d'Août ici, et toi, tu comptes rentrer quand de cette croisière ? "  

Mes conneries ? Non mais qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre franchement ! " Continue à dire des choses pareilles et tes parents vont finir par dire que j'ai une mauvaise influence sur leur fille. ", lui répondais-je en ricanant. Émergeant enfin de l'état comateux dans lequel j'étais plongé depuis plusieurs minutes, je fis l'impasse sur le fait que l'on me force à porter un costume ridicule. C'est le genre d'information qu'elle n’hésiterait pas à utiliser contre moi pour me taquiner. " Dans l'Atlantique, c'est magnifique, surtout la nuit quand les étoiles font leurs apparitions. Normalement, j'avais prévu de rester au moins un mois pour me faire de l'argent, mais j'ai des doutes, c'est insupportable tous ces Elliots et leurs airs supérieurs. Si j'en ai marre, je donnerais ma démission", lui avouais-je avant de reprendre une nouvelle fois sur un ton plus léger : " Faire un tour dans ta chambre ? Tu sais que c'est le genre d'informations qui pourrait me valoir de me faire courser par ton père munis d'un fusil ! ". Mais visiblement, l'heure n'était pas forcément à la rigolade. Depuis plus de deux ans, je la côtoie chaque jour. Si je ne la vois pas la journée, je lui rends visite le soir, juste pour avoir mon moment de complicité quotidien avec ma meilleure-amie. Quand elle me parle avec une telle intonation de voix, je sais que quelque chose la tracasse.

" Allez Abso'... C'est quoi le problème ? "

Alan avait toujours réussi à te faire rire dans les situations les plus critiques. Il était d'ailleurs un des seuls que ta famille avait eu l'occasion de croiser lors d'un ou deux déplacements de tes parents sur le campus. " Mes parents t'adorent, je comprend pas d'ailleurs, c'pas comme si t'étais le mec parfait " plaisantas-tu ironiquement car effectivement, Alan n'avait pas de défauts majeurs. Du moins en ta compagnie...

Tu avais par la suite appris qu'il s'était embarqué dans une croisière pour financer le voyage qui le conduirait à sa mère et qu'il se trouvait au beau milieu de l'Atlantique en compagnie des terribles Eliots. " Euh, de un guette bien les icebergs le soir et de deux, dis moi si tu trouves ta Rose DeWitt Bukater " l'avais-tu prévenu en gloussant comme une dinde au bout du fil. Tes classiques ne devaient pas être les mêmes qu'Alan mais tu espérais qu'il ait compris ta référence au film Titanic. " Sérieux, si tu démissionnes, tu peux pas sauter du navire et rentrer à la nage non ? C'est impossible de quitter ton poste j'imagine...Va falloir que tu les supporte jusqu'à la fin ces sales gosses " avais-tu complété navrée par la situation qu'il était entrain de vivre. Puis, tu avais radicalement bifurqué de sujet, parlant de ta plante verte qui devait crever de soif dans ta chambre. Alan avait de nouveau fait référence à tes parents et plus particulièrement ton père qui te manquait terriblement et qui était toujours obsédé par son boulot à Washington. " Arf, mon père est si occupé professionnellement... Tu ne risques rien... " puis, alors que tu avais laissé un blanc dès plus pesant, Alan avait pris sa voix sérieuse, celle qu'il prenait quand il savait que quelque chose clochait mais que tu le camouflais. " Des fois tu m'énerves de si bien me connaître, je ne peux rien te cacher. "

Traversant la pelouse jusqu'à la piscine, tu t'étais ensuite assise au bord de cette dernière, trempant tes pieds dans l'eau tout en cherchant les mots pour expliquer la situation avec assez de recul. " Absolem s'est entichée d'un gars qui semblait lui aussi intéressé mais finalement, il a choisi sa meilleure amie, Katherine. Donc Abso s'est disputée avec elle par la suite et maintenant elle se rends compte qu'elle lui manque. " avouas-tu en parlant de toi à la troisième personne pour mettre de la distance dans cette histoire digne des Feux de l'Amour. " Je ne me vois pas tenir la chandelle entre eux si ça devient sérieux. Je suis en colère contre lui, j'imagine que c'est normal. En ce moment je me demande où se trouve mon prince charmant... enfin s'il existe. Peut être que je suis faite pour demeurer seule...  " supposas-tu faiblement, le coeur lourd. 

Spoiler:

" La perfection n'existe pas, mais tes parents ont raison de penser que je suis ce qui s'en rapproche le plus. ". J'ai eu la chance de rencontrer les parents d'Absolem a plusieurs reprises, des gens sympathiques, mais néanmoins un peu trop absorbé par leurs carrières. Elle en subit les conséquences et je me rends maintenant compte que mon trait d'humour concernant son paternel n'était peut-être pas très malin, faisant remonter des manques qu'elle préférerait sûrement oublier. Comprenant ma bourde, je lève les yeux au ciel laissant échapper un juron en silence afin qu'elle n'entende pas. J'aime à penser que je peux combler un peu ce vide en étant présent pour ma meilleure-amie, mais l'évidence est que rien ne peut remplacer des parents.

Oh non ! Pas Titanic ! Certes, Rose machin-chose est très charmante dans ce film, mais tu m'as forcé assez souvent à le regarder avec toi pour que j'en fasse une overdose et tes gloussements montrent que tu le sais Absolem... " Si on percute un iceberg dans l'océan Atlantique, c'est que ce n'était vraiment pas mon jour ! ", lui dis-je, essayant de passer très vite sur la référence avant qu'elle ne me propose de le regarder une nouvelle fois à ses côtés. J’enchaîne très vite sur sa prochaine interrogation : " Le bateau fait de nombreuses escales donc je peux très bien le quitter à ce moment-là si je le souhaite".

Elle reste évasive sur les prénoms, mais je sais très bien de qui il s'agit. Si je trouve que Katherine est une très bonne amie pour Absolem, mon avis est tout autre concernant Nathanaël. Elle l'a connue avant que je la rencontre et je n'ai jamais eu d’atomes crochus avec lui. J'ai toujours considéré ce mec comme un coureur de jupons, pas assez bien pour Absolem. Même si je m'abstenais bien de le lui faire remarquer, je pense qu'elle connaît très bien le fond de ma pensée le concernant.

" Je ne suis pas sûr que ce soit Katherine le problème. Évidemment, elle aurait dû t'en parler, ce n'est pas bien ce qu'elle t'as fait, mais c'est surtout ce gars... " Appuyais-je sur "ce gars" pour faire comprendre que j'avais bien compris de qui il s'agissait. "... Qui vous a fait espérer toutes les deux. À ce jeu là, il devait forcément y avoir une perdante et c'est malheureusement tomber sur toi Abso" puis je repris d'un ton encore plus sérieux après avoir lever une énième fois les yeux au ciel: "Et ne dis pas de bêtises s'il te plaît ! Si toi, tu ne trouves pas ton prince, je suis foutu. Dois-je te rappeler que je n'ai jamais eu de petite-amie ? Dis-toi qu'il y a pire que toi, des gens comme... Moi par exemple. Et si jamais tu es seule, et bien on finira seule tous les deux, comme deux vieux croulants, ensemble, comme on l'a toujours était depuis qu'on s'est rencontrés. ". Si une chose est claire dans mon esprit, c'est que je ne la laisserais jamais tomber.

Spoiler:

En faisant référence à Titanic, des tonnes de souvenirs resurgirent, notamment entre vous puisque tu avais traîné plusieurs fois Alan à le regarder en ta compagnie. Alors que tu allais d'ailleurs l'inviter une fois de plus à le visionner à ton retour, Alan te signala qu'il avait l'occasion de s'échapper du bateau à de nombreuses reprises car ce dernier faisait de nombreuses escales. Tu étais donc soulagée pour lui. " Tant mieux, parce que si je rentre plus tôt, t'as intérêt à être là quand j'atterris "  puis, tu avais été de plus en plus absente au bout de la ligne, la voix fragile ce qui n'était pas passé inaperçu pour ton ami. Quand Alan avait le doigt sur un truc, il t'était impossible de lui cacher bien longtemps. Ainsi, tu déballas ton sac avec honte et crainte. Après avoir terminé ton monologue, Alan avait pris sa voix grave, t'expliquant la manière dont il percevait les choses ce qui n'était pas faux. Une larme roula le long de ta joue pendant qu'Alan continuait de te rassurer, n'hésitant pas à se livrer à toi sur son expérience amoureuse aussi désertique que la tienne. Essuyant promptement ta joue d'un revers de poignet, tu te mordis la lèvre inférieure luttant pour ne pas t'effondrer une fois de plus en sanglots. " J'aime beaucoup ton idée. Avec nos futures carrières, on pourra facilement se payer une belle maison avec une vue sur un lac. Tandis que t'iras pêcher le matin, moi ... moi je sais pas, j'irais traire les vaches et récupérer les oeufs de nos poules " t'imaginas-tu en t'allongeant sur le dos, fermant les yeux tout en songeant au rapprochement qu'avait pu faire Alan juste avant. Le dernier fragment de sa phrase résonnait encore dans ta tête " et bien on finira seuls tous les deux, comme deux vieux croulants, ensemble, comme on l'a toujours était depuis qu'on s'est rencontrés. " Est-ce que vous vous étiez une fois demandé pourquoi vous étiez seuls depuis que vous vous connaissiez ? L'évidence semblait pourtant si palpable. " Tu me dis quand tu reviens sur Cambridge hein ? Tu avais à peu près estimé une date de retour ? " demandas-tu en te relevant pour rejoindre la terrasse de l'hôtel. Le mois d'Août n'était pas encore là mais, tu songeais déjà à te procurer un billet de retour pour les États-Unis. Le Laos étant jusque là synonyme de déceptions, il était plus que temps de s'en éloigner.  

Je la retrouve bien là, usant de ce petit ton autoritaire pour me donner des ordres. Elle sait très bien que je ne peux pas lui refuser grand chose et elle en joue, mais je compte bien opposer un peu de résistance. La partie n'est pas gagnée d'avance Mlle Altman ! " Ah parce qu'en plus, tu espères que je vais venir te chercher à l'aéroport ? ".

Plongeant mes yeux vers l'horizon à travers le hublot de ma cabine, le soleil se lève tout juste de ce côté de la planète tandis qu'Absolem continue à dépeindre le tableau que j'avais préalablement démarré pour la rassurer. La pêche en ce qui concerne et Abso' en fermière. Bizarrement, cette optique ne me semble pas si folle que ça, j'adorerais rester à ses côtés jusqu'à la fin, la complicité qui nous lie est une des choses les plus précieuses à mes yeux et la perdre... Je préfère ne pas y penser. Pour ne pas l’inquiéter, je passerais sous silence l'épisode du suicide de cette jeune fille sur la croisière, mais ça m'aura indubitablement confirmer dans ma pensée de quitter au plus vite ce bateau, théâtre d'une intrigue digne des Feux de l'Amour. " Évidemment, je t'enverrais un petit message une fois que je suis de retour sur la terre ferme. "

Je ne parviens pas à être séparé d'elle très longtemps, elle me manque très vite et cette pensée fait remonter un souvenir à la surface. " Dis Abso', tu te souviens de cette nuit où tu m'as invité à dormir chez toi ? C'était une nuit orageuse, le tonnerre grondait et tu savais très bien que ce genre de choses, ça me fait peur. J'étais sur le canapé et je t'ai vu débarquer pour me demander de te faire une petite place afin que tu puisses dormir à mes côtés et me rassurer. Je crois que c'est ce jour-là que j'ai vraiment compris que j'avais réussis à nouer un lien très fort qui irait très loin. " Ça me fait du bien de penser à ce genre de souvenir et j’espère que cela aura le même effet sur elle dans les moments difficiles qu'elle vit actuellement.