Alone Under the Moonlight
Jeffrey, sur le sable fin de la Carson Beach, traversait l’horizon qui s’étendait à perte de vue tandis que les grains emportés par cette douce brise de soirée vinrent caresser ses pieds. Et si la chorégraphie offerte par le rythme des vagues de l’océan pouvait l’intéresser, la nuit était en train de lentement tomber sur le paysage américain et le regard de Jeffrey indubitablement attiré vers le ciel. Les étoiles brillants une à une dans cette noirceur totale était une réelle fascination pour le jeune homme. Fascination de beauté bien sûr, mais aussi de curiosité, Jeffrey aimant souvent penser à l’immensité de notre monde et à quel point, le simple être humain ne pouvait être qu’un détail insignifiant de cette grandeur spatiale.
Pleinement bercer par ce spectacle, Jeffrey déambulait sur la plage sans même savoir où est-ce que ses jambes l'emmèneraient. Un couple le croisant fut d’ailleurs dans l’obligation de se déplacer de sa trajectoire pour ne pas être maladroitement bousculé par ce dernier.
“Pfff …” S’écria tout bas le mari, une réflexion que Jeffrey n’entendit même pas. Sous cette douce nuit d’été, Jeffrey n’avait plus les pieds posé à terre, il ne sentait plus la friction du sable au contact de chacun de ses pas ni l’odeur légèrement salée du lieu. Jeffrey était une fois de plus parmi les étoiles.
Malheureusement, il dut redescendre et atterrir, une masse rocailleuse venant obstruer son regard et l’unité formée par le ciel étoilé.
“Ohhh …” S’échappa de la bouche de Jeffrey, conscient de s’être égaré plus que lors de ses précédentes virées nocturnes. Il aperçut néanmoins que l’obstacle bouchait la vue de la constellation de Cassiopée, une des favorites du féru d’astronomie qu’il est. Aussi beau soit les rochers, retentissement du passé de la nature de notre planète, ils n’auraient pas le dernier mots face à la fascination de Jeffrey. Et c’est bien celle-ci qui prit le dessus et permis à l’italien d’effectivement voir apparaître la luminescence de Cassiopée, cette mère ayant appris par la plus grande douleur que la vantardise était un vilain défaut.
Mais plus que la constellation, il resta bouche bée devant l'homogénéité qu’offrait ce pan de la nature sans même avoir à lever les yeux sur lequel il venait de tomber. Intérieurement, il se prenait déjà à s’auto congratulé comme le nouvel explorateur, le nouveau Indiana Jones. “Prends ça Harrison Fo…” S’était-il exclamé au sein de son esprit. Il ne termina cependant pas sa phrase et ses espoirs de grandeurs furent vite mis à mal par une demoiselle déjà présente au sein de ce magnifique endroit, ayant visiblement déjà pris connaissance avant lui de ce dernier. Vêtue d’une robe sombre, celle-ci semblait profiter de la nuit, pensive. La fixant sans relâche, il comprit cependant rapidement que cela pourrait devenir impoli, et même potentiellement effrayant dans cet endroit isolé et en pleine nuit. Mais tandis qu’il allait rebrousser chemin ... Non ? À y regarder plus près, elle qui était posée de trois-quarts par rapport au regard de Jeffrey semblait lui offrir un léger doute sur l’identité de la personne.
“Lisbeth ?’ Se chuchota t-il à lui-même alors qu’il avait encore les yeux fixés sur la demoiselle et plus particulièrement sur l’un de ses avants bras qui arborait un motif de son souvenir. Jeffrey n’était pas un partisan de ce genre de peinture sur le corps, mais il se souvenait avoir trouvé celui-ci, celui-là même qui ornait la peau de cette femme en position de relaxation, particulièrement réussi.
S’approchant doucement, il ne faisait que confirmer sa première impression. C’était bel et bien Lisbeth, une élève avec qui il avait dû former un binôme le temps d’un projet de classe il y a quelques mois. Elle avait quelque peu changé et son style semblait s’être clairement féminisé, un changement qui plaisait clairement à Jeffrey qui esquissa un léger sourire en se souvenant de l’ancienne Lisbeth. Sourire qui s’effaça cependant pour laisser place à l’inquiétude lorsque le jeune homme s’aperçut d’une larme coulant le long de la joue de cette dernière, venant s'écraser sur l’une de ses cuisses découverte par le vent. Il hésita. Longtemps. Après tout, cela ne le regardait peut-être pas. Et puis ils ne s’étaient pas vus depuis la fin de leur projet scolaire, n'essyant guère de se contacter de nouveau malgré une belle entente. Néanmoins, c’est la sensibilité du garçon qui prit le pas, se souvenant d’une fille appréciable dans ses souvenirs. Lentement, prenant soin de ne pas déranger l’esprit tranquille de la demoiselle, ou du moins le moins possible, il vint s’accroupir et se mettre dans la même position à quelques encablures de la jeune femme avant de finalement tenter une approche.
“Je t’ai connu plus souriante Lisbeth.” Dit-il avec un sourire s’efforçant d’être le plus réconfortant et chaud possible. Elle, avait toujours les yeux fermés et humidifiés par l'émotion qui l'envahissait actuellement.