LOST ON YOU ✻ NICHOYA (CROISIÈRE)

lost on you — Et c'était sûrement ce qui m'était arrivé de mieux depuis le début de cette croisière, ce moment avec mon cousin, sur un jet ski. Ce moment où on se retrouve, où on oublie tous nos problèmes. Problèmes qui prenaient un peu trop d'importance dans ma vie, dans mon bonheur, dans mon couple. J'avais cette femme, que j'aimais plus que tout, que j'avais épousé mais qui avait su me blesser comme personne. Et cette même femme avait des problèmes que je ne pouvais pas résoudre tout seul. J'avais du faire appel à sa meilleure amie, que je tolérais sûrement un peu plus qu'au début, et pourtant, rien ne s'arrangeait pour autant. Anorexie. Elle allait plus loin dans la maigreur, encore et encore et ça me bouffait de la voir comme ça, de me battre tous les jours lors des repas et certainement que passer du temps avec Cole me faisait du bien, de ne penser à rien d'autre qu'à m'amuser. Mais voilà, après le jet ski, on s'était tous deux arrêtés au bar, histoire de boire un verre pour se détendre un peu. Pas n'importe quoi, du bon whisky, bien sec. Ce que les hommes prennent. Et forcément, j'avais toujours le contrôle de moi, mais j'étais sûrement un peu trop joyeux quand je marchais dans les couloirs pour rejoindre ma chambre. Surprise, Kaya était là, à m'attendre. J'arborais un sourire fier avant de m'approcher d'elle pour l'embrasser, comme si toutes les disputes passées sur son poids et sa silhouette n'avaient pas eu lieu d'être. Certes, je n'aimais pas le physique bien trop maigre de ma femme, mais elle restait ma femme et je l'aimais. Et ouais, je l'embrassais par pure envie sur le moment. Et parce que je sentais une nouvelle dispute et je n'en avais tout simplement pas envie. Aussi simple que ça.

lost on you — C'était sûrement les vacances les plus chaotiques qu'elle avait eu de toute sa vie Kaya. Et elle détestait se retrouver ici. C'était pas son monde ça. C'était pas son monde que de se pavaner dans des belles robes, de boire du champagne à tout va tout en vantant son compte en banque prêt à craquer. C'était pas elle et il était hors de question qu'elle devienne comme ça. La rousse, elle venait d'un milieu modeste où il était monnaie courante de faire attention à ses dépenses si on ne voulait pas finir la fin de mois en rampant sur le sol. Kaya, elle avait eu l'habitude de voir le peu d'argent de sa famille s'envoler dans les soins à lui prodiguer pour la maintenir un peu plus longtemps en vie et ça la faisait rager de les voirs ces petites pétasses, fière d'avoir dépensées des cent et des mille dans une paire de chaussure même pas jolie. Alors ouais, c'était pas son monde et elle se sentait affreusement seule. Est-ce qu'il se rendait compte Nicholas qu'ici, tout le monde la détestait ? Que personne ne cherchait à lui parler parce qu'elle était considérée comme une paria ? Comme faisant partie du petit peuple ? Probablement pas. Parce que dans le cas contraire, il passerait probablement plus de temps avec elle. Chose qu'il s'évertuait à esquiver sûrement à cause des disputes bien trop présente. Alors elle avait passé sa journée dans la chambre de ce bateau bien trop luxueux, assise en tailleur sur ce foutu lit, à feuilleter inlassablement le seul foutu bouquin qu'elle avait pensé à prendre avec elle. Et finalement, il rentrait. Il rentrait et venait l'embrasser comme si de rien était, les effluves de whisky venant chatouiller ses narines. "Y en a au moins un qui a passé une bonne journée" qu'elle soufflait lui tournant alors volontairement le dos pour se replonger dans son livre.

lost on you — Le truc, c'était qu'on se prenait la tête tous les jours. Alors oui, je prenais du temps pour moi parce que de toute façon, elle ne voulait pas de moi à ses côtés. Parce que je faisais un peu trop attention à son alimentation. Et bien ainsi soit-il. Je m'amusais avec mon cousin, le seul que je connaissais vraiment ici. Disons que j'évite particulièrement Julian et Hippolyte, qui ont été un peu plus que ce qu'elles étaient pour moi récemment. Mon amnésie a causé bien des soucis et tout n'a pas été révélé au grand jour. J'étais bien sceptique d'ailleurs quand Hippolyte s'est retrouvée face à Kaya. Parce que je sais que les choses étaient pas forcément au beau fixe à ce moment là, mais elle avait expressément demandé que rien ne lui revienne aux oreilles. Alors ouais, il était préférable que ce qui se soit passé entre Hippolyte et moi, ou même Julian et moi, reste entre nous, et pas de Kaya dans l'équation. Mais qu'importe là, parce que je rentrais à notre chambre, joyeux comme un nain qui retrouvait sa belle, même si belle n'était pas le mot que j’emploierai pour parler de Kaya actuellement. Avant oui, maintenant non. “Tu veux que je t'aide à en passer une meilleure ?” Qu'importe sa condition physique actuelle, j'étais bien dans le mood de passer un moment intime avec elle. Alors je retirais mon t-shirt, mais elle était dos à moi, ce que je n'appréciais pas trop. “Kaya, lâche ce bouquin, je suis là et je t'offre mon corps” Comme si trois feuilles de papier étaient plus intéressantes que nos ébats amoureux.

lost on you — Fallait savoir que Kaya, elle était plutôt douée dans ce qui était de faire la tête aux gens. Même si elle finissait toujours par pardonner puisqu'elle était.. Elle. Elle savait aussi rendre les gens coupable. Et puisqu'elle était fâchée, elle comptait bien le lui faire comprendre. Puis c'était frustrant en fait de le voir d'aussi bonne humeur quand elle passait ses journées à broyer du noir. Il était censé.. Il était censé être là. Tout comme elle avait été présente quand il avait perdu la mémoire. Quand malgré tout elle était restée à ses côtés, à s'occuper de lui et de ses affaires. Mais non, Nicho il voyait pas les choses comme ça et elle, elle était fatiguée. Alors quand il lui proposait d'arranger sa journée, elle se contentait de lever les yeux au ciel pas franchement intéressée. C'était pas quand elle montrait qu'elle manquait cruellement d'attention qu'il fallait lui en donner. Non, elle et son bouquin c'était très bien comme ça. Et puis c'était d'un coup sec qu'elle l'avait refermé le regardant d'un air mauvais. "Je m'en tape de ton corps." Tout ne s'arrangeait pas avec du sexe, il en était conscient ? Elle faisait pas partie de ce genre de fille à tout oublier après trois coups de reins. "Puis de toute façon, t'es pas assez emmêché pour avoir réellement envie de moi." Il ne la regardait plus depuis un moment, elle n'était pas bête Kaya. Alors non, elle n'allait pas faire quoi que ce soit avec quelqu'un qui dans le fond ne la désirait même pas. "Puis moi, j'ai pas envie de toi." Alors fin de la conversation.

lost on you — Non mais faut pas oublier que les problèmes de Kaya avaient une répercussion sur notre couple. Et je le vivais mal d'être pris pour quelqu'un de pas assez important pour qu'elle ne fasse aucun effort. Il n'y avait pas d'amnésie qui entrait en jeu ou quoique ce soit d'autre. Elle était consciente que tous ses proches voyaient un problème chez elle, mais pour elle, il n'y en avait pas. Et ce déni, il était affreux à vivre. Parce qu'elle maigrissait, faisait attention à ses calories ingurgitées et c'était stressant de voir qu'elle perdait du poids à vue d'œil. Mais là, avec l'alcool que j'avais ingurgité pas en masse mais suffisamment pour être de bonne humeur, j'étais prêt à faire une croix sur ce corps qui me manquait dans le but de lui arranger sa journée. Et t-shirt retiré, j'étais prêt pour aller plus loin moi. Sauf qu'elle me mettait un stop des plus monumentaux. “Je m'en tape de ton corps” C'était violent. Genre, vraiment violent. À ses nouvelles paroles, je démentais dans ma tête, le regard se posant sur mon entrejambe qui, pour le coup, fonctionnait un peu trop bien, avec mes simples pensées. Mais ça redescendait aussi sec quand elle m'avouait ne pas avoir envie de moi. Pour le coup, c'était dur, parce que ça faisait un moment qu'on n'avait rien fait et.. ouais, pourquoi elle avait pas envie de moi ? “Ok” Je m'asseyais sur le lit, renfilant alors mon t-shirt, la regardant toujours alors qu'elle me tournait le dos, me risquant finalement à lui demander “C'est parce que t'as trop mangé que t'es de mauvaise humeur ?” Non mais parce que pour elle, en ce moment, tout tournait autour de la bouffe alors j'imaginais que ça devait être ça le point négatif de sa journée.

lost on you — Et puis en fait, elle s'en fichait que ça soit méchant, que ça puisse le blesser ou quoi que ce soit d'autres. Elle, elle avait l'impression qu'il l'abandonnait depuis qu'ils étaient arrivées sur cette croisière à la con alors dans le fond, c'était du donnant donnant. Puis c'était la vérité, elle n'avait pas envie de lui. Elle n'avait pas envie d'enlever ses fringues et de le voir réprimer un air de dégoût. Dans le fond, il était pas objectif. Il n'avait pas vraiment envie d'elle dans cette histoire puisqu'il passait son temps à lui reprocher qu'elle était bien trop maigre et que ce n'était pas joli à voir. Alors puisqu'elle n'était pas jolie, c'était pas la peine de se forcer. Et elle savait dans le fond qu'elle l'avait vexé puisqu'il venait s'asseoir sur le lit, lançant un "ok" qui voulait tout dire. Puis dans cette histoire, elle continuait à lui tourner le dos. Quand bien même elle n'avait plus son livre pour s'occuper, elle préférait compter les fresques sur les murs plutôt que le regarder. "Ouais, voilà, t'as tout compris, bravo." Il avait quoi avec ses réflexions à la con en fait ? "A la prochaine escale je m'en vais. Je ne reste pas ici avec des gens que j'aime même pas." Et qui prenait un malin plaisir à tenter de la faire pleurer à tour de bras. Puis au fond, il devait bien s'en foutre non ? Parce qu'il avait pas l'air d'y porter tant d'intérêt que ça. "Et quand je dis je m'en vais, c'est moi toute seule. Pas avec toi." Pas pour entendre des reproches et tout ce qui pouvait aller avec. M'enfin, dans tous les cas, elle avait été plus que claire pour la peine.

lost on you — En réalité, ça me foutait en rogne que tout se passe de cette façon. Nos retrouvailles se devaient être épiques et non... en s'enfonçant plus qu'en pic. (petite rime, t'as vu, oklm) Mais son poids était devenu un des seuls sujets qu'on abordait tous les deux et c'était limite affreux qu'on puisse se disputer autant à cause de ça. Mais elle était malade très clairement et elle n'entendait pas raison. Que ce soit moi, que ce soit Asia. Peut-être même ses sœurs, j'en savais trop rien. Elle n'écoutait personne, s'enfonçait dans son propre délire et nous laissait tous sur le banc de touche. Ça me gonflait particulièrement alors oui, je m'éclipsais un peu par ci par là, passant du temps avec d'autres gens qui n'avaient aucun problème avec leur corps. Et à présent, quand je lui montrais un peu d'intérêt, elle n'était pas de cet avis, préférant alors me rembarrer comme il se doit. Vexé, je m'installais sur le lit, me rhabillant par la même occasion et je lui lançais une pique, comme pour lancer une nouvelle dispute entre nous. Sauf que par cette dispute, elle avouait vouloir s'en aller de la croisière, pour de bon. Aller au Laos, aller rejoindre ses sœurs. Me laisser moi tout seul ici. Pourquoi ? “Donc tu m'inclus dans les gens que tu n'aimes pas. Je note” Alors ça y est, retournement de veste. Elle choisissait l'autre con, celui qui se tapait tout le campus. Fallait s'en douter, c'était bien trop étrange comment leur "idylle" s'était terminée. Elle m'avait montré des messages, certes, mais qui dit que ça n'avait pas continué par la suite ? Et ça se trouve, ils ont monté tout un plan pour se retrouver, et elle usait de cette histoire de croisière pour me faire faux bond et aller le rejoindre. Rha, ça me rendait fou.

lost on you — Et sûrement qu'elle était un peu vive dans ses mots et dans ses réactions mais Kaya, elle avait toujours été comme ça avec Nicho. C'était tout, ou rien. Et là, pour la peine, puisqu'il choisissait de ne lui accorder de l'attention que quand il le voulait bien, elle prenait la décision de s'en aller. Tant pis pour la dispute à venir qui serait probablement virulente. Fallait qu'il comprenne en fait, que c'était pas juste quand il voulait. Qu'il avait pas le droit d'être sans arrêt là quand tout allait bien chez la rousse et prendre la fuite quand elle partait à la dérive. Parce que non, ça ne se faisait pas. Il s'rendait compte ou pas qu'elle, elle s'était tenu à ses côtés même quand il s'en tapait d'autres en sachant pourtant que ça lui brisait le coeur ? Alors non, il n'avait pas le droit de l'abandonner de la sorte et encore moins de vendre du sexe en pensant que ça pourrait tout arranger. Parce que ce n'était pas le cas, parce que les choses ne marchaient pas comme ça. "Wow, t'as fini de toujours dire des trucs que j'ai pas dis ?" Non mais parce que forcément, elle disait pas ça pour lui. Ni pour Asia d'ailleurs. Et dans le fond, il le savait. Là, il avait juste envie de l'emmerder. "J'sais même pas pourquoi j'suis venue ici en fait. C'est pas mon monde, j'ai rien à faire là." Et se pavaner encore et toujours, jouer à la princesse tous les jours, c'était juste agaçant. Parce que ce n'était pas elle, parce qu'elle n'avait pas été éduquée comme ça. "Tu t'rends compte quand même que vous êtes là à.. A balancer l'argent par les fênetres, à prétendre être les rois du monde quand y a des gens qui auraient vraiment besoin qu'on leurs viennent en aide ?" C'était limite à gerber un tel comportement. Puis la plupart, ils devaient leurs frics à papa et maman et non pas à leurs prouesses. "Pourquoi tu retournerais pas avec.. Cet abruti de Cole ? Ou mieux, avec cette pétasse d'Hippolyte ? Ouais, ça c'est vachement plus ton monde à toi !"

lost on you — C'était supposé être un bon moment, un été parfait. Des retrouvailles, un mariage qui se consolide et tout ça. Sauf que rien ne se passait comme prévu. Kaya était malade mais refusait de l'admettre. Elle me repoussait encore et encore parce que d'après elle, c'était impossible qu'elle soit malade, elle était grosse et rien de son cas était alarmant. Mais non, elle n'arrivait pas à admettre que rien de tout ça n'était sain et ça m'énervait. C'était comme parler à un mur, et c'était sûrement pour cette raison que je passais moins de temps avec elle qu'en temps normal. Mais quand finalement, je tentais la moindre approche avec elle, c'était pour me prendre un râteau phénoménal et je me vexais en un rien de temps. La dispute était à portée de main et au lieu de l'éviter intelligemment, on y allait tête baissée, qu'importe les conséquences de nos paroles qui seront dures, comme on en avait tous deux l'habitude. Levant les yeux au ciel, j'inventais rien. Elle voulait quitter ces gens qu'elle n'aimait pas, ne me proposant même pas de la suivre avec elle au Laos. “Pour être avec moi, peut-être ?” C'était une proposition comme une autre. Mais le pire, c'était son jugement, le pire qui soit je pense. Elle n'acceptait alors pas ce genre de pratique ? Qu'en était-il alors de son mari qui était comme ça ? “Tu n'avais qu'à pas accepter Kaya. J'ai cru que ça nous ferait du bien d'être isolés du reste du monde, après l'année qu'on a pu avoir” Il s'était passé énormément de choses. Son viol, nos ruptures, l'incendie de la Lowell House, nos disputes, le mariage, la famille.. énormément de choses. “Et si ça te tient taaant à cœur d'aider les gens dans le besoin, t'as de l'argent, fais toi plaisir” Après tout, on avait un compte commun elle et moi. Donc elle pouvait faire ce qu'elle voulait. Quitte à vider ce compte. “L'abruti, c'est mon cousin, et tu peux juger tout ce que tu veux, j'en ai plus rien à faire. Tu te complais dans ta maladie et ton jugement, c'est ton affaire ! Je voulais juste passer du temps avec toi Kaya et si t'es pas capable de l'accepter, c'est que ouais, t'as peut-être rien à faire ici en fin de compte”

lost on you — Et ouais, elle partait loin mais fallait comprendre que là, elle avait les nerfs. Et quand Kaya pétait un câble, y avait généralement rien qui pouvait la retenir. Alors ouais, elle lâchait prise, elle sortait ce qu'elle avait à dire et rien à foutre que ça plaise ou non. "Ouais, pardon, tu passes tellement de tant avec moi que j'avais presque oubliée qu'on était venu ensemble." Kaya et le sarcasme, une grande histoire d'amour. Mais c'était typiquement le genre de chose qu'elle ne pouvait s'empêcher de faire quand elle était énervée et ouais, il avait le don de la pousser à bout en un temps record à chaque fois. "Mais isolé de quoi ? On est isolés de mon monde, pas du tiens. Et résultat, j'suis juste la conne de service que tout le monde regarde de travers pendant que toi tu passes les meilleures vacances de ta vie." Et ouais c'était frustrant parce qu'en fait, elle avait juste l'impression que personne ne comprenait son mal être. Que personne n'était conscient que ça n'allait pas et ouais, elle se sentait juste seule Kaya en fait. C'était pourtant pas si difficile à voir. "Non, t'as de l'argent, pas moi !" Puis merde en fait, jamais elle tapait dans le compte commun en plus. Sauf pour les courses et autres conneries mais jamais pour ses trucs personnel parce qu'elle n'avait certainement pas épousée Nicholas pour son compte en banque et que ça la rendait toujours aussi mal à l'aise. "Ouais, j'ai rien à faire ici. Va te faire foutre en fait !" Elle s'énerve et se lève subitement du lit parce qu'il est hors de question qu'elle reste une seconde de plus avec lui. Et une chose en entraînant une autre, elle vire au blanc livide en l'espace d'une seconde, la tête qui tourne, la vision qui se brouille. Qu'est-ce qu'elle avait mangé aujourd'hui déjà ? Pas le temps d'y répondre qu'elle s'écroulait sur le sol, son corps frappant avec force la moquette recouvrant le par terre.