nichoya ✻ it's where my demons hide

it's where my demons hide — Les choses allaient mieux entre elle et Nicholas. Vraiment mieux. Premièrement, elle ne lui cachait plus rien. Elle recevait un message de Royce et directement elle le lui disait, le lui montrait pour qu'il ne puisse rien lui reprocher par la suite. Et ouais, ça aidait pas mal. Seul problème ? Son poids. Il ne cessait de revenir à la charge encore et encore et puisque rien ne semblait changer, il en était presque à la forcer à manger. A l'observer quand il lui donnait des aliments pour s'assurer qu'elle vidait son assiette dans son estomac plutôt que dans la poubelle et.. Ouais, c'était frustrant. Alors puisqu'il s'était assoupi sur le canapé, la rousse en profitait pour se lever en silence se dirigeant vers les toilettes. Accroupi devant, elle inspirait profondément avant de mettre deux doigts dans sa bouche jusqu'à avoir l'effet voulu. Et ouais, c'était dégoutant, affreux et tant d'autres choses à la fois mais elle avait en horreur son propre reflet et répétait la même chose à chaque fois. Et tant pis si on venait la blamer par la suite, tant pis si on lui faisait des reproches c'était comme si.. Comme si elle était incapable de s'en empêcher. Repoussant ses cheveux derrière son épaule, elle réitérait l'expérience sans se douter une seule seconde que son mari était levé et qu'il allait la prendre sur le fait. Autant dire que les explications risquaient d'être compliquées pour le coup. Peut-être que dans le fond, elle avait réellement un problème.

it's where my demons hide — Je l'aimais, c'était indéniable. Je l'aimais au point de la faire passer avant tout le reste. D'être un canard comme certains aimaient m'appeler. Mais.. c'était comme ça, pas autrement. Elle était la femme que j'aimais, celle qui représentait ma vie à présent. Et c'était sûrement pour cette raison que j'étais particulièrement chiant à propos de son poids, de sa relation à la nourriture. Il m'était impossible de laisser ce sujet de côté, quand il pouvait être plus important que tout le reste - sauf Royce, mais parce que je ne pouvais pas m'empêcher de faire une fixette sur leur amourette non avouée. Alors je jouais un peu trop au parent qui était concerné, je faisais attention à ce qu'elle ingurgitait, faisant alors attention à ce qu'elle n'en laisse pas trop de côté. C'était compliqué d'avoir ce rôle là, d'autant plus qu'elle était adulte et était supposée savoir prendre soin d'elle. Mais non, je devais la fliquer et c'était vraiment pas drôle pour le coup. Un après midi, juste après manger, je m'étais assoupi dans le canapé, pas vraiment absorbé par ce qui se passait à la télévision. Aucune idée de ce que faisait Kaya. Mais j'étais réveillé par des bruits de loin effrayants. Fronçant les sourcils, je me relevais et me dirigeais vers les bruits émis. Les toilettes. Kaya accroupie devant, les genoux au sol. Les deux doigts sortant de la bouche et.. Oh putain. “C'est une blague ?” demandais-je alors, clairement effrayé par ce que je voyais. C'était pire que ce que je pensais. Elle se faisait vomir. Elle se faisait vraiment vomir. “"Mais non, Nicho, y'a aucun problème", c'est bien ça que tu m'as dit, hein ?”

it's where my demons hide — “C'est une blague ?” Elle en frissonnait d'avance parce que ouais, elle savait que cette conversation serait tout sauf agréable pour la peine. Mais qu'est ce qu'elle pouvait bien dire ? Parce que là, elle avait été prise sur le fait. C'était comme être un enfant et se faire surprendre en train de voler des bonbons sauf que là, c'était bien plus dramatique. "Ouais.." qu'elle soufflait. Sauf que c'était pas le genre de truc qu'elle contrôlait. C'était le genre de chose qui.. C'était dans sa tête en fait. Et ça la rendait dingue quand elle restait sans rien faire. Le seul moyen de se soulager étant de faire ce qu'elle venait de faire à l'instant. "Arrête de t'énerver." Elle avait pas la tête à ça, n'avait pas envie de se prendre la tête une nouvelle fois. "Je me sentais juste pas bien, c'est rien." Des mensonges, toujours des mensonges. Elle s'enfonçait petit à petit la rousse mais ne trouvait aucun échappatoire. Et puis voilà, fin de l'histoire. Y avait pas besoin d'en parler plus longtemps. Elle le ferait passer sur le compte d'une gastro ou quelque chose comme ça. Quoi que dans le fond, elle savait qu'il ne serait pas vraiment dupe de ce qu'elle pourrait raconter. Il se posait déjà bien trop de question pour la laisser s'en tirer aussi facilement. Se redressant légèrement, le visage un peu trop pâle, elle venait tirer la chasse d'eau le contournant pour aller dans la salle de bain. Se laver les mains, se brosser les dents aussi et effacer toute trace du quelconque problème.

it's where my demons hide — J'avais du mal à comprendre pour le coup. Comment pouvait-on passer d'un ‘tout va bien’ à se faire vomir dans les toilettes une fois que j'ai le dos tourné ? Non, je n'acceptais clairement pas ce qui se passait et je comprenais bien mieux comment elle était passé de son corps parfait à ... ça, en si peu de temps. C'était pas une vie, c'était une maladie, clairement. Et j'avais du mal à me dire qu'elle allait continuer encore et encore, quitte à perdre toute notion de bonne alimentation, dans le but de toujours aller plus loin dans la maigreur. Comment avait-elle pu tourner de cette façon ? Je n'en avais aucune idée. Moi ? Peut-être. Je n'excluais pas cette option qui était difficile à avaler mais qui pourrait très bien être une réalité. “Je m'énerve si je veux, c'est pas se sentir pas bien ça, c'est être malade” Et pas malade d'une gastro ou d'un problème temporaire. C'était bien pire, et ça durait depuis trop longtemps. “Depuis combien de temps tu te sens pas bien comme ça Kaya ? Explique moi. Parce que pour moi, ça fait plusieurs semaines et ça explique bien des choses, notamment ta maigreur trop prononcée” Une maigreur qui me faisait peur. C'était au point de ne pas vouloir la toucher, de peur de la briser. C'était pour dire.. Oui, c'était effrayant et perturbant. Je ne voulais pas qu'on en arrive à des extrêmes mais clairement, elle avait besoin d'aide et je n'étais certainement pas bien placé pour l'être.

it's where my demons hide — Ouais m'enfin c'était mal le connaître que penser rien qu'une seule seconde qu'il n'allait pas la suivre. Qu'il n'allait pas revenir à la charge. Et elle tentait vraiment de passer au dessus, de ne pas écouter. Elle reposait sa brosse à dent, prenant soin de ne pas regarder son reflet avant de se tourner lentement vers lui haussant les épaules. Qu'est-ce qu'il voulait qu'elle dise de toute façon ? "Je sais pas.. Mars, avril peut-être, j'en sais rien." Elle s'était pas levée un matin en disant, tiens, je devrais retenir la date parce que tout vas changer. Clairement pas. Et non, elle savait pas pourquoi les choses s'étaient précipités. Pourquoi la réduction d'aliment avait fini par être presque un arrêt total de nourriture. Elle ne savait pas non plus pourquoi elle était incapable de garder quoi que ce soit sans se sentir horrible. C'était juste arrivé, qu'est-ce qu'il voulait qu'elle dise en fait ? Elle n'avait pas d'explication à lui fournir même si elle en avait envie. S'asseyant sur le rebord de la baignoire, elle fermait les yeux quelques instants avant de reprendre la parole. "J'ai la tête qui tourne" qu'elle soufflait toujours aussi livide. Et ouais, il avait raison, peut-être qu'elle n'allait pas bien mais qu'est-ce que ça changeait ? Le problème il serait toujours là qu'on mette des mots dessus ou non. C'était triste à dire mais c'était la réalité. Et personne ne pourrait vraiment changer ça.

it's where my demons hide — C'était dur, de la voir comme ça, dans un tel état. C'était dur de la regarder vomir si bien que j'avais fini par détourner le regard tant ça m'avait retourné l'estomac à moi aussi. Mais c'était une réalité et j'allais devoir vivre avec ça le temps qu'elle se soigne. Et c'était pas avec la croisière qui allait arriver qu'on allait réussir à la soigner. Je l'avais alors suivie jusque dans la salle de bains, où elle prenait soin de se laver les dents et d'essuyer alors toute trace de ce qui venait de se dérouler dans les toilettes. “Autant de temps ?” Bien sûr que je me sentais mal d'avoir loupé alors tous les signes de détresse qu'elle aurait pu envoyer. Mars ou avril, ça faisait trois ou quatre mois. Ca voulait dire énormément de temps. Moi qui pensait que ça durait depuis l'après bal, je me mettais bien le doigt dans l'œil. Je restais silencieux, tentant de ne pas laisser la colère s'emparer de moi comme la dernière fois, mais c'était compliqué. Valait mieux pour moi de ne rien dire alors, me contentant de la regarder, remarquant bien qu'elle ne daignait pas admirer son propre reflet au miroir. Et finalement, elle s'installait sur le rebord de la baignoire, les yeux fermés, les mains bien appuyées sur le bord et la phrase que je redoutais tant arrivait plus vite que prévu. “Il te faut des nutriments” soupirais-je avant de m'approcher d'elle pour venir la porter, qu'importe mon épaule. Elle avait besoin de moi. L'empêchant de marcher jusqu'à la cuisine, je la portais jusqu'à la base à la force de mes bras et je la posais sur le plan de travail, cherchant le moindre sucre rapide. J'optais alors pour un morceau de sucre, tout ce qu'il y a de plus simple, en attendant de faire un truc un peu plus élaboré. “Mange ça. Tu veux manger quoi après ?” Parce que je n'allais pas non plus la goinfrer de trucs qu'elle n'aimait pas.

it's where my demons hide — A la question, elle haussait les épaules. Elle savait pas quoi dire en fait. Ouais, peut-être que ça faisait longtemps, elle n'en savait rien et elle voulait juste ne pas s'attarder sur le sujet. C'était un dialogue de sourd de toute façon et puisque le ton montait à chaque fois, elle refusait d'en parler. Puis elle se sentait pas bien Kaya. Au point d'aller s'asseoir, ses mains s'accrochant au rebord de la baignoire pour ne pas tomber. La rousse, elle avait l'impression de voir légèrement flou, ça tête tournait dans tous les sens et ouais, non, là elle n'allait pas bien. Elle ne répondait même pas et l'instant d'après, elle était dans ses bras se laissant transporter jusqu'à la cuisine où il finissait par la déposer sur le plan de travail. "Rien, ça ira." qu'elle répondait prenant le morceau de sucre entre ses doigts sans pour autant le mettre dans sa bouche. "J'veux bien de l'eau s'il te plaît." Et puis boire, ça coupait la fin, clairement. Elle ne comptait plus le nombre de litre qu'elle pouvait boire par jour juste pour avoir la sensation que son estomac était remplit. Profitant qu'il tourne le dos, elle coupait le sucre en deux, en faisait glisser une partie derrière les boîtes de thé, laissant l'autre à côté d'elle. Ca lui donnerait au moins l'illusion qu'elle avait fait un effort. Ouais, jusqu'à la prochaine fois. Mais il comprenait pas en fait, il comprenait juste pas qu'elle en était à un point où elle se détestait tellement qu'elle n'était même plus capable de se regarder.

it's where my demons hide — J'étais pas dupe mais clairement, elle m'avait bien mené en bateau durant tous ces mois. Depuis mars ou avril, c'était énormément de temps. Et j'avais du mal à croire qu'elle avait réussi à me cacher ce mal être depuis autant de temps. Et si c'était trop tard ? Et si c'était devenu irréversible ? Et si son esprit était conditionné sur cette marche à suivre que plus jamais je ne retrouverai ma Kaya insouciante et qui n'en avait rien à faire du regard des autres sur son corps ? J'avais peur de ça, peur de la perdre parce qu'elle irait trop loin.. peur d'énormément de choses au final. Dire qu'on était supposés kiffer nos retrouvailles.. au final, je finissais par lui faire la guerre tant son poids m'inquiétait. Et j'avais de quoi mine de rien, je la retrouvais en train de se faire vomir dans les toilettes quand j'étais le dos tourné. Quand sa tête se mit à tourner, évidemment que je l'emmenais manger un truc, quel mari serais-je si je la laissais dans cet état ? Alors une fois dans la cuisine, posée sur le plan de travail, je lui filais un morceau de sucre, ce qui serait peut-être pas suffisant pour lui faire reprendre assez d'énergie. “Tout de suite” Me tournant pour aller lui prendre un verre et faire couler de l'eau, j'avais aucune idée de ce qui se passait derrière moi. D'ailleurs, la retrouvant une fois le verre plein, je remarquais le demi-morceau à ses côtés. “Ça fait du bien ?” Je lui tendais le verre, esquissant un sourire. “Tu veux des fruits ? Une banane ou une pêche ?” Disons que ça avait meilleur goût que du sucre pur. Et il était hors de question que je la laisse le ventre vide.

it's where my demons hide — Alors en fait, il pouvait lui crier dessus autant qu'il le voulait, ça ne changerait rien. Rien à part la braquer un peu plus à chaque fois parce que Kaya, elle était comme ça. Elle se braquait parfois contre le monde entier quand ça ne lui convenait pas. Et si elle n'était pas de nature capricieuse, elle n'aimait pas pour autant être considérée comme une enfant. Elle refusait d'admettre que quelque chose n'allait pas et forcément, ça compliquait les choses. Alors ouais, dès qu'il avait le dos tourné, elle en profitait pour planquer une moitié de sucre lui laissant alors l'illusion qu'elle en avait bel et bien mangé une partie. C'était peut être bas mais c'était le seul truc qu'elle avait trouvé pour le moment. Hochant la tête à sa question, elle tendait le bras pour prendre le verre d'eau avalant celui-ci d'une traite avant de le reposer à côté d'elle. "Non, puis c'est bientôt l'heure du cours de sport, je devrais aller me changer." Ouais parce que la rousse, elle s'était inscrite à la salle non loin de chez eux brûlant le peu de calorie qu'elle pouvait ingurgiter à travers des séances intensives. Mais pour tenter de calmer les esprits au moins un peu, elle profitait du fait qu'il soit proche d'elle pour le retenir avec ses jambes posant doucement sa main sur son visage avec un léger sourire. "Arrête de t'énerver sur moi à chaque fois, d'accord ?" Parce que ça ne menait clairement à rien ce genre de comportement et c'était pas en lui hurlant dessus que quoi que ce soit allait s'arranger, bien au contraire.

it's where my demons hide — Ça m'énervait d'avoir été complètement aveugle de son état durant tous ces mois. En fait, j'avais l'impression d'avoir manqué un gros déclic dans sa vie et je ne comprenais pas comment j'avais pu ne pas le voir. C'était là, juste sous mes yeux. Et non, complètement incapable de le voir. Est-ce que Royce l'avait vu lui ? Peut-être qu'il avait de meilleurs réflexes quant à l'observation qu'il pouvait avoir d'elle. J'en sais rien, et je n'aurais probablement jamais la réponse. Alors ouais, je me retrouvais avec une Kaya malade, sans avoir le pouvoir de changer quoique ce soit. Elle niait avoir un problème et refusait toute aide qui pouvait lui être donnée. Ce challenge était vraiment difficile. Le verre d'eau en main, je revenais vers elle, heureux de voir qu'elle avait déjà mangé un morceau du sucre que je venais de lui donner. Et elle buvait d'une traite l'eau que je venais de lui filer. Comment pouvait-elle avoir une descente aussi facile concernant le liquide et bloquer à chaque aliment ? C'était quand même étrange. Mais qu'importe, je me retrouvais bloqué entre ses jambes avant d'avoir eu le temps de dire quoique ce soit. “La salle de sports ? Il en est hors de question” Avait-elle oublié qu'elle avait failli tomber dans les pommes y'a deux minutes ? Non, je ne la laisserai jamais accéder à cette salle de sports, pas sans avoir mangé comme il fallait au préalable. “J'arrête.. mais comprends moi. Ça me rend fou de te voir te rendre malade alors que t'étais parfaite comme t'étais” À mon tour, je glissais ma main le long de son visage, remarquant ces traits marqués, ceux qui n'étaient pas là avant. De mon autre main, j'attrapais le morceau de sucre restant et je le menais jusqu'à ses lèvres. “Mange, s'il te plait”