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And I want your revenge

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   Joan & Leonidas

   And I want your revenge

   

   Joan avait le don pour avoir réponse à tout même si elle répondait avec quelque chose d’absurde ou de complétement abstrait à ses yeux. « Tu sais que ça fonctionnera pas toujours, t’en as conscience ? Fais-moi penser à t’acheter un tazzer. Tu n’auras qu’à me donner une adresse pour que je te le fasse livrer directement » dit-il. Pour une personne qui ne connaitrait absolument pas Leonidas, cela pouvait être perçu comme un geste chevaleresque et généreux. Le problème c’est que rarement ces deux mots étaient employés pour qualifier cet homme. A la place, voyez-là une tentative déguisée d’obtenir son adresse. C’était plus fort que lui, il fallait qu’il se renseigne sur les personnes qu’il fréquentait. Cela pouvait friser la paranoïa mais il avait été tellement habitué à être manipulé dans tous les sens qu’il se demandait si tout compte fait, le retour de cette femme dans sa vie était réellement un pur hasard. Peut-être était-ce dans un but précis ? Le Destin répondrez-vous ? Ma foi, il avait tendance à n’y voir qu’une manipulation de plus. « Parce que tu as l’habitude de coudre des noms sur des fringues de gosses toi ? » se moquait-il gentiment. « Joan Grieve au courant des habitudes des parents mais où va le monde ?! » surenchérit-il sans se douter qu’elle élevait un enfant et pas n’importe lequel : le sien.

« Je suis comme Saint Thomas, je ne crois que ce que je vois et puis, peut-être n’es-tu pas intéressante au lit car tu es tombée sur des hommes qui ne faisaient pas l’affaire. Crois-moi, c’est très rare que je m’ennuie dans un lit… Je pensais que tu le savais mieux qu’une autre » rétorquait-il, agacé qu’elle utilise encore cet argument des plus bidons. Il était le seul à savoir ce qu’il voulait ou ce qui était bon ou pas dans sa vie. Il ne supportait pas qu’on puisse décider à sa place. « Si tu ne veux pas, un non me suffit. Inutile de jouer l’apitoiement car je risquerais de vouloir coucher avec toi par pitié ou par défi » hausse-t-il les épaules. Leonidas ne s’encombrait pas de justification inutile. Pour lui, soit c’était oui, soit c’était non. Il n’y avait pas de : c’est mieux pour toi ou je fais ça pour ton bien. Il avait une sainte horreur de ce genre d’argument à la con. La situation était simple : oui je veux coucher avec toi ou non je ne veux pas coucher avec toi… Depuis quand il y avait un : oui je veux mais non car franchement, je te rends service en te disant non. Joan réussissait toujours à l’agacer aussi vite qu’elle pouvait l’exciter. Un cocktail qui l’avait souvent épuisé nerveusement, lui, qui n’aimait pas perdre le contrôle de ses nerfs.

Décidé à l’amener dans sa suite, il ne cessait pourtant de l’asticoter sur sa consommation d’alcool, terminant par la faire exploser de colère. Le langage laissait à désirer mais il était ravi de son effet. « Je vois que j’ai toujours le don de te faire sortir de tes gonds… C’est rassurant de voir que les choses ne changent pas si facilement » dit-il en la poussant dans l’ascenseur avant d’appuyer sur le bouton de son étage. « Si je dois casquer mon pognon comme tu dis… Crois-moi, je compte bien avoir un retour sur investissement donc mesure tes propos avant de me menacer de quoique ce soit. Tu me connais, on sort rarement vainqueur à ce petit jeu quand on me cherche »

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   Joan & Leonidas

   And I want your revenge

   

   Depuis quand Léo s’intéressait et s’inquiétait pour ma sécurité ?! Je le regardais bizarrement au départ, me demandant où se trouvait l’embrouille, et c’est au moment où il parlait de me faire livrer le tazzer à mon adresse que je comprenais : la voilà « l’embrouille »…Je me marrais royalement, et déclarais en me moquant « Jolie !! Belle feinte mais…même pas en rêve je te donnerais mon adresse Vasilis ! » Pour risquer de le voir débarquer ?! Pire : risquer que j’apprécie de le voir débarquer ? Encore Pire : risquer qu’il ne croise Ilias !...oui ça c’était définitivement le pire !!! ** ou pas ** En tout cas, j’avais réussis à me débrouiller sans lui pendant 3 ans, et ça il fallait bien qu’il le comprenne, alors je me recentrais pour lui dire gentiment : « Et puis, quoiqu’il arrive, je refuse l’offre : J’ai bien réussi à m’en sortir toute seule jusqu’ici…sans toi, et ton tazzer. Donc merci, mais « non merci » »

Et cette réponse, elle fonctionnait aussi pour les propos qu’il avait eu par la suite : Je me souvenais clairement de nos ébats avec Léo… difficile de les oublier en fait. Je sais donc qu’effectivement, avec lui, pas le temps de s’ennuyer. Et une partie de moi sait aussi que je ne serais pas la dernière des étoiles de mer en sa compagnie : il savait mieux que quiconque réveiller un volcan en moi !! C’est justement pour cela que je devais clairement me refuser à tout écart avec lui ! Il aurait ma perte, ce type. C’est certain ! J’aurais dû me douter qu’un non à moitié « oui », ou un oui à moitié « non », ce n’était vraiment pas le genre de réponse que Léonidas apprécierait ! Et si j’avais eu envie de jouer, je lui aurais sans doute dit que « je continuerais de dire ni oui, ni non, juste pour te faire chier dans ce cas ! » Mais ce serait jouer avec le feu de mon côté : il aurait pris ça pour un défi, et il aurait fini vainqueur à coup sûr. « Okay !! Comme tu veux. Dans ce cas, je te dis clairement NON. Monsieur est satisfait de se prendre un râteau dans les dents ?! » ** Tu aurais préféré lui dire oui, ma pauvre fille ** J’aimerais bien que tu la ferme un peu de temps en temps…Merci. ** La vérité dérange…**

Etait-ce l’estime que j’avais pour moi-même en ce moment, ou les remarques plus que pitoyable de Léo sur mon alcoolisme qui me faisait sortir de mes gonds ?! A vrai dire je ne sais pas, sans doute un peu des deux. Toujours est-il que je poussais ma gueulante avec un langage que je ne présentais pas au grec, et ce dernier s’en amusait, me poussant dans l’ascenseur tout en étant fière de m’avoir énervé. « Tu veux que je te dise, je ne compte plus le nombre de fois où j’ai eu envie de te foutre des claques, mais où je me suis ravisée…..t’aurais kiffé ça, j’en suis sûre. » Et pour le coup, inutile de le satisfaire plus qu’il ne l’était déjà de lui-même ! « Tu m’as fait perdre l’envie de boire. T’es content ? La voilà ta seule victoire de la soirée. » L’ascenseur se fermait et nous voilà tous les deux, seuls, dans un espace réduit et silencieux.

Je n’aime pas ça….je n’aime pas cette proximité imposée. Parce qu’elle me rend nerveuse...c’est déstabilisant. IL est déstabilisant, et je sais ce qu’il se passe quand je ne contrôle plus grand-chose, quand les mots ne suffisent plus, que je n’ai plus de recours, plus d’échappatoire….Il ne faut pas que ça arrive. Pas maintenant, pas comme ça, pas ici… ** PAS AVEC LUI ! ** Je me triturais les mains, en gardant la tête fermement baissé, à examiner mes doigts, ou encore le sol. Je faisais tout pour éviter son regard. Parfois je checkais les étages, pour voir ces derniers défilés avant de poser curieusement cette question « Tu es à quel étage ? Ta suite là, c’est quoi le grand palace du dernier étage, c’est ça ?! »


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    « J’aurais au moins essayé » hausse-t-il des épaules, loin de démentir sa tentative avortée pour connaître son adresse. Joan le connaissait trop bien pour qu’il lui fasse l’affront de nier les faits. Il ne ferait que leur faire perdre leur temps. Or, pour le grec, le temps c’est de l’argent et donc, était, on ne peut plus précieux. « Je suis même le premier étonné de te voir encore en vie et surtout avec tout ce qu’il faut au bon endroit » se moquait-il presque gentiment. Il était hors de question qu’il reconnaisse le petit soulagement qui pointait dans un organe au combien inutile psychiquement parlant à savoir le cœur. Quand elle avait disparu du jour au lendemain, il avait craint un accident ou quelque chose de pire. Il avait perdu Parker quelques mois plus tôt et était encore bien atteint psychologiquement. Aussi avait-il fait tous les hôpitaux ainsi que les morgues pour la retrouver avant de comprendre qu’elle était tout simplement parti, qu’elle avait déserté sa vie comme tant d’autres femmes l’avaient fait avant elle. Aujourd’hui, elle réapparaissait et Leonidas ignorait s’il devait s’en réjouir ou au contraire s’en alarmer. Il oscillait entre les deux propositions, s’approchant pour mieux se reculer. Se moquer de son alcoolisme présumé n’était qu’une façon comme une autre pour qu’elle le déteste et se tienne sur ses gardes. Il comptait sur le bon sens de Joan et son instinct de survie pour qu’elle prenne la décision pour eux deux. Lui, en était incapable. Siloë avait foutu le bordel dans sa vie et son esprit, le laissant avec une putain d’envie d’affection qu’il mettait un temps fou à réprimer. Les sentiments n’avaient pas leur place dans son quotidien, il fallait que ça s’arrête.

« Il est on ne peut plus satisfait » grommelait-il entre ses dents serrées car au moins, la tentation se faisait moins forte. Oui, Leonidas Vasilis était contre le viol. Pas qu’il éprouvait une quelconque compassion pour le sexe féminin mais tout simplement : à quoi bon se prendre la tête à forcer une femme quand une autre était partante pour prendre la place ?! La complexité n’avait guère sa place dans ses rapports avec la gente féminine : ou ça passe, ou ça casse. « C’est marrant, tu n’es pas la première personne à me dire ce genre de chose » soulignait-il avec l’air de dire : rien à foutre de ton opinion sur ma personne. Je suis à prendre comme je suis, je ne ferais d’effort pour personne et encore moins pour toi. « Je devrais te faire payer, grâce à moi, tu es épargnée d’une séance chez les alcooliques anonymes » reprit-il sur le ton de l’ironie alors que les portes de l’ascenseur se fermaient sur eux. « Bien sûr, j’ai une réputation à tenir » lâche-t-il en réponse à sa question. « Tu vas jouer les nerveuses tout le long de la soirée ? Je vais pas te sauter dessus, tu peux te calmer Grieve. Si cela peut te consoler, il y a une deuxième chambre à ma suite, je ne vais pas te forcer à dormir dans le même lit…Sauf si tu as besoin de moi comme doudou. Il me semble, que les quelques nuits que nous avons passé ensemble, tu aimais jouer au koala avec moi »


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   Il m’énerve !!! Mais bon dieu qu’il m’énerve ce grec c’est pas possible !!! J’ai envie de le baffer, de lui mettre un bâillon sur la bouche, je sais pas quoi ! Mais j’ai juste envie qu’il arrête de parler !!!!!! Il me rend nerveuse avec ces insinuations, ses remarques et son…charme, son sex-appeal, son allure !! ** Rha mais arrête Grieve, Bon sang, pense à autre chose, regarde autre chose ! Rappelle-toi des mauvais souvenirs… **

La technique de la froideur avec lui, ça n’a jamais vraiment fonctionné avec lui ! Je me demande même si ce n’est pas pire. Je me demande même si le fait de le repousser, ne le met pas dans un état de challenge. Pourtant, je me souviens qu’à une époque, il m’avait clairement exprimé qu’il n’avait pas que ça à faire de tourner autour d’une femme jusqu’à ce qu’elle dise oui. Au contraire, ça le lasse et il passe à une autre. Mais bizarrement, je ne sais pas, je me dis qu’avec moi, il doit en faire un jeu, parce qu’il me connait : il sait que ça me met hors de moi et que ça peut me faire perdre le contrôle. Maisss ouuiii, si ça trouve, c’est ça qu’il recherche. S’amuser de moi ?! ** Nan il a été clair tout à l’heure : de l’eau à couler sous les ponts, vous êtes quittes, il n’a donc plus de raison de te mettre à mal… ** Alors pourquoi ? Pourquoi ces insinuations sur mon alcoolisme, quand il sait que je n’aime pas qu’on me rappelle à l’ordre ?! Pourquoi cette façon de me faire des sous-entendu sur le service qu’il me rend que je devrais lui rendre en nature la prochaine fois, alors que l’instant d’après il souhaite que je lui dise non une bonne fois pour toute, pour que les choses soient claire !! Et enfin, pourquoi aime-t’il me rappeler que c’est moi qui suis nerveuse, moi qui pense malhonnêtement que quelque chose va se passer, que j’ai peur (ou envie) qu’il me saute dessus, alors qu’il ne se passera jamais rien !!!

Voilà ! Voilà, pourquoi il m’énerve. Parce qu’il joue avec mes nerfs, qu’il me fait passer par tous les états alors que dans le fond, je m’étais promis de ne plus jamais rien ressentir pour ce …type…ce…cet homme…ce…le.......le père de mon enfant. Je croisais les bras contre ma poitrine en m’adossant à un des murs de l’ascenseur en ma maudissant de réagir aussi mentalement et physiquement à l’effet « Léonidas ». Et alors qu’il s’amusait à me sortir ma fâcheuse tendance à m’enrouler autour de lui, les rares soirs où on restait ensemble au lit après nos ébats, je sentais la colère monter en moi. Il avait gagné. Il avait réussi à me faire perdre le goût à la résistance. C’est donc excédée que je lui lançais la vérité : « Ca y’est, c’est bon, tu t’es bien amusé ?! Allez c’est bon t’as gagné, t’es content ?! Oui, tu as raison je suis nerveuse parce que tu es à côté de moi ; oui je n’arrive pas à me calmer parce que te savoir aussi prêt de moi ne me rassure pas. NON, je n’ai pas peur que tu me sautes dessus, mais c’est plutôt le contraire : J’ai peur de ce que MOI je pourrais faire, et risquer de regretter par la suite….voilà. Tu sais tout : je crie NON depuis tout à l’heure, mais c’est pour me convaincre MOI ! » Les choses étaient dites, mais qu’on soit clair, elles n’étaient pas ainsi balancer pour proposer à une quelconque invitation pour Mr Vasilis. Je continuais de croire que ce n’était pas une bonne idée, ne serait que pour ce que cela impliquerait par la suite…à commencer par l’existence d’Ilias. Mais entre croire que c’est une mauvaise idée, et réussir à s’en défaire de l’esprit, il y’a tout un monde entre les deux. « On arrive bientôt ? » finissais-je par dire pour combler le silence qui en était venu après mes révélations, et surtout pour tenter de passer à autre chose ** Bravo Grieve…Bon au moins t’as peut-etre des chances qu’après cette révélation, il te fuit comme la peste ?! **


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   Leonidas hésitait entre se frapper la tête contre une paroi de l’ascenseur ou alors se jeter sur elle. Joan le faisait tourner en bourrique et il n’avait qu’une envie : jouer au taureau avec elle. Bordel, elle n’était pas la première femme à jouer la carte de la résistance avec lui. D’ordinaire, il en jouait mais finissait par se désintéresser de la nana tout simplement parce que même un chat termine par se lasser d’une souris en plastique. Là, elle lui annonçait de but en blanc qu’elle cherchait à se convaincre elle-même que coucher avec lui, être proche de lui, était une mauvaise idée. Comment vouliez-vous que lui, après, se montre raisonnable ?! Soudain, un rire irrépressible secoua ses épaules. Il n’avait pas l’habitude de rigoler ainsi mais là, c’était plus nerveux qu’autre chose. « On m’en a sorti des conneries mais tu as la palme. Tu dis non à un mec pour après lui dire : en fait, c’est surtout moi que je cherche à convaincre » lâcha-t-il en calmant peu à peu son hilarité. « Je vais être magnanime avec toi et t’accorder deux heures. Si dans deux heures, tu n’as pas réussi à t’en convaincre alors oui, je t’annonce de suite la couleur : tu seras nue, dans un lit, et nous coucherons ensemble » ajoute-t-il en la regardant droit dans les yeux, après s’être approché d’elle pour mieux soulever son menton avec le bout de son index. « Tu vois, il y a quelques années, j’aurais abusé de toi sans vergogne, rien que pour m’amuser. Là, je t’accorde une porte de sortie mais sache que tu as toutes les raisons de la Terre à présent d’être nerveuse Grieve » murmura-t-il avant de déposer un léger baiser sur le bout de son nez. Oui, elle pouvait l’être car elle venait ni plus ni moins que de lui donner toutes les raisons de la Terre pour se glisser dans la peau du prédateur guettant sa proie.

Les portes de l’ascenseur émirent un petit « ding » avant de s’ouvrir sur son étage. « Viens » ordonna-t-il d’une voix grave avant de sortir de l’habitacle pour se diriger vers sa suite dont il ouvrit la porte pour mieux s’effacer afin de la laisser passer la première. L’endroit était luxueux et lumineux. La femme de chambre était passée puisque son lit était refait. « Tu veux que l’on commande quelque chose au room service ? » propose-t-il en faisant tomber sa veste et en déboutonnant quelques boutons de sa chemise. L’air avait beau être climatisé, il commençait à avoir un peu chaud -sûrement un effet de leur conversation précédente. Leonidas allait rajouter quelque chose quand son téléphone portable sonna. « Deux secondes » marmonna-t-il dans sa barbe avant de s’exiler sur la terrasse. Le coup de téléphone fut bref mais lui laissa un goût d’amertume dans la bouche. Le grec poussa un soupire avant de s’asseoir sur un des fauteuils composant son salon de jardin pour mieux se prendre la tête entre les mains. Visiblement, il venait de recevoir une mauvaise nouvelle…une sérieuse mauvaise nouvelle pour qu’il se montre aussi tourmenté, lui qui n’aimait guère être sous le coup de ses émotions.

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   Il avait rien compris, ce n’est pas possible. Je suis en train de lui dire de but en blanc qu’il ne faut pas qu’il s’approche de trop près pour éviter que je ne fasse une connerie et lui ? Qu’est ce qu’il fait ? Il ne trouve rien de mieux que de se moquer de moi, pour mieux s’approcher de moi et me toucher ?! Je serrais les dents, et me contractais encore plus, serrant plus fort mes bras croisés contre moi au moment où Léonidas se positionnait en face de moi en déposant un baiser sur le bout de mon nez. Je ne pouvais ignorer la décharge électrique que cela provoquait en moi ; mais je ne pouvais pas ignorer non plus le fait qu’il m’agaçait à vouloir prendre le dessus sur ma nervosité, pour mieux me poser cet ultimatum. Je n’en démordais pas ! Vu qu’apparemment, de lui à moi, c’était à moi de faire le nécessaire pour prendre la décision la plus raisonnable, je continuais d’insuffler le même discours : « Dans deux heures ? Je vais te dire ce qu’il va se passer dans deux heures : Toi et moi, on dormira depuis un bon moment, dans des lits SÉ-PA-RÉS. Et si tu penses que tu n’auras pas envie de dormir, alors soit : JE dormirais, et TOI, t’iras faire mumuse avec ta queue, ailleurs qu’entre mes jambes. Tes mains seront peut-être tes meilleures amies, je n’en doute pas ! » Lui sifflais-je pour tenter de donner le change. Mais comment rester crédible quand on vient tout juste d’avouer qu’on est chaude comme la braise et à deux doigts de faire une connerie ?! Hmmm…Crédibilité ZERO !

On sortait enfin de cet ascenseur et j’avais comme l’irrépressible envie de crier « ALLELUIAH » en cet instant. Je me contentais pourtant d’un long soupire de soulagement tout en suivant Léo. Je gardais mon comportement froid et refermé, gardant les bras croisés et la mâchoire serrée. Mais malgré tout, je rentrais dans sa suite. J’ai beau savoir que je rentre dans un piège, j’y vais quand même, comme une crétine. Je ferme les yeux pour m’insulter mentalement alors que je sens mes pas m’emmener dans le salon luxueux de sa suite. Et quand j’ouvre les yeux c’est pour les poser sur chaque centimètre carré de la pièce, observant tout et rien à la fois. Léonidas me pose sa question pour le room service, et c’est avec mon ironie ou mon sarcasme habituel (ou encore mon humour à deux balles) que je lui répondre « Hmmm, ouais, je veux bien que tu leur demande s’ils ont deux trois trucs comme : une ceinture de chasteté, un tazer…et » un truc pour que tu sois obligé de te rhabiller, Léo ? Pourquoi je me suis retourné en lui parlant, hein ? Et puis pourquoi il ne pouvait pas garder sa veste !! Au moins, ça m’évitait de me rappeler de ses courbes, de sa carrure…ou tout du moins de la deviner plutôt que de la reluquer !! « Un masque de sommeil… » Que je pourrais mettre de suite pour me cacher la vue, n’est-ce pas ?!! Son téléphone se mit à sonner, me laissant tout le répit du monde. Sauver par le gong comme on dit.

Je desserrais enfin les dents, et baissais ma garder en décroisant les bras, me balladant dans la suite pour y découvrir chacune des pièces. Je commençais à jauger les lieux pour savoir quelle était la chambre de Léo, et quelle serait la mienne pour la nuit. Un passage dans la salle de bain, puis retour dans le salon, ou j’observais la déco luxueuse jusqu’aux tapisseries. Et quand 5 minutes plus tard, je ne voyais toujours pas Léonidas revenir, je me décidais à jouer les curieuses en scrutant la baie vitrée. Ce que j’y vis me figea sur place…

Il se passe quoi là, au juste ? Il y’a à peine 5 minutes, il jouait les dominants, maitre du monde, la démarche assurée avec la grosse intention de me faire perdre à notre p’tit jeu. Et là ? Là, il semblait anéanti sur sa chaise…Deux sentiments se chamaillaient en moi : l’un me poussait à me dire qu’il ne fallait surtout pas que je m’en mêle au risque de me bruler les ailes. L’autre me hurlait de ne pas laisser Léo ainsi, que mes tripes me tiraillait suffisamment pour me prouver que je ne VOULAIS pas, le laisser dans cet état. Peut-être que ce n’était rien, après tout ? Une mauvaise nouvelle lié à son travail ? Mais…mon instinct me forçait à agir. Entre la méfiance et la compassion, J’écoutais alors le sentiment le plus affectueux des deux, et me dirigeait vers la terrasse pour rejoindre cet homme qui n’avait plus l’envie d’être un roc…

« Leo ? » l’interpellais-je tranquillement, lui laissant le temps d’accepter plus ou moins ma présence, avant de faire un premier tout petit pas en avant. « Tu veux que je m’en aille ? » lui demandais-je directement. A quoi bon tenter d’entretenir avec un dialogue s’il n’a pas envie de me parler. Je sais très bien comment ça marche avec Vasilis : plus tu le force, moins il a envie… « Si tu veux, tu as juste à me dire ou est ma chambre et je te laisse tranquille….ou ?... » j’avançais encore d’un pas, me trouvant assez proche de lui pour qu’il puisse deviner ma présence du coin de l’œil qu’il gardait pourant cacher entre ses mains. « …ou, je me pose là, avec toi et…tu vide ton sac ? …à défaut de tes bourses, c’est déjà un bon compromis, nan ? » Rhoo mais pourquoi tu as balancé cette dernière phrase ??!! Sérieusement quoi, Grieve, arrête de vouloir mettre de l’humour partout, même quand il faut pas ! « Pardon…c’était…enfin…c’était… » Pas très fin. Du Grieve tout craché en somme. Je me trouvais maintenant en face de lui, tentant vainement de m'excuser pour ma remarque déplacée.


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   Joan ressemblait à s’y méprendre à une demoiselle en train de se noyer et balançant des conneries en guise de bouée de secours. « Tu peux continuer de te débattre… Je te signale que de nous deux, c’est toi que tu cherches à convaincre. Je te l’ai dit : deux heures de réflexion. En attendant, je n’ai pas envie de subir ton argumentaire ou contre argumentaire. Je me contenterai du verdict final » rétorquait-il sur un ton neutre. En somme : la ferme et pense tout bas, tu me diras si je dois sortir un préservatif ou un mouchoir puisqu’elle faisait ici référence, à une potentielle masturbation. « Après nous pouvons couper la poire en deux. Tu m’aides à faire mumuse avec ma queue comme tu aimes vulgairement le dire et tu vas te coucher. Pourquoi faire quelque chose soi-même quand Dieu a créé la femme pour le faire à votre place ? » dit-il en ressemblant pour le coup, à un gros connard. Si vous lui demandez pourquoi il se tire une balle dans le pied, il vous dira simplement : pour mettre un peu de piquant à son dilemme. En quoi la victoire serait agréable s’il ne corse pas le jeu ?! Il savait qu’avant l’aube, elle serait sienne. Joan n’avait jamais su lui dire non après tout. « Une ceinte de chasteté ? Tu n’as donc vraiment pas confiance en toi » la charriait-il en secouant la tête, un petit sourire en coin. Tout cela l’amusait mais un coup de téléphone assombrit profondément son humeur.

Il avait raccroché depuis quelques minutes quand la porte de la baie vitrée s’ouvrit sur Joan. Sur le coup, Leonidas n’y prêta aucune attention. Son esprit était bien trop occupé à lui passer en boucle la courte conversation qu’il venait d’avoir. « Qu’importe, prends la chambre qui te plait le plus, je m’accommoderai du reste » lâcha-t-il d’une voix absente. Pour l’heure, il pouvait bien dormir sur le canapé, il s’en foutait complétement. Anesthésié, anéanti, il avait l’impression d’avoir fait un bon dans le passé. La tentative d’humour puis les excuses de Joan n’arrivèrent pas à le détourner de ses sombres pensées. « La ferme » murmura-t-il avant de fermer les yeux quelques secondes. « J’ai pas besoin que tu t’excuses, j’ai pas besoin.. » reprit-il sans savoir de quoi il n’avait guère besoin et surtout de quoi il pouvait avoir justement besoin à cet instant précis. « On vient de m’annoncer le suicide d’un ami » lui apprit-il sans trop savoir pourquoi il se livrait. Joan avait été là quand il avait eu besoin de se confier sur la mort de Parker. « C’est le deuxième proche que je perds cette année. Il y a eu la meilleure amie de Parker dans un accident de voiture et maintenant Ael » soufflait-il. Cela commençait à faire beaucoup, même pour lui. Ael et lui n’avaient jamais été très proches mais il avait été son ami et quand on connaissait la manière dont se protégeait le grec, même un simple ami, ce n’était pas rien. « Je me demande simplement qui sera le suivant. Peut-être mon père. Après tout, il est en phase de soin pour un cancer alors pourquoi pas lui hein ? Prenons les paris si tu veux » dit-il ironiquement. L’humour noir pour se protéger, pour éloigner cette tristesse de lui. « Accorde moi quelques minutes, je vais me reprendre et nous pourrons reprendre notre discussion concernant ta ceinture de chasteté » termine-t-il par dire. En somme : je vais enterrer mes sentiments, il me faut juste trouver comment.

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   Le « La ferme » était clairement ce que j’avais mieux à faire en cet instant, alors je ne targuais pas d’un manque de délicatesse de Léonidas, et m’exécutait sans dire un mot de plus. Je cherchais un endroit ou me poser, et la seule chose que je trouvais c’était la rambarde du balcon sur laquelle je m’adossais, les coudes sur la rambarde pour me maintenir en position. Et je le laissais baragouiner ce qu’il voulait, comprenait qu’il n’avait pas l’air lui-même de savoir ce qu’il voulait…Et comme sorti de nulle part, Léo annonça la triste nouvelle. Je ne disais rien pour le moment, ne voulant pas jouer la carte de la tristesse qui n’était pas mienne. Je n’en avais pas le droit. Cependant, j’osais imaginer ce qu’il ressentait. La perte d’un proche, je la connaissais si bien…

Léonidas continuait de m’en dire davantage, pendant que je continuais de la fermer, comme il me l’avait demandé. C’était toujours la meilleure chose à faire : le laisser dire ce qu’il avait à dire, et attendre qu’il me donne la permission d’y émettre mon avis. C’est ainsi que résonnait le nom de Parker…j’en avais déjà entendu parler, il y a 3 ans. Ce jeune garçon, proche et ami de Léo, que ce dernier avait vu partir de la mucoviscidose. Ce jeune garçon épris du grec qui n’avait vécu que dans l’espoir de voir un jour Léo répondre à son amour par la réciproque…et qui avait quitté ce monde avec la satisfaction d’avoir gouter à son premier et dernier baiser avec le grec. Oui je savais toute ces choses, parce que Léo avait bizarrement accepté de me les dire. Et je pense que c’est cette facette de Léo, si exceptionnelle, qui m’a fait réaliser qu’on ne pouvait pas changer ce qu’il était, mais que ce n’était pas un monstre pour autant. Il avait une âme, un cœur, mais c’est juste qu’il détestait s’en servir…ou plus précisément : il détestait le ressentir, ce fameux cœur.

Et là pourtant, il battait. Il battait pour crier une tristesse que le grec luttait pour ne pas la laisser éclater. J’admirais sa force à ce sujet…je faisais souvent la même chose, et pourtant, je ne compte pas le nombre de fois où j’ai craqué, pleurant seule pour laisser s’échapper ma peine. Peine dont j’étais la seule responsable en plus ! Je me détestais d’autant plus quand je pleurais, parce que je pensais ne pas mériter de m’apitoyer…

Je parlais de permission donné par Léo pour m’autoriser à parler : elle était bien dissimuler, mais pourtant il venait de me la donner en évoquant un vulgaire pari sur la tête de son père. « Je n’ai pas vraiment envie de parier sur la mort de quelqu’un…et toi non plus d’ailleurs. » lui rappelais-je comme pour lui dire que sa tristesse ne lui permettait pas de placer une épée de Damoclès sur la tête de son père. Je comprenais sa tentative d’humour noir, mais vu qu’il s’agissait de son père, je ne la cautionnais pas. Ça aurait été comme si de mon côté, j’ironisais sur la mort de mes parents…alors que…bon… « Je suis désolée pour ton ami… » Devais-je être honnête avec lui en disant que je ne pouvais pas être triste parce que je ne le connaissais pas ? Était-ce quelque chose de bien à dire ? « Prends le temps que tu veux… » lui assurais-je, bien que je ne souhaitais pas vraiment qu’on reprenne notre discussion de tout à l’heure, au risque de faire vraiment encore plus de connerie de prévue, surtout quand en face de moi, j’ai cette facette de Léonidas Vasilis. Je ne veux ni en profiter, ni m’en attacher, parce que je sais qu’il la cachera bien vite. Pourtant, j’aimerais qu’il se vide de tout ce qu’il ressent. « En attendant, tu veux me parler d’eux ? De Ael et de la meilleure amie de Parker ? » Je ne le forçais en rien, je voulais juste savoir ce qu’il avait à en dire…ou alors « Si tu ne veux pas parler d’eux directement, on peut parler de ce que tu ressens. Comme de ta colère par exemple ? » je savais qu’avec Léo, il ne fallait pas parler de « tristesse » ; et puis dans un autre angle, je pouvais fortement imaginer qu’on puisse être en colère à l’idée d’entendre que son ami s’était suicidé. Je sais de source sûre que cet acte lâche et désespérant n’a que pour effet de laisser des gens dans l’incompréhension la plus totale, dans un sentiment d’injustice, et de colère persistante…en plus de cette fameuse tristesse. Mais ça bien sûr, il ne faut pas en parler à Léo.

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   Joan & Leonidas

   And I want your revenge

   

   L’humour noir avait toujours été chez lui un moyen de défense, un moyen de tenir les autres  à l’écart mais au-delà de cela, c’était également une manière pour lui de s’exprimer, de lâcher un peu ses humeurs ou ses sentiments. Leonidas ne pleurait pas cette mort, il s’y refusait. On ne pleure pas un acte de lâcheté après tout songeait-il avec amertume. Ael s’était suicidé, il avait pris la solution de facilité et il se sentait en colère. Triste et en colère parce qu’il trouvait cela d’un gachis sans nom. « Qu’est-ce que tu en sais de ce que je veux ?! Si j’ai envie de parier, je le fais » grommelait-il de manière bien plus agressive qu’il ne l’avait désiré de prime abord. Joan n’avait rien fait, elle n’avait pas à lui servir de punching ball même s’il en rêvait. Le grec avait envie de hurler, de casser, de détruire quelque chose pour faire sortir cette émotion de lui, pour ne plus en être esclave. Dieu qu’il avait envie de détruire quelqu’un comme pour s’oublier l’espace d’un instant. Son grand-père le punirait de le voir aussi expressif même dans sa colère. Un Vasilis ne se donne jamais en spectacle ne cessait-il de lui répéter et surtout pas devant une tierce personne qui pourrait le prendre en pitié. La pitié n’existait que pour faire jouir les faibles continuait-il de se remémorer les paroles impitoyables de son ainé. Son père lui, l’aurait certainement pris dans ses bras maladroitement avant de lui proposer de se changer les idées en l’entrainant dans une tournée des bars. Joan, elle, préconisait la parole d’après ce qu’il comprenait de ses intentions. « Il n’y a rien à dire… Ces derniers temps, c’était assez tendu entre Ael et moi. Il avait couché avec Siloë et on s’était pris la tête bien que je n’étais pas en couple. C’était une connerie de ma part. Il s’est suicidé et je le considère comme le pire des lâches. Il faudrait que je choisisse un peu mieux mes amis, il faut croire » déclara-t-il d’une voix froide et grave. Il était injuste vis-à-vis d’Ael, il le savait mais il s’en fichait. Par sa faute, son contrôle était menacé et rien que pour cela, il se devait d’être l’objet de sa colère. « Parler ne me fera rien, nous le savons tous les deux. Je n’ai jamais été friand des conneries de psy et cela ne va pas changer » soupira-t-il avant de perdre son regard sur la vue qu’offrait la terrasse de sa suite.

Leonidas soupira une nouvelle fois en serrant et en desserrant ses poings. La mort semblait le poursuivre depuis quelques semaines et il se demandait distraitement quelle serait sa prochaine victime. Son père ? Cette prise de conscience lui serra le cœur et pour la première fois depuis l’annonce du cancer de son père, le grec laissait la peur lui glacer le sang. Il avait peur de perdre la seule personne à ne l’avoir jamais abandonné, à l’avoir toujours aimé malgré ses failles et ses échecs. Chrystos était le dernier rempart qui lui restait pour le monstre sans cœur qu’il était devenu au fil des années. « J’ai peur de le perdre… Mon père… La mort d’Ael ne me fait que me dire que la vie est trop courte. J’ai perdu Parker à cause de la maladie… Je ne veux pas le perdre. J’arriverai pas… Je peux pas » dit-il avec difficulté tant l’émotion lui nouait la gorge.


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   Joan & Leonidas

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   Je me doutais bien que Léonidas n’était pas facile…et je ne m’étonnais guère de sa manière de me recaler, ou d’être agressif avec moi. Je le connais peu, sans doute, mais suffisamment pour savoir qu’il n’aime pas qu’on lui dicte des choses à faire, et que son agressivité est un moyen de défense pour ne pas qu’on le prenne en pitié. « Bien ! Alors paries, si tu veux…mais trouve-toi un autre pigeon que moi pour le faire. » Fut la seule chose que je lui répondis, sans aucune agressivité de mon côté. J’avais placé ses mots comme n’importe quel autre dans une conversation sans humeur particulière. Je lui annonçais bien vite que j’étais désolée pour lui, mais ne cherchait pas plus loin. Le côté désolée au point de simuler une tristesse ce n’était pas mon truc : je ne connaissais pas cet Ael, et au mieux la seule chose qui pourrait me rendre triste à son sujet, c’est ce qu’il fait éprouver à Léonidas en ce moment.

Je ne suis pas dupe. Je sais bien que, contrairement à ce qu’il laisse croire, Léonidas est anéanti par la nouvelle. Pour avoir été à sa place, je sais ce qu’il ressent. A la différence peut-être que Léo, lui, ne ressent pas de culpabilité dans la mort de son ami. Moi, si…c’était même le sentiment principal qui m’avait animé à l’époque, avant la tristesse pour la perte de mes parents. Le grec essayait de se détaché comme il pouvait de son ressenti : il prétextait ne rien avoir à dire sur ses amis, et m’assurait même que « parler » n’était pas fait pour lui. J’hochais la tête à ses dires, mais cet acquiescement était peu convaincant. En réalité, j’avais envie de lui dire qu’au contraire, c’était justement ce qu’il était en train de faire en cet instant même : me parler. Mais chercher la répartie dans un instant pareil ne ferait que le faire se refermé sur lui-même et ne pas me faire confiance.
Alors je m’adossais à la rambarde du balcon terrasse, laissant un silence nous envahir tout en fixant le sol…ou du moins, faisant semblant de fixer ce dernier : la tête baissé, je jetais quand même quelques coup d’œil en direction du brun, pour m’assurer qu’il tenait le choc. Il avait beau se présenter comme un roc, personne ne l’est après une perte pareille…PERSONNE. Léonidas semblait scruter l’horizon, mais son air absent le trahissait. Je pressentais qu’il ne lui resterait pas longtemps avant qu’il ne réagisse : soit il s’exprime, soit il agit. Et le moment arriva enfin : Il se mit à parler, avouant sa peur de perdre quelqu’un d’autre. Il ne me fallut pas longtemps avant de comprendre qu’il s’agissait de son père. Il avait voulu parié sur sa mort il y a quelques minutes, voilà maintenant qu’il laissait l’émotion le gagner pour lui faire dire ce qu’il pensait réellement.

Comment expliquer ce que moi je ressentais en cet instant : un mélange de peur que je partageais avec Léo, mais aussi une émotion plus forte…de l’empathie ? Non, l’empathie était un sentiment qu’on pouvait éprouver pour comprendre quelqu’un, se mettre à son niveau tout en gardant en tête le fait qu’on est bien épargnée par la vie en réalité. Donc non, ce n’est pas de l’empathie que je ressentais à l’égard du Grec. De la compassion ? Qui n’en aurait pas ! De la pitié ? Non plus ; pour avoir de la pitié, il faut avoir d’abord eu un préjugés sur la personne : lui avoir imaginé un caractère, un comportement qui sous entendrait que cette personne est surestimée des autres, de nous… Hors, je n’ai pas de préjugés sur Léonidas ; je connais Léonidas. Je sais ce qu’il vit, par qui il vit etc…le surestimé ou le sous-estimé ne m’appartient pas.

Alors c’est quoi cet autre sentiment que je ressens ? Et puis d’ailleurs, faut-il vraiment que je le nomme ?? Tout ce que je sais, c’est qu’il me donne envie de quitter cette rambarde et de me planter devant lui pour lui apporter mon soutien, un peu de chaleur et d’espoir. Pas facile de la part d’une personne qui n’espère plus grand-chose de la vie, et qui se fait simplement à ce que cette dernière veut bien lui offrir, mais…toujours est-il que je me sens comme attiré par un aimant vers Léonidas. Ne réfléchissant donc pas plus, d’une poussée à l’aide de mes coudes, je quitte mon balcon pour avancer vers le grec, mon cœur battant comme pour m’indiquer que c’est ce qu’il veut, que j’ai fait le bon choix.

Une fois devant lui, je lève ma main pour attirer l’attention de Léonidas, attrapant son menton entre mon pouce et mon index pour le forcer à me regarder. Puis prenant un temps avant de lui parler, je le fixais droit dans les yeux, espérant qu’il voit juste en moi et puisse lire mes intentions les plus pures et surtout les plus sincères. Et comme pour devancer ce qu’il allait sans doute se mettre à penser, je déclarais tout haut, d’une voix grave mais d’un ton qui empruntait à la confidence « Ce n’est pas de la pitié….Je ne te prend pas en pitié… » et je ne détachais mes yeux des siens, jusqu’à ce qu’il comprenne, qu’il n’accepte, et me laisse enfin faire ce que j’avais envie de faire : j’écartais ses bras qui jusqu’ici lui servait de muraille, et une fois fait, je l’entourais des miens, le forçant à venir se cacher contre moi, appuyant sur l’arrière de sa tête et la placer contre mon abdomen. Une façon comme une autre de l’enlacer tout en le laissant maitre de sa position, et lui permettre d’avoir cette bulle autour de lui, former par moi et mes bras qui l’entouraient.

Ce n'était pas la peine de lui répondre concernant son père. De toute façon : y avait-il une réponse adéquate ?? Je ne pourrais pas lui dire qu'il n'avait pas à avoir peur, que son père ne partirait pas...de la même manière que je ne pouvais pas lui retirer cette émotion qui lui appartenait en voulant positivement lui assurer que son père était fort et coriace...Mes parents étaient forts et coriace eux aussi. Et pourtant...

AVENGEDINCHAINS
   
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