Appel : Denys ► Alexys

Etre celui qui annonçait, c’était terrible. C’était se prendre en pleine face la détresse et le chagrin des gens. J’aurais voulu lui dire de visu, pouvoir lui tenir les mains, pouvoir fondre dans ses bras, parce qu’avec Alexys c’était comme ça, y’avait pas de tabous, que ce soit dans nos rapprochements ou dans nos confidences. Mais voilà, elle était là bas et non, même si elle le voulait, moi je ne voulais pas qu’elle écourte ses vacances pour moi. « Non Alex… » Je m’isolais, mais c’était ce qui me fallait. Rester à l’appart, ce loft hanté par sa présence partout, dans ma bulle, comme pour la faire exister encore un peu… « Je suis désolé. Je préfère être seul. J’ai besoin de ça je crois. »

Il fallait que je parte. Que je fasse mes affaires et que je rentre à Boston. Il fallait que je le rejoigne pour être là pour lui. C'est ce que font les amis. Pourtant, ce n'est pas ce qu'il voulait. Il m'a dit que non. Qu'il préférait être seul, qu'il avait besoin d'espace. Alors, j'haussais les épaules en soupirant, posant de nouveau mes fesses sur le lit. Je comprends... Je comprends parfaitement ! Je pense que j'aurais réagi exactement de la même façon à sa place. De nouveau, un court silence s'installa et je me raclais la gorge avant de reprendre : Mais, tu sais que je suis là ? Si t'as besoin de parler ou juste d'écouter quelqu'un ou quoique ce soit alors, je suis là ! Je serais toujours là pour toi Denys. Il fallait qu'il le sache. Même si ce n'était peut-être pas le moment parfait enfin, j'aurais surement du lui dire ça plus tôt.

Je savais pas si c’était mieux. L’isolement. Le refuge ici. Reclus au loft. Refusant de voir du monde. Refusant de sortir. Refusant de vivre… C’était un peu le remède que j’avais trouvé, comme pour arrêter le temps, pour essayer de figer les choses, l’empêcher de partir… C’était ma solution à moi. Et Alex le comprenait, le respectait, me soufflant quand même ensuite qu’elle était là, que si j’avais besoin elle était présente. J’hochai la tête, je déglutis néanmoins difficilement en l’entendant assurer qu’elle serait ‘toujours là’ pour moi. Parce que oui, ça, elle le disait aussi Ashleigh. Personne n’est éternel. Je le savais déjà avant, maintenant ça me saute à la gorge. A chaque ‘toujours’ prononcé. « Je… Merci Alexys. Faut que je te laisse. Je… » Je ne me sentais pas capable de poursuivre davantage cette conversation.  Mais je trouvais la force de lui souffler un : « Fais gaffe à toi s’il te plait… » avant de raccrocher après cet éprouvant appel.  

Je ne savais pas quoi lui dire alors, je faisais des promesses en l'air. Je dis des propos que je ne pouvais pas tenir car personne ne sait ce qu'il va se passer demain, la semaine prochaine ou même dans quelques heures. Je suis un peu perdue parce que je n'arrive pas à réaliser et que je ne sais pas quoi lui dire. Je n'ai jamais été doué pour ce genre de conversation. A la mort de mon père, j'ai eu beaucoup de mal et pourtant, je n'ai pas réussi à pleurer, je n'ai pas réussi à m'excuser pour tous les mauvais propos que j'avais pu tenir à son égard. J'ai simplement regardé dans le vide et serrer la main de mon frère aussi fort que possible, comme si lui aussi allait m'abandonner. Non, ce genre de trucs, ce n'est pas pour moi alors, quand il dit devoir me laisser, je secoue la tête. Ouais... D'accord... On s'appelle ? C'était tout ce que j'avais à dire parce que l'isolement est la meilleure des solutions à mes yeux même si je détestais cela pour mes amis.Prends soin de toi et fais pas de conneries ! Et tout ce que je pouvais lui dire en échange. Rien d'autre ne sortit.