On s'attend à tout et on n'est jamais préparé à rien... (Hadès)

  C’était d’abord son immobilisme, son manque de réaction, son regard vide. Eteint. C’était ça qui me frappait, qui m’inquiétait, qui m’alertait. Et ensuite c’était le fait qu’il me rejette, qu’il me repousse, qu’il m’ignore… Ca, ça ne m’inquiétait pas, ça me rendait furieuse. Levée d’un bond, je m’éloignai, blessée, avant de me radoucir. Parce que j’étais comme ça. Volcanique. Tempétueuse. J’explosais. Je m’enflammais. Avant de retrouver mon calme. Et l’extincteur de ma rage ce fut de comprendre. Juste comprendre. Me mettre à sa place un instant, voir les choses depuis son œil à lui. Essayer d’éprouver ce qu’il éprouvait. Repensant aux paroles d’Abé, la piplette, comme il l’appelait, avec son petit ton bourru dans lequel moi j’entendais bien percer l’attendrissement réel qu’il ressentait pour son jumeau. Je soulignais la différence de locacité entre les deux garçons, Hadès lui trouvait son alter ego à côté de ses pompes. « C’est marrant, j’aurais plutôt utilisé cette expression pour toi moi. » lançai-je, piquante un peu, mais sur un ton taquin et avec un petit sourire aux lèvres qui prouvait que je n’avais pas l’intention de le blesser avec mes mots. Et puis voilà que je finissais devant lui, à lui tendre mes mains pour le tirer hors de cette chambre. Mais c’était lui qui me tirait, et dans ses bras s’il vous plait… C’était mieux. Tellement mieux. Là blottie contre lui, je savourais ce contact. Je souriais, soulignant quand même les problèmes règles de l’établissement, dont monsieur se fichait ouvertement.  Un petit rire s’échappa de mes lèvres et je sentis son étreinte se resserrait. Mes paupières se fermèrent quelques secondes, pour profiter un peu plus de ce câlin que je n’espérais plus. Bordel, ça faisait un bien fou. « Là tout de suite maintenant ? » Je rouvris les yeux, relevant mes prunelles pour accrocher les siennes, nos visages tous proches. « On ne peut mieux. » Ses bras, ce geste, cette proximité. J’avais un peu l’impression de le retrouver. « Mais j’aime pas te savoir ici… Te savoir mal… Je veux que tu me promettes d’aller mieux Hadès. Ou au moins d’essayer… »

Il y a ces démons noirs en moi qui me poussent à ne plus avoir envie de rien faire, qui me pousse a rester seul, et sans personne tout simplement parce que je ne veux voir personne, j'ai pas envie de voir du monde, pas envie de discuter ou de jouer cette foutue comédie du bonheur, ça va pas, je vais pas dire que ça va. Mon monde tombe en morceau et pourtant, la présence de Cassie me réchauffe le coeur, me donne un peu de force pour le retenir, pour l'empêcher de partir, pour l'emprisonner dans mes bras. Mais avant de la repousser pour ensuite la retenir, je fais des commentaires sur mon frère qui semble mal, je l'ai vu, lui et son foutu sourire, il voit pas que les médocs le rendent con ? Ils sont entrain de lui griller le cerveau alors que moi, je suis éteins. Je croise les bras quand elle me renvoie l'expression, me trouvant à côté de mes pompes et même si je sais qu'elle a raison, je ne suis pas prêt à l'admettre alors je réplique Je vais très bien. J'ai juste envie de rien. avec cet air bougon et fermé qui me caractérise en ce moment. Et voila que je finis par l'attirer à moi, l'emprisonner contre mon corps et me sentir un peu mieux pendant cet instant. Un peu moins minable, un peu moins seul et incomplet. Et j'entends au timbre de sa voix qu'elle sourit, qu'elle est heureuse de cette proximité et pour être honnête, je sourirai presque moi aussi, mais c'est pas mon style. Cet espèce d'air un peu heureux, c'est mon maximum pour dire que je suis un peu pas trop mal. Et je m'en fou des règles, je veux qu'elle reste. Et les infirmières auront plutôt envie qu'elle reste aussi si ça peu me calmer, non ? Au final, tout le monde est gagnant dans cette histoire, c'est le principal non ? Je lui demande comment elle va elle et elle me répond que ça va. Là maintenant tout de suite, elle va bien. Ses pupilles accrochent les miennes et elle veut que je lui promette d'essayer d'aller mieux. Je ne sais pas si un jour je serai capable d'être aussi heureux qu'avant, de rejouer du piano sans avoir la boule au ventre, de sourire tout le temps, mais je peux essayer pour elle non ? Parce qu'elle, elle pourrait tout faire pour moi... Une de mes mains glissent pour attraper une des sienne et la serrer avec douceur J'essayerai ... Pour toi. pour elle. Parce que même si on est plus ensemble, il fût un temps où j'aurai pu décrocher la lune pour la faire sourire et encore aujourd'hui, c'est d'actualité. Parce que Cassie, c'est Cassie. Qu'elle est irremplaçable et indispensable.

 Il parlait de son frère, et je le savais, que si il jouait les durs à cet instant, l’affection qu’Hadès éprouvait pour Abé était inestimable. J’avais deux sœurs, jumelles elles aussi, je l’avais observé et vécu ce lien inégalable qui liait les jumeaux. Alors je me permettais d’être taquine, quelques secondes, en lui renvoyant ses propres mots pour le qualifier lui. Sur la défensive, monsieur chonchon se braquait. « Envie de rien tu dis ? » que je repris une fois qu’il m’eut attiré dans ses bras. « Me semble que t’avais quand même envie d’un câlin en fait. » C’est qu’en le piquant un peu, j’avais l’impression de le retrouver. Hadès n’était pas de ceux qui se complaisaient dans l’apitoiement. Il n’avait surement aucune envie de recevoir de la pitié ou des ‘désolé’ à gogo. Alors oui, je taquinais. Et mes bras s’enroulaient autour de lui, ma tête se lovant un peu plus contre son torse alors que je souriais de bien être dans cette étreinte imprévue. Il avouait même qu’il voulait que je reste, alors que cinq minutes plus tôt il avait voulu me mettre à la porte, donc j’étais carrément aux anges. Je redressais le visage quand il m’interrogeait sur mon moral à moi. Ca c’est Hadès. Il était hospitalisé pour dépression ici mais il arrivait encore à s’inquiéter de mon ressenti à moi. Je le rassurais sur ce point, plongeant mon regard dans le sien pour lui faire promettre d’aller mieux. Il m’assura qu’il allait essayer. Précisant que c’était pour moi qu’il le faisait. Je sais qu’il n’avait pas que moi. Il avait Abé. Il avait Gaga, malgré toutes les tensions qui existaient avec sa cadette. Il y avait aussi ses amis. Il était entouré, quoiqu’il en dise. Mais j’aimais bien cette précision qu’il faisait. L’éclat de ses yeux quand il l’avait prononcé aussi. Ca me faisait me sentir importante. Ca me faisait sentir exister pour lui. Et ça me faisait vibrer… Est-ce que j’arriverais un jour à me détacher de lui ? A l’oublier complètement ? Est-ce qu’on peut réellement oublier un jour son premier amour ? A cet instant précis, j’étais convaincu que non. Et mes prunelles se perdaient sur ses lèvres quelques secondes, avant d’accrocher de nouveau les siennes. Me focaliser sur son regard, pour lutter contre la tentation. « Et ce soir tu vas me faire dormir où ? » demandai-je alors avec un petit sourire pour reprendre sur l’invitation à rester pour la nuit qu’il avait lancé.  

Tout le monde me prend pour un égoiste, un abruti sans coeur, qui n'a pas d'autre passion que lui même. On me croit individualiste, on m'a même élu à mon plus grand bonheur comme étant le plus narcissique. Pourtant, ceux qui me connaissent savent mon dévouement pour ma famille. Abélard est mon jumeau et même si il est con environs 99% du temps, lui et moi, sommes liés comme jamais. Agathe, elle est une des femmes de ma vie, même si il lui manque la majorité de son cerveau et Arthur ... Arthur, j'aurai clairement donné ma vie pour lui. Ma vie était centré autour de lui, autour de ce petit gars haut comme un minimoy, avec ses cheveux en bataille et ses billes brunes, son air mutin et ses fossettes qui rosissaient à force de rire. Arthur m'a appris à aimer même quand j'en étais plus capable. Il m'a appris à pardonné, car je lui ai pardonné ses dessins sur les murs de ma chambre et les réveils à 2 heure du mat pour que je lui joue Pirate des Caraïbes pour que Monsieur puisse dormir. Je lui ai pardonné les nuits blanches où je pouvais à peine dormir car il se transformait en boxer quand il dormait et ces nuits où il dormait entre moi et Cassie et m'obligeait encore et encore à jouer jusqu'à 4 heure du matin un air de piano pour chasser les cauchemars de la pièce. Je revois ses grandes billes s'illuminer quand j'arrivais avec Abélard de Paris, et à quel point il pouvait courir vite pour nous rejoindre. J'entends encore son rire. Je me revois me réveiller en pleine nuit petit pour vérifier qu'il allait bien. Arthur m'a appris à ne plus penser qu'à moi. Il m'a appris que l'amour ne se méritait pas. Il m'a appris que je pouvais être un gars bien. Et puis, il m'a brisé. Il ne me reste plus que Agathe et Abélard et clairement j'ai beau être un égoïste, je ferai toujours tout pour eux. Et ça, Cassie le sait. Elle sait que pour eux, je bougerai le mont Everest. Elle me connait trop bien alors elle me charrie sur Abélard et je me transforme en rustre bouguon, parce que je suis comme ça, grincheux, râleur, et bien souvent, je tire la gueule pour pas grand chose quand je suis pas décidé à faire d'effort ou à positiver. Pourtant, ma râlerie ne dure qu'un temps puisque je finis par l'attirer dans mes bras et retrouver l'espace d'un instant, mes étoiles dans les yeux. Ses paroles m'arrachent presque un sourire Non, mais toi oui, alors je fais un effort. mauvaise foi quand tu nous tiens. Cassie le sait, moi et les sentiments, c'est genre aux antipodes, je sais pas dire que j'ai besoin de quelqu'un, je repousse la personne et je la pourrie de me laisser, je sais pas dire je t'aime, je m'éloigne par peur des sentiments. Parce que dans ma vie, tout est en contrôle, des coups d'avance, j'en ai toujours, je pense à tout, mon cerveau est toujours en ébullition. Bouillonnant d'idées géniale, cruelle et sadique. Mais les sentiments, ça se contrôle pas. Ca peut s'enfouir, ça peut se cacher mais se contrôler, non, personne ne le peut. Alors je suis mal à l'aise avec les sentiments. Mal à l'aise avec l'idée de gérer ça. Pourtant, Cassie, elle sait. Elle sait ce que je ressens. Du moins, là maintenant, elle sait, elle comprend, je le sais. Et se présence réchauffe mon coeur un peu trop meurtrie par ce monde trop cruel pour moi. Et sa voix me fait sourire en silence. Et ses yeux m'hypnotisent et me kidnappent dans un monde qui nous appartient. Elle semble se perdre un instant dans mon regard alors que je la contemple sans rien dire de plus, parce que j'ai rien à dire. C'est rare que je n'ai rien à dire. Mais là, elle me coupe le souffle. Pourtant, sa réponse me pousse à vraiment sourire alors que nos yeux sont plongés l'un dans l'autre Juste ici. ici, dans mes bras, près de moi. Et si elle veut pas, je lui cèderai le lit, je dormirai sur un siège inconfortable pour qu'elle dorme bien, ou bien je l'admirerai dormir comme j'adorerai le faire.

  Et même quand il se braquait comme ça, même quand il ronchonnait contre son frère, qu’il accusait d’être une pipelette ou à côté de ses pompes, moi je savais. Je savais qu’il n’en était rien, qu’il avait sa façon à lui d’exprimer son attachement, parce que son frère, sa sœur, sa famille, il y tenait plus qu’à tout le reste. On n’était pareil sur ce point lui et moi. Y’avait mes sœurs. Mes sœurs avant tout. Pour ça que j’étais à Harvard, pour ça que j’avais lutté corps et âme pour qu’on me fasse sortir de ce fichu pensionnat religieux de mes deux, pour les retrouver elle. Je m’inquiétais pour Aria en ce moment, et ça me bouffait et je pouvais donc très bien comprendre qu’Hadès se retrouve hospitaliser. Parce que lui, son petit frère, il n’était pas juste en train de faire une sorte de déprime, il n’était pas juste face à un deuil ingérable, ou viré d’une stupide confrérie, c’était bien plus grave. Son petit frère avait disparu. Peut être qu’il ne le reverrait jamais. Alors oui, il bougonne contre Abé mais je n’y croyais pas une seule seconde. Pas plus quand, finalement prise dans ses bras, dans ce calin, dans cette étreinte que je n’osais plus espérer, il se défendait de l’avoir voulu, affirmant simplement faire un effort pour moi. « Et si je te dis que je veux un baiser, tu feras un effort aussi ? » que je demandai, joueuse, taquine, relevant le visage, cherchant ses yeux, son regard. Ca me faisait du bien d’y voir un peu de lueur. Y’avait quelque chose qui s’était rallumé chez lui, finalement. Comparé à cet être éteint de tout à l’heure, j’avais l’impression de retrouver un peu mon Hadès là. Ca me plaisait. Et même qu’il me demandait de rester pour la nuit, alors outre le côté interdit, le détournement de règle qui avait ce don de m’exciter, j’avais quand même envie de faire ma tatillonne, de réclamer où il comptait me faire dormir. Sa réponse, son ‘juste ici’, étira un peu plus le sourire qui ourlait mes lèvres. « On va se faire tuer par les infirmières. » Oh rien que cette idée l’amuserait, je le savais. Il aimait les rendre dingue les soignants. « Mais ok… Je dormirais juste ici… Si tu m’embrasses. » Je réclamai à nouveau un baiser avec des yeux joueurs et pétillants. Peut être que c’était ça aussi, la médecine qu’il lui fallait.

J'aime trop râler pour arrêter. Je crois que j'ai toujours été comme ça, à torturer mon personnel, à faire le fou, à demander des trucs incongrus juste pour les voir galérer. Oui oui, les chicons au gratin, ça se mange à toutes les saisons et ranger ma chambre, ça peut se faire même à 3 heure du matin si j'ai décidé qu'elle était sâle et en bordel, car il faut le savoir, je dérange toujours tout, mais je suis un inconditionnel maniaque. Chaque chose à sa place, chaque place à sa chose. Ca, c'est à cause de ma mère. Elle est une grande maniaque et si on avait le malheur de casser un truc, ça devenait les cris. Une fois, elle a même pleuré parce que j'ai cassé son vase en cristal, en jouant au ballon dans le château. Résultat, elle m'avait privé de glaçons dans ma boisson pendant 1 semaine entière en pleine été. J'ai bu de l'eau chaude quoi. Génial. M'bref, je crois que nos familles sont un peu toutes trop bizarre pour vous. Parce que pour nous, dépenser votre salaire annuel en shopping à Milan, c'est normal. Les galas où on doit être bien présenter, bien beau, bien propre, c'est quotidien. On est le reflet de l'image que veulent donner nos parents sur le papier. Mais ces photos que vous voyez de nous ne sont vrai que sur du papier glacé. Nous sommes la pire espèce qui existe. Nous sommes les plus égoistes, les plus narcissiques, les plus téméraires, colérique, capricieux et exigeants que ce monde connait. Et si on trouve des gens qui nous font concurrence, on les humilie, par simple plaisir de les voirs déchanter. Pourtant, si vous demandez à mon cercle fermé, on vous dira que je suis presque cool et gentil. Presque drôle même. Parce que mes amis voient le meilleur comme le pire. Combien de fois Al a appelé Noah pour qu'il vienne me chercher en soirée alors que j'étais trop mort pour faire deux pas. Combien de fois Cassie a dû me calmer quand on me cherchait. Pourtant, Cass, j'ai toujours essayé de l'épargné du noir en moi. J'ai toujours essayé de lui montrer le meilleur. Et quand elle est là, je me calme, je me sens mieux. Cassie, elle est un genre d'antidote et si les infirmières veulent avoir la paix, elles ont intérêts à accepter qu'elle reste. Parce que là, dans mes bras, je ne suis prêt à la laisser partir nulle part. Mais pour le moment bien loin de penser à un accord que je me suis autoproclamé, je taquine Cassie qui réplique et j'ajoute, avec un air faussement déséspéré En bon prince, je me sacrifierai. suivi d'un presque sourire. Elle le sait que c'est faux. Si elle demande, je serai le premier ravi, le premier content, parce que c'est Cassie. Cassie, c'est Cassie quoi. Et quand elle me demande où donc va t-elle dormir, je réponds le plus sérieusement du monde que ça sera où elle est à présent. Je sens que ca lui fait plaisir et elle ne s'imagine comme ça me fait plaisir à moi aussi. Et quand elle me dit que les infirmières risquent de nous tuer, j'ai presque envie d'avoir mon fameux sourire presque sadique et dans l'attente Je m'occupe des infirmières. Elles diront oui. parce que sinon je vais être intennable, parce qu'elles sont payer pour me faire aller mieux et là, il est clair que je vais mieux. Parce que au pire, Al leur fera un chèque. J'adore rendre barge le personnel médicale, c'est mon petit plaisir quand je suis enfermé. Cap. sourire aux lèvres, yeux pétillants, mes lèvres se rapprochent des siennes dangereusement avant de prendre contact et d'en prendre possession. Je l'embrasse, coeur battant, avec cette passion qu'il y a toujours entre nous. Et je fais ça bien, je vous assure, histoire qu'elle reste bien à mes côtés jusqu'au bout. Parce que je veux qu'elle reste. Parce que j'ai besoin d'elle.