AARAGE + Never forget

Je poussais la porte donnant sur le balcon, derrière moi Aaron qui s'engage en même temps que moi. Je prenais une grosse bouffée d'air frais en m'accoudant sur la rambarde, le regard plongé vers l'horizon, tout est tellement beau vu d'ici.. Tellement lumineux. Qui se douterait que la vérité en est tout autre ? Qui se douterait que, là-bas, il n'y a rien de magique, rien de merveilleux, juste des larmes, du sang, des balafres qu'on ne peut plus soigner. Je serre les dents, baisse les yeux quand les souvenirs viennent me ravager, j'humidifie mes lèvres rapidement avant de lever la tête. Reprendre confiance, ou du moins faire semblant de le faire. - T'as pas un joint sur toi ? J'ai pas eu le temps d'en acheter.. Que je demandé à Aaron, mon regard venant se saisir du sien. Putain, t'es toujours aussi beau, et tu sais.. J'ai pas oublié notre soirée, j'ai rien oublié. Ce moment avec toi, c'était bien malgré tout, c'était juste pas la bonne période pour ça. - Alors, comment s'est passé ta fin d'année sans ta bizutrice préférée ? Dis-je en le poussant légèrement, mince sourire aux lèvres. - T'as réussi à te taper des meufs après t'être travestit ou ta réputation te colle à la peau ? Je ris, me souvenant de ce défi magique. Je peux te dire que, même en robe et talons, tu fais de l'ombre à tout le monde !

Prendre l'air après ces quelques émotions. Mais ouais, ça fait du bien de retrouver ses proches, comme ça. C'est dans ce genre de moment qu'il prend conscience de ce temps qui passe à une vive allure. La preuve, il vient de terminer ses études, il est un jeune dipômé, il rentre carrément dans la vie d'adulte. Ouais, d'un côté, ça fait peur mais il est serein. Parce qu'il s'est construit une petite vie, au fur et à mesure et maintenant, il faut la continuer mais en acceptant un certain changement. Mais là, le sourire aux lèvres, en rejoignant Sage, dehors. Il hoche simplement la tête avant de fouiller dans sa poche, à la recherche du seul joint qu'il avait. Il peut bien partager, avec elle. Mais c'est le seul, faudra bien partager. Il lui tendit. Horrible.. j'avais besoin de toi.. tu sais pour me guider et m'apprendre les expériences de la Mather. dit-il de cet air malicieux et même coquin. Mais en vrai, elle lui manquait et c'est toujours bon de la revoir. Attendez.. elle a toujours été sexy, comme ça ? Dis-toi, que ça les attire, je devrais peut être te remercier pour ça. Mais maintenant, elles n'ont qu'une seule envie : me revoir dans cette tenue. Alors que lui, il ne demande qu'à porter la tenue d'Adam. Ça fait du bien de te voir, Sage. Ouais, il l'avoue, il se souvient de leur dernière soirée. Qui l'a laissé sur sa faim, c'est clair.

J'avais besoin d'un moment de répit autour de tout c'beau petit monde, de me retrouver un peu seule ou presque.. Aaron m'avait accompagné et rejoint, c'est pas plus mal dans l'fond, rester seule ça ne présage jamais rien de bon avec moi. C'est jamais bon signe et j'termine toujours par faire des conneries. Mon sourire s'élargit quand il me lance des sous entendus limite pervers, en fait, ils l'étaient même. Et j'hoche longuement la tête, bizarrement, avec lui c'était différent. Parler de ça après ce qui s'est passé l'année dernière ne me mettait pas mal à l'aise. Sûrement le fait qu'il avait pu me toucher quelques jours après les faits, qu'il m'avait vu dans ce sale état, qu'il avait pu poser les yeux sur ce qu'il restait de mon corps meurtrit. Ça a eu le don d'installer un climat de confiance aujourd'hui, de pas l'voir comme je peux voir tout ces hommes.. - Rien n'est jamais trop tard tu sais.. Regard en biais, sourire provocateur. J'aime te chercher, j'aime cette complicité qui s'est développée aussi naturellement. J'écarquille les yeux, faisant mine d'être impressionné. En même temps, t'as pas vraiment besoin de moi pour les attirer, ton physique le fait très bien. - C'est vrai que t'étais pas mal dans cette tenue.. Je me mords la lèvre intentionnellement, attrapant au passage le joint qu'il me tend et le cale à mon bec. Beaucoup trop d'temps que j'avais pas fumé, je savourais la première inspiration. - Je t'ai donc fait augmenter ton palmarès, tu m'en doit une Buckley ! Je tire une nouvelle taffe en lui rendant son joint, recrachant le reste dans l'air. Des aveux qui sortent de ta bouche, qui me réchauffe de l'intérieur et je me rapproche un peu plus, cherchant tes yeux dans l'obscurité. - J'avais peur de revenir tu sais ?.. J'sais pas trop pourquoi je t'avoue ça à toi, je sais pas pourquoi ça sort d'un seul coup mais j'ai pas pu le garder pour moi.

C'est le mois des changements et des retours. Oui, surtout des retours. Denys est à la maison et plus entre quatre murs. Bien qu'il doit encore porter un bracelet, c'est mieux de le voir ici. Et il y a Sage.. cette mystérieuse femme qui a été sa bizutrice, lors de son retour à la Mather. Et honnêtement, il ne regrette pas d'en être partie. Il aurait raté beaucoup de choses, dans son bizutage. Mais il est certain que si elle était restée.. les choses auraient été encore plus intéressantes. Il n'a jamais su le pourquoi du comment son départ. Ils se connaissent peu. Tu n'as pas besoin de me le dire, deux fois.. Et son regard qui se balade sur son corps, de haut en bas, sans gêne. Depuis quand, Aaron se gêne pour regarder ? Ce n'était pas ma meilleure tenue mais je me suis amusé. Ouais, il ne dira pas le contraire. Il est souvent prêt pour faire des trucs assez dingue et qui ne lui ressemble pas, surtout.Quand tu veux et où tu veux. Je suis pas bien difficile. Oh non, tellement pas. Mais il continue de la taquiner, en flirtant avec elle. C'est naturel et c'est sa façon d'être, aussi. Il est comme ça, avec pratiquement, toutes les filles. Elle lui tend une perche, normal qu'il vient à la saisir. Il serait fou pour passer à côté. Il y a du temps perdu à rattraper, je vous le dis. Il prend le temps de la regarder avant d'attraper le joint pour fumer à son tour. Il fronce rapidement le regard, aux paroles de Sage. Pourquoi, t'avais peur ? Qu'est-ce que tu as laissé, ici ? C'est aussi, un moyen d'apprendre à mieux la cerner. Elle reste le mystère, pour lui.

Avec Aaron c'était doux, c'était simple, c'était sincère. Même après la sale soirée que j'lui avais fait vivre à l'époque. En me remémorant la scène, j'avais honte de moi, honte de m'être montré aussi faible, de m'être mise à nue sans rien pouvoir contrôlé. Lui aussi devait s'en souvenir, j'comprenais même pas pourquoi il perdait son temps avec moi encore. Je l'avais laissé littéralement en plan, il n'avait eu qu'un petit morceau de mon corps.. Alors pourquoi me montre-y-il autant d'intérêt ? À moi ? À mon retour ? J'ai perdu toute confiance en moi depuis, déjà qu'elle était minime, et si un homme prenait l'temps de m'écouter c'était simplement par intérêt. Et avec Aaron, j'trouvais pas le pourquoi. - Tu t'en es bien sortit sans moi à c'que j'vois, non ? C'était l'un de mes bizuts avec qui j'avais le plus accroché, avec qui j'avais une relation plus forte que les autres. Il m'donnait envie d'en savoir plus, d'passer du temps avec lui malgré l'histoire de l'an dernier. - La mather devient quoi ?.. J'demande parce qu'elle me manque, c'était ma deuxième maison, ma seule famille à l'époque. Avant que j'apprenne que j'en avais une vraie. J'souris, froissant la bouche en affichant une mine surprise. - C'est une proposition ça ? Que j'dis malicieuse avant de détourner les yeux vers la vue. Mes doigts encerclent la rambarde, la serrant un peu plus en me balançant d'avant en arrière. - J'sais pas trop.. Le sujet devenait plus sensible, et ma voix s'faisait plus basse, plus faible. J'fuyais son regard, j'osais pas le regarder en face. - Pratiquement que des mauvais souvenirs. Un enfant mort, un amour aussi mort que lui, un viol qui laisse des séquelles irréversibles. - Puis j'savais pas si j'avais encore ma place, j'sais pas si tu m'comprend..

Sage, c'est le mystère. Le mystère qui l'intrigue, partagé entre l'envie de la découvrir davantage ou d'entretenir, tout ça. Il se souvient encore des premières semaines de son bizutage. Des défis originaux et drôles. Non, il n'a pas eu le temps de s'ennuyer et disons qu'il serait prêt à recommencer. Oui, dit-il alors qu'il vient d'être diplômé. Faut croire que tout ça lui manque déjà. Mais l'université, c'est six ans de sa vie, ce n'est pas rien. C'est dur de tourner la page. Il se souvient aussi de cette soirée et de ce moment trop rapide mais surtout très bizarre. Voyant la sensibilité de la jeune femme mais il n'a jamais su le pourquoi. Il n'a pas voulu lui poser des questions. Il ne voulait pas la forcer. Puis, elle est partie si vite, qu'il n'a pas tout compris. Et maintenant, les voilà, aujourd'hui. J'avais juste lâché la maison, une année, le retour était normal. Mais le bizutage plus plaisant que le premier, il l'avoue. Il hausse les épaules, à sa question, incapable d'y répondre vraiment. Ouais.. Elle va... bien, je suppose. Je m'en suis un peu éloigné pour me concentrer sur mes études, je voulais avoir mon diplôme. Ce que j'ai eu. dit-il d'un sourire, parce que ouais, il est heureux. Tu m'as laissé sur ma fin, la dernière fois. qu'il taquine mais qu'il prend un peu, au sérieux. Il s'interroge sur son départ; c'est normal. Il fronce le regard en voyant sa réaction. Il touche un point sensible, non... très sensible. Il grimace légèrement. Alors pourquoi revenir ? Bien que son retour est plaisant. Je sais pas, où tu veux en venir mais je pense, que tu l'as, ta place. Mais en même temps, il parle sans connaissance de cause, pour le coup.

Aaron c'était un peu le bon souvenir baignant dans le mauvais. La soirée que j'avais passé avec lui avant de partir, c'était juste une putain de bouffée d'air frais.. Jusqu'à ce que la réalité me rattrape et me dévore entièrement. Tout a basculé, j'étais à bout de tout, j'me sentait de plus en plus mal jours après jours et c'était impossible pour moi de me relever. Cette période est vraiment la pire, aujourd'hui j'vais mieux. C'est ce que je me force à avaler, pour pas flancher, pour pas retomber dans ce cercle vicieux, pour ne pas retomber tout court. - Hm.. Je vois. Dis-je en hochant la tête. Ce qui explique pourquoi il était direct si à l'aise chez les verts. Et puis je demande comment va mon ancienne maison, mon repère et j'avais hâte de pouvoir l'intégrer à nouveau l'année prochaine. Il reste vague, je fronce les sourcils sans trop comprendre jusqu'à ce qu'il m'explique s'en être éloigné. - Felicitatioooon pour ton diplôme ! Sourire aux lèvres, je le prend dans mes bras directement. Contente pour lui, il avait réussi et ça prouve une fois de plus que les préjugés sur les mathers c'était de la merde. - Tu vas quitter la mather du coup ?.. J'dis ça, parce que c'est dommage.. Soufflais-je en froissant la bouche, prenant une voix mielleuse à souhait. -T'aurais pu devenir mon bizuteur de l'an prochain ! Et franchement, ça m'aurait bien plu que ce soit toi en fait. Mon visage change face à sa question, je détourne le regard du sien, relâchant mes membres en soupirant bruyamment. - J'ai appris des choses sur ma famille et j'avais pas vraiment le choix que de revenir ici.. Avouais-je sans rentrer dans les détails. Puis je repose les yeux sur lui, attrapant sa main et l'entraînant à l'intérieur en quittant le balcon. - Peut-être qu'on pourrait finir ce qu'on a commencé la dernière fois alors ? Histoire que je me rattrape.. Sourire malicieux, regard coquin et je marchais à reculons sans regarder derrière moi.

Sage représente un mystère. Un mystère qu'il n'a jamais élucidé parce qu'elle est partie, bien trop tôt. Après son son bizutage, heureusement mais c'était trop peu. Elle donnait à son retour à la Mather, un côté plus frais, plus amusant. La surprise d'apprendre son départ mais il n'a jamais cherché à comprendre. Pas qu'il s'en foutait. Non. Mais disons que c'était un choix qu'il pouvait respecter. Il a fait bien pire, alors pourquoi la juger ? Surtout que maintenant, elle est de retour et il ne compte pas la laisser filer. Pas une seconde fois. Et dire qu'elle est encore plus sexy, que dans le passé. Il avoue que ce n'était pas sa première rentrée chez les Mather, cette année. Il y était avant mais durant l'année 2015/2016, il a voulu faire une pause. Il venait de rater son année et cette fois, il voulait autant de concentration que possible. Mais il ne regrette en rien. Il vient alors à la remercier pour ses félicitations, la prenant dans ses bras, ensuite. Je vais te manquer ? qu'il enchaîne bien vite avant qu'elle ne dise le pourquoi de sa phrase. Une remarque qui le fit sourire. Et même si j'étais encore dans la maison, je ne m'occupe pas des bizutages, je n'ai pas le temps. En fait, il n'a jamais eu le temps et peut être même, de la flemme. C'est peut être dommage, ses aventures auraient été plus différentes. Mais ça peut s'arranger, on peut s'improviser bizuteur/bizut à notre façon. Ouais, bien sûr que c'est pleins de sous-entendus. Il garde ce sourire en coin. Tu sais.. si l'envie te prend de m'en parler, je sais écouter. Juste au cas où. Il finit par quitter le balcon, alors que Sage l'entraîne à l'intérieur, il ne sait où. Tu dois te rattraper, plusieurs fois, tu sais. Ouais, jamais qu'une seule fois. Mais tu n'es pas la première à m'amener dans une chambre, ici. Disons qu'Ivy vient de le faire, il y a quelques instants. Est-ce vraiment raisonnable, ce qu'il fait ? Non.

Les premières retrouvailles, la première soirée que je passe près de toutes ces personnes à qui j'tiens.. Et j'aurais pas cru croiser Aaron ici ce soir, j'me suis même imaginé l'option où il m'ignorerait tout court en fait après notre dernier et unique soir. Le contraire me faisait plaisir, le fait qu'il m'accorde de l'attention, de l'importance ça m'fait bizarre.. J'ai toujours pas l'habitude qu'on puisse me regarder avec cet œil là. Pas l'habitude qu'on m'apprécie pour c'que je suis et non pas juste pour mon corps. Pour des jambes frivoles et une dentelle bas de gamme. Il m'annonce à demi mot qu'il quitte la MH à la fin de l'année, et j'affiche une petite moue triste en avançant les lèvres vers l'avant. - Énormément.. T'en doute ? Soufflais-je en hochant la tête, gardant toujours cette même mimique sur le visage. Je fronce les sourcils, presque vexé de sa réponse, moi j'aurais voulu qu'il fasse une exception pour mes beaux yeux. Et j'étais prête à répliquer quand la suite de ses paroles me font me résigner. J'affiche un petit sourire en coin, levant les yeux au ciel en faisant genre de réfléchir. - J'aime bien cette idée.. On commence quand alors ? Ouais, j'aime le jeu quand c'est avec toi. Tu rends tout beaucoup plus excitant bizarrement. - Un autre jour, j'veux pas gâcher cette première soirée ! Non, j'voulais profiter parce que j'savais que le bonheur ne dure jamais bien longtemps chez moi. Alors j'attrape sa main, l'emmenant avec moi à l'intérieur en quittant le balcon. J'arque un sourcil, pouffant un rire. - Plusieurs fois ? Choquée .. Ou pas. - Je t'ai frustré autant que ça ? Préférant prendre alors notre dernière nuit chaotique avec humour. Et sa révélation me refroidit aussitôt, je relâche sa main dans la foulée en plissant les yeux. - T'es sérieux ? J'réponds sur la défensive. Ouais, non, je m'étais p'tetre trompé finalement à son sujet.

Une page se tourne. Peut être qu'il va devoir commencer un nouveau chapitre de sa vie. Et ça fait tellement bizarre. Parce que c'est tout nouveau. Dans le fond, il est prêt, il le sait. Il y a des projets qui prennent forme, des décisions qu'il vient de prendre. Il y aura toujours une attache ici. Et il voudrait rester encore un peu, ici. Surtout s'il voit des personnes revenir. Comme Sage. Parce que tout deux ont beaucoup à rattraper. Des mois à se rattraper. Une légère peur de la voir s'échapper, encore une fois. Plus maintenant. Parce qu'elle aussi, elle lui a manqué. Même si, ce n'est que maintenant qu'il s'en rend, vraiment, compte. Il n'a pas l'âme d'un bizuteur, il l'a toujours su. C'est trop de responsabilité. Il préfère même la place de bizut, c'est beaucoup plus intéressant pour lui. Il s'en amuse, toujours. Il prend jamais au sérieux et c'est ce qu'il faut faire, d'ailleurs. Des souvenirs se forment, par de cette façon. Et les liens restent. La preuve. Quand tu m'auras donné ton prochain défi. Honneur aux dames, bien sûr. Et parce que ses défis lui manquent. Il hoche simplement la tête, respectant son choix de ne pas en parler, maintenant. Il se laisse entraîner à l'intérieur, lui affirmant qu'elle a beaucoup à se rattraper. Tout deux, d'ailleurs, parce que lui aussi, il faut qu'il se rattrape. Tu m'as laissé, sur ma faim. Sauf que ce n'est peut être pas le meilleur moment. Pas ce soir, pas ici. Il grimace à sa réaction. Il est bloqué, il joue au con, il le sait mais il ne veut pas franchir cette limite, par contre. C'est pour ça que je te le dis.. je veux pas... jouer sur deux tableaux, comme ça. Il est honnête, au moins.