A storm is coming (Biki)

Bambi s'était écroulée en pleine rue, après une bonne semaine à vomir sans cesse, sans rien pouvoir garder dans son estomac. Ce à quoi elle avait pensé en premier en se réveillant aux urgences, c'était la possibilité d'une grossesse. On lui avait fait une batterie d'examens inimaginable, du fait de sa maladie pulmonaire sans doute, et bipé le médecin qui la suivait pour cela sans même lui donner ne serait-ce qu'un petit indice vis à vis d'une possible grossesse. Mais au final, après une attente lui étant apparue comme interminable, la vérité était tombée tel le couperet de la guillotine sur la nuque de cette pauvre Marie-Antoinette : fausse alerte. Symptômes mais pas de grossesse. De toute manière, il ne valait mieux pas d'après son toubib, car il trouvait ses récents résultats extrêmement alarmants. Curieusement, cela ne sembla même pas affoler l'italienne, s'étant pris cette fausse alerte comme un coup de massue. C'est horrible d'avoir ces symptômes pour rien... articula-t-elle avec difficulté, se retrouvant seule avec Ciarán dans la chambre où elle était reliée par oxygène et perfusion. Il la gardait en observation pour la nuit, et elle se sentait déjà comme dans une cage.

@Ciarán S. Halstead

Anxieux, oui tu l'étais. C'était même plus que cela. Tu étais angoissé, à cran et le pire dans tout ça, c'est que tu ne pouvais même pas l'expliciter, l'assumer face à Bambi. D'habitude tu le faisais toujours mais là c'était impossible. Ton angoisse devenait tellement intime que tu ne pouvais pas mettre de mot là-dessus et surtout tu savais que tu lui ferais du mal en énonçant ce qui te tracassait. Elle avait tous les symptômes d'une grossesse. Tu sais ce sujet que vous aviez abordé trop tôt dans votre relation. Quelques jours à peine après votre mise en couple, quelques longues minutes avant même d'avoir couché ensemble pour la première fois. Et depuis vous n'en aviez plus parlé, pas même quand vous aviez passé une nuit à garder un œil sur Zoé. Alors les moments de cette journée avait défilé et tu avais été partagé entre ton inquiétude pour elle et ta peur paralysante que ce soit positif. Mais au moment de la libération, tu relâchais la pression. Oui.. As-tu dit tiré sans prévenir de tes pensées et glissant ta main à la sienne tu ajoutais. On est bien placés pour savoir que ça ne tient pas qu'aux symptômes.. En médecine tout les deux, il était plutôt difficiles de vous choquer véritablement. Mais bon sang ça faisait bientôt six mois que vous étiez ensemble, vos précautions n'avaient pas à être remises en question, et puis vous étiez pas mal actifs dans votre genre.

@Bambi C. Corleonesi

Bambi serra doucement la main de Ciarán, qui venait de la glisser contre la sienne. Si elle en avait eu la force, sûrement aurait-elle sourit, mais pour le moment, le peu d'énergie lui restant était utilisé pour respirer et se retenir de s'effondrer en larmes. Dieu sait combien c'était complexe là, tout de suite. L'italienne avait d'autant plus mal qu'elle connaissait la position de son homme sur la question. Lui, avoir des enfants, ce n'était même pas la peine d'y penser. L'épisode avec Zoé, l'espace d'un soir l'avait bien prouvé, même s'ils n'en n'avaient pas reparlé depuis. Six mois presque qu'ils étaient ensemble, et cela restait envers et contre tout un sujet tabou. Enfin, pas pour Bambi, mais pour Ciarán. Je sais... et c'était débile d'espérer soupira-t-elle tout en sachant que son état de santé ne lui aurait pas permis de mener à bien cette grossesse. Probablement aurait-elle dû choisir et là, cela aurait été bien pire. Tu es soulagée toi... pas vrai ?

@Ciarán S. Halstead

Alors oui, finalement, une potentielle grossesse, ça ne devrait choqué personne. C'est plausible après tout. Une grossesse du type accident mais tout de même ! Toi, au fond, tu savais que jamais tu n'aurais dit à aucune nana qui soit que tu voulais d'un enfant. Tu avais beau ne plus savoir te passer de Bambi, tu ne voulais pas d'enfant d'elle aussi. C'était difficile à dire quand on sait, qu'elle espère un jour être maman. Chose qu'elle n'avait jamais dit de manière très explicite mais chose que tu avais vite deviné. Par contre ce que tu n'avais pas vu venir c'était cet espoir qu'elle aurait nourrit ces derniers jours. Pourtant c'est ce qu'elle venait de dire. Ta main n'avait pas quitté la sienne mais déjà tu te perdais dans tes pensées. Au point que tu ne répondais à sa première réplique qu'une fois qu'elle t'avait demandé si tu étais soulagé -ce que tu étais à l'évidence-, du moins pour la grosses, parce qu'à l'évidence, elle était encore faiblarde après tout ça. Attends.. tu espérais ? Allais-tu la blâmer ? Non. Par contre tu te prenais une claque dans la tronche. Tu te demandais depuis quand vous n'empruntiez plus le même chemin. Tu savais que ça finirait par arriver, mais pas maintenant. Disons dans plusieurs années. Mais là c'était trop tôt. Tellement tôt que ne te voyait pas renoncer à ton italienne. Pas après tout ce que vous aviez vécu.

@Bambi C. Corleonesi

L'espoir de Bambi était complètement fou, mais logique en somme. Ils formaient un couple, une bulle d'amour, et son désir d'enfant ne s'était pas effacé du jour au lendemain même après tout ce qu'elle avait pu vivre dans sa vie. Malgré toutes ses souffrances, et en dépit du refus de son homme, elle espérait, silencieusement. Jamais elle ne lui aurait imposé la chose, elle prenait donc toujours ses précautions, lui également, et là dessus, personne n'était à blâmer. Peut-être que son autre médication pour sa maladie avait atténué l'efficacité de sa pilule, allez savoir... mais si une vie s'était mise à grossir en elle, impossible pour l'italienne que d'y être insensible, de renier toute cette sensibilité qu'elle éprouvait vis à vis des enfants... Oui et non. Oui parce que fonder une famille avec toi, l'homme que j'aime, serait merveilleux, mais non parce que je sais très bien que mon corps ne suivra pas et que toi tu t'en veux pas. Je ne t'imposerais jamais une chose pareille... j'espère que tu le sais ?

@Ciarán S. Halstead

Si d'ordinaire tu détestais être dans la peau du patient, tu découvrais à ce moment précis, que tu n'étais pas non plus doué quand il s'agit d'être le visiteur, inquiet, assis sur ce fauteuil. Puis, il fallait le reconnaître votre conversation n'arrangeait rien. Ton regard ne l'avais pas quitté à ses premiers mots, et petit à petit, il avait fini par se perdre sans que tu ne puisses le contrôler. Tes lèvres se resserrèrent quelques secondes l'une contre l'autre. Pourquoi est-ce que tu vivais ses paroles comme un dilemme. Elle était en train de te dire qu'elle ne t'imposerais jamais une chose pareille, et pourtant tu étais mal. Remettre en question votre couple c'était tout ce qui t'effrayait, et jamais tu n'aurais pensé que ça se pointerait sitôt. Ouais. C'est tout ce que tu avais su murmuré, et encore on avait presque cette impression que ça t'avait échappé. Pour le savoir, tu le savais mais tu ne semblais pas pour autant à l'aise avec l'idée. Ta seconde main vint rejoindre la première contre la main de Bambi, et l'espace formé par tes bras finissait par servir de niche ta tête. Cette conversation avait comme cristallisé ton soulagement pour laisser place à cette angoisse. Cette crainte d'un fossé entre vous.

@Bambi C. Corleonesi

Sauf que Bambi, sans être devin, n'eut aucun mal à ressentir l'angoisse soudaine de Ciarán. Le regard qui précédemment la fixait se perdant désormais dans les méandres, cette sorte de fuite qui, sans être physique, sans n'était pas moins réelle... si sa deuxième main venait de se poser sur celle de l'italienne, sa tête ainsi posée contre ses bras rompait définitivement tout contact visuel, augmentant ses propres craintes. Ciarán regarde-moi. Il ne s'agissait pas là d'un ordre. La brunette avait prononcé cela d'une voix douce, et utilisé sa main libre pour caresser ses cheveux, comme pour l'inciter à la regarder à nouveau. T'éloigne pas de moi... pas maintenant. Je sais qu'on est pas d'accord là dessus mais Ciarán, notre bulle à nous, toi et moi, passera toujours avant le reste. C'est ce que moi je ressens mais pour que tu en sois persuadé, il faut que tu me regardes...

@Ciarán S. Halstead

A l'évidence, tu ne pouvais pas lui dire ce qui se tramait dans ta tête. Toi-même tu n'en avais pas une idée précise tant c'était surchargé, confus, complexe. Mais ça n'avait rien d'agréable et ça, elle le ressentait bien. Elle te connaissait très bien maintenant. Elle ignorait de moins en moins de choses sur toi, et si il y avait bien des choses qu'elle avait vite comprises c'était ta tendance à te fermer comme une huître. Elle t'avait demandé une première fois de la regarder et tu ne l'a pas fait. Tu l'avais d'ailleurs à peine entendu tant tu étais loin. Pour autant sa main à ses cheveux te livrait un côté très plaisant. Comme une noisette de pommade sur un hématome. Tu as fini par redresser la tête pour la regarder après qu'elle te l'ait demandé, une fois de plus. Plusieurs secondes se sont écoulées avant que tu ne lui répondes. Tu penses peut-être comme ça, maintenant.. mais plus tard, Bambi.. Tu n'étais pas tellement le genre à vivre les choses pour pouvoir dire que tu les a faites à fond. Non, c'était beaucoup trop difficile et à l'évidence le temps ne faisaient que décuplé votre attache l'un pour l'autre.

@Bambi C. Corleonesi

Ciarán ne se releva pas tout de suite, preuve qu'il devait être en plein dilemme, et cela angoissait plus encore Bambi, ayant déjà beaucoup de mal à respirer. Ce n'est qu'après qu'elle se soit mise à lui caresser délicatement la tête qu'il la regarda à nouveau. Un petit silence s'en suivi, et les propos qu'il prononça ensuite n'eurent pour effet que de la faire sourire avec tendresse. L'italienne ne se moquait pas de lui, au contraire, mais disons que sa lucidité ne pouvait pas être plus forte. Ciarán... je ne dis pas que ça n'a pas été douloureux pour moi d'être lucide là dessus mais je sais qu'une grossesse me tuera. Je le sais. Mais outre ça, je t'aime trop pour risquer de te perdre. C'est... Rien qu'à cette pensée, sa saturation en oxygène venait de baisser et le moniteur se mit à biper, fatalement. J'veux pas te perdre...

@Ciarán S. Halstead

Tu l’entendais, et oui sur le papier elle te disait tout ce que tu avais besoin d’entendre. Mais ça n’était pas assez peut-être. Etre avec elle, c’était assez pour toi, c’était parfait pour tout, et c’était tout pour toi. Tu ne voulais qu’elle et rien d’autre : ni ses proches, ni un potentiel enfant, et ce ni aujourd’hui ni cinq ans, ni même dans dix ans. Ni avec elle, ni avec une autre. Mais apparemment tu n’étais pas assez égoïste, et prétentieux pour penser qu’à jamais Bambi s’en contenterait. Mais moi non plus, tu sais que c’est pas ce que je veux.. As-tu en te redressant. Oubliant presque que dans la peau du visiteur, tu devais simplement te contenter d’appeler une infirmière. Checkant les branchements, et sa perfusion, tu finissais par lui dire. Faut que tu te reposes, sinon tu vas finir sous masque. Ce n’était pas l’objectif après tout mais à l’évidence, elle manquait d’oxygène, ce qui finalement suffisait à avorter cette conversation, à l’évidence houleuse pour tous les deux… au moins pour le moment.


@Bambi C. Corleonesi