agaling ✻ why are you here ?

Non mais parce qu’il avait forcément des explications à donner. Il avait pas le droit de lui faire miroiter un tas de chose puis de disparaître comme ça sans donner aucune nouvelle. Alors certes, le fait qu’elle s’envole pour la Suisse n’aidait pas vraiment mais ça ne changeait pas le fait qu’il avait déserté en plein milieu de la soirée et que pour le moment, elle n’avait aucune nouvelle. Et ce n’était clairement pas elle qui ferait le premier pas, pas avec l’affront qu’il avait osé lui faire. D’ailleurs, ça ne concordait absolument pas à ses actions. Il avait été plus qu’heureux de s’exhiber avec elle et soudainement, plus rien. Ouais, en fait il cherchait vraiment à lui faire péter un câble. « Ais, compare pas ce que tu ne peux pas comparer. » Fallait-il qu’elle lui rappelle que leurs compte en banque était diamétralement opposés ? Non mais parce que si elle avait la vie luxueuse, lui était bien loin de pouvoir y prétendre. « Je n’en doute pas, j’attends toujours que tu m’y emmènes. » Pour tenir les promesses de tous les voyages qu’ils avaient prévus de faire. M’enfin, là n’était pas le sujet parce qu’elle, elle s’aventurait sur quelque chose de beaucoup plus compliqué, beaucoup plus douloureux. Et si elle avait avoué à l’instant avoir une relation, elle avait bien entendu gardé pour elle le nom de la personne en question. Chaque chose en son temps. Parce qu’elle savait par avance que c’était définitivement le genre de chose qu’il ne pourrait pas prendre bien. Et même s’il lui disait qu’ils avaient recommencés à zéro, même s’il lui demandait de le traiter comme un ami, elle savait que les choses n’étaient pas aussi simple. « C’est Cole.. » qu’elle soufflait finalement. Elle avait toujours été incapable de lui mentir de toute façon et elle savait que garder ça pour elle ne ferait que la bouffer. Surtout que d’autres se seraient certainement permit de tout lui balancer par la suite. « Et je sais que ça peut sembler incompréhensible et.. C’est juste arrivé. » Comme ça. Personne n’aurait pu le prévoir, même pas elle. « Si.. Si c’est trop pour toi, j’comprendrais que tu préfères rentrer. »

Il aime bien rêver. Penser qu’au final, tout ce qu’il a vécu à un sens, que c’est fait pour qu’il soit plus fort, plus combatif, moins faible et naïf. Parce qu’il ne faut pas se mentir. Aisling est un rêveur, un enfant encore parfois dans sa tête. Il rêve que tout s’arrange, que tout redevienne comme avant quand au final, rien ne redevient comme avant. Il voit bien par exemple que rien dans sa situation et celle d’Agathe n’est comparable et elle le lui fait bien remarqué. Mais il rêve quand même que oui. « T’inquiète pas, c’est au programme. » Parce que oui, malgré tout, il va l’emmener en Écosse et lui montrer la magnifique demeure qui a abrité ses plus beaux souvenirs d’enfances. Ses cousins, ses grands parents, sa famille. Il y aurait peut-être même son père de présent. Il en rêve parce que dans ce rêve, tout serait redevenu normal. Agathe serait redevenue sa meilleure amie, il serait redevenu lui même. Son traitement serait parfait et sa mère ne se ferait pas un sang d’encre tout le temps. Et puis, elle annonce la nouvelle. Elle est en couple. Avec quelqu’un d’autre. Et si son visage affiche toujours un petit sourire, mince mais présent, son coeur se brise en milles et un morceaux. Il sent les fibres de son corps se décomposer pendant qu’il continue de sourire faiblement. Il ne trompe personne mais il préfère garder les apparences plutôt que de fondre comme il a tant envie de le faire. Il est peut-être même un peu masochiste quand il demande des détails. Cole. Là, il ne peut pas s’empêcher d’ouvrir grand ses yeux. Se remettant à l’aise dans son siège, quittant le regard d’Agathe, il regarde droit devant lui, le siège qui lui fait face. « Cole ? » Effectivement, c’est incompréhensible. Il n’arrive pas à y croire. Après tout ce qu’il a pu causer, il a réussi à l’avoir. Il a réussi à être avec elle, encore une fois. « Est-ce que tu l’aimes ? » C’est la seule question qu’il se pose. Parce qu’après tout, il l’a brisé lui, elle, il a brisé tout ce à quoi il tenait alors il a le droit de se poser la question. Il a le droit d’avoir cette putain de réponse. Tournant sa tête légèrement vers elle, il la regarde, les yeux brillants, mais pas larmoyants. « C’est la seule chose qui me tourmente depuis le début. Est-ce que tu l’aimes autant que tu m’as aimé? »

Elle a pas cherché à lui briser le cœur. A aucun moment, elle n’a sincèrement pensée qu’elle voudrait lui faire du mal. Et si elle préfère la jouer honnête plutôt que le regarder droit dans les yeux et mentir, elle sait aussi que toute vérité n’est pas bonne à entendre. Et elle le voit dans ses yeux que mine de rien, ça fait quelque chose. Il peut essayer de le cacher autant qu’il veut, elle le connait par cœur. Jamais elle ne cessera d’interpréter le moindre de ses traits. Et ça la foudroie sur place de lui faire de la peine comme ça parce qu’ils n’auraient jamais dû en arriver à ce point-là. Elle voudrait trouver les mots, le réconforter, lui dire que tout iras bien mais au fond, elle sait que ce n’est pas le cas. Qu’elle vient de créer une nouvelle blessure chez lui et que rien de ce qu’elle pourra dire ne changera ça. Elle hoche simplement la tête quand il répète le nom de l’Eliot, le voit détourner le regard et faire en sorte de ne plus avoir à la regarder elle. Elle aurait dû s’en douter dans le fond mais ça ne change pas le côté douloureux de la situation. Il ne lui reste plus qu’à assumer comme elle a toujours fait parce que peu importe ce qui pourrait se passer par la suite, au moins, elle ne lui aurait jamais menti. « Est-ce que tu l’aimes ? » Son cœur rate un battement, l’impression d’avoir le souffle coupé soudainement. Elle ne s’était pas attendu à une question comme celle-là et incertaine, elle le regardait jusqu’à temps qu’il détourne son regard sur elle. Vraiment ? Elle était supposée répondre à ça ? C’était une torture mutuelle qu’ils étaient en train de s’infliger, eux qui étaient censés tout reprendre à zéro. « Ais.. » Elle souffle désemparée. Réajuste ses lunettes de soleil pour cacher les larmes qui menacent de couler de ses yeux. « Je t’aime toujours Aisling. » Ne met pas ça au passé quand ça n’est pas le cas. Ce n’est pas le passé, ça ne le sera sûrement jamais. « Ne fais pas de comparaison inutile. Tu sais bien que c’est totalement différent. » Cole et Aisling. Il y avait tout un monde entre eux. « Je ne pourrais jamais aimer plus que ce que je t’aime toi. » Ni Cole, ni personne d’autre. Et puis princesse, elle était convaincue que l’amour n’était jamais le même. Différent dans chaque relation.

Son coeur ne pourra pas supporter ces attaques encore longtemps. Fragile comme du crystal, aussi friable qu’une feuille séchée au soleil, il prend énormément sur lui pour ne pas éclater et aller se réfugier dans les toilettes de l’avion. S’il n’avait pas tant envie de retrouver son amie de toujours, jamais il ne serait resté aussi stoïque dans son siège, se fondant presque dans la mousse agréable et douce. Il a mal, c’est même un euphémisme de dire cela. Il est en train de souffrir le martyr. Mais il reste là, à côté d’elle, parce qu’il voit bien que même si elle est en couple avec lui, elle tient à ce que son amitié avec Aisling revienne, qu’ils soient de nouveau le duo ultime qu’ils ont toujours été depuis leur rencontre. Mais il ne peut pas s’empêcher de se demander si elle l’aime. Il n’avait pas réussi à la regarder avant au moins cinq bonnes minutes. Mais elle a la protection de ses lunettes de soleil qu’elle n’a toujours pas retiré alors à quoi bon. Un mince sourire s’étend sur ses lèvres quand il l’entend dire qu’elle l’aime toujours. « Ce n’est pas une comparaison inutile. C’est ce que je me demande tous les jours. Parce que tu as beau lui avoir pardonné, moi, c’est une toute autre histoire. » Ça peut paraître égoïste, narcissique, mais il a le droit de se demander pourquoi elle a tant de facilité à lui pardonner à Cole, quand à lui, l’homme qui a toujours été près d’elle, elle fait vivre un enfer dans l’attente. Il pose sa main sur sa joue, fait glisser les lunettes sur le nez d’Agathe pour les lui retirer. « Ce serait dommage de cacher tes yeux. » Il a une telle envie de la faire sienne. Mais il se retient. Posant juste son front contre le sien, il se calme. Lentement mais surement. Un baiser sur son front et il retourne à sa place. « J’espère au moins qu’il te traite correctement parce que sinon, il aura droit à une visite. » Il essaye de ne pas agir trop violemment mais c’est une promesse qu’il lui fait. Si Cole agit comme un imbécile fini, il aura définitivement droit à une visite de l’écossais. Hors de question qu’Agathe souffre encore à cause de lui. « Bon, t’es en couple avec Cole. Faut que je m’y fasse. Au moins, je t’ai pour une semaine et pas lui. » dit-il avec un sourire. Un vrai sourire cette fois ci. Celui qui s’étend d’un bout à l’autre de son visage. « Viens là. Ne pleure pas à ma place. Si tu es heureuse, c’est tout ce qui m’importe. » qu’il dit en la prenant dans ses bras, son bras autours de son cou, sa tête se posant sur la sienne.

C’était difficile d’avoir cette conversation. Surtout qu’étant donné qu’ils étaient dans l’avion, ni l’un ni l’autre ne pouvait prendre la suite si jamais ils venaient à se sentir bien trop blessé par tout ça. Ils ne pouvaient rien faire d’autre que s’affronter. « Encore une fois, c’est différent. Tu peux pas comparer Cole avec qui j’ai toujours eu des rapports tendus et toi. » Pourquoi ne comprenait-il pas ça ? « Cole, j’attendais rien de lui toi.. Toi tu m’as brisé le cœur en te tapant ta meilleure amie. » Sans oublier les mots en trop. Alors non, il ne pouvait pas comparer les deux situations parce qu’il n’y avait rien de comparable entre elle. Et quand bien même Cole avait fait des erreurs, jamais il ne l’avait blessé au point qu’Aisling l’avait fait. Et le blond venait retirer les lunettes de soleil qu’elle gardait sur le nez découvrant par la même occasion ses yeux embués. Elle voulait pas de ça, ne voulait pas qu’il la voit dans cet état et pourtant, elle ne pouvait y échapper. Fermant les yeux au contact de ses lèvres, elle inspirait profondément. « T’en fais pas pour moi. » Si elle avait bien prouvé une chose, c’était bien le fait qu’elle savait gérer les choses toute seule dernièrement. Encore plus quand il s’agissait de l’Eliot. Et étrangement, il semblait se détendre un peu. Comme si ce qu’elle venait de lui dire n’était pas si grave que ça et.. Ouais, elle avait du mal à comprendre. « De toute façon, je ne crois pas qu’il avait envie de me voir. » Dans le cas contraire, il aurait passé la nuit avec elle sachant que c’était ce qui était convenu. Il l’aurait accompagné à l’aéroport sachant qu’elle s’en allait. Mais non, rien de tout ça. Se laissant entraîner dans les bras d’Aisling, elle reniflait un peu bruyamment. « Sûr ? Ca ne change rien ? On va quand même tout faire pour arranger tout ça ? » Tout le merdier qu’ils avaient créé l’un et l’autre. Tous les problèmes qu’ils avaient pu faire ? Est-ce qu’ils allaient vraiment tenter d’être inséparable comme avant où est-ce que sa mise en couple avec Cole serait le choix définitif les poussant loin l’un de l’autre ? Parce qu’elle se posait un tas de question pour la peine la blonde. « Tu vois, j’avais raison dans le fond quand je disais qu’on aurait dû rester amis dès le début. » Parce qu’au final, ils s’étaient plus détruits qu’autre chose.

Pas de fuite. Pas de cri. Pas d’échappatoire. Juste la simple et pure vérité. Pas de mensonges, de secrets, ni de demi mots. Et ce n’était pas plus mal. Au moins, les deux savaient parfaitement à quoi s’en tenir pour le reste de la semaine. Au moins, Aisling pourrait protéger un peu son coeur et ne pas trop souffrir. Du moins, pas plus qu’à présent. Il pourra se mettre une armure et la porter presque tous les jours sans pour autant compromettre sa relation avec Agathe. Sa relation amicale, strictement amicale, avec Agathe. Parce qu’il a des principes, des valeurs qu’il a un peu trop bafoué durant quelques temps. Il ne va rien tenter avec Agathe alors qu’elle est en couple. Avec Cole. « T’attendais mieux de moi et j’ai tout gâché. » Il comprenait un peu mieux, même si son subconscient se disait toujours que Cole était mieux que lui. « Je ne sais pas comment te dire à quel point je suis désolé d’avoir fait ça. C’est tellement pas moi. » Il en a tellement conscience, mais le mal est fait. Il ne peut pas retourner en arrière. Il ne peut pas se dire qu’il efface tout et recommence. La vie ne fonctionne pas ainsi. On doit assumer ses actes et ne pas les effacer ainsi. Ça ne fonctionne pas comme ça. Alors il la rassure, et lui dit clairement que si l’Eliot déconne, il va avoir affaire à lui. Posant ses lèvres sur son front, il se rassure aussi en se disant qu’au final, ce n’est pas plus mal ainsi. Qu’au final, ce n’est pas une mauvaise situation de n’avoir Agathe qu’en ami. « Quel idiot. » qu’il laisse échapper dans un rire cynique. Cole ne voit pas la chance qu’il a d’avoir Agathe. Il est tellement aveuglé par la recherche d’un pouvoir sur la Terre entière qu’il ne voit pas le bonheur à porté de main. S’en est presque pathétique. « Bien sur que non. Avant que tu ne sois ma copine, tu étais ma meilleure amie. Et elle me manque. Cette partie de nous me manque énormément. » Il ne veut pas se faire de faux espoirs. Ils ont beau pu s’embrasser comme deux assoiffés à la recherche d’eau, il n’y a rien de plus important pour Aisling que l’amitié perdue d’Agathe. Sa meilleure amie lui manque. Melusine a beau être comme une soeur pour lui, Agathe, c’est différent. « Oui sans doute. Mais tu sais quoi. Je me dis que rien ne se passe par hasard. Au moins, on a vu que si on est pas ensemble, on devient un peu malade dans nos têtes. Bon, moi plus que toi but still. » Il en riait. Il voulait en rire parce que ça dédramatisait la situation. Parce que ce qui est fait est fait. « Parlons de choses plus agréables veux-tu. Comme le chocolat suisse. Je veux manger du chocolat suisse tous les jours madame. »

Aisling n’était pas sans connaître les appréhensions qu’elle avait pu avoir quand il avait avoué ce qu’il pouvait ressentir pour elle. Elle avait luttée sur les débuts pour ne pas s’enfoncer dans ça, pour repousser la relation. Elle avait pris peur, elle s’était débattu, elle était même allée bien trop loin dans ses mots à un moment déclenchant une sacré dispute entre eux. Dans la finalité, elle avait capitulé. Choisis de laisser ses propres sentiments prendre le dessus et avait même finit par lui dire qu’elle l’aimait. Pas spécialement dans les meilleures conditions mais elle l’avait fait. Et voilà où ça les avait menés. A ne plus se comprendre, à ne plus se parler. Peut-être que tout ça avait juste été le pas en trop et qu’ils auraient dû s’en tenir à la relation de base autrement dit, meilleur ami. « Ce n’est pas juste de ta faute. » Elle était consciente de ses fautes aussi. Elle avait lancé le truc, les avaient poussés plus ou moins dans le fossé. Elle ne pourrait jamais tout lui remettre sur le dos ni le blâmer pour l’échec cuisant qu’ils avaient vécue. « Je suis désolée aussi, tu méritais bien mieux que ça. » Bien mieux que ce qu’elle lui avait fait endurer elle aussi de son côté. Mais il restait toujours le même problème. Ni l’un ni l’autre ne pouvait effacer les erreurs faites et ils n’avaient d’autres choix que de tenter de passer au dessus de tout ça. « Tu me manques tout court Ais. » Parce que mine de rien, ils avaient perdus beaucoup dans tout ça et souvent, la blonde avait l’impression de suffoquer sans sa présence. Parfois, elle se surprenait à vouloir l’appeler comme avant juste pour lui parler de la pluie et du beau temps, lui raconter ses journées merdiques et l’appeler au secours quand elle ne comprenait pas ses cours. Et puis elle se retenait au dernier moment pensant ne pas avoir le droit d’agir de la sorte, du moins, plus maintenant. Et elle joignait son rire au sien puisqu’il était toujours aussi communicatif et quelque part, ça faisait du bien de retrouver cette sorte d’insouciance entre eux. Comme si.. Comme si tout pouvait réellement redevenir simple et sans faux-semblants. « Tous les jours ? » Elle haussait un sourcil se redressant légèrement avant de pincer son ventre. « J’crois pas que ça soit bon pour toi. De la salade et rien que de la salade. » Sourire angélique à l’appui, il sait très bien qu’elle prend un malin plaisir à le taquiner. Et soudainement, d’un air bien plus sérieux, elle plongeait son regard dans le sien rabattant une mèche de cheveux derrière son oreille. « Je veux quand même que tu n’oublies pas que j’étais heureuse avec toi. Vraiment. Et que peu importe ce qui adviendra, je ne cesserais jamais de t’aimer. » Jamais.

Il sait bien que ce n’est pas facile pour tout le monde de dire ce qu’ils pensent, ce qu’ils ressentaient, ce qu’ils voulaient d’une autre personne. Agathe a fait l’effort pour lui, parce qu’elle l’aimait, qu’elle l’aime. Et il a tout gâché en la traitant presque de pute. Des mots forts, trop blessants, surtout de la bouche du blond, pour qu’Agathe ne les enregistre pas à jamais. Pour qu’elle ne les ai pas tatoué à l’encre sur son coeur déjà bien fragile. « Même si tu as fait l’erreur en première, je n’avais pas à te dire ces choses. Surtout en tant que meilleur ami. C’était beaucoup trop. » Il voit bien les dégâts que ça a causé, et pas simplement sur leur relation. Sur tout. Elle a été abusé par son ex avant lui, alors oui, les mots ont une portée chez Agathe que peu comprennent, que peu ne voient. Il les voit, tous les jours. La dégradation qu’ils entraînent. « T’inquiète pas pour moi. Je suis solide. Enfin, je crois. » Parce qu’il ne faut pas se voiler la face, Aisling peut être aussi fragile qu’un verre de cristal, aussi frêle qu’une feuille en automne. Il se donne une apparence forte et masculine, mais au fond, il est toujours ce petite garçon fragile, frêle, qui se faisait harcelé à l’école tous les jours. Toujours la même personne, enveloppe différente. Il en aurai versé une larme aux mots d’Agathe. Tout en elle lui manque et tout en lui manque à la jeune femme. Ils ont besoin l’un de l’autre, s’en est presque essentiel, vital pour eux. Ils partent à la dérive lorsqu’ils sont loin de l’autre. Ils déambulent dans des relations étranges et compliqués pour ne pas penser à ce qu’ils ratent chez l’autre. Mais pour le moment, pensons aux bonnes choses. La Suisse, le pays natal de l’Eliot. Les vacances. Une semaine à deux grâce à un pari fou de l’écossais. « Oui, tous les jours au moins une fois. » Même si c’est un carré tous les jours, il ne dit pas non. « Hé ho madame. C’est moi le coach. » dit-il en prenant la main d’Agathe qui lui pinçait le ventre. Elle fait son fameux sourire, celui qui ferait fondre n’importe qui sur Terre. Elle plonge ses yeux dans les siens, soudainement un peu plus sérieuse. Et les mots qu’elle prononce, il les reçoit en plein coeur. De plein fouet. Prenant le cou de la jeune femme pour l’attirer à lui, il pose ses lèvres contre les siennes. Il ne peut pas s’en empêcher, elle a touché le doute qu’il a tout au fond de lui depuis des mois, depuis qu’elle lui a dit qu’elle avait couché avec Cole. Ses lèvres restent un instant sur celles d’Agathe avant qu’il ne rompe le contact. « Désolé pour Cole, mais … En fait, non même pas désolé. » Il rit nerveusement. Un peu contrit d’avoir brisé sa promesse de ne plis l’embrasser tant qu’elle ne voudra pas, et heureux de l’avoir fait. « Tu sais comment m’atteindre en plein coeur toi. »

C’était peut-être typiquement le genre de chose qu’elle n’avait pas à dire mais elle connaissait le manque de confiance du blond vis-à-vis de tout ça. Et le rassurer partait en premier lieu d’un bon sentiment, ni plus ni moins. Elle voulait qu’il sache que même si tout cela avait été un désastre, même si rien n’avait fonctionné de la manière dont ils l’avaient souhaités, il avait quand même compté et continuerait à compter peu importe ce qui pouvait arriver par la suite. Il y avait des gens qui marquaient nos vies à tout jamais et Aisling faisait complètement partie de ce lot-là. Parce qu’il lui avait tellement apporté que jamais elle ne pourrait totalement le renier de sa vie. « On a tous les deux nos lots d’erreur. » Au final, il ne servait à rien de chercher qui pouvait bien être le plus fautif des deux. Puisque dans tous les cas, ils avaient chacun merdés à leur façon que ça soit par les actes ou bien par les mots. La seule chose qu’il restait à faire était donc d’apprendre de leurs erreurs et d’arrêter de se blâmer pour des choses qu’ils ne pourraient définitivement pas effacer même avec le temps. Peut-être qu’il était temps qu’ils se pardonnent eux-mêmes puisque sans ça, il était clair qu’ils continueraient à avoir du mal à avancer. « T’es sûrement la personne la plus forte que je connaissais » qu’elle acquiesçait d’un sourire. Et même s’il pouvait en douter parfois, c’était la stricte vérité. Il était capable de déplacer des montagnes et avait toujours trouvé une façon de se relever. Et madame s’amuse, le taquine, pince le gras quasi inexistant de son ventre sans se douter une seule seconde de ce qui allait suivre. Elle se confesse, peut-être un peu trop et il l’emprisonne posant alors ses lèvres sur les siennes. Ca la chamboule les premiers instants et elle s’écarte, peut-être trop vivement. Non, il n’aurait pas dû. Ce n’était pas censé se passer comme ça. « Ne me remet plus jamais dans cette position Aisling. » Peut-être bien qu’il se fiche de Cole et de ce qu’il pourrait en penser puisque dans le cas inverse, Cole ne s’était absolument pas soucié du blond quand il avait couché avec princesse mais.. Ce n’était pas son cas à elle. « Je suis avec Cole. Tu n’as pas le droit d’agir comme ça. » Comme s’il n’y aurait pas de répercussion. Pourtant, il connait Agathe et son aversion pour le mensonge et il sait pertinemment que garder ce genre de chose pour elle, c’est le genre à la rendre dingue. « On est censés reconstruire notre amitié là tu.. Tu dépasses les limites » qu’elle finit par souffler.

Ils étaient deux enfants perdus, deux personnes qui sont déjà passés par tellement de choses qu’ils ont du mal à se retrouver dans le merdier qu’était devenus leur vie, dans le bordel qui régnait dans leur esprit. Aislign voyait bien que malgré tout ce qui s’était passé entre eux, Agathe tenait encore à lui. Mais à quel point ? La limite avait-elle été franchis ou avait-il encore une chance de rédemption ? Il ne sait pas, mais il fera tout pour redevenir aussi proche de la jeune femme qu’auparavant. C’est simple. Sans elle, il n’est pas grand chose. Sans elle, il ne voit pas comment continuer. Trop de dépendance sans doute. Mais une dépendance si douce et agréable qu’il veut bien la subir jusqu’à la fin. Ils ont tous les deux fauté, ils ont tous les deux fait des erreurs aussi grosse qu’eux, mais à la fin, ils s’aiment toujours autant. Il faut juste qu’ils réussissent à passer au delà de tout cela. Au delà de toutes les erreurs, de tous les mensonges, les secrets et toutes les blessures qu’ils se sont infligés jour après jour sans s’en rendre compte avant qu’il ne soit trop tard. Il n’a plus vraiment de question en tête, car elle l’a rassuré sur tout sans même qu’il ne demande quoi que ce soit. Elle l’a rassuré sur le fait que son amour pour lui n’était même pas comparable à celui qu’elle a sans doute pour Cole. Sur le fait qu’il était si important pour lui que c’était pour ça qu’elle avait très mal digéré ce qu’il lui avait dit. En gros, que rien ne pouvait le remplacer et que son importance dans sa vie se faisait cruellement sentir par son absence. « Pas tout le temps. » Sa force n’était présente que lorsque la jeune femme était à ses côtés. Si elle n’est pas là, il part en vrille. Il l’a bien vu. Entre leur séparation et maintenant, il était une loque. Quand ses médicaments ont été remis en marche, il a vu une amélioration mais il sentait toujours une grosse douleur dans son coeur. Un vide qu’elle seule sait remplir. Et elle seule sait dire les mots qu’il faut pour le rassurer sur tout. Il n’a pas pu s’en empêcher, il n’a pas pu se contenir et l’a embrassé alors qu’il s’était promis le contraire. Elle le repousse, et il sent bien qu’il est allé trop loin. Il n’aurait pas du faire ça, ni dire ce qu’il a dit. Mais pour une fois, il se fiche bien de ça. Il entend Agathe parler, mais il n’entend rien. Il ne veut pas entendre. Mais les derniers mots qu’elle prononce le heurte en plein coeur. « Je gâche tout, comme d’habitude. » Il s’en veut à présent. Lui qui, il y a cinq minutes, pensait ne rien regretter, regrette. « Je sais qu’on n’est pas censé faire ça. Mais dans ce cas, ne me dit pas ce genre de chose Agathe. Parce que tout ce que je veux là, c’est retourner à la clairière là où on a passé notre première nuit ensemble. » Se réinstallant dans son siège confortablement, il essaye de ne pas trop montrer sa peine mais elle est là. Une hôtesse vient alors au niveau des deux jeunes gens et il commande un verre de vin blanc avant de se raviser et prendre un thé earl grey. Son préféré. Mieux vaut pas prendre de l’alcool dans ce genre de situation. « Tu ne peux pas t’attendre à ce que je ne réagisse pas impulsivement Agathe. Désolé parce que je sais que tu ne voudras pas mentir, mais tu sais quoi, dis lui à Cole. Ne mens pas. Reste fidèle à toi même. » Prenant le thé chaud, il le dépose sur sa tablette en face de lui, mettant un sucre, touillant le breuvage sans le quitter des yeux.