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that feeling
elyas & louve
Son rire en cascade est mon médicament, je devrais l'enregistrer en boucle et me le diffuser les soirs de déprime. S'il fallait définir la joie de vivre, le bonheur d'exister, ce serait cet éclat de rire, une apothéose, ma récompense bénie, un baume descendu du ciel.
Les yeux dans le vague, des dizaines de questions en tête, sa prise de parole me fait retomber sur terre, comme si j’étais à mille lieux d’ici. « Hein ? » Il doit me dire un truc. Rien qui vaille, à croire, il aurait choisi un meilleur moment que maintenant pour le faire. Ca doit être salement important, et j’ose au moins espérer qu’il ne va pas empirer encore la situation. Parce que pour ça, il a le chic. Y a pas à dire, ça fait un beau boulet. Je me tourne difficilement face à lui alors qu’il vient déposer ses mains sur mes épaules. Il me veut quoi, au juste ? Je suis pas sûre d’être d’humeur à entendre des révélations sur je ne sais qui ou je ne sais quoi. Mon regard, vide, se braque sur son visage ; mes paupières ne clignent que peu ; mes joues sont rosies par les larmes qui y ont coulé quelques secondes plus tôt ; et pourtant, le reste de mon visage est toujours aussi pâle. Moi qui avais pris soin de m’apprêter au mieux pour le bal, je finissais sûrement dans le pire des états possibles. Et même en mettant mon haleine de chacal de côté, impossible de dire que je ressemble à quelque chose. Impossible. Je l’écoute, son monologue, et j’ai l’impression qu’il veut pas venir à bout. Je lève les yeux au ciel, ça m’excède ; comme si c’était le moment de passer par quatre-mille chemins. Je sais pas ce qu’il cherche à faire, mais ça a le don de m’agacer, là tout de suite. « Abrège. » Je parle à voix basse, presque, et pourtant, ce simple mot se voulait particulièrement ferme. Je suis pas d’humeur. Vraiment pas. J’inspire un grand coup, et là, c’est le choc. Je manque de m’étouffer. ‘Je suis amoureux de toi’ ; je suis censée réagir comment, ce soir ? Il aurait pas pu trouver meilleur moment ? Je le fixe, droit dans les yeux, et je me sens horriblement mal. Je reste figée, à pas savoir quoi dire ni quoi faire. C’est pas comme si je m’y attendais. Mon passage à blanc dure bien trente secondes. Sauf que sa fin, elle était pas prévue. Mes joues se gonflent subitement, mon visage se crispe et ma main se porte automatiquement devant ma bouche. Et je me précipite plus loin, en courant du haut de mes escarpins, pour finir ma course derrière des buissons et y déverser une nouvelle fois mes entrailles. Je finis à genoux au sol, planquée derrière la végétation, loin de la salle, je tente de me remettre de mes émotions durant de longues secondes. Et je me sens honteuse. Honteuse de ma réaction. Je crois que j’aurais pas pu faire pire. J’ai juste envie de fuir, de partir en courant sans me retourner. Et c’est ce que je fais. Sans un au-revoir, je retire mes talons et je me barre en longeant les murs.
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END
(Invité)