DUKE JUNIOR FITZPATRICK ► Anton lisin

“Les corps dansent sur le rythme de cette musique pop. Les corps se tortillent sous le poids de l'alcool et autres. Les corps se bousculent, s'entre-choc et même se rencontrent. Accoudé au bar, il balade son regard sur le tas de corps mouvant. Blasé par cette soirée sans sens, il cherche une âme perdue. Une âme différente de toutes celles présentes. Une âme qui serait le rendre différent... Son regard s'arrête. Sous les kaléidoscopes de lumières, elle est là. Elle danse. Elle danse comme si elle était seule dans son salon. Elle danse sans se soucier du monde qui l'entoure. Elle danse comme pour exprimer ce qu'elle a sur le cœur. Il l'a trouvée. Il a trouvé cette âme qui serait faire la différence. Sirotant son triple sec, il reste là. Il reste là et il la regarde. La gorge nouée par le trac, il hésite à partir à sa rencontre, mais il ne fait rien. Pourtant, il ne stress jamais. C'est plutôt qu'il n'a jamais eu à le faire. Sa vie a toujours été toute tracée. A la rentrée prochaine, il quittera Harvard pour rentrer dans son Texas natale pour reprendre les magouilles de son père... Relevant la tête vers la piste de danse, il ne la voit plus... Une main se pose alors sur son épaule. Son cœur manque un ou deux battements. Il se retourne. Elle est là. A quelques centimètres de lui. Et elle lui sourit. A cet instant, il sait que c'est elle. Que c'est elle est personne d'autre. Elle s'assoie, ils parlent. Ils rient... ils s'embrassent et ils partent... “


“Il fait les cent pas. Tel un lion qu'on aurait enfermé dans une cage trop étroite, il implose. Il explose. Voilà trois bonnes heures qu'il attend. Trois heures qu'il est seul dans ce long couloir. Trois heures qu'il ne pense qu'à sa femme et à leurs fils. Il s'assoie. Puis se relève. Il cherche du réconfort. Quelqu'un qui pourrait lui dire où ils sont. Ce qu'il se passe. Mais rien… Il ne semble pas avoir une âme qui vive dans ce foutu hôpital. Il se rassoit et serre ses mains. Il a peur. La porte s'ouvre à la volée. Une petite femme toute dodue s'avance vers lui. Dans ses bras, elle tient un petit être emmitouflé dans une couverture blanche et verte. Ce petit être c'est toi. Son visage est livide. Il le savait. Elle était trop faible. On les avait pourtant prévenus. Mais eux, ils te voulaient. Ils ne voulaient que toi. Tu étais la pièce manquante à leur puzzle… Tu étais l'élément qui manquait pour que leur rêve ultime prenne vie… Et tu as tout caché… En tuant ta mère.”


“Tu lèves les yeux vers cette drôle de blonde aux yeux bleus. Elle est certes très jolie, mais une part de toi sent qu'il se passe quelque chose. Elle se baisse jusqu'à ta hauteur et ébouriffe tes cheveux châtains. ‘Bonjour Junior, je suis Enora… Ta gouvernante!' Sa voix est habillée d'un accent que tu ne saurais reconnaître. Une voix douce et cristalline. Une voix qu'on ne se lassera jamais d'écouter. Elle te sourit et te tends sa main. Tu jettes un regard inquiet à ton père… Mais il n'est déjà plus là. Alors, sans trop te poser de question, tu l'as suit à travers un dédale de couloir qui pour toi sont encore inconnues. Elle te parle de sa vie… Elle essaie de faire connaissance. Mais, tu restes muet. ‘Suis moi, je crois que ton père a préparé une petite pièce juste pour toi!" Intrigué, tu ne rechignes pas et tu l'as suit. Elle ouvre une porte… Et là, tu comprends ce qu'elle voulait dire. Des tonnes de jouets sont placés ici et là. Et au milieu de la pièce trône un piano. Un piano à queue blanc. Étrangement, tu ne cherches pas à jouer. Non, pour toi, il n'y a que ce piano. Ce piano. Cette blonde. Et toi. Tu te tournes vers cette inconnue. ‘Tu sais comment on souhaite la bienvenue à New York?” Tu lui fais signe que non. Assise sur le piano, ses doigts dansent sur l'ivoire… Et sa voix s'élève dans les airs. Tu n'as beau avoir que six ans, mais tu sais déjà ce que tu veux faire de ta vie. A cet instant précis, tu te promets de tout faire pour devenir musicien.”


Allongé sur le dos, il dort. Son corps nu et tranquille, baigne dans le soleil de midi. Tu souris. Il semble si fragile. Si impuissant. Si enfantin. Pourtant, tu sais bien que le seul enfant de l'histoire c'est toi. Il ouvre finalement les yeux et t'offre un sourire auquel tu ne peux résister. Un sourire franc et sincère. Tes lèvres tremblent à l'idée de cette nouvelle rencontre. Te voyant ainsi, il te prend dans ses bras et t'embrasse comme personne ne l'avait jamais fait auparavant. En ton fort intérieur, tu aimerais que cette histoire d'été dure pour toujours. Mais tu n'es pas dupe. Tu sais bien qu'à ton départ des Hamptons, tout ceci ne serait qu'un vague souvenir pour tous les deux. Qu'il n'y aura jamais de retour possible. Qu'il n'y aura jamais de vous… Et à cette idée, ton coeur se brise. Personne ne t'a jamais aimé… Chassant ces idées noires, tu te cramponnes à son corps. A ses bras si musclés. A son torse si viril. Un crissement de pneu sourd met fin à votre étreinte. “Merde, mon père vient d'arriver!” Inquiet, tu cherches un endroit où tu pourrais cacher ton amant d'une nuit. A quoi bon! Tu sais que ton paternel n'est pas dupe. Ses pas montent les escaliers. “Junior! J'ai vu ta voiture dans l'allée!” Tu ne réponds pas. Tu fais signe à ton ami de ce rhabiller le plus rapidement possible. Il s'approche de ta chambre… La porte s'ouvre à la volée… Et son visage se décompose… Cette journée qui a pourtant commencé par de l'amour, s'est terminé sur un silence des plus glacials. Ton père est déçu. Et tu ne peux lui en vouloir. Il ne comprend simplement pas. Comment pourrait-il le faire? Au fond, tu sais qu'il t'aime. C'est juste trop brutal pour lui...



“Voilà maintenant trois ans que tu as quitté New-York. Trois ans que tu ne vis plus sous le toit de ton paternel. Trois ans que tu vis l'expérience de la vie étudiante. Et autant dire que tu t'y plais. Ici, tu peux être la personne que tu as toujours rêvée d'être. Ici, tu peux commencer à construire ce futur dont tu rêves tant..."