Appel Cole vers Lucky

Si j’étais nul dans le rôle du petit ami, le rôle de l’ex copain ne m’allait guère mieux. Clairement, je n’étais pas à l’aise, même si je m’étais sincèrement inquiété, même si je la sentais toujours cette affection particulière vis à vis de la brune, même si la colère et la rancœur quant à la rupture avaient nettement diminués, atténués par mes magouilles de vengeance visant son entourage, je n’étais pas vraiment sûr de pouvoir tenir la promesse d’amitié qu’elle m’avait réclamé lors de notre coup de fil précédent. Peut être que désormais, vermicelle n’étant plus là, le plus simple serait encore de redevenir de simples étrangers qui s’ignorent ? De tomber gentiment dans ce silence radio puisque j'y semblais abonné en ce qui concernait mes ex ? Peut être… Mais Lucky me retint en ligne quelques secondes, pensant soudain à quelque chose. Une doléance, une seule… Que je laisse ses amis tranquilles. Ha si tu savais, ce que je suis en train de magouiller pour qu’Athéna termine comme cavalière de Tate, visant alors Maxime, ou encore ce que j’ai en ma possession contre ton cher meilleur pote aussi, ce Ezio… Alors yes, j’aurais pu marchander, promettre de ranger toutes mes magouilles au placard pourvu qu’elle en fasse autant, pourvu qu’elle abandonne les poursuites que j’imaginais très bien qu’elle allait entreprendre contre ma meilleure amie. Mais allez, on ne marchande pas avec Cole Smythe Wildingham, on ne marchande pas avec le diable. Mon sourire se fit d‘ailleurs diabolique. « Je n’aime pas faire des promesses en l’air. Et malheureusement tes amis sont tous dans ma ligne de mire. » Alors en fait quoi ? C’était pas des étrangers qu’on allait devenir, mais des ennemis ? De l’amour à la haine… « Dis toi que ça t’aidera à tourner encore plus facilement la page. » ajoutai-je alors, avec un certain cynisme. Haïs moi, déteste moi, accroche ma photo sur une cible de fléchette. Vas y Lucky, j'ai l'habitude. « Courage pour tes soins… » ajoutai-je quand même, plus doucement, lorsqu'elle évoqua la venue prochaine e l'infirmière.

Et voilà, je savais que cet appel ne servait à rien, que ses balivernes concernant mon état qui l'inquiétait blablabla n'étaient que mensonges. Que tout ce qu'il désire au fond, c'était me mettre plus bas sous terre. Il voulait faire passer tous mes potes à la casserole et pourtant, je n'ai rien fait qui mérite tout ça, j'ai juste pris la décision d'arrêter de me faire prendre pour le dindon de la farce. Ais-je fait quelque chose de si mal avec lui ? J'estime lui avoir donné tout ce que j'ai putain. Mais ça ne l'avait jamais suffi. Je viens de perdre mon bébé et ça ne te suffit pas ? Qu'est-ce que tu veux de plus ? Pourquoi tu fais tout ça Cole ? Sans parler de mon coma. Franchement on ne pouvait pas me mettre plus bas sous terre que maintenant. J'étais plutôt calme là et honnêtement, je n'avais pas la force de hausser la voix ou même de m'énerver. Tu ne comprends rien à rien... Et tu ne comprendras jamais rien. T'es comme ça. Mais, je ne pourrais pas t'oublier même si j'essayais de toutes mes forces, même si je m'envoyais en l'air avec des milliers de garçons, même je jouais les détachés et les indifférentes. C'est comme ça, pour moi c'était toi et personne d'autre. Aucun autre homme aura cette place-là. Il ne comprendra rien. Mais je suis contente qu'il passe à autre chose de son côté, parce que je pensais qu'il laisserait au moins mes amis tranquilles, qu'il s'était trouvé une nouvelle nana et qu'il oubliera cette promesse qu'il a faite, celle de me faire regretter. Il ne comprend pas que tout ce que j'aurais a regretter, c'est d'avoir été faible quand il fallait que je sois dure. Tout ceci ne serait peut-être pas arrivé. Arrête de dire que tu te soucies de mon état parce que si c'était le cas, tu aurais arrêté tes magouilles sur mes amis... Je vois juste que ton but, c'est de me mettre plus bas que terre... Sauf que désolé, c'est déjà fait maintenant. Alors je comprends pas ce qu'il veut de plus. J'aurais dû raccrocher, ça m'aurait évité de voir qu'il n'était pas crédible. Il a une soif de vengeance et je ne comprends pas pourquoi. Parce que je l'ai quitté ? S'il avait voulu me récupérer, il aurait fait ce qu'il fallait, mais c'est vrai que le grand Cole ne rabaissait jamais son ego, ou juste pas avec certaines personnes on va dire. Mais qu'importe.

Et je vais faire semblant de te croire... Comme par hasard, de tous les élèves de la mather, ce sont à mes proches qu'il s'attaque et il m'avait bien précisé lors d'un sms, que cela ne faisait que commencer, puis il voulait ensuite que je le crois quand il affirme qu'il n'y avait rien de personnel... Oooh, je suis touchée par tant de générosité Cole !. Dis-je sur une pointe de sarcasme. De toute façon, qu'il fasse ce qu'il veut, nous étions habitués et cela ne me touchera guère plus. J'avais déjà perdu plus gros et mes proches savaient très bien se défendre tout seul. Fais ce que tu veux et perds ton temps sur des enfantillages. Haussant les épaules, je laisse un soupire s'échapper entre mes lèvres. Anyway, je te laisse à tes occupations de conquérant. Loin de moi l'envie de te faire perdre ton temps... Mon seigneur ! Que je lâche dans un rire moqueur, jouant avec le drap entre mes doigts. Vas-y mettons fin à cette conversation puisque de toute manière, il n'en déboulera rien de positif. Cet appel, c'était comme un rappel encore à son plan de me faire regretter. Voilà tout.

 Sarcasme, ironie, ton désabusé, je sentais déjà le mauvais tournant que cet appel, qui à la base n’avait été guidé que par une inquiétude sincère, allait prendre. Elle concluait d’ailleurs avec un agacement certains que je pouvais bien faire ce que je voulais, y compris perdre mon temps avec ces enfantillages. Si elle savait… On jouait dans la cours des grands désormais, y’avait rien de gamins dans nos magouilles. On était finalement parvenu à faire fuir Léo, une mather de moins, et à faire carrément exclure un autre mather. Et ce n’était pas fini, j’en étais certain. Et c’est toujours aussi narquoise devant mon ton assuré qu’elle termina notre discussion. « C’est ça, rigole maintenant, parce que quand ton ancienne confrérie sera fermée, tu rigoleras moins… » Et avant qu’elle ne me laisse, je m’amusais à ajouter : « Au fait, si jamais t’as la chance d’avoir la petite Jessica comme infirmière, donne lui mon numéro. Elle avait tellement craqué sur moi pendant mon hospit’ qu’elle doit déprimer depuis que je ne fais plus parti de ses patients. Allez au revoir Lucky. Et… » Mon ton se fit moins narquois, moins piquant, plus vrai pour cette dernière réflexion : « …Prends soin de toi. » Parce que malgré tout ce qu’elle pouvait croire et s’imaginer, malgré tout le désir de vengeance que j’avais pu avoir à son égard juste après notre rupture, j’étais désormais sincère quant à son bon rétablissement. Et sur cette dernière phrase, je raccrochai…

Des menaces, toujours des menaces. Si t'avais rien à faire d'autre, fallait pas m'appeler Wildingham. J'avais d'autres soucis que de me préoccuper de la fermeture de mon ancienne confrérie. Honnêtement, il se fatigue. Et quoi ? Tu crois que ma vie s'arrêtera à la fermeture de la mather ? J'ai une vie en dehors d'Harvard t'vois. Alors essaie autant que tu peux, essaie de toutes tes forces, je ferais toujours face. Parce que je n'ai pas peur, parce que je n'ai plus peur de toi Cole et on dit merci à qui ? Merci à Hippolyte. Puis soudain, comme ça, il me reparle de Jessica, mais nawak, elle vient faire quoi là... mouais, très bas comme arme vous voyez ? Et même si mon sang bouillait, je n'allais pas lui faire ce plaisir de le laisser sentir. Pas de soucis, je lui donnerais même ton adresse si tu veux, allez je suis généreuse, je lui dirais aussi quel genre de sous-vêtements t'aimes. De toute façon, il paraît que les blondes sont plutôt sa tasse de thé finalement, alors une de plus ou une de moins, qu'est-ce que ça change ein ? C'est ça, merci. terminant moi aussi par dire avant qu'il ne raccroche et que j'en fasse de même.