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Appel en cours
J'étais sortis d'affaire ça c'est fait, mais pourquoi on me gardait ici encore ? Pourquoi je devais rester dans ce lit d'hôpital si ennuyeux. Je m'ennuie, je veux un peu d'action, je veux sortir, boire, je veux me déchainer dans les boîtes de nuit, je veux m'envoyer en l'air peu importe la personne en face, putain je veux bouger, j'en peux plus de rester ici. J'étouffais presque. Une infirmière se ramène pour me refaire un bandage au rein tandis que mon portable sonne. Cole... Je ne peux pas répondre là, dépêche-toi petite conne, termine mon bandage ! En plus tu me fais mal ! Aucune douceur ici je vous jure. Je me redresse légèrement et je grimace de douleur quand enfin, elle termine et repose mon dos sur le coussin. Une fois qu'elle fut dehors, j'attrape mon portable et je soupire. Allez Lucky, comme avait dit Hades, j'allais devoir affronter ça. Lui dire que sayez, plus de bébé, lui dire qu'on aurait eu un garçon... Et même s'il s'en fichait, il n'en restait pas moins concerné. Allô... Répondis-je après avoir décroché.
Alors comme ça, ils avaient préféré ne rien dire à Cole de tout ce qui s'était passé ? Alors là, je suis très étonnée. Puis lorsqu'il me demandait si allait, j'avais envie de lui répondre "à ton avis Cole ?" mais je me retiens de le faire en soupirant. Je vais bien. De mon état à moi, c'est tout ce qu'il avait besoin de savoir et je n'avais pas très envie de rentrer dans les détails. Par contre, il avait le droit de savoir comment j'ai perdu le bébé. Il s'est passé que ta meilleure amie est passée me voir en me proposant des billets pour que j'avorte, j'ai refusé et elle a eu la brillante idée de me bousculer dans les escaliers. Résultat, j'ai perdu mon fils, puis plongée dans un coma de dix jours... Bref, je ne vois pas pourquoi ils ne te l'ont pas dit, surtout qu'Hades a foncé rapidement à l'hôpital ce jour-là, comme s'ils avaient peur que t'en fasses tout un drame... Ce bébé tu ne le voulais pas, donc en quelque sorte, elle t'a rendu service ta chère Hippolyte. Allez Cole, ça ne te va pas de jouer celui qui s'en préoccupe. Mais bon, si j'ai répondu à cet appel, c'était uniquement pour lui expliquer le pourquoi du comment de la perte du bébé, pas pour parler de ma santé. Parce que vous voyez, la "moi" en ce moment n'éprouvait certainement pas le besoin, ni l'envie qu'il se soucie de son état.
Il flippait ou il avait flippé là n'est plus tellement l'importance. Je n'avais plus besoin qu'il flippe pour moi, je vais bien, je vais même mieux et ce n'est que le début. Mais je ne sais pas, peut-être aurait-il flippé un peu ou même juste un rikiki d'avoir lui aussi perdu son fils. Il ne le voulait pas, mais quand même, un petit désolé aurait suffit. Même Hades avait compatis bordel et c'est ça qui fait que je n'arrivais pas à rester calme derrière le téléphone. Oui et bien pour moi, j'aurais préféré que ce soit mon fils qui aille bien... Je serre le drap dans la paume de ma main libre, gad, moi qui n'avais plus envie de parler de tout ça. La douleur était encore un peu trop pressante sur ma poitrine. C'était pas une bonne idée de parler de kinder, alors je me reprends rapidement. Mais merci d'avoir appelé. Dis-je en haussant les épaules.
Je le sentais à sa voix que même si elle jouait la distante, la froide, la détachée, cet événement la touchait, bien plus qu’autre chose. Elle ne parlait pas d’une fin de grossesse, elle ne parlait pas juste du fait d’avoir perdu un fœtus, de ne plus être enceinte, c’était la perte d’un enfant pour elle. Toute la différence était là. Pour elle, c’était déjà un enfant. Qu’elle aurait voulu protéger, quitte à perdre la vie. « Lucky… Je sais qu’il n’y a pas de mots justes dans ces cas là mais… Courage… » Parce que cette chute aurait pu aussi provoquer des dommages irréversibles sur le gosse, qu’il aurait pu finir handicaper, qu’elle, elle aurait pu y rester. Alors la finalité : Lucky indemne, c’était le positif sur quoi je voulais moi me centrer, en occultant le reste. Elle me remercia froidement finalement, semblant ainsi vouloir écourter l’appel. « Je… De rien. » Fallait que je raccroche maintenant ? « Tu as besoin de quelque chose ? » proposai-je quand même.
Plus facile à dire qu'à faire. Le courage. En ce moment, je ne crois plus en avoir. Tout ce que j'ai, c'est de la haine, du mépris et j'aurais souhaité ne pas arriver jusque-là. Encore une fois, je perdais un être cher. D'abord mes parents, ensuite mon propre fils. Un deuil de plus à célébrer chaque année, une nouvelle douleur à revivre en boucle. Mais, je ne voulais rien montrer, juste garder ce visage d'indifférence, de mensonge, de faire comme si rien ne m'atteignait alors qu'au fond, je suis déjà brisée. Ça ira, j'ai déjà vécu des pertes alors n'en faisons pas tout un drame... Cole était sûrement la dernière personne avec qui j'aurais eu envie de lâcher prise, de chialer ou quoi que ce soit d'autre par rapport à toute cette histoire. Et puis, je ne le ferais pas, j'ai déjà trouvé le moyen d'évacuer, de me défouler, alors je n'avais pas besoin d'en dire plus. Cependant, je n'allais pas raccrocher, j'attendrais qu'il le fasse afin de lui montrer que je n'étais pas au bord du suicide ou un truc du genre. Non merci, j'ai déjà tout ce qu'il faut, vraiment. Fais ta vie Cole et je ferais la mienne. Il n'avait pas besoin de s'en soucier, je saurais très bien m'en sortir toute seule.
Il est vrai que je lui avais suggéré que nous restions amis tous les deux, une façon pour moi d'entendre encore sa voix et de le sentir proche de moi, mais j'avais été bête de croire qu'on pouvait l'être après ce qu'il a fait à Léo, à Agathe et la menace contre ma meilleure amie dont Ayma m'avait parlé. J'aurais dû savoir qu'il me ferait vraiment regretter mon geste de l'avoir quitté. Pourtant, je n'étais pas celle à blâmer avec toutes les crasses et les erreurs qu'il a comis vis-à-vis de moi. Alors oui, même si je l'aime, je ne peux pas mentir, il n'a pas été à la hauteur de serait-ce qu'un quart du petit-ami censé aimer et dieu sait que je ne demandais pas la perfection. Il y a peut-être quelque chose que je voudrais... Je me mords la lèvre inférieure avant de reprendre. Pourrais-tu laisser mes potes tranquille ? Je sais qu'il est passé par eux pour me faire regretter, une façon de s'attaquer à moi indirectement. Leo, Agathe, la menace sur Ashleigh et le connaissant, je suis certaine que Denys en paye le prix également. Alors si c'est toi Cole, si c'est toi l'auteur de ce que Den vit en ce moment alors qu'il n'a rien demandé, libère-le et laisse mon entourage tranquille. Tu voulais que je sois au plus mal et là, c'est bien pire alors considère ton but atteint. Yep, en plus, l'infirmière dois arriver d'une minute à l'autre pour me faire un bandage alors... mensonge, c'est déjà fait. M'bon, il le fallait.