SHAILENE WOODLEY - Jagger Winterbottom

Je suis née dans un champs... Je suis née au milieu des épis de maïs, dans une de ces petites villes américaines dont personne ne connait l'identité, ni l'état exact d'ailleurs. La seule fille, née au milieu de deux garçons. Erwin le plus âgé, que maman a appelé comme ça, pour donner l'impression, que nous n'étions pas des paysans, du moins pas que ça. C'est Jake, mon père qui a choisit mon prénom, un fan de Mike Jagger bien sûr. Et mon petit frère s'appelle Eden... un choix particulier, qu'on attribuera encore à Weima, ma maman.

J'ai des souvenirs précis, de mon enfance, le premier toucher des épis de blés, l'odeur de l'herbe après la pluie, la boue qui recouvrait mes bottes à l'Automne, et le feu de bois qui crépitait dans l'âtre en Hiver. C'était une jolie enfance, assez simple et appréciable. Mais on a tous son lot de complications dans la vie... La mienne est apparue au sortir du lycée, papa est tombé gravement malade. Les habitants de la petite ville, le connaissaient tous, et j'ai entendu pendant de longues semaines, les mêmes histoires... trop de cigarettes, il avait creusé sa propre tombe etc... Il a disparu assez rapidement, en nous laissant un vide béant à la place du cœur.

En fait, je suis restée de longues heures dans le grenier de la ferme, de notre maison en somme. Pour trier les affaires, en laissant ma vie de côté. Erwin a reprit la ferme d'une main de maître, maman pleurait trop pour se lever du lit et Eden faisait le lien entre nous trois, durant cette période. En ouvrant les boites poussiéreuses, j'ai relu le cours de ma vie passée, les premières bandes de cette vieille caméra achetée avec l'aide de papa, les premières minutes suspendues sur pellicule, représentant notre vie de famille d'avant. C'est en se replongeant dans le passé, que l'on sait où on en est dans le présent. Je ne me souviens plus qui est l'auteur, mais c'est d'une véracité folle.

J'ai eu du mal, comme tout enfant, qui perd un parent... à recoller les morceaux de ma vie. Papa m'avait permit de rêver, d'écrire, de filmer, de songer à être autre, et il n'était plus là. J'ai attendu finalement que maman ne se lève de son lit pour recommencer à vivre, avant de revivre moi même à mon tour. Je me suis inscrite dans une faculté toute proche, et pendant 4 ans, j'ai fait plus ample connaissance avec le monde du cinéma et de l’audiovisuel. Finalement, je n'avais pas ouvert ses lettres d'admission à la fac, les autres j'entends. j'avais choisit la facilité proche, pour éviter de trop m'éloigner de ma famille meurtrie. Et quand j'ai vu l'entête d'Harvard, avec la mention : bienvenue chez nous, j'ai pleuré... tellement pleuré. J'ai donc quitté ma petite faculté de province, et je me suis installée à Harvard, Cambridge... poussée par ma chère famille. J'ai même intégré une maison, et je m'habitue lentement à une vie, à des années lumière de la mienne avant.