(ROMECHIEL) I found solace in the strangest place.

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EZECHIEL & ROMY

Bientôt la fin du Spring Break, et je me rends compte que j'en ai à peine profité, si ce n'est pas du tout. Entre cette histoire de drogue plutôt stressante avec Anja et ses amis, puis mes plans de vengeance envers Cole, j'ai eu la tête à tout sauf à l'amusement. D'ailleurs, depuis cette histoire d'incarcération, j'ai vraiment du mal à retrouver le mode de vie que j'avais quelques mois plus tôt. Comme si j'étais dans la peur constante de faire quelque chose qui pourrait à nouveau me coûter la liberté. C'est seulement quand on se retrouve enfermé et privé de tout qu'on se rend compte de la chance qu'on avait. Moi, j'ai besoin de n'en faire qu'à ma tête, écouter mon coeur plutôt que ma tête, consummer ma vie tel un feu de forêt. Alors quelle n'est pas ma frustration depuis que je sais qu'un individu peut m'enlever tout ça à son bon vouloir. J'hésite donc quelques secondes quand Ezéchiel m'envoie un sms pour me proposer de partir en virée nocturne avec lui. C'est con et c'est insupportable, de devoir se demander si on ne va pas regretter les conséquences de nos choix. Alors j'ai accepté. Parce que j'en ai marre de marcher sur des oeufs, parce que j'ai envie de m'amuser avec mon pote. Je suis d'ailleurs contente qu'il m'ait contactée avec la fin du Spring Break. Parce que moi, j'hésitais un peu à lui envoyer un message. Parce qu'après la blague qu'il m'a faite et la sensation que j'avais dans ses bras, j'ai préféré me la jouer cool. Ne pas lui courir après, parce que je ne voulais pas que ça soit le cas. Et dire que je me suis vantée d'être quelqu'un qui ne se prend pas la tête, c'est clairement l'hôpital qui se fout de la charité. J'ai donc attendu plus ou moins, surtout moins, patiemment que minuit arrive pour sortir de ma chambre et rejoindre Ezéchiel hors de l'hôtel. J'avais prévu un sac à dos, avec une bouteille d'eau, de quoi grignoter, une lampe-torche et deux ou trois autres bidules, histoire d'être prévoyante. Pas besoin d'être totalement irresponsable non plus. On est en Jamaïque, pas à Boston. Les dangers ne sont pas vraiment les mêmes sur ce coin-ci de la planète. De toute façon, connaissant Ezéchiel, on va pas prendre trop de risques. Je suis sûr que dans le fond, c'est une fillette qui se cache sous ses gros muscles.

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FEAT ROMECHIEL

J'avais comme une envie folle de faire le fou, mais vraiment. C'est bientôt la fin du Spring Break et je ne veux pas spécialement faire la fête comme tout le monde. Je me dis que ça ne fait pas longtemps qu'on est ici, quinze jours c'est pas grand chose. Je n'ai pas encore profité des quatre coins de la Jamaïque, j'ai envie de partir à l'aventure, me balader dans les endroits interdits, rencontrer les gens locaux, ou encore me balader dans la jungle en mode warrior. La seule personne que connaissais qui serait partante, c'était Romy. Elle ne m'a jamais rien refusé et malgré le fait qu'elle boudait l'autre jour, elle répondait quand même présente. Je suis refais. Ça me fait plaisir. Même si elle me traite de vieux crapaud. Pour moi, chaque moment passé avec elle est privilégié. Je sais pas, cette fille c'était la fille pleine de défauts les plus insupportables mais chez moi, c'est ça qui me plaisait chez elle. On était à la fois différent et similaire. J'avais trop hâte de la voir pour lui foutre la trouille de sa vie. J'ai pas pris de sac, rien, juste ma veste, au-dessus de mon pull à capuche, un short et des chaussures fermées car je sens qu'on va pas mal marcher. Une fois minuit pile, je descendais de l'hôtel et je voyais déjà Romy qui m'attendait dehors en mode aventurière. « T'es prête Dora l'exploratrice ? » je suis obligé de faire la remarque. Son sac à dos sur les épaules, on dirait qu'elle allait faire une randonnée. « Tu as quoi dans ton sac ? Des couteaux ou de la corde pour m'assassiner en douce ? » je riais tellement fort que mon rire faisait écho, ce qui était assez effrayant. Je souriais comme un con puis j'attrapais Romy en posant mon bras sur ses épaules pour ouvrir la marche. « Voilà le programme : il y a un petit parc que j'ai repéré au loin. Malheureusement, le parc est interdit d'accès au public pendant la nuit. Ce qui est bien regrettable car on peut y voir des animaux nocturnes. Qu'en dis-tu ? » peu importe, si elle est pas chaude je la forcerai à y aller. J'aime les trucs interdits, encore plus avec elle.

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EZECHIEL & ROMY

Le sourire aux lèvres, un air de vainqueur sur le visage, je m'approche d'Ezéchiel qui m'attendait déjà hors de l'hôtel. Je suis clairement à l'aise, je suis dans mon élément. Une virée nocturne en plein Spring Break, c'est tout ce dont j'aurais rêvé pour me remettre un peu sur pieds. Depuis cette histoire de Cole, je sentais que j'avais besoin de quelque chose, peut-être même de quelqu'un pour me redonner goût à tout cela. Ma vie, mon quotidien. C'est comme si ces derniers mois, j'ai vécu sans être réellement moi. Depuis quand, Romy Oswald, a peur de quoi que ce soit ? Peur des conséquences, peur du danger ? Mais ce soir, j'ai pas peur. Ce soir, j'ai prévu de m'amuser, puis de montrer à Ezéchiel que je suis encore plus marrante qu'il ne le pense peut-être déjà. Je ne suis pas une poule mouillée. « Certainement plus prête que toi. » que je lui lance en le regardant de la tête aux pieds. Il se moque de mon sac à dos, mais on verra qui c'est qui pleurera quand il aura un petit creux. « Mince. Tu m'as démasquée. » que je dis en prenant un air faussement choqué. Vu ce qu'il me fait vivre au quotidien, bon d'accord, ce qu'on se fait vivre au quotidien, j'aurais presque mes raisons de chercher à me débarrasser de lui en pleine nuit dans un pays étranger. Il le sait bien, sinon il ne m'aurait pas fait cette remarque. « Je suis une aventurière, mais je suis un minimum prévoyante. C'est l'expérience qui parle mon petit. » je rajoute, prenant légèrement la grosse tête. J'ai l'habitude de faire des conneries, et souvent j'ai regretté de ne pas m'être mieux préparée. Ezéchiel vient passer son bras autour de mes épaules et m'explique son programme tandis qu'on commence à marcher vers la destination de son choix. Je hoche la tête en silence, et souris en entendant sa dernière question. « En effet, c'est fort regrettable. Ce qui l'est un peu moins, c'est que l'infraction, c'est ma spécialité. »» que je réponds, à nouveau pas peu fière. C'est pas une grille qui va m'empêcher d'aller où j'ai envie. Combien de fois n'ais-je pas escaladé un grillage, crocheté une porte ou glissé dans une fenêtre entrouverte ? « Je ne me fais pas de soucis pour moi en tout cas. Mais toi ... on dit que le muscle pèse plus lourd que le gras. T'arriveras à sauter ? » je lui lance taquine. Peut-être bien que je le sous-estime un peu. En réalité, je sais qu'il est bon pour faire de mauvaises blagues. Mais est-il un aussi bon voyou ?

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FEAT ROMECHIEL

Non mais, elle me fait rire avec son kit de survie. Meuf, on ne va pas aller chasser le bison hein. Mais comme elle veut, ça risque d'être plus encombrant qu'autre chose. Puis c'est de la triche. Quand on est un aventurier, on l'est de la tête aux pieds. Pas de sac à dos, pas de lampe de poche, rien. Je suis un vrai homme de la nature. De toute façon, on risque pas d'aller bien loin. Je ne connais pas la ville par coeur, et dans le noir, ça risque d'être compliqué de retrouver son chemin. J'haussais mes épaules et lâchais un petit rictus en la voyant si fière. « C'est pas du jeu, t'as les chocottes ma vieille. » c'est tout ce que je trouvais à répondre. Mais, je suis le genre de gars irresponsable et même si Romy n'est pas beaucoup mieux que moi, j'imagine qu'elle a bien fait. Oui oui, mais ça, je ne lui dirai pas. On marchait bras dessus bras dessous jusqu'au parc et arrivés devant la grille, elle me lança que j'étais trop gros. J'ouvris la bouche, choqué et je gonflais mon torse comme un gorille. « Regarde voir si je suis gros. » je touchais la grille avec ma main pour vérifier qu'elle n'était pas électrique puis je lançais un regard à Romy. Je vais lui montrer que je suis un vrai ninja moi. Je montais comme un singe, d'abord aisément mais la grille tanguait un peu. Je m'immobilisais un instant et je soufflais, avant de continuer un mètre plus haut pour arriver au-dessus. « Alors, je suis toujours gr... » je perdis l'équilibre avec cette clôture pas du tout solide et je fis une chute. J'éclatais de rire. Heureusement que mes gros muscles comme elle dit peuvent soutenir le choc. Je me relevais à quatre pattes, toujours la larme à l'oeil en regardant la brunette. « Je te conseille d'y aller doucement. Elle est coriace. » je me relevais et je frottais mes mains sur mon pantalon. « Envoie ton sac. » dis-je en tendant les mains pour l'aider. Je la vois déjà dans son regard qu'elle se marre. Mais on va voir si elle arrive à faire mieux que ça. Si elle a peur de sauter deux mètres, qu'elle demande pas à bibi de tendre les bras pour la rattraper.

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EZECHIEL & ROMY

Charrier Ezéchiel en permanence, c'est typiquement ma façon de le tester. De me tester aussi. Quand j'aime bien quelqu'un, j'ai tendance à lui en faire voir de toutes les couleurs. Positivement ou négativement. J'aime marquer les esprits, être remarquée, qu'on se souvienne de moi. J'ai grandi dans l'anonymat le plus complet. Une gosse parmi tant d'autres, dont personne ne voulait, dont personne ne se rappelait. Un numéro de dossier. Alors en grandissant, j'ai tout fait pour attirer l'attention. L'attention des autorités, de mes parents adoptifs, de mes amis. D'Ezéchiel, en ne cessant de l'embêter. C'est ma façon à moi d'être sûre que je fais partie de sa vie. C'est pathétique, j'en conviens. Mais au final, le voilà en ma compagnie, me proposant d'aller faire une virée avec lui. Contrairement à bien d'autres, il n'a pas l'air de se fatiguer de moi. Pas encore. Alors j'en profite, peut-être plus que de raison quand je mets en doute sa capacité à escalader la grille de ce parc. Après tout, je ne l'ai encore jamais vu à l'action. « Pour ma défense, j'ai jamais dit que t'étais gros. » je lui lance alors qu'il s'éloigne pour me prouver qu'il sait crapahuter lui aussi. C'est lui qui a dit qu'il était gros hein. Moi j'ai juste parlé de ses muscles. Parce que je sais que dans le fond, il en est fier, il les aime. Ezéchiel il joue toujours du fait que c'est un homme, un vrai. En tout cas c'est ce qu'on verra une fois qu'on sera de l'autre côté de cette grille. Je croise les bras sur ma poitrine et l'observe s'accrocher comme un singe à ce grillage. Cette scène m'amuse et je ne peux cacher un petit sourire en coin qui vient naître sur mon visage. J'allais l'applaudir une fois en haut, mais le voilà qui perd rapidement l'équilibre pour tomber tel une grosse pierre de l'autre côté. Je lâche un petit cri d'exclamation, un peu inquiète qu'il se soit fait mal. Je me précipite même jusqu'à la grille pour voir s'il va bien. Mais la bête finit par bouger et se mettre sur ses quatre pattes pour me donner un conseil avisé. « Putain tu m'as fait peur. » que je lâche soulagée. Bon, c'est pas comme s'il avait eu de grandes chances de se tuer dans une chutte de trois mètres. Mais imaginez la scène. Il se casse une jambe, il est coincé dans ce parc et je dois aller le chercher et le porter pour le faire sortir de là. Le cauchemar. « T'inquiètes pas pour moi va. » je lui dis en passant mes bras l'un après l'autre par les bretelles de mon sac à dos afin de le lui envoyer de l'autre côté de la grille. Une fois chose faite, je commence à grimper le long de cette dernière. Je remarque rapidement qu'elle n'est pas très stable, mais ma légèreté pèse en ma faveur et me permet de ne pas perdre l'équilibre, contrairement à Ezéchiel. Une fois en haut, je me pends par les bras et me laisse tomber sur le sol dans un bruit sourd. « Hop, et voilà le travail. » je dis en me redressant, un large sourire aux lèvres. Je tends le bras vers lui pour qu'il me rende mon sac, et l'ouvre pour en sortir ma lampe torche. « On y va ? » je finis par lui proposer en ouvrant la marche. J'espère qu'il a pas trop mal au cul parce que c'est pas maintenant que je vais faire demi-tour. J'allume alors la lampe et braque la lumière autour de nous histoire de voir où nous sommes. Et c'est là que j'entends quelqu'un crier quelque chose comme "qu'est-ce que vous faites là ?". Merde. Le parc était gardé. « Cours ! » je lance à Ezéchiel en l'attrapant par la main. Première épreuve : semer le gardien.

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FEAT ROMECHIEL

C'est vrai elle n'a pas dit gros, mais elle voulait insinuer que j'étais lourd. Et moi lourd = gros. Cherchez pas j'ai un cerveau de blond, vous l'avez oublié ? Je faisais une petite mimique l'air de dire ouais ouais blabla cause toujours. En attendant je suis sûr qu'elle se régale à regarder mes petites fesses dans cette position. Enfin ça, c'était avant de tomber les quatre fers en l'air de l'autre côté. Je riais fort, surement pour calmer la douleur dans mon dos. La dernière fois que j'ai fait une chute comme ça ce n'était pas sur de l'herbe mais sur des morceaux de verre. C'était il y a des années, quand je travaillais dans la brigade anti-stupéfiant en Russie. Un coup a mal tourné et j'en gardais des cicatrices dans le dos. C'était page à part, juste une petite anecdote par rapport aux chutes les plus graves dans ma vie. Donc non, je ne trouvais pas ça grave. Romy s'exclama que je lui ai fait peur et je trouvais ça adorable. Non, ce n'est pas cool de lui avoir foutu les jetons, mais qu'elle s'inquiète pour moi, graaou ça me rend tout niais. Je souriais lorsqu'elle m'interdisait que je me fasse du soucis pour elle. Quelle tête de mule. « Très bien madame je-sais-tout-faire, descends comme une pro. » lui lançai-je en venant de récupérer son sac que je portais sur une épaule. Génial, ça me donne un côté gay avec le sac de Dora. Je me mordis la joue et je la suivais du regard dans ses moindres mouvements. Elle se prenait pour king kong à se pendre par les bras. Décidément, à côté d'elle, je crois que je ressemble plutôt au petit singe Abu dans Aladdin. « Franchement, je suis impress... » je m'arrêtais par réflexe. Une voix. Quelqu'un nous a repéré. De la lumière au loin se rapprochait de nous et allait cherchait à nous éclairer. Oh oh, ça pue ça. Maintenant on ne va pas pouvoir resortir par où on est venu, sinon on se fait choper à coup sur. « Oh bordel de merde. » Romy me tira par la main et je la suivais sans réfléchir. Elle courrait plus vite que moi, rapide comme l'éclair, telle une panthère. « Vite vite vite vite ! Attention ! Je vois rien. Éclaire mes pieds. » dis-je à moitié mort de rire. On courrait sans s'arrêter. On longeait des enclos, on traversait même des volières, des serres. On a bien couru comme ça pendant dix minutes, sans lâcher sa main. Je pressais mes doigts contre les siens. Je sais que si je la lâche c'est fichu. « Par là ! » il y avait un autre grillage mais pas si haut, et abîmé. On ne savait pas où il menait mais tant que c'était hors d'ici c'était le principal. C'était tout ce que nous avions. Je fis la courte échelle à Romy pour qu'elle passe la première et je la suivis juste après. Enfin ! Hors de ce parc de malheur ! Mais vaut mieux continuer à s'éloigner d'ici. Même si on est sorti cela ne veut pas dire qu'on est sorti d'affaire. Après plusieurs mètres à s'enfoncer dans la noirceur de la forêt, on s'arrêtait. Je me laissais tomber sur un tronc d'arbre, les fesses à terre et je reprenais mon souffle. « Oh mon dieu, c'était é-norme !  » mon coeur battait encore super vite. L'adrénaline y'a rien de mieux. Je frottais mon front de sueur et je regardais les étoiles dissimulées par les arbres. Où sommes nous ? Surement pas très loin.

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EZECHIEL & ROMY

Ce soir, c'est le soir de mes spécialités. Après avoir montré mes talents d’acrobate en grimpant le long de cette grille, me voilà en train de faire mes preuves en course poursuite. Combien de fois n'ais-je pas du fuir pour me sortir d'une situation similaire à celle-ci. Fuir, c'est un peu l'histoire de ma vie. Fuir mes responsabilités, fuir des autorités, fuir mes sentiments. J'ai pas envie de dire que je suis une lâche, mais presque. De toute façon, à quoi sert d'être courageux si cela ne fera que nous attirer des ennuis. Non, Ezéchiel et moi avons fait le bon choix. Comme si on allait se rendre bien gentiment à ce gardien, pour se faire mettre dehors ou bien se retrouver en cellule ou que sais-je. Je n'hésite donc pas une seconde à lui attraper la main et lui ordonner de courir avec moi, sachant pertinemment qu'il ne chercherait pas à me contredire. Il s'exclame, il est presque mort de rire et me demande d'éclairer mes pieds. J'avoue que pour ma part, j'ai un peu du mal à me détendre. J'en sais rien, d'habitude, ça me fait rire, mais là ça me rappelle de mauvais souvenirs. La cavale, mon arrestation, mon séjour en détention. Sincèrement, cet épisode de ma vie m'a traumatisée. J'étais comme un animal traqué puis emprisonné. Mais la présence d'Ezéchiel auprès de moi me rassure. Sa légèreté, pas physique, mais la façon dont il vit la situation, me redonne confiance. Je me dis que s'il ne se fait pas de soucis, je ne devrais pas m'en faire. Que tant qu'on est tous les deux, rien ne peut nous arriver. « Ah tout de suite tu l'aimes bien ma lampe torche ! » que je m'exclame en tournant la tête vers lui pour qu'il puisse mieux m'entendre. Nous sommes toujours en train de courir, et j'hallucine un peu de la scène. On est là, tranquillement en train de fuir un gardien, et pendant ce temps on croise des bestioles de tous genres, qui doivent sûrement se demander ce qu'on fout bien ici. Bonne question. Soudain, j'entends la voix d'Ezéchiel qui me suivait toujours m'indiquer un autre chemin. Je change donc de trajectoire, lui faisant assez confiance pour le suivre jusqu'à un nouveau grillage en mauvais état. Je grimace à cette vue, un peu déçue à l'idée que ça soit peut-être une sortie. Ce serait dommage qu'on se retrouve dehors après tous nos efforts pour entrer. Mais bon, on a pas trop le choix alors je pose mon pieds sur les mains que me tend Ezéchiel et je hisse de l'autre côté du grillage. Il ne tarde pas à me rejoindre et en silence, nous continuons à marcher pour mettre de la distance entre nous et le vigile. Finalement, Ez se laisse tomber contre un arbre et je pose mes mains sur mes genoux pour enfin reprendre mon souffle. « Mmh ouais. » que je dis, pas tellement emballée. Comme je l'ai dit, j'ai un peu du mal à tout prendre à la légère ces derniers temps. Tendue comme un string, ça va encore lui donner une occasion de me traiter de grincheuse. « N'empêche, on a vraiment pas eu de chance avec celui-là. Il aura fallu qu'il tombe juste sur nous. » je rajoute, un peu étonnée. Le parc est immense et c'est pile à l'endroit où nous étions que le vigile faisait sa ronde. J'espère que cette poisse va pas nous suivre jusqu'à la fin de la soirée. « Au fait, on est où là au juste ? » je demande, à la fois à moi-même et à Ezéchiel. Je dirige ma lampe torche un peu partout autour de nous, les sourcils froncés. La forêt est vachement dense, j'ai pas l'impression qu'on soit encore dans le parc. Mais pas non plus dans les alentours de l'hôtel. On dirait qu'il n'y a plus de civilisation en fait. « On se croirait dans Jurassic Park. Mais sans les dinosaures. » je lâche. Mais sûrement d'autres bestioles.

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FEAT ROMECHIEL

Après cette cavale super entraînante, nous voilà dans un bois. Au moins, on risque pas de se faire choper ici. Il fait... sombre. Et c'est pas si silencieux que ça, on entendait des bruits d'animaux nocturnes. Des espèces de hiboux, ou volatiles en tout genre. Tant que j'entends pas de grognement où un loup qui hurle au clair de lune, ça me va. Je restais assis un moment puis je me relevais. Mon prof de gym m'avait appris qu'il fallait continuer de marcher après un sprint intense.
Je préférais marcher en rond, tâter le terrain, un peu comme Romy avec sa lampe torche.
« Ouais, tout ça parce que je suis tombé et que j'ai éclaté de rire. » j'en suis persuadé. Si je n'étais pas tombé de cette clôture, rien de tout ça ne serait arrivé. Sauf si les animaux finissent par nous balancer mais ça serait vraiment awkward. Je suivais la lumière de la lampe de poche de Romy et c'est clair qu'on y voyait pas grand chose. C'est très... végétal ici. Je sais même pas si ça se dit. « Et bien, j'imagine qu'on est dans la jungle. » dis-je sur un coup de tête, bien qu'après avoir entendu ce que j'ai dit ce n'était pas très rassurant. Je m'approchais de la jeune femme, comme si soudainement j'avais un peu peur d'être à quelques mètres séparé d'elle. Mais elle enfonça le couteau dans la plaie. « Déconne pas, on ne sait pas ce qu'on peut trouver ici. » soufflai-je en faisant un tour sur moi-même. Je ne sais même plus dire par où on est venu. Tous les arbres se ressemblent et c'est plat, trop plat. Si y'avait une descente, au moins, on pourrait rejoindre la rivière puis la mer. Mais là, bonne chance ma pauvre lucette. « J'dois pisser. » Romy arrêta d'éclairer vers moi et je protestai. « Hé ! Remets la lumière vers moi. J'ai pas envie de perdre ce que j'ai de plus précieux au monde par une bête féroce qui se cache sous mes pieds. » je lui tournais le dos, je baissais mon froque et je me prenais limite comme un chien à faire ses besoins sur un arbre. Ça c'est la nature, pensai-je. J'ai une petite vessie et dès que je cours je dois facilement faire pipi. Bref, ma vie. « Je sais ce qu'on va faire. Déjà on se détend, et je vais regarder sur mon téléphone où nous sommes.  » google map c'est la vie. Je devrais me douter qu'on a pas de réseau ici, mais j'ai l'esprit d'un enfant de cinq ans. Laissez-moi espérer.

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EZECHIEL & ROMY

Donc nous voilà dans la jungle. Je ne fais pas l'oiseau de mauvaise augure, c'est Ezéchiel qui vient de le dire. Il a pas eu peur de prononcer ce mot sur l'instant. J'avoue que moi, j'osais pas trop le dire. On est à des milliers de kilomètres de chez nous, on ne sait pas où on est et pour couronner le tout, on est en pleine jungle. Vous l'imaginez ? Deux étudiants d'Harvard perdus en Jamaïque. C'est pas quelque chose qu'on entend, ou qu'on vit tous les jours. La ville ou le parc de Boston, oui ça me connait, mais là je suis dans un environnement qui m'est complètement étranger et je ne sais pas trop comment je suis censée le prendre. Un challenge ? Certainement. Mais à condition qu'on reste un minimum en vie. C'est mal d'avoir déjà ce genre de pensée, mais j'y peux rien. Je ne suis pas une optimiste à la noix. Quand quelque chose tourne mal, j'essaye pas de me convaincre que ça va aller. Tout ce que je fais, c'est essayer de m'en sortir. Et pour cela, je dois réfléchir, observer ce qu'il y a autour de nous, essayer de trouver un chemin, quelque chose. Je sens Ezéchiel qui se rapproche de moi dans mon dos, et même si j'aurais envie de le charrier à ce propos, je dois avouer que sa présence me rassure. C'est con mais au moins je me dis que je suis pas toute seule là-dedans. Qu'on est à deux, qu'on va s'entraider. Puis c'est toujours mieux d'être en compagnie de quelqu'un qu'on apprécie, à qui on tient. « Justement, on doit rester sur nos gardes. J'ai pas envie de finir dans la partie nécrologie du Boston Globe car je me suis faite bouffer par un tigre. » je lui dis, néanmoins plutôt sérieuse. « Il y a des tigres en Jamaïque ? » que je demande presque immédiatement. Non parce que j'ai dit ça comme ça, mais si il y a vraiment des tigres dans ce coin, je sens que je vais vite me creuser un trou et y rester jusqu'à ce que les secours arrivent. Soudain, j'entends Ezéchiel qui me dit qu'il a envie de pisser. La surprise se lit sur mon visage car je fais une drôle de tête. Il me balance cette information comme ça, de but en blanc. « Ravie de le savoir. » je dis dans un haussement d'épaule en détournant la lampe torche. Mais le voilà qui râle, comme quoi sans lumière, il a peur de se faire manger le bout. Même si la situation est presque dramatique, il faut dire que sa remarque m'arrache un rire sincère et je me détends un peu. « C'est pas comme si il y avait grand chose à manger. » je murmure entre mes dents, ne sachant trop si je voulais qu'Ez entende ma remarque. J'aime bien le saouler, mais si c'est pour qu'il boude quatre heures non merci. « Je te fais tout de même remarquer que c'est la deuxième fois que tu baisses ton froc en ma présence. » je lui dis tandis qu'il marque son territoire contre un arbre. Je fais bien sûr référence à la dernière fois, dans la chambre d'hôtel. Bien sûr, c'est pas toujours dans un contexte très sexy m'enfin, je vais pas non plus m'en plaindre. « Pendant que tu regardes sur ton téléphone, moi je vais voir si je retrouve le chemin par lequel on est venu. » je lui dis en commençant à tourner autour de nous, pour voir si je vois pas des traces de pas, ou de l'herbe qui aurait été écrasée par nos pas. Je ne suis pas une pisteuse mais qui sait ? Peut-être que ça va aussi devenir ma spécialité. Sauf qu'au lieu de traces de chaussures, je remarque de grosses traces de pattes. Et qui m'ont l'air plutôt fraîches. Ou pas en fait, j'y connais vraiment rien. Je me redresse alors soudainement et commence à reculer, sans remarquer qu'Ez est derrière moi. Je finis donc par le percuter et lâche un cris strident, pensant qu'il s'agissait d'une bestiole. « TIGRE ! » que je hurle comme une idiote, me laissant aller à la peur qui naissait en moi quand j'ai vu ces traces de pas.

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FEAT ROMECHIEL

Il est une heure du matin, donc le soleil se lève dans plus ou moins quatre heures, si mes calculs sont bons. En fait, je vais dormir à l'heure où le soleil se lève et c'est souvent dans ces zones là. On doit survivre autant de minutes dans cette jungle, avant que le soleil se lève. C'est vrai parce qu'une fois le soleil au rendez-vous, on y verra déjà plus clair. Je fronçais les sourcils à la question de Romy sur les tigres. Alors là... surement. Enfin, c'est une jungle quoi. S'il n'y a pas de tigre il y a surement d'autres bêtes féroces. Mais pour la rassurer, je jouais l'innocent. « Je ne pense pas. T'as vu un panneau 'attention aux tigres' à l'entrée de la forêt ? » et je souriais. Il faut qu'on se marre, qu'on rigole pour pas paniquer. Si seulement j'avais de quoi se dégommer la tête. Au moins la nuit passera plus vite. Mais bon, on pensera à ça plus tard. Là tout de suite j'ai juste envie de faire pipi et tant que j'ai pas fait mes besoins je pourrai pas pleinement réfléchir. Je tournais la tête vers Romy en l'entendant marmonner quelque chose.« T'as dit quoi ? » parle plus fort, là tu parles comme si tu voulais te faire discrète, comme s'il y avait un monstre au-dessus de moi. Mais elle enchaîna avec une remarque qui me faisait pouffer. « Tu crois que je le fais par pur plaisir ? La première fois tu étais dans MA salle de bain et je pensais que tu regardais pas. » mentais-je avant de reprendre. « Et maintenant c'est l'homme à l'état de nature beauté. » m'exclamai-je en levant les bras vers le ciel, puis en posant comme Hercule, un bras plié pour faire sortir mon muscle. Je fais encore le con je sais. « Tu ries mais dans pas longtemps c'est toi qui sera accroupie en train de faire pipi comme une fille. » comme c'est ridicule une fille qui fait pipi, vous trouvez pas ? On dirait qu'elles font la grosse commission. Ezé garde tes pensées pour toi, on ne va pas débattre là-dessus plus longtemps. Romy se retira l'instant d'essayer de trouver le chemin par lequel on est venu et moi je cherchais du réseau sur mon téléphone. Je grognais en lâchant une injure en russe puis je décidais de suivre la student, en espérant qu'elle se rapproche d'une source de réseau. Elle a pas ça dans son sac à dos non ? Puis soudain, quelque chose me percuta et bon sang j'ai eu la peur de ma vie. J'ai crié mais pas un cri viril du tout. « Putain putain putain ! » Romy en panique qui hurle au tigre ! Au quoi ? Directement je la prenais contre moi, en la serrant super fort contre ma gorge. « Où ça ? Il est où ? » je regardais à gauche à droite, sa lampe torche est à terre. T'inquiètes pas Romy, je te protège comme la prunelle de mes yeux, jamais je laisserai t'arriver malheur. Sinon qu'est-ce que je ferai sans toi ? Je crois que c'est la première fois que je la prends aussi fort dans mes bras, comme si c'était la dernière fois que je la serrai contre moi.

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