Dimitria Velichkov aka DEE ►Cleo Wattenstrom.

   
    L'intensité électrique et chaleureuse d'un bon verre de whisky pure feu n'avait jamais su me faire grimacer. Au contraire, c'était une gifle de velours à chaque gorgée. Un mal qui apaisait un feu encore plus dévorant, toujours un peu plus chaque fond de verre que je recalais. J'avais toujours cette manie de rouler entre mes doigts le verre cisailler qui miroitait quelques éclats de lumière sur la vieille table de bois crépue qui meublait le Black Dog. Attentive à chaque voix autour, je chevauchais comme toujours les conversations toutes aussi saugrenues furent-elles les unes les autres. Bien que certains tentaient une approche misérable avec moi, ils devenaient rapidement qu'un vieux bourdonnement à mon oreille. C'était facile en fait. Plus on ignore plus ils dégagent rapidement. En vous traitant de pute hautaine parfois. Mais qu'en ai-je vraiment à foutre de ces p'tits cons ?

La musique d'ambiance n'était guère trop forte, laissant répit aux abruties les plus véhéments de la boite. C'était l'entracte et c'était moi qui montait sur scène tout juste après. Je détestais me vautrer à l'arrière scène comme une vulgaire diva. Je me sentais, à tord (probablement) vulnérable avec une unique porte de sortie. Je détestais les pièces étroites. J'aimais avoir une vu d'ensemble, voir qui entrait et qui sortait, éperdument paranoïaque. J'aimais connaitre mes possibilités. Agoraphobe sur les bords ? Paradoxalement oui sûrement. On avait vécu de cette manière depuis tellement longtemps. Toujours aux aguets des représailles quelconques des erreurs de mon père.

Pourtant ici personne ne connaissait vraiment mon passé où mes racines. Le parfait nouveau départ. Mais une ombre me suivait comme toujours. Le bruit s'était quand même répandu dernièrement après que mon paternel fasse la manchette des journaux.. L'une des grosses têtes Bulgare du crime organisé, trafiquant d'armes retrouvé assassiné...Ça ne reste pas inaperçue. Moi qui était censée m'éloigner de cette enfer et voilà que cela être ma destinée une bonne fois pour toute. Bien que cela me déchirait le cœur, je pensais que sa mort calmerait le jeu. C'est égoïste. Mais genre totalement. Ce fut légitime car parfois je me sens un peu fatigué de toute cette merde de deal, de guerre, de faire imposer son respect, de réparer les ''shit'' des incompétents. Bref !

Au départ ma raison de ma présence ici c'était de finir mes études. Ne pas gaspiller mes talents. C'était la promesse faite à ma mère sur son lit d’hôpital. Et en échange de cette chance sur ma vie, mon père me demandait une dernière chose. Traiter la nouvelle liaison du trafic au Nord des États-Unis. Juste ça. Je m'assurais simplement que tout se fasse en ordre. Fuck belle folie. J'étais vraiment une merde perdu à cette époque. Moi mon petit band et le dessin c'était tout ce que je voulais. La nuit à m'évader dans la musique et le jour à faire saigner d'encre la peau des gens. Il faut dire que j'ai adoré littéralement mes cours ouais mais ce n'est pas parce qu’on a une facilité à quelque chose que c'est exactement ce qu'il nous faut. Un court instant j'ai senti que je faisais quelque chose de bien avec ma vie. Cependant entre deux bagarres virulentes qui me tombaient toujours dessus... exprès ouais. ( si je vous jure ! ) Et bien la réalité nous rattrape toujours. Décidément l'école ce n'était pas pour moi. Puis par la force des choses et surtout parce que c'est ce que j'ai toujours connu, j'ai pris entièrement les rennes du business de cette partie d'Amérique. Maintenant que mon père est mort, et bien c'est encore pire qu'avant.... Il ne manquerait plus que Drago débarque pour me ramener de force en Bulgarie.

Brouillée encore de ma mélancolie, je lâcha dans un soubresaut mon verre lorsque quelqu'un se laissa séchoir sur une chaise devant moi. Je glissa ma main vers mes hanches pour retrouver mes esprits auprès de mon glock custom chrome. Ouep, un simple réflexe. Je replaça mon t-shirt mine de rien puis sans un mot je me leva en arborant un petit clin d’œil sympathique. C'était l'heure d'être sur scène ! Si je voulais retrouver mon gros cabot Zane, mon pittbull de 4 ans qui m'attendait sagement à mon loft.... En espérant seulement qu'il n'a pas mâchouillé ma dernière paire de Louboutin !