Alexys&Abel - La nuit on s'regarde chelou comme un lendemain d'élection

• "Bouge ton cul putain j'ai pas toute la nuit" Je secoue la tête de gauche à droite lentement. Moi non plus j'ai pas toute la nuit, il faut juste me laisser un peu de temps pour que je puisse finir de me préparer, c'est tout. "Allez vas'y me soule pas, toute façon je bouge là." Avais-je lâché enfilant un t-shirt en sortant de la salle de bain. J'avais des projets pour ce soir, j'allais sortir, une fois de plus j'allais rentré tard, surement lorsque le soleil aura décidé de se lever. J'ai un mission, le genre de mission que je me donne, vous savez, les missions sans aucune utilités mais que j'aime réussir. Il y a cette fille, cette Mather, plusieurs fois je l'ai croisé à des soirées, plusieurs fois où je l'ai vu, mais où je n'ai pas compris le pourquoi du comment elle était comme elle était. Il y a quelques années en arrière, elle avait la réputation de faire la fête, de s'amuser, de profiter de sa vie, et là... J'avais l'impression qu'elle n'était plus que l'ombre d'elle même, qu'elle n'avait plus de joie de vivre ou autre. Elle avait oublié ce que c'était de s'amuser, elle avait oublié comment un vrai Mather faisait la fête, et... C'était ça ma mission, lui redonner le gout à la fête, le gout à la vie, le gout à la connerie. Alors, je lui avais donné rendez-vous dans ce bar en bord de plage, j'avais envie qu'elle se lâche, j'avais envie qu'elle se souvienne ce que c'est d'être un vrai Mather, et que son côté festif reprenne le dessus. Si elle avait accepté mon invitation, c'était déjà un bon point non ? C'est qu'elle avait envie de renouer avec cette part d'elle même ? Alors, assis au bar, j'attendais que la jeune femme pointe le bout de son nez... •

• J'ai tout fait tout seul, tout ce que je suis, tout ce que je suis devenue, c'est grâce à mon passé. Je me suis construit tout seul, j'ai appris à me débrouiller seul sans demander l'aide de je ne sais qui. J'suis pas un assisté, j'suis pas un putain de manchot pas foutu de se débrouiller par ces propres moyens. J'ai choisi ce mode de vie car je m'y plaît, car j'aime cette vie de débauche que je mène. Je sais bien qu'un jour, je vais devoir me poser, qu'un jour ou l'autre, je vais vieillir et que je devrais penser à l'avenir, mais pour le moment... Je n'en ai aucune envie, pour le moment je vis le moment présent, je ne me pose pas de questions, je me fais plaisir, ma vie est un vrai bordel, mais putain, qu'est-ce que j'aime ça, presque autant que l'alcool. L'alcool, c'est ce qui me fait tenir, c'est ce qui me fait me sentir en vie, ça et la drogue, alors, ici, dans ce pays, je me sentais un peu comme chez moi... [...] Je tourne la tête lorsque j'entends cette voix s'adresser à moi, elle est venue, elle a accepté mon invitation, elle a accepté de sortir et de se lâcher, du moins, elle sait pas encore qu'elle va se lâcher en fait, j'vais y aller petit à petit. "Elle attendait d'être occupé par une jeune femme qui aime profiter de la vie !" Petit rappel de la fille qu'elle était par le passer, elle n'attendit pas longtemps d'ailleurs avant de commander quelque chose à boire, du coup, quand le barman arriva, je pris rapidement la parole. "Deux de vos cocktails les plus fort !" Un sourire sur les lèvres, je me tourna vers la jeune femme. "J'espère que tu tiens bien l'alcool ?" Sait on jamais, a peu se perdre ces choses-là si on reste un moment sans pratiquer... •

• J'hoche la tête de haut en bas. C'est triste à dire mais oui, elle ne profite pas assez de la vie, trop rangé, trop calme, elle n'est plus que l'ombre de la Mather qu'elle était autrefois, et moi, en tant que bon Mather, en tant que bon fêtard toujours prêt à se prendre une cuite ou juste à boire un verre, je ne peux pas la laisser s'enfoncer dans sa routine, je ne peux pas la laisser vivre cette vie de petite fille bie rangé, de modèle de réussite, elle a toute sa vieillesse pour faire ça... Je m'apprêtais à lui répondre lorsque le serveur arriva, alors commandant les verres, des trucs bien forts, de l'alcool de couillu, quelque chose qui allait lui faire se souvenir de ces anciennes soirées, je l'écouta me persuadé, ou plutôt se persuadé qu'elle était une Mather et qu'elle tenait très bien l'alcool. Je lève les épaules un bref instant, un léger sourire sur les lèvres. "Mais c'est que le premier verre ça en fait..." Elle ne pensait tout e même pas qu'on allait juste boire un verre et rentrer ? Oh non, elle a encore pas mal de temps à tenir avec moi. "Sérieusement, ça te manque pas cette vie là ?" Demandais-je en écartant les bras, comme pour lui montrer que le monde l'attendait, qu'elle n'avait qu'à sauter le pas pour vivre la vie qu'elle avait dans le passé, cette vie qui lui avait permis de s'épanouir et non pas s'enfoncer dans une routine de petite vie de famille bien rangé et bien emmerdante. •

• Je veux vivre, je veux profiter de ma vie tant que je le peux encore. J'ai pas eu la jeunesse la plus belle qu'on puisse avoir, au Brésil, c'est pas tous les jours beaux, c'est pas que des belles plages, du soleil et des filles... J'ai merdé, déjà gamin je me foutais dans des histoires pas possible, j'me suis retrouvé à faire parti d'un gang, à porter une arme, à voir mon meilleur ami se faire écraser par une voiture sous mes yeux, à vendre de la drogue, à me faire tatouer presque tout le corps... J'suis loin d'être un modèle à suivre, mais putain, je veux juste profiter de ma vie et m'amuser avant de devoir me poser, avant de devoir devenir sérieux. Du coup, ça me fait chier de voir Alexys comme ça à son âge, elle a toute sa vieillesse pour être calme, alors je prend pour exemple ce bar, ce mode de vie, celui qui était le siens par le passé, et je lui demande si ça ne lui manque pas. J'écoute sa réponse tout en attrapant l'un des verres que le barman nous apporte. J'arrive à apercevoir une pointe de nostalgie, et rien que ça, c'est un bon début. "Mais pourquoi faire ? Regarde moi, sérieusement... Je passe mon temps à faire la fête et à me foutre dans des états pas possible, et c'est pas pour autant que j'arrive pas à gérer les cours !" Je porte le verre à mes lèvres, et je reprend. "T'es jeune, t'es pas obligé de te mettre dans des états pas possible, mais juste sortir de cette bulle de calme que tu t'es crée... Faut t'amuser, faut profiter de ta vie !" Limite je pourrais faire un slogan. •

• J'crois bien que ce soir, je suis le petit démon sur l'épaule d'Alexys, celui qui veut la pousser à faire ce qu'elle ne veut pas faire, celui qui lui demande de redevenir celle qu'elle a essayé d'oublier. D'ailleurs, pourquoi elle c'est rangé ? Elle me dit que c'est pour les cours, qu'elle n'arrive pas à faire les deux en même temps, mais honnêtement, j'ai du mal à la croire. C'est pas logique, c'est pas normal, tu peux pas passer du tout au rien. Un verre de temps en temps c'est rien, ça ne compte pas. Alors, j'ai revêtu mon costume du mec qui te pousse à faire ce que tu essaies de cacher, du mec qui va te sortir de grands et beaux discours tout ça pour te faire te souvenir, que tu te souviennes qui tu étais et comment tu vivais avant de devenir cette calme fille qui se met des barrières. "Tu y arrivais très bien avant je suis sûr !" On est à Harvard, on est intelligent, on peu faire la fête et être de bons étudiants, on est pas des Mathers pour rien. "Parceque t'es une Mather, sérieusement, j'te trouvais plus heureuse avant en fait ! T'avais l'air d'être vraiment épanouie, tu faisais tout ce que tu voulais sans te poser de questions, et là c'est limite si tu te donnes pas un couvre feu, et j'trouve ça vraiment dommage sérieux !" Est-ce que m'ont vieux discours va marcher ? Aucune idée, mais ce qui est sûr, vu à l'allure que je bois mon verre, je vais pas tarder à en reprendre un autre, et elle a tout intérêt à me suivre. •