Ashleigh & Gabrielle & Bambi
Denys, Denys et encore Denys, son nom revenait de plus en plus souvent ces temps-ci alors que moi, tout ce que je voulais, c’était l’oublier tranquillement et redevenir celle que j’étais avant qu’il ne vienne foutre le bazar dans ma tête. La vérité c’était que plus j’entendais son prénom, plus je nourrissais de l’amertume et du dégout à son sujet. J’aurais pu, juste l’effacer de ma vie et garder son image en tête comme une vieille photo qu’on regarde avec nostalgie, comme lorsqu’on tourne les pages d’un album de vacance avec ce sourire mélancolique aux lèvres. Cependant, monsieur avait parlé et j’étais là à devoir me justifier auprès de son fan club et plus je me justifiais, plus je lui en voulais et plus je lui en voulais, plus les souvenirs agréables que j’avais de lui se transformaient en déception et en mépris. Elle continua, voulant me faire croire que Denys m’avait demandé de devenir son amie par pitié, je laissai échapper un « que tu penses … » flegmatique. Parce que je n’allais pas tomber dans ce piège-là, je connaissais Denys bien avant elle et le regard plein d’espoir et de bon sentiment qu’il m’avait servi lors de notre dernière rencontre ne ressemblait en aucun cas à de la pitié. J’étais lassée de parler de lui, cela faisait augmenter cette boule de déception que j’avais dans la poitrine et qui alimentait grandement ma colère. Puis elle vint me servir ce discours de loyauté et d’amitié bien rodée que tout bon mather devait sortir à un Eliot. C’était d’un cliché, j’étais loin d’être superficielle, je connaissais la valeur des liens et je savais aimer jusqu’à en mourir. « Je te donne une idée, juste comme ça … » je haussai les épaules « si tu veux que j’arrête d’en parler, arrête de m’en parler », voilà une excellente idée, qu’on me foute la paix avec lui, j’avais assez entendu son prénom pour le millénaire à venir. Bambi sembla comprendre de qui on parlait et je laissai échapper un soupir fatigué pour toute réponse à sa question avant d’essayer de la rassurer « chérie tu n’es pas à l’origine de cette dispute, la bêtise de certains l’est … » et ce n’était certainement pas la mienne. Ashleigh attaqua de nouveau et je devais avouer que ses derniers mots me firent aussi mal qu’une balle en plein ventre. Lorsqu’elle mentionna l’absence de Noah, j’eus le souffle coupé l’espace d’une seconde. Ce n’était pas que j’avais peur qu’il puisse m’abandonner, je savais que cela était impossible, mais il me manquait. Il me manquait comme on manque d’air et à chaque fois que je devais respirer quand il n’était pas là, j’avais cette sensation de brulure dans la poitrine. Je suffoquais littéralement, quand il n’était pas près de moi. Instinctivement, je saisis sa chevalière familiale que je portais au cou à l’aide d’une chainette en or. « Fais très attention à ce que tu dis » mon ton n’était plus aussi léger et s’il était toujours aussi calme, il était plus froid et avait un arrière-gout de colère bien marqué. Ce n’était pas une menace, c’était un avertissement, elle venait de toucher à ce que j’avais de plus précieux, il ne me fallait que ça pour perdre le contrôle.