When past hits you hard (FB) × Brent

Jessie déboula dans le hall de l'hôpital aux alentours de 8h27. Comme d'habitude, sa garde de nuit s'était un peu éternisée. Des dossiers à passer aux infirmières de jour, des pansements de dernière minute, des dosages de médicaments à changer et le déjeuner des patients à préparer. Elle sourit aux visages familiers qu'elle croisait au détour des couloirs, apostrophant quelques collègues au passage. Elle rêvait déjà de son lit. L'odeur des pancakes, disponibles à la cafétéria de l'hôpital lui titilla les narines. C'était plus que tentant. L'infirmière bifurqua pour s'approcher du comptoir ouvert. Des dizaines de variétés de viennoiseries, des pancakes à gogo, des beignets et autres réjouissances.
- Salut Cindy ! lança t-elle alors que sa collègue finissait tout juste de servir un client. Elle s'essuya les mains sur le tablier qui était noué autour de sa taille et pressa le pas vers Jessie.
- Comment ça va Jessie ? Dis-moi ce que je te sers ce matin. On vient de mettre ces beautés en vitrine, dit-elle en louchant sur des muffins tout frais.
- J'allais dire "comme d'habitude", mais il y en a justement un qui me fait de l'oeil, répondit Jessie avec un large sourire. L'infirmière se retrouva bientôt avec un papier kraft dans les mains. Thé bien chaud et muffin à la myrtille, c'était son combo gagnant pour les matins difficiles. Elle lança un " bon courage " théâtrale à Cindy avant de tourner les talons, direction la sortie. Au moment de pousser la porte de l'hôpital, elle laissa passer le visiteur qui la suivait. C'est lorsqu'il la remercia en plantant son regard dans le sien qu'elle tilta. Un visage qui venait d'une autre époque, presque une autre vie. Avant que ses parents ne divorcent. Elle mit tout de même quelques secondes avant de le resituer et sa bouche s'ouvrit toute seule. Pouvait-elle se tromper ? Ils ne s'étaient pas vus depuis des siècles. La dernière fois, ils devaient encore être gosses.
- Brent ? dit-elle, peu sûre d'elle.

Jeudi 23 février ~ Dans la matinée

La dernière fois que Brent était allé à l'hôpital pour lui-même, c'était lors du spring break de l'an dernier. Avec le tremblement de terre, il s'était luxé la clavicule et il avait du porter une attèle pendant plusieurs semaines. Cet été, il avait aussi pas mal fréquenté les hôpitaux avec la maladie de son neveu Lenny. Une leucémie qui semblait presque être un mauvais souvenir pour le petit garçon de sept ans. Quoi qu'il en soit, cette fois-ci, Brent n'était là que pour une prise de sang. Rien de grave, c'était juste pour faire un petit bilan de sa santé et voir si tout allait bien. Il avait conduit jusqu'à l’hôpital, comme à son habitude, il n'était pas en avance et il s'était garer un peu à l'arrache, à moitié sur un trottoir, espérant ne gêner personne. Il n'avait pas fallu longtemps pour faire sa prise de sang et on l'informa que les résultats seraient envoyé à son médecin traitant. Il sortit de l'hôpital pour passer un coup de téléphone à son père qui s'inquiétait pour un oui et pour un non. A peine avait-il raccroché qu'il sentit la faim s'emparer de lui. Il n'aurait pas le temps de repasser par la WH avant ses cours. Il se décida donc à re-rentrer dans l'hôpital pour se diriger vers le distributeur. Il remercia la personne qui lui tenait la porte alors que celle-ci disait son prénom. Il fronça les sourcils avant de répondre « Oui ? » Il n'avait pas du tout la mémoire des visages et celui-ci ne lui disait rien du tout.

© Fiche de Hollow Bastion sur Bazzart

Elle pouvait sentir la chaleur de son petit-déjeuner dans le papier kraft. Dans quelques minutes, elle serait chez elle et pourrait se permettre de tout avaler. Elle se persuadait souvent qu'elle le méritait bien avec les nuits de garde qu'elle assurait. Certaines étant plus difficiles que d'autres, particulièrement lorsque des patients revenaient d'une chirurgie tardive. Ils demandaient souvent une attention accrue. Elle n'avait par contre pas prévu de tomber sur son cousin. Enfin, il l'était surtout sur le papier. Parce qu'elle ne ne le connaissait quasiment pas. Et si sa mère n'avait pas sorti d'anciennes photos, 2 ans plus tôt, lorsqu'elle avait appris la mort de la mère de Brent ; Jessie serait passée à côté de lui sans un regard. Elle n'était qu'à peine sûre que ce soit bien lui. La dernière fois, ils devaient tous les deux être en couche culotte à rire sans aucune conscience du monde qui les entourait. A cette époque, leurs familles se voyaient encore. C'était il y a tellement longtemps. A la manière dont il fronçait les sourcils en la regardant, il ne la resituait pas.
- Jessie ? lui lança t-elle en se présentant. Merde, elle en était réduite à se présenter à sa propre famille. ça craignait. Elle s'en voulait presque de ne pas l'avoir appelé en apprenant le décès de sa mère. Mais ça aurait été déplacé, elle était presque face à un étranger. De lui, elle ne savait rien. Juste qu'ils avaient le même sang dans les veines.

« Jessie ? Jessie ? » Lorsqu'elle avait prononcé son prénom, Brent avait cherché dans ses amis qui pouvait porter ce prénom mais rien ne lui revenait. Il fronça les sourcils comme pour se concentrer dans sa réflexion avant qu'un sourire n'apparaisse sur ses lèvres. Bordel Jessie quoi. Sa cousine Jessie. « Ca fait combien de temps ? Vingt ans ? » Lorsqu'ils étaient enfants, ils se voyaient régulièrement, jusqu'à ce que leurs parents s'embrouillent et qu'ils décident de couper les ponts. Ils étaient des gamins à cette époque et n'avaient certainement ni l'un ni l'autre envie de tenir tête à leur famille. Aussi, ils s'étaient fait à l'idée qu'ils ne se reverraient plus. D'ailleurs, Brent avait presque oublier qu'il avait une cousine. Mais cela lui faisait plaisir de la revoir, sans aucun doute. Ils s'entendaient bien lorsqu'ils étaient marmots. « T'es à Boston depuis longtemps ? »

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Jessie n'avait plus aucune nouvelle des Keegan depuis au moins une décennie. Les rares fois où elle en avait, de façon très épisodique, c'était par l'intermédiaire de sa mère qu'elle n'écoutait que d'une oreille distraite.
- Dans ces eaux-là, oui, confirma Jessie avec un large sourire. Évidemment qu'il avait changé. La dernière image qu'elle avait de lui, c'était en couche, entourés de ses parents. Les traits de Brent, crispés jusqu'alors, se détendirent légèrement.
- Si je te dis depuis toujours...? Son père avait beau être anglais, il ne trouvait que rarement le temps d'emmener sa tribu à Londres. Toujours le nez dans ses papiers. Le business, il n'avait que ce mot à la bouche. Si bien que les Bannerman passaient le plus clair de leur temps ici, à Boston. La distance s'était donc naturellement installée avec le reste de la famille. Je travaille ici en fait, dit-elle en désignant le hall de l'hôpital. Elle connaissait mieux les dédales de couloirs du Massachusetts General Hospital que la maison de famille des Keegan. Ouais, improbable comme situation.
- Et toi, t'as fait pendant ces 20 dernières années ? Si tu as un peu de temps, la cafétéria de l'hôpital est ouverte donc... Et ce n'est pas qu'elle avait faim, mais le petit-déjeuner qu'elle avait prévu l'attendait toujours dans son sac kraft.

En apprenant que sa cousine avait toujours vécu ici, Brent se rendit compte à quel point, il ne la connaissait pas. Faut dire que, d'après sa mère, le fait que le père de Jessie trompe sa femme n'avait pas plu à Lyna et elle ne s'était pas gêné pour lui dire. C'était, d'après sa mère, ce qui avait créer la rupture entre le frère et la soeur. Brent n'avait jamais cherché à savoir si c'était la vérité ou pas. Il avait que très peu connu sa cousine et il avait fait avec pendant plusieurs années. « T'es médecin ? Woua » Ben oui, il était impressionner. Vu le nombre d'études qu'il fallait pour y arriver, c'était bien. En même temps, malgré les rancoeurs entre leurs parents, lui n'avait rien contre Jessie, bien au contraire. « Avec plaisir, je viens de faire une prise de sang et j'ai pas eu le temps de déjeuner. » Il la suivit dans les couloirs de l’hôpital jusqu'à arriver à la cafétéria. Il pris un café avec quelques viennoiseries avant de s'installer à une table. « Moi j'suis arrivé ici en juillet 2015 et j'ai intégré Harvard. »

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Après une longue nuit de garde, la rencontre plus qu'improbable avec Brent avait eu l'effet d'un bon coup de boost. Son lit avait finalement un peu moins d'attrait. Elle n'avait pas vu son cousin depuis une éternité, et même si elle avait vécu des années sans avoir de ses nouvelles, c'était peut-être le moment de se rattraper.
- Médecin ? Non, non, répondit-elle en riant. Elle aimait ses patients et son travail. Elle n'avait rien contre le fait de cumuler les heures tant que c'était pour la bonne cause. Mais de là à mettre ses mains dans les entrailles des gens... Sa vocation était légèrement différente. Je suis infirmière en vasculaire, depuis un peu plus d'un an. Elle enchaînait les nuits de plus de 12 heures de garde. Jessie et Brent refirent le chemin inverse et s'orientèrent vers la cafétéria. L'infimière connaissait l'endroit comme sa poche. Elle ne comptait plus le nombre de déjeuner sur le pouce qu'elle avait pu prendre ici. Jessie y passerait bientôt plus de temps qu'à son propre appartement. Voir les familles défiler, déjeuner avec un patient. Elle aimait assister à ça, discrètement. Elle repassa près de sa collègue, en plein service, et lui décocha son plus beau sourire cachotier. Sûr qu'elle était en train de se demander qui était ce grand brun qui l'accompagnait
Jessie déballa enfin le contenu de son sachet kraft et s'assit face à Brent.
- Harvard ? Wouah. Tu suis quel cursus ?  

Brent avait passé beaucoup dheures à l'hôpital de Londres l'an dernier. Avec la leucémie de son neveu, il avait voulu l'aider autant que possible. Cela lui avait fait drôle d'être aussi proche des patients, souffrant le martyr ou des fois proche de la mort. Cela lui avait vraiment bizarre er ça lui avait rappelé la mort de sa mère. Aucun doute, jamais il n'aurait pu travailler dans ce genre d'endroit et il avait beaucoup de respect pour les médecins ou les infirmières. Savoir que sa cousine faisait ce métier la faisait grimper en flèche dans l'estime de Brent. « Ca doit pas être simple tous les jours » C'est le moins qu'on puisse dire. « T'as du courage pour faire ce boulot. » C'était sincère.
Elle semblait à son tour impressionné que Brent soit à Harvard. Il ne pu s'empêcher d'avoir un sourire fier. « J'suis en cinquième année d'histoire. J'aimerais devenir archéologue. »

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Comme d'habitude, elle avait carburé au thé brûlant une bonne partie de la nuit. Il lui fallait au moins ça pour maintenir sa vigilance à des heures où les couloirs sont vides et où les seuls bruits sont ceux des moniteurs ou des boutons d'appel. Elle en venait presque à regretter les nuits où une certaine agitation régnait dans le service. La plupart du temps, il s'agissait de patients qui partaient au bloc en urgence ou d'un transfert de dernière minute.

L'odeur du muffin à la myrtille lui titillait les narines. Elle posa ses mains autour de son thé et profita de la chaleur du gobelet pour se réchauffer.
- Pour les patients, c'est certain, confirma t-elle. Jessie sourit et se pencha pour ajouter de l'effet à ce qui allait suivre. Ils doivent me supporter. Même si généralement, c'était plutôt dans l'autre sens. Certains ne savaient pas dire merci, d'autres ne la calculaient même pas lorsqu'elle venait changer un pansement ou déposer des médicaments. Mais peu lui importait, elle ne faisait pas ce boulot pour recevoir un jour les félicitations du jury.
- ça doit être génial. Et, comment ça marche ? Il avait piqué sa curiosité. En gros, elle savait en quoi consisterait son futur métier d'archéologue ; mais dans les faits, était-ce ressemblant au portrait dépeint dans les films ou les séries ? - Tu te déplaceras sur des zones de fouille ?

« C'est sûr que t'as l'air très difficile à supporter. » Qu'est ce qu'il en savait en fait ? C'est vrai qu'il ne connaissait pas Jessie, il savait juste le comportement du père de cette dernière qui était à l'origine de la cassure dans leurs familles respectives. Lyna n'en avait jamais parlé et Brent n'avait jamais posé de questions. Aujourd'hui, il se rendait compte qu'il ignorait tout de la demoiselle. Mais il n'est jamais trop tard pour rattraper le temps perdu. « Et les patients te laissent le temps d'avoir une vie privée ? Un mari ? Des enfants ? »
Elle semblait intéressé par ses études et il n'en fallait pas plus pour pousser Brent à en parler. « C'est vraiment ce que j'aimerais. » Se déplacer dans des zones de recherches, fouilles chaque centimètres carré avec une patiente démesurée. « Mais après, il y aussi le travail en laboratoire, le travail de reconstitution qui est intéressant. » L'important pour lui était de faire du terrain et de ne pas être dans un bureau, il ne le supporterait pas.

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