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And my heart stopped beating
It's like that I've stopped breathing.
Aly est la fille la plus détestable qu'on puisse rêver d'avoir à aimer, parce qu'elle n'est pas quelqu'un de facile à cerner, qu'elle n'est pas aussi démonstrative que je le veux, parce qu'elle est pas aussi dépendante que moi à elle. Et pourtant, pour rien au monde je ne l'échangerais. Parce que toutes les nuits son souvenir m'hantait et qu'il était trop bruyant pour me laisser porter ailleurs que près de lui. Alors je me laissais bercer par le souvenir de sa voix, de son amour, de nos gestes tendres. Et aujourd'hui, la désillusion de ce passé glorieux est frappante, quand je la repousse de haine, de tristesse, alors que chaque pore de ma peau la réclame. «Je regrette tellement, tu sais.» Moi aussi je regrettais, certainement autant qu'elle. Je regrettais qu'elle ne soit pas venue me chercher, pour m'empêcher de partir, je regrettais de lui vouer autant d'amour, que celui-ci soit sans failles depuis cinq ans. De la considérer comme un bijou, alors qu'au fond elle est timbrée et que je l'imaginais plus en tenue orange avec une cellule en unique baraque plutôt qu'enfermée dans le mensonge du gambling, à barboter dans un mer de problèmes. Peut-être qu'elle était bien, dans sa bulle, finalement. Pendant que moi je torturais mon esprit d'écritures moralement déprimantes, elle s'était forgé son avatar de fille parfaite. J'ai tellement de rancoeur envers elle, qu'aucune litote n'est possible actuellement.. « On ne peut pas revenir en arrière. » dis-je alors, amèrement. Elle encaisse chaque mot qui sort de ma bouche, puis je vois sa satisfaction dissimulée dans un regard quant au fait qu'aucune femme n'a su m'écarter d'elle malgré les larmes qui roulent sur ses joues, et que je voudrais essuyer, sans pour autant m'autoriser à le faire. «J'ai confiance en toi, Harley! J'ai toujours eu confiance en toi, tu le sais bien! Mais je ne peux pas revenir sur mes pas, je ne peux pas retourner dans le passé et réparer mes erreurs. Tout ce que je peux dire, c'est que je t'aime. Je t'aime comme une folle Harley. Je t'aime et j'ai besoin d'toi. Je suis ici, c'est pas pour rien. C'est pour toi et rien que toi!» Ce qu'elle me disait là, voilà trois ans que j'attends de l'entendre. Qu'elle n'aime que moi, qu'elle a besoin de moi. Ces mots réchauffent mon âme jusqu'alors glacée par son absence. Je la regarde alors droit dans les yeux, bouche bée, parce que je ne pensais pas qu'elle allait me dire tout cela en public, laissant aller ses émotions, elle que j'ai toujours connue forte. « Tu m'avais jamais dit ça avant, Aly. Et j'avais besoin d'entendre tout ça, avant que tu partes...» dis-je d'une voix bien plus posée, avant de regarder autour de moi, de me lever et de lui tendre la main. « On va pas rester sur le trottoir toute la matinée, viens avec moi...» dis-je alors en l'entraînant non loin de là, dans une ruelle peu fréquentée, ornée d'un muret où je m'asseyais. « J'pense que t'as bien compris que j'ai jamais pu tirer un trait sur notre amour, même si tu m'as blessée comme personne. Tu m'as fait encore plus de mal que Bastian, alors que tu sais à quel point il m'a détruite. Et pourtant, je t'aime toujours. Autant que je te hais. » Il fallait que je lui dise ces quelques mots, pourtant je ne me sens pas libérée pour autant.
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