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And my heart stopped beating
It's like that I've stopped breathing.
Un matin de plus qui se passe sans artifices, sans nouvel éclat. Un matin de plus où je viens chercher un Latte Macchiato au Starbucks du campus. Un matin de plus où le type essaye de me draguer et où il écrit mal mon prénom. Putain, c'est pas difficile d'écrire « Harley » pourtant. Faut penser à la Davidson et aux filles à poil qu'on voit sur les calendriers de routards et ça vient tout seul. Non, lui, il s'évertue chaque matin à écrire « Arlette ». Non mais sérieusement, j'ai une gueule à m'appeler Arlette ? Bordel.
Ce matin encore je m'installe au même endroit. La table dos au comptoir et face à la porte. Le nez plongé dans mon livre d'architecture, à lever la tête de temps à autres pour voir qui daigne prendre un café et à se faire massacrer le prénom. Et pour tout dire, ils sont nombreux ce matin encore. Toujours les mêmes tronches, toujours les mêmes fautes du type, toujours sa même phrase d'accroche pour chaque nouvelle fille qui pourrait l'intéresser. Pour réussir à pécho, il faudrait qu'il arrive à comprendre un prénom normalement. Je suis sûre que même un prénom de trois lettres comme « Mia » pourrait devenir « Miel ». Franchement.
Ce matin seulement, une personne nouvelle vient pénétrer dans les locaux du prénom amoché. Une silhouette familière, dans le contre jour matinal. Une silhouette fine et carrée. Une silhouette qu'on ne peut oublier. Impossible. J'ai déjà inventé mille et une fois son entrée dans un espace où je me trouve, pour finalement me rendre compte que ce n'est pas elle. J'ai imaginé des milliers de façons où elle viendrait vers moi, plantant son regard sur moi avec son sourire ravageur, avec une petite phrase stupide qui prendrait pourtant tout son sens en sortant d'entre ses lèvres. Je baissais les yeux un instant comme pour sortir de mes rêves, pensant que tout cela n'était qu'une fois encore, le fruit de mon imagination trop souvent malmenée par des espoirs infondés qu'elle ne revienne. Et pourtant, je me demande si cette fois, ce n'est pas vraiment elle, mais je ne peux pas affronter cette vérité tout de suite, sans qu'elle ne se confirme d'elle même. Je ne veux pas être déçue à nouveau, malgré toute la rancoeur que j'ai envers elle, pour son départ inopiné et pour son absence interminable.
(Invité)