Travail de nuit [Noé]

L'immeuble entier est à Papa ? Je pensais qu'il aurait pu lui offrir dans sa totalité. Quitte à jouer la grandeur, autant tout lui donner. Mais non, Cavendish père est encore pire que ce que je pouvais imaginer. Lui faire payer un loyer ? C'est presque fou vu tout l'argent qu'il doit avoir celui là, mais c'est peut-être une leçon de vie pour son fiston chéri. Travailler pour pouvoir payer le local, comme n'importe qui pourrait le faire. Alors oui, le paternel remonte un peu dans mon estime. Il me lance qu'il est content de faire ce travail avec moi comme partenaire, sans oublier de lancer que j'ai un caractère de merde, mais ça, je ne peux pas le nier. Sa main attrape la mienne pour m’entraîner avec lui dans le bâtiment. Ce contact est étrange, mais je m'y fais sans rechigner. C'est un peu comme se jeter dans la gueule du loup, passer les lignes ennemis. L'endroit dégouline de luxe, sûrement décoré au goût du père. Noé ? Tu commences à penser qu'il n'a pas choisi de vivre dans le luxe ? C'est mauvais signe, très mauvais signe quand je commence à être apprivoiser. Mais après tout, je vais être obligée de me livrer à lui pour le devoir, alors autant que je me détende un peu, et essaye de voir le positif en lui. Il n'est peut-être pas le fils à papa que je crois, ou bien moins que je ne le pense. Je m'installe à une table et nous discutons une bonne partie de la nuit. Je lui parle de mon enfance en orphelinat, de la rencontre autour du hockey avec mon père adoptif, des compétitions acharnés en Russie et avec l'équipe de Boston, de la médiatisation parfois difficile à supporter, des études et même de mon souhait d'être journaliste de terrain dans des pays en guerre. Je fais exprès d'oublier de parler de mes relations amoureuses, ne préférant pas évoquer Vlad et notre histoire, ses trafics de drogues et sa violence, et encore moins la perte de notre bébé. On avait fini par se mettre à l'aise sur un canapé, sans prendre de note. Juste une discussion entre adultes, avec mes pics lancés de temps à autre avec un petit sourire en coin. Et alors que le jour pointe le bout de son nez au dessus des building, je crois que j'ai fini par m'endormir au milieu d'une phrase. Les pieds sur le canapé, les escarpins au sol, j'avais remonté mes talons vers mes fesses pour appuyer ma joue contre le cuir frais. Cette position était un appel à l'endormissement, j'aurais du m'en doute. Alors malgré moi, je me laisse couler dans le sommeil, sans penser à Nolan, au fait que je suis sur son lieu de travail et que peut-être des gens vont arrivés. Non, la fatigue du travail est trop importante, et il faut que je sois en forme pour le match de ce soir.