Je tiquais, un peu, soudain, craignant à ses mots qu’elle m’ait perçu au delà de cette image de moi même que je me plaisais à entretenir. Puis l’idée qu’elle sache m’effleura l’esprit, quelques secondes, me faisant perdre quelque peu ma contenance. Je l’attaquais sur le romantisme dégoulinant digne des grands films hollywoodiens et dont j’espérais qu’elle ne faisait pas preuve, et elle me rassura sur ce point : elle n’était pas fan de l’amour et de ce genre de grands préceptes bidons, non, elle pensait juste que des duos pouvaient voir le jour, et cette vision, ce terme même me plu. On ne parlait pas de couple, encore moins d’âmes sœurs, mais bien de duos. Des binômes, des paires qui se rencontraient, se liaient, façon de voir les choses qui se rapprochait nettement plus de la mienne que le gnangnantisme du septième art. Mon tour de la rassurait peut être. Et puis, si l’idée que j’étais un collectionneur de coups d’un soir la faisait freiner des quatre pieds, il fallait quand même que je clarifie ce point. « Si un duo fonctionne, il est amené à durer… » Voilà. Réponse évasive certes, une réponse à la Cole. Ma façon à moi de souffler que je n’étais pas ANTI engagement en soit. La preuve, j’avais été deux fois en couple officiellement l’an passé. Bon ok, avec Fe’ c’était de la comédie mais aux yeux du commun des mortels on avait été ensemble la quincy et moi. On en vint ensuite à parler de ce speed dating finalement, sa présence ici m’étonnant quelque peu, elle me retourna la pareille. Un petit rire s’échappa de mes lèvres, ma main se porta à mon nœud de cravate alors que je prenais mon air important pour affirmer : « Je préside la confrérie, je me devais d’être présent ce soir… » Co-préside serait plus juste. Si j’aimais le mot –vice- en temps normal, quand il précédait le mot –président- j’avais quelque peu tendance à le prendre en horreur. Y’avait Oksanna hiérarchiquement au dessus de moi, et ça je n’aimais pas trop qu’on me le rappelle. Aux réponses suivantes de la blondinette, mon égo gonfla un peu et mon sourire s’élargit : notre tête à tête ne lui déplaisait pas jusqu’à présent. « J’ai le droit d’être étonné que tu souhaites passer ta soirée d’anniversaire à enchainer les face à face avec des inconnus. » Eliot, certes, mais qui se pouvaient être de gros lourdingues. « T’as personne dans ta vie ? » Libre comme l’air ? Voilà ce que je pensais en la voyant arrivé à cette soirée réservée aux célibataires bleus. Quand elle ajouta qu’elle pouvait partir, elle eut ce mouvement de jambes, sous la table, qui ne fit qu’accentuer mon désir grimpant, et aussitôt, d’une manière surement trop empressée pour ne pas trahir mon intérêt pour elle, je répliquai : « Je ne veux pas que tu partes, je veux que tu me laisses te kidnapper pour le reste de la soirée Agathe… » lui soufflai-je alors, bien décidé à parvenir à mes fins ce soir. Et puis malicieusement, en pensant aux autres garçons inscrits sur notre liste, j’essayais de lui faire peur. Hadès. C’était l’un de mes meilleurs amis, me ressemblant bien trop pour que sa présence ne dérange Agathe… Mais l’autre gars, Jeremiah, je le connaissais peu, alors je tentais ce coup de poker : « Enfin, si tu préfères rester pour rencontrer les prochains garçons... Hadès de Belgique et un certain Jeremiah Bringstone… » Si elle pouvait avoir l’un des deux en horreur et sauter sur l’occas pour qu’on s’éclipse dans la suite que j’avais réservé au Mandarin, amen, ça serait parfait…
@Agathe ThomspersHJ : désolée je me lève, j'ai bien dormi et là j'écris un pavé
t'as le droit de raccourcir, surtout si elle s'échappe avec Cole