Reminiscences

Le compliment me va droit au coeur, bien qu'il ait utilisé le même genre de stratagème pour m'avoir cinq ans auparavant. Pour preuve que son charme me séduit toujours, ça fonctionne à nouveau aujourd'hui. Je ne réponds que par un sourire amusé et une oeillade complice. Pourtant quand il me dit qu'il y a toujours ces fragments en lui, je me sens triste, j'aurais aimé faire plus, j'aurais aimé le soigner entièrement.

- Je suis désolée ...

Moi aussi je suis tactile, et quand on a été amoureuse d'un homme dans ce genre de circonstances, ça laisse un lien indestructible. Vivre une partie de notre vie sous les feux de la guerre, en sachant qu'on pouvait mourir demain, ça soude les êtres humains. Et je me sens très liée à Loukas. J'enlève le tensiomètre et le range plus loin, m'armant désormais de mon stéthoscope que je pose sur sa poitrine nue.

- Respire fort.

Mes doigts effleurent encore sa peau alors que je viens placer le stéthoscope plus bas, puis dans le dos, pour finalement le retirer de mon cou et le poser à côté.

- Tu es en pleine forme.

Je lui dis avec un sourire tendre.

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J’pouvais voir une certaine lueur s’éteindre dans son regard alors que j’parlais des nombreux médecins qui n’avaient pas pu m’opérer afin d’enlever les derniers fragments. Elle s’excusait alors et j’fronçais les sourcils tout en attrapant délicatement ses poignets. « Hey… on s’en fou Ellana, si t’avais pas été là j’serai pas là aujourd’hui. » J’étais totalement sérieux, sans elle j’aurais littéralement crevé comme un con, tout ça uniquement pour avoir échangé mon uniforme avec un mec d’une autre unité. La belle blonde gardait alors son professionnalisme tout en continuant de m’examiner puis, à ses ordres, j’respirais aussi fort que possible. Je n’avais pas de problèmes de santé en soit, bien que j’aime un peu trop faire des folies avec l’alcool et la drogue. J’tapais alors dans mes mains et j’me redressais. « Bien, j’vais pouvoir avoir mon certificat à la con alors. » Ce n’était pas que j’étais pressé d’aller me défouler sur le terrain, bien au contraire puisque j’avais retrouvé ma belle infirmière, mais disons que j’savais que tout ceci était inutile puisque je pétais la forme.

Il a raison, je n'y suis pour rien dans son état, je l'ai même sauvé, ça compte. Mais la culpabilité est là. Petite. Très petite. Mais présente. Et c'est stupide, je m'en veux de ne pas pouvoir faire de miracle, c'est totalement stupide. Mais ça montre à quel point il comptait pour moi le beau militaire.

- Je vais te le donner ton certificat. Mais fais attention à toi, tu me le promets, mh ?

Je lui dis avec un sourire à la fois tendre et amusé. Je me dirige vers le bureau et très vite je trouve le fichier des certificats médicaux dans mon ordinateur. Je remplis très vite les informations et j'imprime le papier. Je vais jusqu'à l'imprimante en faisant claquer mes talons jusqu'au mur du fond et reviens au bureau pour signer de ma main, tendant la feuille à Loukas.

- Et voilà.

Je lui fait un clin d'oeil complice, le sourire taquin.

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J’la regardais, c’était étrange d’être avec elle, moi en tant qu’étudiant et elle infirmière de Harvard. « A vos ordres chef. » J’me mettais à la regarder avec une certaine fierté, j’étais finalement heureux qu’elle soit à Harvard même si une pointe de jalousie allait sûrement naître en moi, tout ça à cause des autres mecs qui feraient exprès de se faire porter malade, dans le but unique d’arriver dans son bureau. J’attrapais alors mon tee-shirt pour m’habiller. J’descendais ensuite de sa table d’examen puis j’attrapais le papier qu’elle me tendait. « Merci Ellana. » Ce prénom résonnait comme une mélodie à mes oreilles. J’regardais le papier que j’pliais et que j’mettais dans ma poche arrière de pantalon. J’regardais alors l’heure sur l’horloge, puis j’reposais mon regard sur elle. « Faudrait qu’on aille se boire un café, ou que je t’invite au restaurant, que tu m’dises un peu ce que t’as fait pendant tout ce temps. » J’remontais quelques années en arrière avec elle, c’était juste dingue en fait.

Je ne sais pas pourquoi, mais son invitation me frustre, me met en colère presque. Je ne le montre pas cependant, je reste debout, sans rien dire. Réfléchis Ellana. Est-ce que je veux recommencer une histoire avec Loukas alors que j'ai eu toute la peine du monde pour l'oublier ? Est-ce que j'ai envie lui céder aussi facilement ? Est-ce que je lui donne une chance ? Pourtant, j'ai beau me poser toutes ces questions, la seule chose que j'ai envie de faire, c'est de l'embrasser, sans me triturer l'esprit.

- Restaurant ? Je ne sais pas, ça me semble trop ... formel pour un rendez-vous.

Je n'ai pas envie de me compliquer la tâche, de passer une soirée à me faire belle, agir comme la femme parfaite dans le simple but qu'il se passe quelque chose entre nous, me torturer l'esprit à me demander s'il veut renouer le lien qu'on avait avant, s'il va m'embrasser, s'il va m'emmener chez lui, ou s'il va monter chez moi. J'arrête de réfléchir quelques secondes, j'avance, faisant claquer mes talons jusqu'à Loukas et je l'embrasse passionnément. Assez pour le pousser contre mon bureau, faisant tomber quelques feuilles de papier alors que je malmène ses lèvres entre les miennes, mes bras s'étant automatiquement enroulés autour de son cou pour prolonger le baiser et l'empêcher de partir. Je romps le baiser mais pas l'étreinte.

- Je ne sais pas. Je n'ai pas envie de me prendre la tête autour d'un dîner ou d'un café. On avait pas besoin de ça au Nigéria pour passer du temps ensemble. Du bon temps.

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J’me contentais de froncer les sourcils, j’comprenais pas vraiment sa réaction. Elle était tendue, affectueuse et souriante et dès le moment où j’lui proposais un rendez-vous pour qu’on parle de ces années éloignées l’un de l’autre, j’la voyais se fermer, sombrer d’un coup. Mais je la laissais parler, me dire qu’elle trouvait ça formel. C’était étrange, d’habitude on me rétorquait d’être qu’un con, de ne pas être assez rigoureux dans la demande des rendez-vous. J’croisais les bras contre mon poitrail et j’posais mon regard sur elle. J'soufflais alors que j’la voyais s’approcher de moi, déposer ses lèvres sur les miennes et me poussais sur son bureau. Automatiquement j’desserrais mes bras pour venir poser mes mains sur ses douces hanches. J'sentais ses bras autour de mon cou et j’plantais mon regard dans le sien, bordel qu’est-ce que cette fille me plaisait. Son côté discrète, sage et d’un autre côté cette fougue, cette violence. Je n’avais pas l’habitude qu’une femme soit aussi affirmée, au contraire, d’habitude les femmes se laissaient faire, elles se soumettaient sans s’en rendre compte. « Oublions le café et le diner alors. » D’un coup, je l’attrapais et la soulevais, elle était tellement légère. J’me retournais vers j’venais la poser sur le bureau, puis j’déposais une nouvelle fois mes lèvres sur les siennes.

Les baisers m'avaient manqué. Posséder ses lèvres, caresser son corps, l'explorer doucement pour mieux me l'approprier. Quand la guerre fait rage, cette sensation est un vrai paradis, trouver quelqu'un, avoir cette alchimie physique si forte au point d'oublier où je me trouvais. Voilà que je la retrouve cette sensation merveilleuse. J'oublie Harvard, j'oublie mon métier, je suis juste une femme. Une femme qui a envie d'un homme. Je le laisse faire quand il me soulève et m'installe sur le bureau pour mieux m'embrasser. Je passe une main dans ses cheveux tout en enroulant mes jambes autour de sa taille. De ma main libre, j'enlève l'élastique dans mes cheveux pour les laisser cascader en liberté sur mes épaules, ne gardant la queue de cheval que lorsque je travaille ou quand je fais du sport.

- Ce soir ... Chez toi ou chez moi ?

Je lui demande sans aucune hésitation, totalement décidée de passer la nuit avec Loukas. J'embrasse son visage, je le harcèle de plusieurs baisers fugaces jusqu'à glisser mes lèvres dans son cou, y laissant des traces de mon rouge à lèvres.

- Désolée pour les marques de rouge à lèvres. Tu ferais mieux de les enlever avant de retourner à ton entraînement.

Je ris malicieusement, caressant ses cheveux.

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Bordel, cette femme m’avait manqué. Sa beauté, sa fougue, son désir ardent, elle savait ce qu’elle voulait et depuis que je l’avais abandonné, sans vraiment le faire exprès, bref depuis qu’elle me détestait, j’avais l’impression que c’était encore mieux qu’avant, plus bestial et chaleureux. J’pensais pas qu’elle me tendait un piège, après tout ce n’était pas son genre, c’était une chic fille, pas le genre de nana typée Éliott avec qui j’avais pu avoir des histoires en venant à Harvard. « Chez toi. » C’était juste obligatoire. J’pouvais pas l’amener chez moi maintenant que mon sol était couvert de jouets pour bébé. Hailee avait plus d’un an maintenant et le secret devenait de plus en plus dur à cacher mais j’tenais le coup. J’passais ma main dans ses cheveux, ils sentaient terriblement bon, c’était délicieux. « J’ai moins envie d’y retourner pour le coup. » J’fronçais les sourcils, j’devais y aller, elle comme moi, on le savait. J’volais une dernière fois ses lèvres et j’me détachais à contrecœur, sachant qu’on allait continuer ce petit jeu ce soir. J’la laissais alors enlever les marques de rouge à lèvres sur mon visage avec un petit sourire narquois. « J’ai comme qui dirait hâte à ce soir. » La laisser là, aussi haletante, à la merci du premier mec qui pourrait passer, ça me mettait soudainement en rogne.

Ses baisers fiévreux me foutent des frissons dans tout le corps, comme si j'étais frigorifiée, et pourtant j'ai chaud. Très chaud. Je souris, mes lèvres près des siennes alors qu'il me dit qu'il a hâte d'être à ce soir, chez moi. Et moi dont. Je vais enfin pouvoir profiter de Loukas dans un espace privé, non dans une réserve avec d'autres blessés où n'importe qui pouvait nous surprendre.

- Je t'accueillerai en ne portant que mes sous-vêtements en dentelle noire. Le genre de sous-vêtements que tu peux voir sur les mannequins de chez Victoria Secret.

Je lui murmure à l'oreille en nettoyant toute trace de rouge à lèvres surs ses joues et dans le cou, ne laissant que celle sur ses lèvres.

- J'ai envie de toi Loukas, ce soir tu vas penser être en plein rêve, je peux te l'assurer.

Je me la joue sulfureuse, assurée, franche, aguicheuse, audacieuse. Je veux être désirable, qu'il ne pense qu'à moi jusqu'à ce soir, qu'il ait des bouffées de chaleur en m'imaginant dans la tenue que je viens de lui décrire. Je plante un dernier baiser fougueux sur ses lèvres, habilement je rajoute ma langue au baiser passionné, langoureux, ma main toujours nichée dans ses cheveux. Je le laisse finalement respirer avec un large sourire sur mon visage.

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J’pensais pas que nos baisers allaient me remuer autant, faut dire que je ne l’avais pas vu depuis des années. J’pensais qu’elle allait me détester pendant un long moment et au lieu de ça elle semblait pressée de renouer le passé, de renouer nos corps, j’allais pas m’en plaindre. « Les mannequins de Victoria Secrets ont du souci à se faire. » J’en profitais pour détailler sa silhouette, elle était radieuse, encore un peu plus sportive qu’auparavant. J’avais hâte de défaire cette blouse et de passer mes mains sur son corps. Je pinçais mes lèvres alors qu’elle disait qu’elle avait envie de moi, si elle savait à quel point mon corps réclamait le sien à ce moment précis. J’me mettais à grogner tout en m’éloignant un peu d’elle, car il fallait bien que j’retourne à l’entraînement et elle à son boulot. J’la regardais alors, elle était encore un peu haletante. J’me rapproche finalement à nouveau, trop pressé de succomber à la tentation et elle me vole un baiser langoureux que j’prolonge autant que j’peux. J’me décolle alors à nouveau. « Gardes-en pour ce soir. » J’lui vole un léger baiser et j’me décolle enfin totalement d’elle. « A ce soir. » J’passais alors la porte et j’la fermais derrière moi, puis j’fronçais les sourcils pour enfin rentrer une nouvelle fois dans la pièce où elle se trouvait. « Plus de visites cet après-midi et si un gars t’emmerde, tu me le dis et j’lui règle son compte. » J’la regardais un long moment. Moi jaloux et possessif ? Carrément. J’refermais la porte puis j’retournais à mes occupations, à savoir l’entraînement de foot américain, avec la tête pleine d’idées pour ce soir.