I Miss You. Did You Miss Me ? ♥ River & Tyler

- T'es vraiment qu'un attardé ! se mit-il à râler – pour ne pas changer –, tandis que mon sourire s’élargissait face à l’insulte qui, pour moi, n’en était pas vraiment une.

Après tout, j’avais pris l’habitude que l’on me nomme de toutes sortes de sobriquets plus ou moins injurieux – tout cela dépendait de la personne que j’avais en face de moi – à cause de mon comportement un peu – voire même, beaucoup, comme le pensaient certains – excentrique. Mais je n’étais vraiment pas le genre de type à prendre la mouche aussi facilement et les insultes que l’on pouvait parfois me lancer – que ce soit de manière intentionnellement méchante, ou bien seulement en guise de taquineries – n’arrivaient majoritairement pas à m’atteindre, glissant sur moi comme l’eau glisse sur les plumes du proverbial canard, ce qui ne manquait généralement pas d’étonner les insolents qui se demandaient très souvent s’il existait une chose qui puisse réussir à me blesser – moralement, bien sûr, car physiquement, j’étais tout aussi vulnérable que n’importe quel autre mortel.

L’attitude qu’adopta River envers moi juste après que l’étudiant soit parti vaquer à ses autres occupations, nous laissant ainsi seuls face à face, était plus que menaçante et je me demandais s’il allait encore une fois me menacer de m’en foutre une, comme il l’avait fait tout à l’heure. Après tout, je l’avais empêché d’envoyer un texto à sa copine et je savais que dès que ça touchait ne serait-ce qu’un tout petit peu à elle, River devenait complètement fou. Cela m’énervait passablement d’ailleurs et je n’en comprenais pas encore tout à fait les raisons parce que je n’avais jamais ressenti une telle chose envers la copine d’une de mes proies – si je pouvais réellement les catégoriser ainsi – auparavant. Mais River n’en fit rien et, contre toute attente, son attitude changea aussi soudainement que si quelqu’un venait de l’ensorceler – ce que j’allais vraiment finir par croire, même si j’étais du genre sceptique, au vu du comportement qu’il adoptait à présent envers moi.

- Aller, sois sympa... souffla-t-il tout contre mes lèvres, alors qu’il ne s’était arrêté qu’à quelques centimètres seulement de moi dans le but d’imiter la caresse que je lui avais précédemment faite.

Seulement, si je m’autorisais à agir comme cela avec lui, ce n’était généralement pas son cas et son attitude me fit me poser de nombreuses questions. Après tout, il ne tenterait tout de même pas de me séduire, simplement pour récupérer son portable que je gardais toujours précieusement dans ma main droite ?... Il était beaucoup trop hétéro pour ça, et comme il se plaisait souvent à me le répéter, il était également en couple. Pourtant, c’était bien son pouce que je sentais frôler ma joue, dans une caresse légère qui me donna la chair de poule. Heureusement d’ailleurs que je portais une chemise en jean à manches longues par-dessus mon T-shirt, car je n’aurais sûrement pas apprécié qu’il remarque le genre d’effet qu’il pouvait parfois avoir sur moi. Je n’appréciais déjà pas de m’en rendre compte…

River approcha un peu plus son visage du mien et j’eus, sans vraiment le vouloir, un léger mouvement de recul. Non pas parce que je refusais qu’il m’embrasse – après tout, je rêvais de ce moment depuis que je l’avais rencontré à une soirée il y a de cela à peu près un an –, mais parce que j’avais peur que, si une simple caresse sur ma joue pouvait me faire un tel effet, un baiser puisse être capable de bien plus, et je ne me sentais pas encore prêt pour ça. Pourtant, le jeune homme posa tout de même ses lèvres sur les miennes et, si je fus choqué par ce geste dont je ne l’aurais jamais cru capable, je fus surtout déçu qu’il n’ait pas été plus doux, plus savoureux – une pensée qui me surprit moi-même puisque je n’étais pas un adepte de la douceur lorsque j’embrassais quelqu’un.

- Je l'ai ! s’écria-t-il, sur un ton qui se voulait victorieux, alors qu’il se dégageait rapidement de moi une fois son portable récupéré. T'allais quand même pas croire que j'allais te la sucer ! railla-t-il, intentionnellement grossier, tandis qu’il pensait enfin à s’essuyer la bouche.

Mais j’avais bien remarqué que ce baiser ne l’avait pas autant dégoûté qu’il voulait bien me le faire croire, et sa remarque qui aurait pu être vexante ne provoqua qu’un sourire amusé de ma part.

- Je ne t’ai jamais demandé d’aller à de tels extrêmes, déclarai-je calmement, plongeant mon regard empli d’envie dans le sien.

Et je n’avais pas envie qu’il me suce, comme River l’avait aimablement fait remarquer, mais je désirais plutôt poser de nouveau mes lèvres contre les siennes, de manière plus sensuelle cette fois-ci, et je souhaitais approfondir ce baiser qui avait été beaucoup trop rapide à mon goût. Ce fut d’ailleurs ce que je me mis en tête de faire, réduisant rapidement la distance qu’il avait mis entre nous et me jetant sur ses lèvres tel un affamé, tout en bloquant sa tête de mes mains pour l’empêcher de se reculer tout de suite. Et si j’avais semblé être brutal au début – comme il l’avait été avoir moi lors de son propre baiser –, j’imposai petit à petit un rythme plus lent et ma langue vint doucement glisser dans sa bouche pour aller caresser la sienne.

River faisait quelques pas en arrière tout en observant Tyler. Il ne comprenait plus rien. Avait-il peur de lui ou envie de lui ? Serait-il capable de ressentir un sentiment profond pour lui ? Il hocha la tête de manière négative comme pour chasser cette pensée, alors que son interlocuteur le regardait comme une proie. Mais il y avait de nouveau autre chose dans ses yeux, une nouvelle étincelle, bien plus brillante. River venait de comprendre que le baiser qu'il avait osé lui prodiguer et ce dans l'unique but de récupérer son téléphone n'avait pas laissé Tyler de marbre. Il semblait touché par ce geste, et pas qu'un peu, comme s'il venait soudainement de comprendre quelque chose le concernant. Et River avait peur, il commençait à craindre ce que son interlocuteur pouvait bien vouloir de lui. Plus rien était clair. Avant son retour de vacances, la situation, malgré quelques doutes de son côté, était normale : Tyler voulait du sexe avec un beau mec et ce beau mec, malheureux élu, c'était lui. Mais, à présent...Plus rien avait de sens. Et soudain, alors qu'il était perdu dans ses pensées, il sentit son interlocuteur tout proche, avant que celui-ci ne se jette sur lui, s'emparant goulûment de ses lèvres. Tétanisé, River se laissa faire, sentant l'emprise des mains de son partenaire contre son visage, l'empêchant ainsi de reculer. Puis ce baiser si violent devînt de plus en plus doux et de plus en plus langoureux. River se laissa faire, sans bouger d'un pouce, immobile, se demandant s'il devait pousser le jeune homme, le gifler ou plutôt consentir et se taire. Finalement, après quelques secondes de contact doucereux, River repoussa violemment son partenaire, posant ses mains contre son torse. Il ne lui fit cependant aucun mal.
« Je t'en prie, Tyler... Arrête ça, arrête ce jeu stupide, arrête de me vouloir absolument. » souffla-t-il, plus timidement que la véritable façon avec laquelle il avait voulu le dire. « J'ai une copine, une femme qui m'aime. Et je crois que je l'aime aussi. Toi, tout ce que tu veux, c'est t'amuser. Tu ne comprends rien à rien, tu penses tout de même pas que je vais tout plaquer pour un homme qui ne me voit que comme un morceau de viande, si ? » Il arqua un sourcil, en signe de stupéfaction. Il ne savait plus comment réagir à présent, et cette situation ne lui plaisait. River avait toujours été sûr de lui, un jeune homme prêt à tout dès lors qu'il voulait quelque chose, mais le problème était là... Il ne savait plus ce qu'il voulait. Tyler avait réussi à lui mettre de nouveau le doute.
« Y a plein de mecs dans cette fac que tu peux baiser ? Alors pourquoi tu t'acharnes ainsi sur moi ? C'est un pari ? C'est juste pour ton honneur, pour saisir l'insaisissable ? » Questionna-t-il. Après tout, River représenterait un magnifique trophée pour cet homosexuel... Avoir un hétéro en couple dans son lit, c'est tout de même quelque chose !
« Je ne comprends plus rien à ton manège, et aujourd'hui, j'en ai ras la casquette ! » s'exclama-t-il en haussant le ton. « Dis-moi ce que tu veux, bordel ! » Il fronçait à présent les sourcils, réfléchissant à la suite des paroles qu'il pouvait émettre, mais celle-ci sortirent toutes seules. « S'il faut qu'on baise pour que tu finisses pas me laisser tranquille, alors d'accord, on peut baiser, mais après... Que j'entende plus jamais parler de toi ! » Et oui, River venait de se montrer comme le plus grand des prostitués. Il disait qu'il voulait acheter la paix avec son corps... Mais c'était faux, il ne voulait pas. Il n'avait pas envie de n'être qu'un morceau de viande, un jouet entre les mains de son ami. Il voulait... Retrouver June. Oui, c'était cela, retrouver June, prendre un café avec elle, l'inviter à passer la nuit chez lui. Lui faire des câlins, l'embrasser. Mais pas Tyler. Non, il ne voulait pas de Tyler. Ce dernier n'était qu'un imbécile, un idiot et il le serait toujours.

- Je t'en prie, Tyler... me supplia le jeune homme, après m’avoir repoussé gentiment – ce qui m’étonna passablement car cela n’avait jamais été dans ses habitudes d’être prévenant envers moi. Arrête ça, arrête ce jeu stupide, arrête de me vouloir absolument. J'ai une copine, une femme qui m'aime, m’expliqua-t-il pour ce qui me semblait être la millième fois depuis qu’il s’était mis en couple avec cette fille. Et je crois que je l'aime aussi.

Il croyait ou il en était sûr ? Non, parce qu’il y avait une grosse différence entre penser quelque chose et en être convaincu. Et c’était d’ailleurs cette différence qui faisait que mon comportement envers River était plus ou moins grave. Bien que, peu m’importait qu’il aime cette fille ou non, je me fichais de toute façon des conséquences que mon attitude pouvait provoquer au sein de leur couple. Après tout, je n’attendais que ça : qu’ils rompent. Ce qui me permettrait ensuite d’avoir le champ libre avec River. Mais qu’est-ce que j’attendais exactement de lui ? Pourquoi le voulais-je tellement ? C’était des questions auxquelles je n’étais pas encore prêt à répondre, ignorant totalement la réponse ou ne voulant tout simplement pas y faire face.

- Toi, tout ce que tu veux, c'est t'amuser, déclara-t-il presque blessé sur mes véritables intentions le concernant – mais était-ce vraiment cela que je souhaitais ? Encore une question à laquelle je ne pouvais pas répondre… Tu ne comprends rien à rien, tu penses tout de même pas que je vais tout plaquer pour un homme qui ne me voit que comme un morceau de viande, si ?

Un morceau de viande ? Mais non, il était bien plus que cela ! Je ne me serais pas acharné sur lui pendant des mois et des mois sans obtenir le moindre résultat s’il n’avait pas été un minimum intéressant. Il était même le type le plus intéressant que j’avais pu rencontrer jusque-là et c’était à chaque fois un plaisir de lui mettre les nerfs en pelote, bien que je me doutais fortement que cela ne soit pas réciproque et le petit discours qu’il était justement en train de me sortir ne faisait que me le prouver un peu plus.

- Y a plein de mecs dans cette fac que tu peux baiser, s’exclama-t-il et je voulus faire la remarque que le mot « plein » était tout relatif étant donné qu’on ne pouvait pas prendre en compte les vrais hétéros, les mecs fidèles et les puceaux attendant désespérément le grand amour. Bien sûr, River faisait un peu partie des trois catégories puisqu’il était hétéro – vrai, j’attendais de voir… –, qu’il était en couple et fidèle – du moins, pour le moment… – et qu’il était puceau d’un certain côté de son anatomie que nous, gays, utilisions quasiment à chaque relation sexuelle. Mais nous étions en train de parler des mecs que je pouvais « baiser » et non pas, « emmerder ». Alors pourquoi tu t'acharnes ainsi sur moi ? C'est un pari ? C'est juste pour ton honneur, pour saisir l'insaisissable ?

J’avoue que là, il venait de viser juste. Saisir l’insaisissable, c’était si joliment dit ! Mais il valait mieux pour moi que je me taise et n’approuve aucune de ses propositions car j’allais vraiment finir par l’énerver de manière définitive et il n’allait très certainement plus vouloir avoir affaire avec moi de quelque façon que ce soit, ce qui était déjà partiellement le cas à vrai dire… Et je devais bien avouer que l’idée de ne plus jamais avoir l’occasion de lui reparler m’attristait bien plus qu’elle n’aurait dû. Après tout, je m’étais tout de même attaché à lui à force de le harceler de toute part et ça me déprimait un peu de perdre un potentiel ami – bien que j’avais énormément de mal à envisager une telle relation avec lui dans l’avenir. Ce n’était pas vraiment un ami que je recherchais… Mais qu’est-ce que je recherchais justement ?... Cela faisait beaucoup trop de questions sans réponses qui tournoyaient dans ma tête…

- Je ne comprends plus rien à ton manège, et aujourd'hui, j'en ai ras la casquette ! s’écria-t-il, sincèrement énervé. Dis-moi ce que tu veux, bordel ! S'il faut qu'on baise pour que tu finisses pas me laisser tranquille, alors d'accord, on peut baiser, mais après... Que j'entende plus jamais parler de toi !

Choqué, je l’étais sans le moindre doute, voire même pire que ça. Je n’aurais jamais imaginé que River, celui qui m’avait rejeté durant des mois et des mois, puisse accepter de coucher avec moi dans le seul but que je le laisse tranquille. Cette proposition indécente voulait donc dire qu’il n’en pouvait vraiment plus de moi, qu’il en était arrivé à un point de non-retour. Et j’avais beau refusé d’envisager cette solution, je n’avais pourtant pas le choix : il fallait que je le laisse tranquille une bonne fois pour toute. Il avait sa vie, sa copine, et il ne voulait définitivement pas que j’en fasse partie.

- Très bien… soupirai-je, tentant d’oublier cette pointe au cœur qui me compressait la poitrine. Je vais te laisser tranquille… Définitivement… Et tu n’auras même pas besoin de te forcer à coucher avec moi ! précisai-je, car il était bien sûr hors de question que j’en vienne à une telle extrémité. Je n’ai encore jamais violé personne, ce n’est pas avec toi que je vais commencer.

J’aurais voulu rester pour lui parler, mais il avait été très clair sur le fait qu’il n’avait plus envie d’avoir affaire avec moi. Je n’avais donc pas d’autres solutions que de partir et tenter de ne plus jamais venir l’emmerder, lui et sa copine.

- Bon, eh ben… Salut… fis-je, avant de commencer à m’éloigner.

River se trouvait dégueulasse d'avoir pu proposer cette offre. Il n'arrivait simplement pas à s'imaginer dans un lit aux côtés de Tyler, à s'imaginer l'embrasser encore une fois et surtout... à s'imaginer en train d'avoir des rapports sexuels avec cet homme. Ou plutôt devrait-on dire qu'il ne voulait pas se l'imaginer, de peur de se rendre compte que cela ne le repoussait pas tant que cela. Depuis son plus jeune âge, il était persuadé d'être hétérosexuel et il n'avait jamais eu aucune raison d'en douter, surtout après avoir passé tout ce temps avec June. Mais voilà, Tyler était Tyler. Ce dernier était entré dans sa vie et faisait tout ce qu'il y avait en son pouvoir pour y rester. River ne voulait pas l'en voir partir, mais justement... Il ne voulait pas avouer cet état de fait. Et la seule solution qui se présentait à présent à lui était de faire à Tyler une telle proposition extrême. Il se disait que s'il ne le voyait plus, il n'aurait plus de doutes. Que s'il l'avait touché, il serait dégoûté. Pauvre imbécile !
Ce fut avec des yeux remplis plus par la tristesse que par le mépris que notre jeune étudiant regardait son interlocuteur. Si seulement les choses avaient été plus claires dès le début, River n'aurait jamais eu ce poids sur le cœur et sur la conscience. Mais voilà, il avait laissé cet emmerdeur venir lui faire de l'oeil, venir le voir encore et encore, lui parler, flirter. Il n'aurait jamais dû, il aurait dû trouver le moyen de l'envoyer bouler... Et ce avant que sa raison ne finisse par défaillir, laissant voleter le fait qu'il pouvait bien être un peu -tout petit peu – sous le charme de son interlocuteur.

Enfin, une réponse tomba, une réponse lourde de sens et significative. Et River en eut terriblement mal au cœur. Tyler devait vraiment le prendre pour un gigolo à avoir agi ainsi, si bien que le jeune homme ne put qu'en rougir un peu. Avant de reprendre ses esprits. Il n'était pas question d'être trop tendre, de le laisser partir la tête si haute. Heureusement qu'il n'était pas un violeur, il ne manquerait plus que cela !
Il s'éloignait, doucement. Se tournant légèrement vers lui, River ne put s'empêcher de remuer la couteau dans la plaie.
« Tu finiras seul si tu restes si con. » affirma-t-il simplement. Pourtant, Tyler avait pris la sage décision, celle qui prouvait qu'il était un homme honnête et plutôt -beaucoup- moins idiot qu'il ne l'aurait cru. Mais il valait mieux être mesquin afin d'être sûr de ne plus avoir à faire à lui.

Voilà, tout était dit. Après m’avoir eu sur le dos presque tous les jours durant des mois et des mois – en tout cas, tous les jours de la semaine où nous avions cours étant donné que l’on suivait tous les deux le même parcours en majeur –, c’était de cette façon que ça se terminait. D’un côté, je n’en étais pas vraiment étonné. Après tout, River était tout ce qu’il y avait de plus hétérosexuel et il sortait avec une fille qui, même si ça me tuait de l’admettre, semblait faite pour lui – du moins, ils avaient l’air d’être comblés tous les deux, et je me mis alors à penser que le principal dans toute cette histoire était que River soit heureux. Une pensée très étrange venant de moi car, égoïste comme je l’étais, tout ce qui m’importait en général était mon seul et unique contentement.

N’ayant plus rien à faire avec lui – puisqu’il ne voulait plus jamais me revoir (chose totalement impossible étant donné que nous avions une grande majorité de cours ensemble…) –, il ne me restait plus qu’à partir et ce fut exactement ce que je fis, une boule étrangement douloureuse coincée au milieu de ma gorge.

- Tu finiras seul si tu restes si con, intervint une dernière fois River, alors que j’avais seulement fait quelques pas.

Cependant, cette remarque m’interloqua tellement que je ne pus que m’arrêter quelques secondes, avant de repartir de plus belle je-ne-savais-pas-encore-où, mais dans un endroit que j’espérais le plus éloigné de l’université. River n’avait pas eu besoin de me dire que je finirai ma vie seul pour le savoir, à vrai dire. J’étais parfaitement au courant que personne ne pourrait m’aimer – et vice-versa –, et ce, depuis longtemps… Seulement, je préférais enterrer cette pensée tout au fond de mon cœur, ne la laissant sortir uniquement que dans des moments de grosses déprimes – ce qui, pour être tout à fait honnête, n’arrivait que très rarement. Alors, le fait que quelqu’un d’autre que moi s’en soit, non seulement rendu compte, mais qu’en plus, me le clame sans aucune honte devant moi, me blessait plus que tout. River avait trouvé mon point faible et je détestais le savoir en possession d’une information qui pouvait m’atteindre, alors que j’avais mis des années à me construire cette carapace qui me rendait habituellement intouchable.