how can I hope to ever find you now? - KESSTERBERG

Des mois durant t'as travaillé sur le fait de tout intérioriser, tu t'interdisais de pleurer. C'était comme ça que t'avais tenu, c'était comme ça que tu supportais d'entendre ton père qui lui, s'abandonner dans son chagrin une fois la porte de sa chambre fermée. T'essayais d'avancer, mais tu n'avais pas le temps de te laisser à ton chagrin. Et là c'était l'irruption, face à Pluton, t'avais du mal à maîtriser. C'était un peu de chagrin, un peu de remords, un peu de bien-être, un peu de malaise, un peu de tout et un peu de rien. Tu ne savais pas tout gérer, mais tu tentais de maîtriser du mieux que tu pouvais. T'acceptais la proposition du brun, même si t'étais incapable de manger à cet instant même et tu l'savais. Seulement tu ne pouvais pas l'laisser filer, tu ne pouvais pas t'en aller une fois de plus. Il y a deux ans t'en avais déjà pas envie, mais aujourd'hui, c'était tout bonnement impossible pour toi d'pas saisir cette main qu'il te tendait. T'avais eu le bras hésitant, les doigts qui effleuraient sa peau dans un premier temps, puis tu venais l'emprisonner de tes petits doigts. Le contact te retournait le ventre, tu baissais un peu la tête lorsque vos mains ne formait plus qu'un poing. C'était le poing de la victoire, le poing des combattants, le poing qui changerait tout. "Je sais pas, non, comme tu veux" que tu disais en relevant la tête, posant l'regard sur son visage que t'appréciais tant. "Mais quelque chose de léger, ça serait mieux". Tu regardais partout et ailleurs, ça t'aidais à garder les pieds sur terre.

How can I hope to ever find you now? — Me retrouver face à elle ravivait tous mes souvenirs. La nuit qu'on avait passé ensemble, ses caresses, son souffle sur ma peau, ses lèvres contre les miennes. Nos moments passés tous les deux qui nous avaient fait oublier le temps de quelques instants la détresse et le manque qu'on pouvait ressentir. Ouais, elle avait été vitale pour ma part et je pense pas que je m'en serais sorti si ce n'était pas pour elle. Et puis ouais, elle était importante et être face à elle faisait remonter tout, tout simplement. C'était naturellement que je l'avais invitée à manger avec moi, parce que j'avais pas envie de couper le contact avec elle, pas ce soir, pas maintenant. Alors lui tendant la main, j'avais qu'une envie, c'est qu'elle l'attrape. Come on Nour, laisse-nous l'opportunité de nous retrouver toi et moi. Laisse-nous une chance. Et elle l'attrapait, contre toute attente. Elle attrapait ma main, prête à passer un peu plus de temps en ma compagnie. Où manger ? Elle n'avait pas d'exigence, simplement rien de lourd. C'était dans mes cordes. « Je connais un bar à salades pas trop loin, ça te tente ? » Assez étrange pour une ville des États-Unis mais soit, c'était novateur et je n'étais pas contre un peu de légèreté pour le coup. J'esquissais un sourire avant de nous mettre en marche en direction du restaurant en question, qui ne se trouvait vraiment pas à des kilomètres. En quelques minutes, on y serait.

C'était peut-être difficile pour un pays tel que les États-Unis de trouver quelque chose de léger à manger, et tu ne connaissais pas assez le campus pour avoir ça sous la main. Sinon, t'avais bien ton iPhone qui pourrait te renseigner rapidement. Mais bien heureusement, Pluton avait quelque chose qui t'intéressais. Tu souriais un peu, peut-être que t'arriverais à avaler quelque chose finalement. "Parfait, ça change de toute la nourriture grasse qu'on peut manger par ici". En même temps il était plus facile de manger à l'extérieur que de cuisiner, il était plus facile de manger gras que de trouver un truc un tant soit peu sain. Tu suivais les pas du brun, ta main toujours la sienne. T'avais un peu chaud, c'était sûrement à cause de son contact qui te mettait le feu aux joues. Tu ne savais pas quoi dire, après tout, après trois ans c'était difficile pour toi. En soit, rien n'avait changé depuis, même tes seins ne s'étaient pas mis à grossir. Tu regardais tes pieds, incapable de faire autrement. Après quelques secondes d'un silence qui se valait interminable à tes yeux, tu demandais. "T'es ici avec ton frère et ta soeur ?". Bien que cette question te pinçait le coeur, parce que toi aussi t'aurais aimé partager cet endroit, cette expérience, ces études à la plus grande université du monde entier avec ta soeur Mouna. Seulement, la vie en avait décidé autrement et tu n'avais plus le choix d'accepter cette fatalité. "Ça me ferait plaisir de revoir Neptune" que t'avouais doucement. La jeune femme, blonde comme les blés, t'avais inspiré dans la vie et c'était une personne que t'appréciais énormément. Elle était d'une certaine manière, la substitution des modèles que tu avais tragiquement perdu.

How can I hope to ever find you now? — Un truc léger, à Cambridge ? C'était assez compliqué pour le coup, puisque les chaines de restaurant étaient plutôt du genre à proposer du gras, du gras et encore du gras. Alors l'entendre me dire qu'elle voulait quelque chose de léger, c'était assez drôle et un défi dur à accepter. Mais bon, je suis Pluton et j'ai plus d'une ressource dans mon sac. Alors je me retrouvais à chercher dans mon esprit ce qu'il pourrait lui convenir. Très clairement, c'était le bar à salades qui se trouvait à deux rues d'ici. Parfait pour manger léger, non ? “Ça deviendra ton the place to be, tu vas voir” disais-je en rigolant, avant d'entamer la marche, main dans la main avec elle. Ça pouvait sembler bizarre de l'extérieur... ou alors totalement normal si on nous considérait comme un couple, mais nous on savait pourquoi on faisait ça. Renouer le contact. Le contact physique. Celui qui avait manqué pendant plus de trois ans. Celui qu'on retrouvait enfin. “Je... ouais, ouais. On vit ensemble, sur Boston” J'esquissais un sourire. Je savais qu'elle aimait bien Neptune. Et que quand elle ne passait pas du temps avec moi à l'époque, ou avec ses copines, c'était Neptune sa principale source de joie. “Tu viendras à la maison un de ces quatre, alors” Ce soir ? Je sais pas. Elle a peut-être des trucs de prévus. Neptune aussi, j'en sais trop rien. Disons que la plupart du temps, on se voyait le matin et le week-end, le soir étant plus pour bosser ou encore profiter de la vie, comme elle adorait si bien le faire. “Tiens, c'est là” Je lui montrais l'enseigne avant de traverser la rue pour pénétrer dans l'établissement.