EMILIA BRINGSTONE ► kristen stewart

Fancy people. Ce sont les mots qui me viennent à l’esprit quand je dois parler des familles semblables à celle des Bringstone. Et vous avouerez que ça en jette : le patriarche est un avocat londonien renommé, sa femme une mondaine respectée et les enfants tapent dans les comptes en banques parentaux autant qu’ils le souhaitent. Si on regarde les grandes lignes, on a tout à leur envier. Mais les gens ont tendance à oublier que tout n’est pas si simple, et quand les masques tombent, même leur argent ne semble plus aussi attrayant. Cela dit je ne suis pas ici pour relater l’histoire familiale – bien qu’il serait intéressant de creuser – mais celle d’Emilia, l’un des deux enfants du couple Bringstone.

Au premier abord, Emilia semble facile à cerner. Fille à papa, jolie, riche, elle a cette apparence superficielle qui attire autant qu’elle peut rebuter. En s’y attardant un peu, on se rend vite compte qu’Emilia ne se contente pas d’être belle et pleine aux as. A commencer par le fait qu’elle est très intelligente. Effectivement, à partir du moment où l’on apprend qu’elle prépare un doctorat en psychologie, difficile de la comparer à une vulgaire Paris Hilton. Au moins aussi ambitieuse que son père, elle a toujours tout fait pour être à la hauteur des espérances de ce dernier – quand bien même il ne lui a jamais mis la pression. Tant mieux, elle le fait très bien toute seule. Emilia ne veut pas se contenter d’être bonne dans ce qu’elle entreprend, elle veut être la meilleure. Son côté perfectionniste lui a parfois joué des tours mais lui a toujours permis d’atteindre les buts qu’elle s’était fixée. En même temps, difficile de se planter quand on porte un nom pareil ; cela dit même si elle n’hésite pas à s’en servir, elle aime savoir qu’elle réussit par elle-même et pas seulement grâce à son patronyme. Alors en plus d’être une étudiante irréprochable, Emilia a plusieurs fois été championne d’équitation. Sa mère gère un centre équestre, la jeune femme a depuis toujours baigné dans ce milieu et adorait passer ses journées en compagnie des animaux lorsqu’elle vivait encore à Londres. Elle s’entraînait sans relâche pour réussir les concours et a plusieurs fois remporté les premiers prix. Bref, vous l’aurez compris, Emilia voue un certain culte à la réussite.

Difficile de parler de la jeune Bringstone sans évoquer la personne la plus importante dans sa vie : son frère jumeau. Jeremiah est tout pour elle. Son principal soutien au quotidien, sa bouée de sauvetage dans les jours difficiles, son confident, son meilleur ami. Avec lui elle se sent toujours en sécurité, libre de dire ou faire ce qu’elle veut, ils ont ce lien privilégié qui lui permet d’être entièrement elle-même. Et si elle sent une part sombre qui grandit à l’intérieur de son frère sans réussir à mettre le doigt dessus, elle tente d’être pour lui le roc qu’il est pour elle. Après tout, ils sont ensemble depuis toujours et le seront pour toujours, rien n’a plus d’importance pour elle que sa relation avec son frère et elle ferait n’importe quoi pour la préserver. Plus jeune, lorsque leurs parents avaient des problèmes et que les scènes de ménage éclataient, Emilia se réfugiait toujours dans la chambre de son frère avec l’impression que c’était un îlot de paix. C’est l’effet qu’il a sur elle, il l’apaise – autant qu’il peut l’énerver quand il ne va pas dans son sens, d’ailleurs. Car voilà un autre trait de caractère d’Emilia : elle déteste avoir tort, encore plus qu’on la remette en cause, et sa mauvaise foi est assez impressionnante.

Enfin, il me semble important d’évoquer les squelettes profondément dissimulés dans les placards de la famille Bringstone. Presque au sens littéral du terme, sans vouloir paraître macabre. Emilia a toujours eu un attrait pour la psychologie, l’étude des sciences humaines ; elle est intéressée par ce que les recoins du cerveau peuvent cacher. Ce n’est pas un hasard. J’ai lu récemment dans un livre que ce sont les traumas de l’enfance qui nous construisent, dans le cas d’Emilia ça ne pourrait être plus vrai. Alors qu’elle avait trois ans, elle a vécu l’une de ces expériences traumatisantes dont on ne se remet qu’à moitié. Sa mère, délaissée, avait pris un amant. Et ce même amant a tenté d’attoucher la petite fille, qui jouait sagement dans sa chambre sans se préoccuper de savoir qui était l’inconnu qui se baladait dans sa maison. Son père est rentré au bon moment et l’a extirpé des griffes de l’assaillant, mais n’a pas réussi à contrer la rage qui grandissait en lui après avoir vu la scène. Et il a tué l’homme qui avait osé toucher à son trésor. Emilia n’a pas exactement été témoin de la scène, elle a seulement vu son père devenir fou et entendu les cris. Son oncle est arrivé pour prendre soin d’elle et son Jeremiah, et Emilia a effacé cette histoire de son esprit. Pourtant des bribes restent toujours et en vieillissant, les questions semblables à des ritournelles ont commencé à danser dans son esprit. D’où l’étude de la psychologie. Trauma de l’enfance.

Je pense vous avoir conté les points importants, et pour en savoir plus, le meilleur moyen est de rencontrer Emilia vous-même. Par chance, comme la majorité des gens ici, elle étudie à Harvard et il vous sera facile de la rencontrer au détour d’un couloir. Vous la remarquerez instantanément, elle a ce truc qui ne laisse pas indifférent.