Sympathy for the devil (Loukas)

Cette tension présente entre nous ne laissait présager rien de bon et aussi tordu que cela puisse paraitre, plus je sentais cette tension monter, plus j’avais cette pointe d’excitation qui commençait à germer dans mon bas ventre. J’attendais ce moment, ou l’air que nous deux respirions allait devenir irrespirable, ou sa présence m’irriterait tellement qu’elle me donnerait envie de le gifler puis de l’embrasser. Nous jouions à un jeu dangereux et j’aurais pu céder, ne pas aller voir ce type et murmurer à l’oreille de Loukas, qu’en fait il était le seul que je désirais dans cette pièce mais je ressentais ce besoin malsain de le pousser à bout et de risquer de me pousser à bout par la même occasion. Je souris en coin à sa remarque en lui donnant pour toute réponse un baiser sur sa joue avant de me lever, jetant un dernier regard sur lui. Je marchai d’un pas lent vers, je l’espérais, la prochaine victime de la jalousie dissimulée de Loukas. Un sourire délicat aux lèvres, beaucoup trop délicat pour qu’il puisse être sincère, je regardai le jeune, aux cheveux blond en bataille. Je me fis la réflexion que son blouson sortait d’un magasin de sport et sans parler des chaussures qu’il portait, je roulai des yeux intérieurement en pensant au temps que j'allais passer à prétendre être intéressé par cet insignifiant. « Bonsoir, je peux m’assoir ? » question rhétorique, je m’installai sans lui laisser le temps de répondre et je pouvais déjà apercevoir son regard satisfait, affichant même une pointe de fierté. Ce pauvre petit jouet ne se doutait pas une seule seconde de sa médiocrité. Jouant les mijaurées, passant ma main dans mes cheveux, faussement gênée, je commençai à lui faire de timides avances « J’espère ne pas vous déranger, je me suis dit que c’était injuste que vous passiez la soirée seul » Il me sourit, en m’invitant à prendre  un verre et moi je faisais semblant d’être intéressée et captivée par ce qu’il racontait. Bon dieu on devait me décerner un oscar. Je bus  une gorgée du martini offert par l’inconnu tout en levant les yeux vers Loukas installé un peu plus loin, le défiant du regard.

La naïveté de ce type était incroyable, comment pouvait il a un seul moment gobé que moi, mon chemisier en soie fine, mes escarpins à cinq cent dollars et ma jupe crayon, pouvaient lui ressembler en aucune façon. Il avait l’air d’y croire dur comme fer ce pauvre type, il prenait tellement confiance qu’il finit par poser ma main sur la sienne alors que mon regard lui bifurqua sur Loukas et les deux béquasses qu’il avait cru bon d’aller saluer. Je pris une inspiration et mes traits se crispèrent de colère : J’allais le tuer, lui et les deux filles qui gloussaient comme des connes. Plus cette envie de le trucider montait et plus j’avais envie de lui, de le sentir tout près de moi … de pouvoir passer ma rage sur lui, sur son corps … ses lèvres. Les mots de l’insignifiant en face de moi me sortirent de mes pensées et alors qu’il tentait un rapprochement je l’arrêtai net, discrètement. « Écoute moi chéri, je ne sais pas ce que tu as cru mais en aucune façon je ne finirai la nuit avec toi » lui dis-je calmement en buvant une gorgée du verre qu’il m’avait payer «du coup je te laisse avec deux options, la première qui est la moins intéressante pour toi, consiste à faire un scandale et t’humilier devant toutes ces charmantes personnes » je lui souris sournoisement, en parlant toujours aussi calmement « et la seconde serait que tu fasses exactement ce que je te dis et en contrepartie tu pourras faire croire à tes potes que tu auras réussi à avoir mon numéro, ce qui entre nous … tient du miracle. Ce sera un faux numéro bien entendu ». Je le regardai avec insistance jusqu’à ce qu’il acquiesce, avec son petit air énervé, je ponctuai sa réponse d’un « bien » avant de reposer les yeux vers Loukas qui m’ignorait, j’avais horreur d’être ignorée et plus particulièrement par lui. J’allais aller encore plus loin, parce que Loukas m’énervait, j’avais envie d’aller à sa table et de le tirer hors de la vue de ces filles qui … n’étaient aucunement comparables à moi. Je demandai au jeune homme à côté de moi de se lever, lui ordonnant discrètement de poser sa main sur le bas de mon dos. Qu’est ce qu’il ne fallait pas faire. Il paya et je quittai le bar en sa compagnie lui signifiant que je n’irais pas plus loin que le parking avec lui.  Puisque  Loukas m’ignorait, j’allais lui infliger pire que la vue d’un autre m’accompagnant. J’allais me mettre hors de sa vue avec ce jeune homme … le laisser imaginer ce que je pouvais faire avec lui ou pas … et le laisser se torturer avec ces images.

Je quittai alors le bar, aux bras d’un parfait inconnu qui de surcroit ne m’intéressait nullement. Le jeune homme, sous mes menaces à peine voilées, fit exactement ce que je demandais et j’espérais que cette fois, Loukas ne m’ignore pas. Une partie de moi, mon égo, refusait d’admettre ce que j’étais prête  à faire pour  attirer son attention, pour  être le seul objet de son attention. Alors forcément, le temps me parut long aux bras de ce type et chaque pas que je faisais sur le parking renforçait mon ennui et ma frustration de ne pas voir Loukas débarqué. Nous finîmes par arrivée à côté de sa voiture et alors que j’allais congédier ma petite victime, une voix que je ne connaissais que trop bien me fit détourner le regard. J’eus du mal à réprimer ce petit sourire satisfait au moment il somma à l’imbécile de s’en aller, j’avais réussi à lui faire grincer des dents et j’en étais ravie.  Ma petite moquerie n’eus pas le temps de glisser en dehors de mes lèvres, il me fit rapidement reculer contre la voiture et je sentis son corps se coller au mien. Cette proximité ne fit que renforcer mon désir pour lui, cette envie que j’avais de m’accrocher à lui, de perdre mes lèvres dans son cou, d’emprisonner ses cheveux entre mes doigts. Mon regard fut peut être troublé l’espace que quelques secondes avant qu’un sourire malicieux n’étire mes lèvres «Tu l’as fait fuir … » lui dis-je avec une moue faussement boudeuse. Mes mains remontèrent le long de ses bras jusqu’à venir agripper le tissu de sa chemise «Tu n’étais pas occupé ? En bonne compagnie de surcroît ?  ». Je faisais la maligne avec cette petite pointe d’ironie dans la voix. Doucement, je m’approchai de lui, jusqu’à ce que mes lèvres soient à quelques centimètres des siennes et que mon souffle s’entremêle avec le sien. Je jouais avec le diable, mettait à rude épreuve ma volonté de ne pas lui céder, je souris en coin doucement avant de lui susurrer du bout des lèvres « bouge … Loukas ». Lui ordonnant de me libérer tout en titillant ses sens.