Appel de Capucine vers Isaiha

D'une main tremblante, Capucine attrapa son téléphone, observant les numéros défiler devant elle. Ses yeux observait le numéro d'Isaiha qu'elle hésitait à composer sur le téléphone public. Ses vacances au Mexique étaient plus oppressantes que les examens de médecine. Elle avait lâchement abandonné Paris et les autres pour trouver un téléphone. Finalement, elle s'était retrouvée à errer dans les rues dans vraiment savoir où elle allait ni ce qu'elle voulait réellement. Son amitié avec Isaiha avait prit une tournure des plus étranges. Capucine se sentait angoissée et dépassée par se bouleversement dans sa vie. Elle l'adorait mais elle avait la sensation que tout ce qu'elle ressentait se trouvait être, parfois, un peu à sens unique. Le point positif était que toutes ses pensées étaient tournées vers Isaiha. Elle n'avait pas pensé à Joarh une seule fois cette semaine. Inspirant doucement, Capucine glissa la carte dans la fente. Ce matin, une certaine pub était passée à la télé et Capucine n'avait pas compris pourquoi il n'avait rien dit. Elle se sentait trahie mais surtout, écœurement jalouse d'avoir pu le voir en toucher une autre. Il n'était pas à elle mais pour le moment, elle n'était pas capable de penser à ça. Il l'avait fait. Elle composa le numéro, attendant sagement qu'il décroche en fixant les passants dans la rue. Elle allait finir par se faire kidnapper ici...

APPEL EN COURS

Isaiha était loin de se douter des pensées de Capucine bien que cette dernière occupait ses pensées. Il était « triste » parce qu’après avoir passé autant de temps avec à Londres, elle lui manquait cruellement. Il espérait vraiment qu’elle s’amuserait au Mexique mais pour être honnête, il lui tardait de la retrouver si bien que lorsqu’il vit son numéro s’afficher sur son téléphone, il décrocha le sourire aux lèvres. « Coucou toi » s’exclame-t-il joyeux sans raison apparente. « Tu as fait un bon voyage ? Alors comment est-ce le Mexique ? » ne peut-il que lui lancer tant il l’estimait chanceuse de découvrir ce pays. Oh il n’était pas jaloux, loin de là même. Isaiha n’était pas le genre de personne à vivre dans la jalousie, bien au contraire. Son cœur était bien trop généreux pour cela.

Entendre sa voix aurait du lui faire du bien. Mais pas vraiment. Elle avait envie de s'énerver, de s'emporter après lui. Pinçant les lèvres, Capucine hocha la tête comme s'il pouvait la voir, le combiné collé à l'oreille. "Salut... Oui, tout va bien, c'est chouette. Il fait chaud et j'ai déjà des coups de soleil..." La joie n'était clairement pas palpable, elle qui était d'habitude tellement heureuse de retrouver son grand blond. Capucine glissa sa main dans son short, déglutissant nerveusement. "Et toi? Quoi de neuf ?" Tout ce qu'elle espérait, c'était de ne pas apprendre pire que cette foutue pub.

« Tu n’as pas amené ta crème solaire ? » lui demande-t-il avec un petit sourire amusé tandis qu’il s’installait un peu mieux dans son lit, réajustant l’oreiller dans son dos. Quelque chose dans le ton de sa meilleure amie semblait dire qu’elle ne s’amusait pas tant que cela mais il préférait se dire que c’était simplement parce qu’elle souffrait de ses coups de soleil. « Pas grand-chose de neuf… je suis en train de réviser mes cours. J’ai un peu de mal à saisir tous les termes mais le dictionnaire est devenu mon fidèle allier » répondit-il avant de fermer son livre. « Alors qu’est-ce que tu as fait de beau ? »

« Si Isaiha... Mais ma peau d'anglaise n'est quand même pas habituée au soleil... » Capucine serra sa main sur le combiné alors que les images de la pub défilaient dans son esprit. Pourquoi ça l'énervait, pourquoi ça lui faisait aussi mal ? Pinçant les lèvres doucement, Capucine écoutait à moitié ce qu'il lui disait. Ce n'est qu'à la question qu'elle s'anima doucement. « Tu devrais aller réviser à la bibliothèque... Tu sortirais... » Mais tais toi Capucine !! Laisse le rester enfermé. Au moins, personne ne te le piquera. « On visite, on se balade. Je t'ai acheté des souvenirs et je t'ai envoyé une carte hier... J'ai emmené Sofia avec moi. C'est chouette le Mexique. » Elle crevait d'envie de lui parler de la pub mais elle ne savait vraiment pas comment s'y prendre.

« A ton retour, je te soulagerai avec des huiles essentielles à l’aloe vera » répondit-il sans se douter des pensées de sa meilleure amie au sujet de cette publicité qu’il avait tourné il y a quelques semaines et qui n’était sorti que depuis la veille. Isaiha ne l’avait pas encore vu et ne souhaitait pas se voir non plus. « Je sais mais j’avais envie de rester un peu seul histoire de tenter de me concentrer… ça ne fonctionne pas trop. J’arrête pas de penser à toi » avoua-t-il sans se douter de combien cela pouvait sonner double à l’oreille de sa petite brune -et surtout combien, finalement c’était vrai. « Ah oui ? Tu me gâtes trop, tu le sais n’est-ce pas ? Je suis content que tu t’amuses avec Sofia. Comment va-t-elle ? En tout cas, je serais là pour t’accueillir à l’aéroport. Tu rentres bien le 13 ? » lui demande-t-il. Le Lowell ignorait encore qu’il lui serait impossible de tenir cet engament.

Capucine n'était même pas sûre de vouloir retourner à Harvard. Enfin, elle broyait du noir là. « D'accord... » Elle abdiquait parce qu'elle ne savait pas quoi répondre de plus. Soupirant doucement, Capucine sentit son cœur se serrer quand elle l'entendit lui avouer qu'il pensait à elle. « Ah oui... ? » Sa voix était tremblante d'émotions, comme si elle allait se mettre à pleurer. Elle jouait nerveusement avec le fil du téléphone et lança à mi voix. « Tu me manques aussi... » Et c'était vrai. Il lui manquait affreusement. L'étudiante esquissa un léger sourire. Non, elle ne le gâtait pas assez justement. « Mhmh... Oui, le 13, c'est bien ça. Je te sms la date quand je rentre à l'hôtel... » Aller, Capucine, du nerfs ! « Isaiha... Je... » Elle inspira doucement. « J'ai vu ta pub... » Et elle n'était clairement pas heureuse de l'annoncer.

Il se passait quelque chose avec Capucine, il pouvait ressentir au son de sa voix qu’elle n’était pas dans son état naturel. Quelque chose s’était passé ? Avait-elle été contrariée ? « Oui, tu me manques beaucoup » répondit-il avec tendresse en fermant les eux. Il s’imaginait à travers ses paupières closes son visage, sa longue chevelure, son sourire. « Pas de problème, j’attendrai ton message dans ce cas » se contente-t-il de dire, encore sous l’émotion de son « tu me manques aussi ». Le livre glissa de ses cuisses et tomba sur le sol de sa chambre dans l’indifférence totale. Il n’avait d’yeux que pour sa voix si on pouvait employer cette expression dans un moment pareil. « Oh… » lâche-t-il en se redressant subitement, se passant une main sur sa nuque. Pour le coup, il était mal à l’aise. « Elle est bien ? Je.. Je ne l’ai pas vu personnellement. Je sais juste qu’elle sortait hier » dit-il d’un ton hésitant, ne sachant pas vraiment comment réagir.

L'étudiante devait se ressaisir. Elle n'était pas là pour dire à Isaiha combien il lui manquait. Elle se sentait un peu trahit qu'il ne lui ai rien dit pour la pub. Il avait accouru vers elle pour sa rupture mais pas pour ça. En avait il honte. Capucine inspira doucement et parla doucement, comme si quelqu'un allait l'écouter alors que personne ne s'occupait de cette petite blanche accrochée à son téléphone. « Pourquoi tu ne m'as rien dis ? Pourquoi tu ne me dis que ce qui t'arrange ?? » Elle était indignée par ce manque cruel de communication de la part d'Isaiha. Mais elle était jalouse et en colère de cette immonde pub où n'importe qui pouvait désormais le voir beaucoup trop proche d'une autre femme. Même une parfaite inconnue avait le droit à des gestes aussi érotiques que ceux de la pub alors que Capucine n'avait le droit qu'à de l'amitié. Il n'avait qu'à se bouger les fesses ce Lowell. « En tout cas je te félicite ! Bientôt tu vas crouler sous les fans et les demandes en mariage ! » Son ton était assez sec et cinglant.

Pourquoi ne lui avait-il rien dit ? Bonne question. Au fond de lui, Isaiha se sentait honteux d’avoir tourné cette publicité… honteux et peut-être un poil coupable vis-à-vis de Capucine sans qu’il n’arrive clairement à considérer le fait qu’il se sentait bien plus lié à elle qu’il ne voulait l’admettre. « Parce que je n’étais pas très fier de cette publicité… Je n’ai pas pour habitude de faire ce genre de chose » soupire-t-il en triturant machinalement un coin de sa couette. Il détestait le fait qu’elle puisse être en colère contre lui. « Arrête, tu ne penses pas ce que tu dis… Je suis toujours le même et je ne vais pas changer… Puis, c’est surtout la jeune femme de la publicité que l’on remarque, je ne serais juste que de partenaire » marmonna-t-il en lâchant la couette. « Pourquoi est-ce que tu m’en veux au juste ? » lui demande-t-il car c’était bien cela qu’il n’arrivait pas à comprendre dans tout cela.