prends tes clics et tes clacs, tes rêves et ta vie (séraphin)

Il est vingt trois heures et, écouteurs sur les oreilles, musique à fond, bouteille de vodka à la main, je porte cette dernière à mes lèvres avant de boire une rasade qui me brûle la gorge. J'ai l'impression qu'on me désinfecte de l'intérieur et peut être que c'est le cas, je ne saurais trop dire. J'ai quitté l'hôpital il y a deux bonnes heures et depuis j'erre dans les rues. Je pourrais aller à mon nouvel appartement, me retrouver entre ces murs qui étaient sensés me donner un nouveau souffle, une nouvelle vie. Et pourtant, en prenant cet appartement, je me suis disputée avec mon frère, il est resté dans le 'notre' et moi dans le mien et... voilà. J'entends encore le téléphone sonner et j'augmente le son de mon téléphone, histoire de devenir sourde, de m'empêcher de penser et de réfléchir. J'ai besoin de devenir un robot, de me couper du monde et de ne plus souffrir. J'ai été horrible avec lui. Mon frère, mon jumeau. Et là, il est dans le coma. Ça sert à rien de rester à ses côtés pour le moment, parait-il. Et moi je souffre. J'accélère le rythme et ma vision devient quelque peu flou. Une voile se pose sur mes yeux. Des larmes. Les larmes que je retiens depuis plusieurs mois, les larmes que je n'ai pas laissé couler après l'agression à l'appartement, les larmes que j'ai retenu tant bien que mal... Et, au milieu du campus, je me tourne et balance ma bouteille presque vide qui s'écrase contre une statue. J'hurle de toutes mes forces et me laisse aller, je me laisse aller aux larmes, aux cris et je ne vois personne autour de moi, je ne suis que souffrance et détresse. Et ça fait du bien. Beaucoup de bien.

Je crie, j'ai mal. J'ai l'impression que mon coeur se déchire en deux parties presque égales. Ou pire. J'ai l'impression de me retrouver dans cette série de vampire où, pour se tuer entre eux, ils n'ont d'autre idées que de s'arracher le coeur. Ouai, c'est cette sensation que je ressens, comme si une main se resserrait autour de mon coeur, prêt à exploser. J'ai mal, j'ai tellement mal. Et la douleur m'est rapidement insupportable. À genoux, à terre, prête à recevoir le coup fatal. Dieu que j'aimerais me prendre un coup de pelle derrière la nuque et être balancée dans the river Charles. Ça serait tellement moins douloureux que ce que je ressens à ce moment même, c'est clair et net. Je pleure et, recroquevillée sur moi même, mes écouteurs sortent doucement de mes oreilles pour finir leur course sur le sol. On entend hurler les chanteurs qui m'assourdissaient jusque là et mes sanglots sont de plus en plus forts. La fatigue me tiraille le bide, le vent frais m'arrache le visage et j'ai envie de partir, de courir, de fuir. Mais je suis dans l'incapacité la plus totale de bouger mon cul, de me relever. Je pourrais me trainer jusqu'à la Mather House ou appeler quelqu'un pour me sortir de là mais qui ? Déranger Denys encore une fois ? Il ne m'en voudrait pas, sauf s'il est entrain de sauter sa coloc jalouse et possessive. Je pose la paume de mes mains sur l'asphalte et soupire fortement. " Qui est là ? " Personne. Alors laisse moi crever en paix. Je ne reconnais pas la voix du jeune homme, loin de là même. " Personne " Finis-je par lâcher d'une voix fade, tremblante et bien trop alcoolisée. Je ne veux pas qu'on m'aide, je veux qu'on m'achève. Mon frère est dans le coma et je suis seule au monde, absolument seule. Putain ! Je me redresse et essuie les larmes qui perlent le long de mes joues. " J'me suis juste fais mal en tombant " Lançais-je simplement. Quelle menteuse cette gosse, c'est ridicule. Je me tourne et adresse un sourire au jeune homme qui m'éclaire de son flash. Rétine brûlée, aveugle pour de bon. Ou pas. Parce que ma vue s'adapte. Et je le reconnais. " Encore et toujours toi " Soufflais-je avec un air de... dégoût. Il fallait que ce soit lui sinon c'est pas drôle voyons.

hj ; trop un amour avec moi tu es

Je contrôle plus rien. Mais en même temps, à quel moment ai-je contrôlé quelque chose ces derniers temps ? Depuis mi novembre et l'agression, je ne contrôle plus grand chose dans ma vie, me laissant faiblement allée à tout ce que l'on me propose de faire. Je vendrais père et mère pour ne plus ressentir ce que je ressens mais c'est mal barrée. Je n'arrive pas à sortir la tête de l'eau depuis trois mois mais là, c'est le coup de massue. Et j'ai vraiment l'impression d'avoir reçu un réel coup de massue, un peu comme ce Troll dans Harry Potter. Wingardium Leviosa, je lève la tête et on laisse tomber une arme sur moi, m'assommant dans les toilettes des filles. Bon, pas de toilettes pour le coup, pas d'arme du crime non plus si ce n'est mon caractère de cochon pourri. Et j'ai crié comme un cochon qu'on égorge. Tout se relie, je me disais bien… Casey ... ? Non c'est le père noël crétin. J'ai envie de le remballer mais j'en ai même pas la force. Je tremble, je ne me sens pas bien et je ne sais pas comment m'en sortir. J'oublie la présence du jeune homme en un claquement de doigts pour tout dire. Je divague et c'est sa voix qui me ramène sur terre. Tu cries comme ça parce que t'es tombée, en plein milieu de la nuit, dans la coure du campus alors ? Je le regarde et soupire fortement. " Tu fais parti de la police ? " Non, je ne crois pas alors on va s'arrêter là. Toi et moi, on va arrêter les frais tout de suite. Son regard glisse sur les environs et moi je fronce les sourcils pour bien voir ce que je vois. " Y a vraiment des dinosaures sur ton pyjama ? " Demandais-je en éclatant de rire comme une idiote. Je grimace tellement ça me fait mal au crâne de rire et pose une main sur ma tête. Je ferme les yeux, inspire une grande bouffée d'air avant de souffler doucement. Inspire, expire Casey, tu peux le faire. Si tu veux tu peux venir te désinfecter les mains dans ma chambre. Je le regarde et hausse les épaules. " Ouai, faisons ça " J'ai vraiment envie de me retrouver avec lui, seule ? J'ai vraiment envie de passer du temps avec lui alors qu'il va me poser mille et unes questions auxquelles j'ai pas envie de répondre ? La réponse est non. Mais y a personne d'autre et… Et j'ai besoin de quelqu'un. Ou peut être pas de quelqu'un. Peut être que j'ai besoin de lui parce qu'il osera pas m'affronter et me poser des questions trop indiscrètes. Je m'approche de lui, posant une main sur son téléphone parce que le flash me grille la rétine. " J'ai fais tomber mon téléphone " Il doit être là où je me suis écroulée mais si je me penche en avant pour le ramasser, je vais tomber la tête la première, m'érafler tout le visage et finir par ressembler à un monstre, je le sens bien… J'ai déjà du mal à tenir sur mes deux jambes alors bon…

Ça me fait quand même bien chier qu'il s'agisse de Séraphin, je dois l'avouer. Ça m'emmerde même plus que ça parce que je le connais trop bien et il va faire son curieux. Non, il va faire son Quincy mais c'est pas d'un ami ni d'un quincy dont j'ai besoin à ce moment même. J'ai besoin de quelqu'un qui... En fait j'en sais rien de ce que j'ai besoin. J'ai juste besoin de ne plus souffrir et je ne sais pas comment y arriver, je ne sais pas comment ne pas perdre pieds, ne pas devenir folle avec tout ce qui se passe. Alors forcément, voir le pyjama dinosaure du jeune homme m'arrache un sourire. Oui ... Je l'aime bien, je le trouve sympas. Je souris et hausse les épaules avant de porte une main à mon crâne. " T'as pas besoin de te justifier tu sais " Si je lui reproche de me poser des questions et de pas être un putain de flic - comme le connard que j'ai croisé au Lord Hobo - ce n'est pas pour faire mon indiscrète. Je détourne le visage et essaye de retrouver mes esprits mais bon, ma tête décide autre chose pour moi. " Tu sais que les dino ça n'existe qu'à la télé ? " Je suis moqueuse et ça serait presque un retour à la normale, à la Casey que j'ai toujours été mais quand je bouge trop vite la tête, j'ai envie de vomir, ça me tape et je me retiens de pleurer de plus belle. La petite gentille Casey est partie y a bien longtemps et ça ne sert clairement à rien de vouloir la faire revenir, elle est morte. Tabassée à cause de son frère. Qui lui aussi a été tabassé. Je déglutis difficilement avant d'accepter sa proposition mais il me faut mon portable. On ne sait jamais, si l'hôpital m'appelle ou quoi.. Sauf que... J'ai l'impression que tu vas devoir en racheter un autre. Je le regarde, tends la main pour attraper mon téléphone et je suis prise de sanglots. J'éclate, je m'écroule. Pas littéralement parce que j'agrippe l'épaule de Séraphin. Et entre deux sanglots, je tente de formuler une phrase. " Je peux pas... Mon frère, il peut avoir besoin de moi " Et c'est pas à l'heure là qu'on va trouver quelque chose d'ouvert pour acheter un téléphone. Je sanglote, tremble et n'arrive pas à m'arrêter. " J'ai pas l'argent pour " Pas alors qu'une bonne partie de mes économies est partie dans la caution de mon nouvel appartement et dans la décoration de ce dernier. Putain ! C'est pas possible... Dans la merde et ce, jusqu'au cou...

Je sais bien, mais un jour les scientifiques arriveront à en créer à nouveau, j'en suis certain. Je fronce légèrement les sourcils. Il est sérieux lui ? Et puis les scientifiques feront des licornes aussi et on arrêtera tous de souffrir parce que bon, s'ils arrivent à créer des bêtes de plusieurs mètres de haut, ils pourront bien tous nous aider non ? Pour ne plus avoir mal au corps et au coeur, pour aider mon frère et le sortir de l'état dans lequel il est. Il s'est fait tabasser et laisser pour mort dans une ruelle. J'ai mal au coeur rien que d'y penser, j'ai envie de vomir et mon mal de crâne n'arrange rien mais alors rien du tout.. Tout tourne et je me sens mal quand il me rend mon téléphone ou plutôt ce qui en reste. Ton frère a des problèmes ? Je le regarde en le dévisageant quelque peu. J'ai envie de lui crier dessus que c'est pas parce que je vais mal que je vais lui raconter ma vie. Sauf que... Sauf que j'ai besoin de lui parler. Peut être pas de tout mais bon, un peu quand même. " Il est dans le coma " Soufflais-je en tremblant encore plus en pensant à ça, au fait qu'il est relié à des tas de machines à ce moment même, que rien ne va plus pour lui et qu'il pourrait mourir, ne jamais se réveiller. Qu'est-ce que je ferai sans Isaiha sérieusement ?! Une semaine en froid avec lui et j'ai eu l'impression de mourir alors là... Là, sans jamais le revoir, c'est la mort assurée, la fin de ma vie. Je sens un de ses bras se glisser dans mon dos et je soupire doucement. Je n'ai même pas la force pour lui balancer une remarque amère, détestable. Si tu veux je peux te passer le mien, j'ai personne à qui parler dessus alors il te servira plus qu'à moi. Je tourne le visage vers Séraphin et déglutis difficilement, le voyant tout flou à travers mes lèvres. " C'est vrai ? " Soufflais-je doucement. " Tu ferais ça ? " Il apparaît un peu - beaucoup - comme mon sauveur pour le coup et je continue d'avancer doucement, un pied après l'autre alors que je sens mes jambes trembler dès que je lève le pied du sol. " Te sens pas obligé, je comprendrais que.. " Que j'ai été une putain de casse couille ces trois derniers mois et que ce n'est pas facile tous les jours avec moi... Loin de là. J'ai réussi à m'engueuler avec mon frangin bordel ! " Je m'en remettrais jamais si Isaiha meurt... " Lâchais-je en me sentant encore plus mal. Dès que j'y pars, je m'effondre. Et j'espère qu'on est bientôt arrivé parce que je tiendrais pas bien longtemps comme ça...